Et si on danse ? Bal de Pâques, ouvert a tous !

La musique commença et je suivis Jordan sans broncher. Il avait l'air de savoir ce qu'il faisait, et il tenait fermement le rythme et semblait bien se débrouiller. Je me laissais guider donc, appréciant le savoir-faire de mon cavalier.

« Dis moi, profiter de ma compagnie fût-elle ta seule motivation à te rendre à cette petite soirée ? »

Question complètement narcissique, du Jordan à l’état pur. Je retins pourtant la petite moquerie qui me venait spontanément pour réfléchir à ce que j’allais lui dire. Après tout, lui mentir ne servirait à rien, et je me fichais pas mal de son avis. En plus, les renseignements que Jesper pourrait me confier ne serviraient à rien pour Jordan. Il faudrait qu’il soit déjà dans le contexte pour comprendre, et il n’insisterait pas pour obtenir d’autres explications: il sait très bien que rien ne me ferait dire ce que je n’ai pas envie de lui confier. Je laissais passer deux pas de façon à être assez proche de lui pour lui répondre

« Si j’avais su que tu venais, j’aurais peut être dit oui… »

Un sourire espiègle s’afficha sur mon visage. Jordan me fit tourner, puis je suivis une de ses passes, une deuxième et tournais à la troisième. Il ralentit la cadence et je laissais encore passer un petit moment avant de reprendre:

« Mais je suis là pour les affaires, disons. Il faudra que j’aille toucher deux mots à un certain Jesper Larsen. Tu connais? »

Je doutais qu’il ait déjà entendu parler du Poufsouffle… Mais impossible n’est rien. Je me perdais dans mes pensées quand Jordan recommença à accélérer le rythme. Je me focalisais sur ses mouvements, à chaque fois découvrant combien il était agréable de danser avec quelqu’un qui savait mener… Parce qu’on ne peut pas dire que ce soit le cas de tout le monde. Au fur et à mesure, les gens semblaient s’écarter sur la piste. Ca m’avait toujours fait un drôle d’effet, d’être au milieu et de me dire que c’était moi qui dansait le mieux… Pourtant je n’avais pas l’impression de gérer tant que ça, ni que ce soit d‘une complexité effrayante… J’étais juste dans le temps et je laissais mon corps parler. Pour cette fois, ce devait être à cause de Jordan. Je ne doutais d’ailleurs pas qu’il ait pris quelques cours de danse, vu le nombre hallucinant de passes différentes qu’il enchaînait. Je faillis rater sa main alors que mon regard distrait s’était égaré vers Jesper. Je le désignais d’ailleurs du menton à Jordan, pour lui montrer à qui il avait affaire. Jordan me récupéra assez près de lui pour que je puisse lui glisser, le plus doucement possible pour qu’il entende par-dessus la musique

« Enfin… Ca, c’est s’il me reste du temps… »

Sous entendu, quand tu nous tiens. Mais je n’avais aucun soucis à me faire avec Jordan. Je serais même plus surprise que déçue s’il ne captait pas. En général, peu sont les spécimens de la gente masculine à ne pas comprendre les sous-entendus de ce genre. Beaucoup s’en imaginent d’ailleurs là où il n’y en a pas. Et c’est de là que viennent les malentendus. Et en général, les malentendus se finissent souvent en enterrements, avec moi. Quand je pense que j’aurais pu tuer Jordan, toutes les fois où il m’a harcelé avant que je n’accepte sa proposition… J’étais jeune à l’époque. Bientôt il finira par se lasser… C’est triste, je crois que je me sentirais incroyablement vieille, le jour où il me dira qu’il ne veut plus de notre relation. Et si c’est moi qui en ai marre avant, je me sentirai encore plus vieille, rien que de me dire que ma mentalité a évolué à ce point… Une passe inconnue me tira de mes réflexions… Que suis-je censée faire? J’attrapais la deuxième main qu’il me tendait, tournais, reculais, tournais, retournais et me retrouvais de nouveau face à lui… Pourquoi pas. Improvisation, quand tu nous tiens… Finalement, je suis encore jeune!

« J’aurais peut-être dis oui », cette remarque me fis sourire, toute la subtilité était dans le « peut-être », pour moi il signifiait qu’elle avait eu terriblement envie de me revoir mais que jamais, ô grand jamais elle ne l’aurait avoué ainsi. Oui, d’accord, j’exagérais un peu mais l’idée était là. Elle était sûrement incapable d’admettre rationnellement qu’elle tenait à moins même si au fond je me doutais (ou alors l’espérais-je ?) que c’était le cas. Pourtant elle restait toujours bien trop mystérieuse à mes yeux pour que je ne tente délibérément des familiarités qui mettraient son attachement pour moi à l’épreuve.
Pas encore.
Je devais jouer plus finement.

Nous ralentissions légèrement tout en suivant toujours la musique. Ainsi elle pu m’apprendre la véritable raison de sa présence. Au nom de Jesper je fronçais les sourcils le temps d’une ou deux millisecondes.

- Jesper ?

J’étais certain de connaître ce nom sans pour autant réussir à l’associer à un fait particulier, ni même à une maison. Il n’était pas de ma promotion c’était certain, et si Lara désirait profiter de cette soirée pour le voir cela signifiait qu’il était encore étudiant.
Mais plus encore que l’identité du jeune homme ce qui m’intriguait c’était de savoir ce qu’elle pouvait bien lui vouloir.
La première solution était que son rôle dans sa vie soit similaire au mien, mais très franchement j’en doutais. Si un quelconque Jesper à Poudlard avait été de ma trempe dans ce domaine je l’aurais connu, à coup sûr.
La deuxième solution était qu’il l’avait offensé d’une manière ou d’une autre. Intentionnellement ou non. Dans quel cas le Jesper en question n’avait plus longtemps a vivre et il était inutile de s’attarder sur son cas.
La troisième solution était qu’il représentait un élément intéressant aux yeux de Lara, que ce soit par ses capacités ou ses connaissances. Dans quel cas il pouvait être très avantageux pour moi de le connaître aussi.

J’accélérais à nouveau la cadence en réfléchissant à une manière de découvrir pourquoi elle s’intéressait à Jesper. Mais même perdu dans ma réflexion je n’en restais pas moins concentré sur la danse et remarquait un moment d’inattention chez elle. Alors que j’essayais d’en deviner la raison elle me désigna discrètement quelqu’un dans la foule. Je profitais d’une passe pour tourner et trouver le personnage dans mon champ de vision.
Jesper Larsen.
Son visage m’était définitivement familier même si je n’arrivais toujours pas à me souvenir d’où je le connaissais. Et cela me frustrait terriblement.

« Enfin… Ca, c’est s’il me reste du temps… »

Cette réflexion chassa un instant Larsen de mes pensées, et je répondis à Lara par le sourire le plus charmeur que j’avais en réserve. Celui qui habituellement suffit a faire craquer mon interlocutrice mais qui n’à jamais était suffisant pour faire fondre Lara. D’ailleurs elle n’a jamais fondu devant moins, d’ailleurs je ne l’imagine pas capable de fondre devant quelqu’un, surtout pas l’espèce de crétin que j’ai un jour croisé chez elle. Ce serait malsain.

« Il arrive que la précipitation ai des bons côtés. »

Et comme pour illustrer mes propos je ratais un enchaînement. Mais Lara attrapa ma main et continua dans ce qui lui semblait être la suite logique du mouvement, je laissais faire, guidant assez pour éviter que l’on ne dérive trop mais en lui laissant assez de liberté.
On finit par retrouver la position basique.

La musique se finirait bientôt.
J’hésitais sur la conduite à adopter. D’un côté elle avait éveillée ma curiosité concernant Jesper, de l’autre chaque parcelle de mon corps mouraient d’envie que je sois un homme (qui à dis que je suis en manque ? >< )

Je la fis tourner une dernière fois avant que le morceau de ne s’achève. Dans les quelques minutes de répits que les musiciens nous accordaient je lui demandais :

- Une autre danse ? A moins que tu préfères une activité où il serait préférable que nous ne soyons pas le centre d’attention.

Comme boire un verre par exemple, c’est terriblement désagréable lorsque tout le monde vous regarde alors que vous buvez. N’êtes-vous point d’accord ?

Il arrive que la précipitation ait de bons côtés… Certes. Mais en ce qui concernait Larsen, il fallait que je prenne mon temps. Il ne devait pas découvrir qui j’étais vraiment, sous aucun prétexte. Et pourquoi toujours tout faire au plus vite? La passe bizarre me tira de mes réflexions, jusqu’à ce que je revienne à la position de base, où je captais le regard de Jordan. Enjouée tout à coup, je tendis mon esprit vers ses pensées, tout doucement. Il mourrait d’envie et de savoir ce que je trouvais à Jesper, et de se retrouver seul avec moi. Cruel dilemme, en effet. Mais je savais qu’à long terme, il aurait préféré savoir ce que je fichais avec Jesper. C’est pourquoi la deuxième solution me semblait plus raisonnable, bien qu’elle ne l’était pas en apparence. Après m’avoir fait tourner et quand la musique s’arrêta, Jordan se tourna vers moi.

« Une autre danse ? A moins que tu préfères une activité où il serait préférable que nous ne soyons pas le centre d’attention. »

Je savais que cette question allait arriver. J’avais le choix. Maintenant ou après? Ce n’était qu’une question de temps. Tout est toujours une question de temps. Sa main dans la mienne, je l’attirais vers moi comme je reculais, un petit sourire en coin.

« Oh… J’ai connu de meilleurs endroits pour danser… Et comme je crois que j’avais quelque chose à faire dans les cachots… Tu m’accompagnes? Sauf si tu préfères prendre l’air, bien sur. »

Sortant de la piste de danse, je jetais un coup d’œil par-dessus l’épaule de Jordan. Il ne fallait pas que Larsen s’en aille. Je devais le voir avant d’aller avec Jordan. Il entrainait sa cavalière vers le buffet, parfait. Je dirigeais donc Jordan dans cette même direction, du plus naturellement possible, comme si c‘était le seul chemin possible pour aller vers les cachots. Quand je passais à côté de Jesper, je lui adressais un sourire, posais la main que j’avais de libre sur son épaule et me hissais au niveau de son oreille.

« On se voit plus tard! »

Une idée me vint et me fit sourire. Avant de dépasser Jesper, je laissais glisser d'un mouvement fluide ma main le long de son bras, jusqu’à effleurer sa propre main. Sachant que ce geste n’aurait pas échappé à Jordan, resté tout près derrière moi, j’étais curieuse de savoir quelle serait sa réaction. Je ne voyais que trois larges possibilités. La première: il l’ignorerait complètement, ayant compris que je le testais. La deuxième: il irait traquer Jesper et se mettrait dans une sorte de compétition pour recouvrer son égo surdimensionné. La troisième: il irait bouder dans son coin. Mais cette dernière me paraissait vraiment absurde, pas très Teavesque. Je serai limite moins surprise de la première solution que de la dernière. Je ne laissais toutefois pas le temps à la conversation de s’installer et je continuais ma route vers les cachots, un air amusé sur le visage et Jordan juste derrière moi.

« Oh… J’ai connu de meilleurs endroits pour danser… Et comme je crois que j’avais quelque chose à faire dans les cachots… Tu m’accompagnes? Sauf si tu préfères prendre l’air, bien sur. »

J'affichais un air surprit qui se complétait néanmoins d'un sourire amusé. Les cachots. Rien que ça. Ce n'était pas comme si c'était l'un des endroits les plus glauque de l'école, non pas du tout. Mais j'étais joueur, très joueur, et ce n'était pas moi qui viendrait m'opposer a une proposition originale, bien au contraire.
Je me laissais guider. Une autre particularité de Lara, elle aimait mener. Une dominatrice vous dis-je, parfois a mon plus grand bonheur, parfois beaucoup moins ... Cela me changeait des demoiselles toujours incertaines avec qui il fallait toujours faire le premier pas, toujours décider de tout.
Je me contentais d'ajouter :

- On prendra l'air plus tard.

Même si j'aurai pu me passer d'un acquiescement verbale, mon attitude montrait explicitement mon approbation a la proposition.
Au lieu néanmoins de se diriger linéairement vers la sortie elle fit un écart vers le buffet. J'en déduisit qu'elle voulait une dernière coupe de champagne, ou un dernier cocktail avant de quitter la salle festive. Et sincèrement l'idée de ne me déplut pas.
Je suivais sa chevelure fauve car nous ne pouvions marcher de front dans ce lieu densément peuplé pour l'occasion. En levant les yeux je vis Jesper qui se tenait droit devant moi à discuter avec sa probable cavalière.
Et je compris alors que le but du détour n'était pas le bar mais Larsen.
Intéressant.
Je prenais un air indifférent, près à suivre la conversation qu'ils tiendraient sans intervenir de manière désintéressé même si je n'allais pas en perdre une miette.

Et je n'en ai pas perdu une miette.
Ni le "on se voit plus tard" qui d'expression banale entre amis passait au statut d'impératif prometteur, énigmatique voir effrayant dans la bouche de Lara.
Ni le mouvement subtil de sa main qui allait chercher celle du jeune homme. Ce n'était pas anodin. La main plutôt que l'épaule ou le bras...
Sans m'en rendre compte mon expression était passée d'indifférente à fermée. Je regardais Jesper sans aucune sympathie. Je brûlais d'en savoir plus sur lui.
Pourtant je savais très bien que je n'arriverai à rien en étant insistant. Je devais faire comme si je m'en contrebalançais, ce qui à priori devrait m'arriver.
Je tâchais de relativiser en me disant que je disposais de trop peu d'information pour une faire une idée exacte de ce qui se tramait, pourtant la scène restait présente, énervante, dans un coin de mon esprit.
Une fois la porte de la grande salle passée je pu a nouveau me placer à côté de Lara pour marcher. Nos pas d'ex étudiants de Serpentard prirent sans hésitation le chemin des cachots. Nous croisions encore des élèves dispersés qui fuyait l'ambiance étouffante de monde de la grande salle. Certains discutaient, d'autres avaient déjà dépassé le stade de la discution.
Je n'oubliais pas non plus qu'elle m'avait dis avoir des choses a faire dans les cachots. Aussi demandais-je, avec un ton calme mais avec un quelque chose de prétentieux que je ne pu contrôler et qui prenait sa source dans l'épisode Jesper :

- Dois-je m'attendre a être surprit ?

Après une petite réfléxion, je me rendis compte que je n’avais pas du tout considéré mon action du point de vue de Jesper. Cette démarche ne lui était pas destinée, et pourtant il le prendrait pour lui… Je souris en m’imaginant sa cavalière lui demander des explications, lui se confondant en explications incompréhensibles… Ou peut être pas. Je le connaissais trop mal pour savoir quelle avait été sa réaction. Mais à vrai dire, je m’en moquais. Tout ce petit jeu ne concernait que Jordan, et il n’avait pas été capable de le deviner. Il n’avait rien dit depuis que nous avions passé l’étape Jesper. Nous avions finalement presque fini de descendre les escaliers, l’obscurité était déjà là et il n’y avait vraiment plus grand monde. Pendant tout ce temps, je n’avais pu me départir de mon sourire, et je faillis même rire quand j’entendis sa voix à côté de moi, mais ça aurait complètement trahi mes intentions. Je tournais un regard étonné vers lui. Il avait parlé comme s’il était tendu, jaloux, voire frustré… Voilà qui était intéressant. Je m’arrêtais, m’appuyais contre le mur mais je ne pus m’empêcher d’éclipser totalement le petit air amusé qui restait collé à mon visage. Bah, il l’interpréterait surement de façon incorrecte, vu les circonstances.. Il me regarda, s’arrêta à son tour et s’approcha. Maintenant, il était tout près. Une lueur de folie passa dans mon regard.

« Pourquoi? Tu veux que je te surprenne…? »

Sans crier gare, j’approchais mon visage du sien, effleurais ses lèvres comme pour l’embrasser et me dégageais de lui, reprenant la descente des escaliers comme si ne rien n’était. Il avait été surpris par ma conduite devant Jesper? Je devinais aisément qu’il aurait une autre mauvaise surprise, une fois qu’il aurait compris que, depuis le début, je m’amusais à le manipuler et que tout ce que j’avais fait depuis maintenant relevait du foutage de gueule pur et simple. Je continuais de marcher, et je lui lâchais avec une pointe d’exaspération feinte, en lui jetant un regard indifférent

« Vraiment, je te sens tendu, je comprends pas… »

Ceci est un test, Jordan Teavy. Reste à savoir si oui ou non tu vas le comprendre.

Ma cavalière improvisée est blême. Great. Voilà que je les fait littéralement tombé comme des mouches, le figuré me suffisait ! SHIT. Voilà, je n'ai aucune compétence en médecine médicale ... hum médecine médicale ? Je vous le dis mes pensées s'embrouille et mes yeux ne doivent plus bien voir clair car le costume si réussi de ma cher Lila semble disparaitre. Je plisse les yeux, soulève un sourcil puis l'autre, une paupière, l'autre, replisse les yeux, sourit légèrement.
J'arrête de me focaliser un instant sur les bras de la jolie Serdaigle pour regarder ses yeux visiblement... inquiet. Euuuuh, pourquoi ? C'est moi qui suit pris de foutuuuuu hallucination comme si j'avais mangé un très mauvais champignon ! Toi ma cocotte t'es juste blême !
Blanche.
Crayeuse.
Je sors ma baguette et fait jaillir de l'eau dans mon verre prêt à la faire boire dés que je la sentirai consciente ou à lui balancer à nouveau de l'eau sur le visage si elle se met à être encore moins... là.
En attendant, j'ai d'autre chats à fouetter à commencer par mon cerveau qui déconne sacrément.
Ok, mes yeux sont là pour me tromper, mais qu'en est-il de ce sens particulièrement perfectionné chez moi : le touché. Je prend sa main, pour l'instant rien d'anormal. Petit à petit, mes doigts monte comme pour prendre le poul de cette ravissante jeune fille puis ma main glisse jusqu'à son bras. Ok, le sens du touché ne m'a jamais fait défaut jusque là... Serait-ce possible que...

Je regarde Lila puis comprend vite que je dois être le plus paniqué de nous deux... qu'est-ce que je dois avoir l'air stupide, c'est fou. Je la regarde, la fixe, lève un sourcil, le second, arque les deux puis les baisse en les fronçant. Je bois le verre d'eau d'une traite avant de la remplir à nouveau. Les métamorphes sont bien trop peu nombreux pour que j'en ai une en face de moi... la probabilité que ceci arrive réellement est incroyablement faible... si faible que je n'ose pas l'imaginer et pourtant je dois bien être l'un des meilleurs en arithmancie. Je me passe la main sur le visage deux fois avant d'ébouriffer un peu mes cheveux et de la regarder.

- C'est... waouh... ca va ?

J'avais chuchoter, même pas certain qu'elle puisse entendre ce que je disais peut-être parce que mes cordes vocales ne répondaient plus bien devant cette surprise... peut-être aussi parce que j'étais conscient que c'était le genre de chose qu'elle n'avait pas du crier sur tout les toits sinon, j'aurais certainement été au courant comme tout Poudlard d'ailleurs.
Je levai la main et hésitai un instant avant de la poser sur son front pour voir si elle était toujours fiévreuse... le problème étant que si elle 'était toujours, je ne saurai vraisemblablement pas comment réagir mieux.

J’avais jusqu’à présent été trop inquiète de l’avenir du secret de mon don pour ressentir cette énorme fatigue qui s’abattait sur mes épaules. Elijah me regardait d’un air d’incompréhension et d’inquiétude. Il prend ma main, puis remonte jusqu’à ma gorge pour prendre le poul. En passant, il s’arrêta sur mon bras, comme pour vérifier que oui, il y avait des plumes et il n’y en a plus. Je souris malgré-moi et voulus me relever… Bien vite je réalisais que ce n’était peut être pas la meilleure chose à faire dans l’immédiat. Je savais que je manquais juste un peu de forces, et qu’elles reviendraient assez vite. Il vida le verre d’eau qui m’était surement destiné à la base et passa sa main dans ses cheveux, le regard incrédule.

« C'est... waouh... ca va ? »

C’est soulagée que je constatais qu’il avait juste murmuré ces paroles. Il ne dirait rien… Du moins pour le moment. Il posa la main sur mon front… Elle me semblait gelée, mais je savais pertinemment que c‘était moi qui était brûlante. Pourtant, j’étais plus inquiète pour mon secret que pour ma santé. Et puis en soi, la fièvre passerait vite. Je pris sa main toujours sur mon front dans la mienne, et tournais la tête de tous les côtés. Personne ne nous regardait à présent, tous étaient occupés à bavasser, danser, ou pour certains des occupations d’un tout autre genre. Je me retournais finalement vers Elijah qui était visiblement toujours aussi sceptique

« Ouais. J’vais juste… Attends. »

Là j’entrepris de me lever, et en m’aidant de la main d‘Elijah, j’y parvenais sans trop de difficultés. Alors que je le lâchais pour m’appuyer contre le mur, je l’observais, son verre d’eau à la main: il me regardait comme si j’étais un inferi.

« Tu sais, ça existe, les gens comme moi. C’est pas non plus comme si je m’étais transformée en gnome de jardin. »

Je tentais un petit sourire et regardais une fois de plus tout autour de moi. Pourvu que personne n’ait fait attention à rien. Je pris une profonde inspiration. Si mes vertiges avaient passé, j’avais toujours l’horrible impression de mourir de chaud et d’être enfermée dans une minuscule boîte pleine de bruit. Il me fallait de l’air.

« Je crois que je vais sortir. Tu viens? »

J’ignorais s’il voulait m’accompagner ou non, mais après ce qu’il s’était passé, je ne pouvais pas le laisser partir juste comme ça. J’avais toujours ma baguette dans la poche camouflée de ma robe. S’il ne voulait pas m’accompagner, je serais sans doute obligée de lui lancer un sort d’amnésie. Intérieurement, je priais pour qu’il réponde à l’affirmative. Je n’étais peut être pas encore en état de lancer des sorts d’amnésie à tort et à travers sans courir le moindre risque… Et puis pour une fois, je pensais vraiment que rester seule dans mon état n’était pas vraiment la meilleure idée qui soit.

Pas sûr que la transformation en gnome de jardin m'aurait beaucoup plus impressionné, ni surprise. Je hochai la tête cependant si elle niait l'évidence et le fait qu'elle était encore plus extraordinaire que les sorciers qui le sont déjà, sooooit, qu'elle se fasse plaisir mais je n'avait pas vraiment envie de rentrer dans ce jeu. De plus le fait qu'elle ait réussi à cacher ce don durant des années montrait une volonté incroyable. Après tout sur un moment de colère ou de fatigue, un changement d'apparence aurait facilement pu arriver en public lorsqu'elle avait onze ou douze ans, non ?
Je ne pouvais m'empêcher de regarder son visage qui n'avait pas bouger d'un poil contrairement à son corps auparavant couvert de plumes... Sooit. Qu'il en soit ainsi.
Elle se releva comme sûre d'elle... oui mais non, tu peut à peine tenir assise alors compte pas sur moi pour faire un jogging à tes cotés. Elle me regarda et me désigna la porte menant sur l'extérieur m'invitant à sortir avec elle puis elle joint la parole au geste. Je la regardai en haussant les sourcils... quand on est blanc et qu'on tire sur le bleu, ce n'est peu-être pas le bon moment pour aller faire une promenade dans le parc de Poudlard dans lequel il parait que des jeunes se sont perdus à maintes reprises.

Mes pensées dérivèrent vers Elvire que je n'avais pas forcément très très bien traité et je la cherchait dans la salle, je la vis siroter un punch sans alcool en me regardant avec un air faussement ironique et une vraie colère... Je la connaissais, elle allait me le faire payer et je n'étais pas forcément pressé de me faire engueuler par cette teigne devant toute l'école, ça attendrait le retour dans les cachots de Serpenrtard.

Mon regard se posa à nouveau sur Lila qui visiblement attendait une réponse. Je mis le verre dans ma poche et me relevait pour ensuite l'aider à se mettre d'aplomb sur ses deux jambes.

- Bien sûr si tu te demande si je vais en parler... je pense queee je peux envoyer un billets rapide à la Gazette pour que la nouvelle soit dans le journal de demain ou de lundi au plus tard... il pourrait me payer cher...

Je souris. Ok, je n'avais pas l'humour de Jordan mais je faisais mon possible pour qu'elle reprenne des couleur et le sourire amène du sang au visage.

Il m'adressa un sourire, mit son verre dans sa poche (original...) et m'aida à me lever.

« Bien sûr si tu te demande si je vais en parler... je pense queee je peux envoyer un billets rapide à la Gazette pour que la nouvelle soit dans le journal de demain ou de lundi au plus tard... il pourrait me payer cher... »

J’eus un petit sourire puis je me recomposais un air sérieux. Je le fixais droit dans les yeux

« Si tu fais ça, je te préviens, tu vas finir en gnome de jardin. »

Un nouveau sourire se posa sur mon visage… Mais il faisait encore trop chaud et j’étais encore trop oppressée par toute l’atmosphère de l’intérieur pour être totalement détendue. Je devinais que mon sourire devait être assez faible et mon teint pas très joli à voir. Néanmoins, j’eus assez de forces pour me diriger vers la sortie la plus proche.
Au passage, alors que nous croisions un miroir je jetais un coup d’oeil. En effet, j’étais pire qu’un cachet d’aspirine. Je me concentrais et redonnais d’un coup des couleurs à mon visage… Oh. Mauvaise idée. Un vertige me saisit tout de suite et je m’appuyais sur l’épaule d’Elijah… Hum… J’aurais pas du. M’enfin au moins j’avais une meilleure tête, et surtout, si jamais on croisait un prof, l’infirmière, ou pire, ma sœur, ils n’y verraient que du feu.
La sortie était toute proche et l’air frais des nuits printanières se fit sentir. Je cherchais l’air qui s’engouffrait et une fois dehors, je me sentis de suite beaucoup plus à l’aise… Enfin c’était pas la folie non plus, et consciente de mon état, je préférais m’asseoir sur un espèce de petit muret que je jugeais tout à fait approprié à la situation. Je me tus un instant puis levais les yeux vers Elijah.

« Est ce que tu peux me jurer que tu ne diras rien? A personne? »

Cette fois, le ton n’était pas à la rigolade. J’étais on ne peut plus sérieuse et on ne peut plus inquiète. Cette situation était toute nouvelle pour moi. C’était la première fois que quelqu’un avait connaissance de mon don. Même ma mère n’était pas au courant, c’est pour dire. J’étais un peu nerveuse mais le fait d’être dehors, loin de la cacophonie humaine et de la foule m’apaisait. Je regardais Elijah toujours droit dans les yeux.

« S’il te plait… »

Pour que j'en arrive à la politesse, il fallait vraiment que la situation soit grave. Et je crois que c’est à ce moment là que j’ai réalisé ce qu’était vraiment la confiance. En soi, même s’il me le jurait, je n’aurais jamais la certitude totale qu’il allait tenir sa promesse, mais je n’avais pas vraiment le choix. J’allais pas non plus lui jeter un sort d’amnésie… Même si ça m’avait traversé la tête quelques minutes plus tôt, maintenant je considérais que c’était injuste, quelque part. Après tout, c’était ma faute s’il avait découvert mon secret, uniquement ma faute. Il n’avait été que le spectateur de quelque chose qui ne dépendait pas de lui, il n’y était pour rien. J’allais pas non plus le priver d’une partie de sa mémoire, et en plus sans son accord ou pire, contre sa volonté.
Bah… Et puis au pire, il me restait plus ou moins une année à Poudlard. Une année de galère à faire la bête de foire c’était pas si…. Non. En fait c’était affreux, inimaginable, indigeste. Toujours quelqu’un pour demander des explications, trop de gens toujours autour de soi… L’horreur suprême.
Alors je n’avais plus qu’à accorder ma confiance à un type de Serpentard de 4ème année à qui j’avais parlé pour la première fois le soir même, il y a moins d’une heure.
Bravo.
Enfin en attendant, il y avait de nouveau un problème... Mes pieds ne tenaient plus sur le sol. C'était une sensation des plus désagréable... Je fronçais les sourcils...

« Elijah... Je crois que j'ai besoin de manger. »

Au lieu de me répondre verbalement elle préféra agir. Enfin ... elle s'arrêta. Je réagis par logique et suspendis également ma marche en me tournant vers elle.
Le couloir était désert et nous n'étions même pas proche d'une porte ou une quelconque déco. Il était presque impensable que le but finale qu'elle cherchait dans les cachots se trouvait ici même.
Je m'approchais sans trop savoir à quoi m'attendre incapable d'interpréter le sourire qui flottait sur son visage. Innocence feinte ? Amusement démoniaque ? Quelque chose entre les deux.
La lueur qui passa dans son regard ne me mit pas en confiance et à sa question retour je ne savais plus, finalement, si je voulais répondre positivement.
Elle s'approcha, je fermais les yeux avec la certitude bien hâtive de savoir à quoi m'attendre. Mais plutôt que de poursuivre le mouvement jusqu'au bout, elle l'annonça seulement et sa ravisa vilement.
Même si elle se dégagea sans brutalité, je fus blessé dans mon amour-propre. Comme si elle avait choisit un bonbon qui semblait appréciable au premier abord mais que, l'ayant testé elle ne le trouvait plus à son goût.
S'il était possible que Jordan Teavy le loveur de Septième année de Serpentard prenne sur lui et s'acharne avec une insistance respectueuse, Jordan Teavy diplômé et embauché en revanche n'avait plus cette patience. Ou peut-être étais-je devenu impertinent ?

Toujours est il que je la rattrapais alors qu'elle me fis un commentaire sur mon attitude.
Bah, j'ai toujours été assez démonstratif comme garçon.
Au lieu de répondre directement à sa remarque je dis simplement :

- C'était mesquin.

Et sur ce je lui pris la main, la poussait sans violence, mais avec assez de force pour lui faire comprendre mes intentions, contre le mur pour qu'elle retrouve sa position précédente.
Ceci fait, je posais deux doigts sur son cou, sous l'angle droit de sa mâchoire, au cas ou il lui viendrait l'idée de tourner la tête et je l'embrassais.
Correctement.
Longuement.
Dans les règles de l'art.
..
J'ai des côtés masochistes je sais.

Je m'écartais mais au lieu d'affronter son regard je me tournais vers le couloir sombre. Oui j'étais tendu, comme le string de Jédusor, et j'assumais.

« C’était mesquin. »

Un sourire furtif apparut sur mes lèvres. De la petite feinte, rien de plus banal… Je me tournais vers lui mais avant que j’aie pu lui répondre je me retrouvais de nouveau contre le mur. Il m’avait poussé, pris ma main dans la sienne, et de la seconde il prit soin de bien veiller à ce que je ne détourne pas une nouvelle fois la tête. Avait-il oublié que moi et la contrainte on était pas très copines? J’eus néanmoins un petit sourire et ses lèvres se collèrent sur les miennes. Il m’embrassa avec tant de détermination que ça m’aurait fait mal au cœur de ne pas lui répondre. Alors, en prenant soin d’écarter ses doigts de mon cou au passage, je posais la main qui me restait de libre sur sa nuque et fis glisser mes doigts dans ses cheveux. J’y mettais du mien et je savais que ça lui plairait. Après tout, on était aussi là pour ça. Et au diable Jesper.
Ayant pris goût à cette soudaine initiative de la part de Jordan, je jouais les prolongations de dernière seconde jusqu’à ce qu’il s’écarte définitivement. Je le laissais partir juste avant de constater, non sans une légère pointe de déception, qu’il n’osait pas me regarder en face. Pourtant, c’était pas non plus comme si j’allais le mordre…
Je n’avais jamais été vraiment méchante avec lui. Un peu vache, d’accord… Et le coup du Maroc avait peut être été un peu rude, mais les voyages forment la jeunesse, comme on dit. Enfin, de là à être méchante, cruelle ou même juste un peu sadique, jamais. Tout est relatif. De la mesquinerie, par contre, il en avait mangé et je me devais de le reconnaître. Quoiqu’au début, je le méprisais pas mal, aussi… Mais c’était du passé, mon mépris avait disparu, Jordan était monté dans mon estime. Peut être un peu plus que ce que je ne voulais bien me l’admettre, d’ailleurs. D’où les mesquineries dont je ne le priverait pour rien au monde. Je trouvais ça drôle… Et peut être rassurant quelque part, aussi. Enfin, ‘estime’, tout grand mot qu’il soit, ne veut dire ni amitié, et encore moins confiance. Deux choses trop précieuses pour une relation de ce genre. Peut être à la longue… qui sait?
Mais pour l’heure, mon regard resté sur Jordan suivit le sien, le long du sombre corridor. Là bas, il n’y avait rien de très intéressant. A droite un cul de sac, à gauche puis sur la droite les cuisines et tout droit… encore des couloirs, plus ou moins semblables à celui-ci. Comme j’avais gardé sa main dans la mienne, je m’en servis pour l’attirer vers moi, puis de mon autre main, je poussais son autre épaule de sorte à ce qu’il se retrouve contre le mur. Si je n‘aimais pas la contrainte quand elle me concernait, celle des autres m‘était beaucoup plus supportable, bizarrement. Je sais, je suis une fille contraignante. Et il le savait aussi.
Comme il fallait le détendre un peu, je lâchais sa main et glissais mes doigts dans le nœud de sa cravate pendant que mes lèvres remontaient vers les siennes. Là j’eus un petit sourire et je le regardais droit dans les yeux

« Comment tu dis? Mesquin? Je vais devoir te trouver une compensation, alors. »

Mes yeux s’abaissèrent avant de se fermer. Je sentais son souffle, tout près de moi. Je jouais avec un instant puis, je posais finalement mes lèvres sur les siennes, jetant au passage sa cravate par terre d’un geste négligeant. Comme je l’embrassais avec application, une question me traversa l’esprit, d’un coup. Et lui? Que faisait-il là? J’avais oublié de lui retourner la question plus tôt dans la soirée. Le moment était peut être mal choisi, mais ma curiosité primait sur la plupart de mes émotions en général, et à cet instant et à ce stade des évènements je jugeais la conversation encore possible: on n'en était qu'à l'épisode de la cravate. Rien de très affolant. Ecartant mon visage du sien au bout de quelques secondes encore, je lui demandais donc, le plus naturellement du monde

« Au fait, à la base, tu étais venu au bal pour…? »

J’avais vraiment envie d’entendre sa réponse… A part peut être si elle était « danser ».

J’inspirais profondément.
J’avais trouvé mon frère enfantin et stupide dans sa manière d’aborder la jolie fille que je lui avais désigné peu avant, mais pour le coup j’avais réagis de façon tellement puérile que je ne pouvais m’empêcher de me traiter de tous les noms d’oiseaux que je trouvais.
J’avais perdu mon self-control, j’avais réagis comme si Lara était n’importe quelle fille qui me plait bien et avec qui il me semble acquis qu’elle se battra pour moi.
J’avais mal joué.
J’expirai, bien décidé à rester maître de la situation ou au moins maître de moi-même.
Avant que je n’ai pu me ressaisir je sentis une nouvelle pression dans ma main et suivit le mouvement qu’elle m’imposait. En l’espace de quelques secondes nous avions a nouveau inversé nos rôle.
J’étais dos contre le mur de pierres froides.
Retour à la case départ.

Elle s’approcha au plus près, et je la regardais, incertain.

« Comment tu dis? Mesquin? Je vais devoir te trouver une compensation, alors. »

Je souris. J’avais redouté une réaction beaucoup plus froide.
Elle baissa les yeux et j’en vins à espérer n’importe quoi, mais je me fis bien vite une raison. Croire au père noël c’est mignon à cinq ans, après beaucoup moins.
Lorsque je fus certain qu’elle ne se déroberait plus je fermais les yeux pour profiter de son baiser. Si j’avais eu le moindre doute sur son identité j’aurai été fixé à cet instant là.
Dans un coin de mon esprit on me signalait qu’elle commençait déjà à me déshabiller et tout naturellement j’en tirai des conclusions assez positives.
J’y voyais un signal de départ, auquel je me devais de répondre sinon elle allait se sentir frustrée et elle aurait raison.
Je posais mes doigts sur ses hanches et commençait à jouer doucement avec le tissu de sa robe pour la faire remonter délicatement.
Mais lorsqu’elle s’écarta elle marqua une pause un peu trop longue à mon goût qui m’incita à interrompre mon mouvement.

« Au fait, à la base, tu étais venu au bal pour…? »

Je la regardais sans savoir quoi répondre.
Si je répondais « danser » ce qui était banal au possible j’étais certain que ça briserai complètement ma réputation de beau brun ténébreux et intéressant et par conséquent ça jetterai un froid. Wrong Answer.
Si je répondais « revoir mon petit frère » ce qui en soit était aussi vrai que l’est un mensonge par omission je passerai pour un adulte nostalgique d’une adolescence passée au même titre que ceux qui vont voir des dessins animés au cinéma sous prétexte d’accompagner leur petite sœurs de quatre ans. Wrong Answer.
Si je répondais la vérité … dans une situation pareil ce serait très très trèèèèès malvenue, le comble du manque de tact, le chapitre premier de « comment casser une ambiance torride en 10 leçons ». J’avais un minimum de dignité, de fierté, d’intelligence pour éviter de mentionner Lindsay à ce moment précis. Wrong Answer.

En outre je savais très bien que si je mentais à Lara il était inutile d’espérer qu’elle ne s’en rendrait pas compte. J’ignorai pourquoi mais avec elle mes talents d’acteur aussi bon soient ils ne marchaient jamais.
Alors je choisis de répondre la même chose que j’avais dite à mon frère :

- Je suis en mission secrète pour démasquer Unless qui est en réalité la réincarnation de Calamity Jane.

J’espérais qu’elle se contenterait de cette réponse et pour l’inciter dans ce sens je caressais du nez l’angle de sa mâchoire avant de l’embrasser dans le cou, le tout en reprenant mon jeu manuel.
Si seulement, pour une fois, ça pouvait être aussi simple…

En attendant sa réponse, je glissais une main dans ses cheveux. Comme il ouvrit la bouche pour me répondre je plantais mon regard dans le sien.

« Je suis en mission secrète pour démasquer Unless qui est en réalité la réincarnation de Calamity Jane. »

Voyez vous ça. L’humour est une solution à tout, et probablement la meilleure des solutions pour éluder une question gênante. Ainsi donc il ne voulait pas me dire… Soit parce qu’il avait trop honte; soit parce qu’il y avait quelqu’un d’autre… Soit parce qu'il avait trop honte d'avoir quelqu'un d'autre. Je n’étais pas dupe. Je ne voyais vraiment pas de quoi il pouvait avoir honte, et mon cerveau de femme n’eut donc aucun problème à en tirer des conclusions, peut être un peu hâtives, mais des plus probables. J’avais une concurrente. Au moins, nous étions quittes, quelque part: J’avais Nathan, et lui il avait cette mystérieuse inconnue.
Ma ‘rivale’ en elle même ne me préoccupait pas. Pour l’heure j’avais surtout un dilemme. Comme chacun sait, le monde se divise en deux catégories. Les chieurs, et les autres. Aujourd’hui, j’avais le choix. Soit je décidais de casser complètement l’ambiance en insistant bien sur ma question et en le forçant à me dire qui l’avait poussé à sortir de chez lui; soit je passais l’éponge et je décidais de me focaliser sur l’instant, acceptant de laisser planer le mystère… La curiosité l’aurait peut être emporté mais je sentis ses lèvres dans mon cou et ses mains jouer avec ma robe.
Cruel dilemme. Terrible. Impossible, même. Jusqu'à ce qu'une idée brillante me traverse l'esprit. Je pouvais aussi me ranger dans la deuxième catégorie du monde pour le moment et basculer dans la première un peu plus tard dans la soirée… Tout benef, bon plan… J'adore. Je fis glisser ma main que j'avais laissé sur sa nuque jusqu'à son menton pour lui relever le visage.

« Dommage pour ta mission. Ca devoir attendre… »

Et tant pis pour cette pauvre fille. Mes lèvres retrouvèrent les siennes, cette fois plus sauvagement, et mes doigts glissèrent le long de son cou pour finalement venir chercher un bout de sa veste qui me gênait. Cette veste était vraiment trop blanche. Sans aucune pitié, je me chargeais de la faire atterrir sur le sol. Et voilà, c’est plus blanc. Que vive la poussière.
Alors que je l’embrassais, même si ça devenait de plus en plus intéressant, une partie de mes pensées étaient quand même tournées vers cette fille. Parce qu’il n’y avait aucun doute là-dessus, c’était une fille.
Qu’est ce que ça aurait pu être d’autre? Il n’était pas gay, et là-dessus je n’avais absolument aucun doute. Il ne pouvait pas être venu juste pour dire bonjour à ses anciens professeurs. Il ne pouvait pas non plus être nostalgique à ce point là. Il n’avait pas besoin d’aller au bal de Poudlard pour se trouver un coup d’un soir. Ni pour danser. Il ne pouvait pas avoir quelque chose à faire de particulier dans l’école, il m’aurait répondu « oh des trucs, mais c’est pas urgent » ou quelque chose du genre. Non je ne voyais vraiment aucune autre possibilité. Qui était-elle? Comment s’étaient-ils connus? S’étaient-ils donnés rendez-vous au bal? Pourquoi l‘avait-il délaissée ce soir? Peut-être qu’il était venu sans savoir si elle serait là? Était-il possible qu’elle soit encore à Poudlard? Que ressentait-il pour elle? En tous cas, il ne l’aimait assez pour lui rester fidèle.
Je stoppais mes pensées d’un coup. Après tout, qu’est ce que j’en avais à faire? Il avait une autre fille en tête, d’accord. Mais notre relation n’avait pas changée. Pour le reste… C’était son problème, pas le mien. Mais ça m’intriguait… C’était comme un bouton de moustique. On sait qu’il est là, on le visualise, on a envie de le gratter… Mais vaut mieux pas, sinon c’est encore pire. Alors il devient préférable de souffler dessus et de trouver une autre occupation plutôt que d’y penser. En l’occurrence, j’avais une autre occupation. Je focalisais alors toute mon attention sur la chemise… Noire.
Ce qu’il y a d’avantageux avec la poussière, c’est que sur du blanc, elle apparaît noire et sur du noir elle apparait blanche. La poussière c’est formidable. Et cette chemise était vraiment trop noire à mon goût. Et si elle allait mordre la poussière?

« Dommage pour ta mission. Ca devoir attendre… »

Aussi simple que ça.
Magnifique !
Que demander de plus ?
Je souris malgré moi et elle devait le sentir bien que mon visage soit encore caché à son regard. J'étais presque certain qu'elle devait se douter de la vérité et je ne pouvais m'empêcher de me demander jusqu'à quel point cela la touchait. Sûrement pas énormément, enfin ... Elle faisait partis de ces gens qui, j'en suis sûr, savent parfaitement cacher leurs émotions lorsqu'elles peuvent jouer contre elles.
De toute manière elle avait toujours l'autre crétin dans un coin pour les jours où j'étais pas là ( je m'interdisais de penser que ça pouvait être l'inverse ).
Je sentais le tissu de ma veste glisser pour finir au sol. Hum, c'est le pressing qui va être content, les cachots sont en général bien peu propres et ce couloir ci ne faisait pas exception. D'ailleurs ... ce n'était peu être pas le meilleure endroit pour ... enfin ... la langue de Lara néanmoins me fit oublier ces considérations sans interet.
Le bas de sa robe arriva finalement à mes doigts et je pu les passer sous le tissu. Je caressais sa cuisse en montant progressivement alors qu'elle commençait à déboutonner ma chemise. Je jettais un coup d'oeil a mes vêtements par terre.

- J'ai trop de dignité pour remettre des fringues qui ont trainés dans la poussière.. Si tu continues il va falloir me partager quand on remontera.

Je souris malicieusement avant de réaliser ce que j'ai dis.
Ah ! J'suis trop con. Pourquoi je lui tend des perches pareilles moi aussi.

- Enfin ... si on remonte.

D'ailleurs elle avait pas quelque chose à faire dans les cachots ? A moins que ce ne fût qu'une ruse pour m'attirer dans un coin sombre, la vile @_@
Comme si ça me posait problème.

[ HRP : plus assez de batterie pour faire plus long u_u ]

Ses doigts passèrent en dessous de ma robe alors que je m’occupais du dernier bouton de sa chemise. Pfiou… J’avais presque oublié la masse de muscles qui se cachait là-dessous. Ca faisait relativement longtemps que je ne l'avais pas vu... Peut être avait-il fait de la muscu pour impressionner sa nouvelle copine? Ou peut être était-ce l'éclairage un peu glauque des cachots qui donnait cette impression? En tous cas, moi, ça m'arrangeait. Je laissais glisser mon visage le long de son cou, effleurant sa peau puis je longeais sa clavicule, repoussant le col de sa chemise de mon menton et laissant au passage un baiser dans le creux de son cou.

« J'ai trop de dignité pour remettre des fringues qui ont trainés dans la poussière.. Si tu continues il va falloir partager quand on remontera. »

Je levais la tête et haussais un sourcil. J’aurais pu lui répondre que s’il voulait je pouvais m’arrêter tout de suite et retourner à mes affaires. Heureusement pour lui, j’étais dans mes bons jours et il eut le bon sens de rajouter une condition avec un petit sourire espiègle, rendant cette réponse potentielle inappropriée.

« Enfin… Si on remonte »

Finissant de faire glisser sa chemise par terre, je plissais les yeux et lui répondit, un sourire aux lèvres

« Ce qui est dommage pour toi, c’est qu’on va devoir remonter un jour ou l’autre…»

Je rapprochais mon visage du sien et me composais une expression faussement contrariée alors que je m’attaquais à la ceinture de son pantalon.

« … et le problème, c’est que j’aime pas trop partager… donc si tu ne laisses pas ta dignité de côté… »

Et je balançais sa ceinture par terre. Un truc de sale de plus, yay! Je mordillais ma lèvre inférieure et m’approchais encore, sentant son souffle se mêler au mien

« …tu vas remonter sans rien. Les filles vont adorer. »

Je baissais les yeux sur sa veste et sa chemise, reposais mes yeux sur lui, passais les deux mains derrière son cou et l’embrassais de nouveau. Je l’attirais vers moi et fis quelques pas en arrière et sur le côté avant d’interrompre brusquement notre baiser. Je le fixais dans les yeux et abaissais mon regard… Trop bête, je venais de marcher sur sa veste et lui sur sa chemise.

« oups… »

J’ai pas fait exprès… Un sourire narquois apparu sur mon visage, bien que j’aie conscience que je l’estimais trop pour le laisser remonter nu comme un ver. J’avais quelques sortilèges pour virer les tâches et ma baguette n’était jamais loin. Alors je pouvais piétiner sa veste autant que je voulais.

Je suivais du regard la chute lente de ma chemise dont le fin tissu recouvrit le sol ingrat. Je ne pus m'empêcher de prêter attention a cette image de décadence en me demandant si je devais y voir un quelconque présage.
En apparence je passais pour quelqu'un de très porté sur les impressions que je donnais mais ceci était dans le seul but d'arriver à mes fins. Une situation imprévue avait toujours eu pour conséquence d'attiser mon plaisir plus que de me faire perdre mes moyens.
Et d'ailleurs je n'étais pas homme à me préoccuper trop tôt de ce qui pouvait attendre. Au diable la chemise de marque, je regretterai sûrement demain de ne pas y avoir prêté une plus grande attention mais à présent l'inutilité du vêtement me paraissait flagrante. Pensée qui pouvait d'ailleurs se généraliser à tous les autres vêtements ici présents.
J’attrapais au vol le regard appréciateur qu’elle me porta une fois libérée de ma chemise, ce qui ne fût pas pour me déplaire. Que du naturel madame, aucune gonflette, le bonheur de parcourir des kilomètres sous forme féline le dimanche ça muscle assez bien.

Je ne voulais pas rester en reste, et pendant qu'elle jouait avec le mécanisme de ma ceinture dans le but évident de m'en libérer je cherchais la fermeture de ma robe qui ne me résista pas longtemps.
Je la regardais faire en ponctuant ses gestes de commentaires que je m'attendais à entendre.
Les filles vont adorer, c'était certain.
Le pire était peut-être que j'étais parfaitement capable de remonter tout nu si elle me cherchait un peu.
Je la regardais en souriant. En me déshabillant elle prenait l’avantage et aimait visiblement ça. J’avais mes deux bras dans son dos et sentait la chaleur de ma peau contre le sienne. Elle m’embrassa encore, et sans réfléchir je la suivis dans ses mouvements avant de comprendre ce qu’ils impliquaient.
« oups »… C’est ça.
En réponse à son sourire narquois je lui ôtais sa robe et d’un geste fluide je la lançais sur une armure décorative non loin de nous.
Il n’était pas certain que l’objet soit beaucoup plus propre que le sol, mais symboliquement c’était tout de même plus respectueux. On ne jouait pas tout à fait sur un pied d’égalité. Elle n’avait aucune raison de prendre des pincettes avec moi alors que je préférais rester un peu prudent… de temps en temps…
Je l’attirai un peu plus vers moi jusqu’à ce que nos ventres se touchent.
Et alors que je m’apprêtais à l’embrasser à nouveau j’entendis des bruits de pas venir dans notre direction. Il n’y avait pas trente-six solutions, le ou les visiteurs inopportuns allaient passer devant nous et dans notre hâte nous nous étions arrêtés dans un endroit plutôt à découvert.
Je me reculais légèrement avec un sourire franchement amusé pour observer la réaction de Lara.
C’était vraiment triste d’être stoppé dans un moment pareil, mais je ne pouvais pas prendre d’initiatives de retrait. Pas avant qu’elle ne s’écarte en tout cas, ce que je n’étais pas sûre qu’elle désirait.

La personne qui venait avait plus de chance d’être du château qu’un extérieur, et entre ces murs j’étais plus connu qu’elle puisque cela ne faisait qu’un an que je ne parcourais plus ces couleurs quotidiennement.
La seule personne que je ne voulais pas voir était Elijah, cela pouvait être n’importe qui d’autre je n’en avais rien à péter.
Mais …et elle ?

- Tu choisis …

Sur ce je l’embrassais dans le cou et descendait dans son décolleté pour rendre ce temps de réflexion plus agréable.
Au fond avec un pantalon et j’étais plus habillé qu’elle en lingerie fine et jarretelles.

Sans que je m’en aperçoive, ma robe glissa sur ma peau et atterrit finalement sur l’armure la plus proche. L’ambiance commençait à chauffer, maintenant, la discussion n’était plus permise. Il se rapprocha, s’avança vers mes lèvres et… Se recula. Immédiatement je tournais la tête en direction du couloir… Des bruits de pas. Rien que ça… Je soupirais, coupée dans mon élan et marmonnais pour moi-même

« Dites moi que c’est une blague… »

Non mais c’est vrai, je rêve. Je viens exprès dans les cachots pour ne pas être dérangée par qui que ce soit, et on vient quand même. Il y a de quoi être furieux. Mais heureusement pour l’intrus, j’étais dans mes bons jours, il ne rejoindrait pas ma (feu) grand-mère ce soir. Je me tournais vers Jordan qui avait un grand sourire. Ouais, visiblement, ça ne le gênait pas tant que ça. Toujours comme ça, les mecs: tant qu’ils ont une fille à poil devant eux, tout va bien quoiqu’il se passe.
Pour ma part, la présence de l’inconnu ne m’importait pas plus que ça, s‘il était choqué, c‘était son problème pas le mien, mais j’avais horreur d’être dérangée, ce qu’il venait juste de faire et ce qu’il risquait de faire de nouveau. Mais le pire c’était l’idée que cette personne puisse être Jade, Mia ou un autre de mes collègues pour venir me chercher et me dire « tu dois t’en aller, ya un auror qui te cherche ». Ou pire, un auror tout court. J’avais pourtant veillé à ce que personne ne soit au courant de mon statut, mais on n’est jamais sur de rien. Sauf si c’était Jesper qui ne pouvait pas attendre de me parler et qui venait me demander des explications sur le livre… Enfin, il était encore plus probable que ce soit un inconnu. Si c’était le cas, je me prenais la tête pour rien.
Jordan me tira de mes réflexions en revenant m’embrasser dans le cou et descendre jusqu’à ma poitrine. Il me laissait le choix, c’était sympathique, mais je ne savais plus quoi faire. L’espèce d’individu avait cassé l’ambiance et sa présence venait s’ajouter à la liste des choses désagréables qui restaient toujours en permanence dans un coin de mon esprit.
Je réfléchissais en passant ma main dans les cheveux de Jordan et en la laissant se balader sur sa nuque. Je sentais son souffle sur ma poitrine et même si mes pensées étaient ailleurs, je ne pus retenir le petit frisson qui me parcourut l’échine.
Avec ma baguette, je pouvais arriver à donner une petite distraction… Genre en demandant à l’armure d’aller lui faire peur... Sauf que les bruits de pas s’étaient arrêtés. Je fronçais les sourcils. Il n’y avait pas de passage à ce niveau, l’inconnu était censé nous croiser, obligatoirement. Il n’avait que deux options à ce stade: soit continuer soit faire demi tour, or il n’avait fait ni l’un ni l’autre. Il s’était arrêté. Pourquoi? Je soupirais d’agacement. Cet individu, qui qu’il soit m’ennuyait au plus haut point. Peut être que je me prenais la tête pour rien, après tout ce devait être un élève fatigué de toute la foule qui avait décidé de trouver du calme dans le seul endroit calme du château. Je jetais un coup d’œil à ma robe sur l’armure… Elle n’était pas très loin. En cas de besoin je n’avais qu’un pas à faire pour attraper ma baguette. C’était raisonnable.
Décidant d’ignorer les bruits de pas qui s’étaient étrangement arrêtés, je glissais mon visage au niveau de celui de Jordan et lui relevais le menton avec mon nez, l’embrassant au passage jusqu’à remonter au niveau de ses lèvres. Pendant ce temps mes mains s’occupèrent de son pantalon qui tomba par terre. Juste à ce moment là, les bruits de pas recommencèrent. Sérieusement? Le temps de faire son lacet? Ou est ce qu’il avait attendu je ne sais trop quoi pour se remettre à marcher? Il y a des gros lourds dans la vie quand même. En tous cas, s’il me perturbait, j’avais décidé de l’ignorer et j’avais bien l’intention de terminer ce que j’avais commencé… Les pas se rapprochaient et s’immobilisèrent de nouveau. L’inconnu s’était planté devant nous, je sentais sa présence dans mon dos. C’était insupportable. Vraiment insupportable.
Je me retournais, et découvris un élève avec une fille dans les bras qu‘il était à moitié en train de laisser tomber par terre. Je haussais mes deux sourcils.

« Bon, t’attends quoi là? Ma bénédiction? Tu veux que je te demande en quelle langue de dégager? En Russe? »

J’espérais pour lui qu’il allait se grouiller de bouger de là. Parce que j’allais l’envoyer manger les vers avec ma grand-mère dans le cas contraire. Un peu ça va, mais là c’en était trop.

HRP: post suivant réservé Elijah

Je ne savais pas ce qu'elle attendait de moi. J'avais obvioooously été très sincère dans mes propos, je ne m'étais jamais comporté aussi peu faussement avec une fille d'ailleurs... Son histoire m'avait touchée. Je n'allais rien dire, pas bafouiller un mot, même sous l'emprise de l'alcool.
Combien de fois allait-elle me demander si j'étais sûr et pas couci couça... du genre ooooooh ben en fait, je vais peut-être envoyé des lettres anonymes en balançant son secret dedans. Même si je ne voyais pas vraiment pourquoi elle tenait tant à ce que ça reste un secret... Je savais encore respecter ma parole lorsqu'il le fallait. Aujourd'hui, il semblait que respecter sa parole était une chose importante.
Je ravalais mon sacasme... mon humour à deux balles et hochai la tête à plusieurs reprises... du genre "je le jure" mais sans lever la main droite parce qu'il y a des limites. J'avais presque envie de ma balancer un charme d'amnésie pour qu'elle soit convaincue mais ça me plaisait de partager un secret avec elle même si elle ne l'avait jamais voulu. Oui, étrangement, ça me plaisait. Et aussi parce que s'autobalancer un charme d'amnésie est une méthode très efficace pour devenir fou.
Je me tins donc tranquille, l'amenant doucement vers l'extérieur lorsqu'elle dit :

Elijah... Je crois que j'ai besoin de manger.

Je hochai la tête, patiemment et pris le chemin des cachots. Je n'avais jamais été dans la cuisine, pas sune seule fois mais on m'avait expliqué récemment où elle se trouvait et comment y acceder. Je ne suis pas du genre à avoir envie d'un casse-dale au milieu de la nuit et une pareille information me semblait assez inutile... jusqu'à présent. Le problème étant que mon sens de l'orientation n'était pas des meilleurs, mes pas se dirigèrent bien plus vers les parties des cachots que je connaissais par coeur plutôt que vers les cuisines.
Aller Elijah... un petit peu de concentration ou Lila va à nouveau tomber à la renverse. Je m'arrêtai pour avoir une meilleure prise sur ma partenaire de danse. Nous n'étions pas seuls, je pouvais l'entendre et bientôt le voir, j'en étais persuadé. Qui peut bien traîner dans ces fichus cachots alors que la fête bat son plein à quelques mètres au dessus de nous ? Ma curiosité était piquée à vif mais il me fallait trouver rapidement le chemin des cuisines.
J'avançais, baguette dans ma main droite pour éclairer le chemin et Lila sous mon bras gauche.
Le bruit n'émanait pas d'une seule personne mais de deux. En petite tenue qui plus est. Ok... j'avais compris pourquoi ils s'étaient éloignés de l'animation... Ok... les cuisines devaient être de l'autre coté et sans même prendre le temps de mémoriser la magnifique silhouette de la femme, je commençais à faire demi-tour en resserrant mon étreinte sur Lila lorsque... non... c'était lui.
J'arrêtai de bouger, mes yeux fixés sur le couple, le bouche à moitié ouverte, les sourcils froncés. Je devais sans doute avoir une tête de winner. Je comprenais à présent pourquoi Jordan était revenu à Poudlard pour la soirée. Je secouais la tête comme pour me redonner contenance.

Bon, t’attends quoi là? Ma bénédiction? Tu veux que je te demande en quelle langue de dégager? En Russe?

La femme dans les bras de mon frère avait beau être magnifique, elle me sembla... folle. Bien sûr... je simplifie mais l'idée est là. Psychopathe. Ok, mon frère n'est pas venu ici pour me voir et discuter avec moi mais pour coucher avec une magnifique psychopathe qui avait sans doute des projets sombres en tête concernant mon cadavre...
J'avais à moitié lâché Lila qui commençait à s'effondrer. Je détournais la tête, me demandant pourquoi j'étais aussi troublé... tout le monde connaissait la réputation de Jordan, moi d'autant plus que j'en jouissais.

- Jordan ? o_O

Il y avait beau faire sombre, je reconnaissais mon frère et j'étais heureux de ne pas l'avoir surpris quelques minutes plus tard. A présent, je gènais. Je l'avais compris. Surtout que la femme super belle se trouvant dans les bras de mon frère me fusillait du regard. Je reculais d'un pas, avec l'envie de n'avoir jamais mis un pied dans ce couloir et la certitude qu'à chaque fois que j'y repasserai je penserai à ce jour. Je tirai à nouveau Lila et cette fois, la portais totalement. J'avais presque envie de demander le chemin des cuisines à mon frère mais savoir qu'il n'était pas venu là pour moi mais pour elle me gênait même si je pouvais sans doute aisément le comprendre.

En caleçon dans les couloirs glacés des cachots avec une superbe femme dans les bras et la petite adrénaline d’un visiteur indésirable qui se rapproche dangereusement.
Quoi de plus excitant ?
En plus si le visiteur en question était assez insignifiant Lara pourrait s’amuser avec lui pour le faire détaler et ça allait sûrement la ravir … ou l’énerver au plus haut point. Quitte ou double, c’est le jeu ma p’tite Lucette.
Je cherchais le contacte de ses lèvres, passait ma langue sur ses dents avant de finir par rouvrir les yeux pour rencontrer sans autre forme de procès des iris semblables aux miens.
J’aurai ouvert la bouche d’étonnement si elle n’était pas déjà dans cet état.
J’affichais très probablement le même air de dégout choqué que mini-moi. Ouais la ressemblance devait être flagrante.
Fait chiiiiier !
Murphy je te déteste !
Pourquoi faut-il forcément espérer que quelque chose n’arrive pas pour que ça arrive.
J’avais envie de me cogner la tête contre le mur pour faire passer le sentiment extrêmement désagréable qui avait totalement pris possession de moi, mais a la place je laisser tomber ma tête sur l’épaule de Lara dans une grande lassitude.
Mes autres étaient complètement inerte, mon cerveau n’avait pas encore tranché sur la meilleure attitude à adopter du coup tout le monde restait tranquillement à sa place.
Quoi que … peut-être que d’avoir une main passé dans élastique des dessous de Lara n’était pas la position la plus adapté pour discutailler avec mon frangin.
J’écartais finalement mes deux bras, laissant la jeune femme libre de ses mouvements.

- Bon, t’attends quoi là? Ma bénédiction? Tu veux que je te demande en quelle langue de dégager? En Russe?

Je ne pu m’empêcher de sourire. C’était une des choses que j’adorais le plus chez Lara, son sens de la répartie piquante et bien placé. Surtout quand ce n’était pas moi qui en faisait les frais.
Je relevais la tête.

- Jordan ? o_O

Ouais ! Bravo mon petit ! T’as gagné au jeu du Qui-es-ce, et t’as gagné le droit d’effacer ce passage de ta vie de ta mémoire, de celle de Lara et de la mienne aussi tant qu’à faire…
Je lui adressais un sourire forcé et répondit, sarcastiquement :

- Elijah.

J’étais partagé.
Vraiment partagé. Je ne savais pas vraiment quoi en penser. J’étais quasiment certain d’avoir remplacé l’image du père pour Elijah… A vrai dire avec un géniteur comme le notre c’était compréhensible. J’avais élevé mon petit frère bien plus que nos deux mous et creux de parents.
Enfin même en tant qu’image simplement fraternel ça devait être assez déstabilisant de me surprendre dans pareil situation. Et puis il avait quoi, treize ans ? Quatorze ? Put*** je ne connaissais même pas l’âge de mon petit frère, je suis vraiment un grand frère indigne.
J’ignorais tout de sa sexualité. On n’en parlait pas vraiment.
A treize ans moi … Enfin moi c’est moi, lui c’est lui.
Je le regardais fixement sans réussir à chasser de ma tête l’idée que quelque chose entre nous venait de se briser.
Et en plus je dramatise tout maintenant. Ca va plus. Faut que je dise quelque chose.

- L’infrmerie c’est au quatrième étage.

J’avais parlé plus froidement que je ne l’aurai voulu mais c’était parce que je savais que je ne maîtrisais plus la situation.
Je cru lire du reproche dans son regard.
Il devait se dire que je lui avais mentis sur mes motivations à venir.
Génial.
Manquerait plus qu’il perde confiance en moi … enfin, pour si peu ? Non tout de même.
Je jetais un rapide coup d’œil à Lara.
Je devais être prudent, je ne pouvais décemment pas la laisser toucher à un cheveu de mon petit frère sans rien faire mais d’un autre côté j’avais toujours eu l’intime conviction qu’elle avait le pouvoir et les capacités de m’avada kedavriser en deux-deux.

Bon moi Elijah m’avait déjà vu en sous-vêtement, c’était pas une nouveauté ( d’ailleurs on peut s’arrêter sur mon caleçon qui mérite le coup d’œil avec ses représentations fantasques de bacchanales \o/ aherm … ).
Par contre voir Lara nue (comme un ver) ça devait être une nouveauté (enfin j’espère, le contraire serait inquiétant).. Et on peut remercier les robes qui se portent sans soutient gorge… [ j’avais trop envie muhahaha ndlr ]

J’attendais en piaffant. Est ce que cet imbécile allait se décider à partir oui ou merde? Faut dire qu’en talons aiguilles et à moitié nue, j’avais pas l’air fine… Jordan avait eu une réaction bizarre… Il avait laissé tomber sa tête contre mon épaule. Ce qui veut dire? Bof.
Je n’y fis pas attention et continuais de m’énerver. Si ça continue, je vais devoir sortir l’artillerie lourde. Pourtant, j’avais été claire non? L’incapacité de réaction des êtres humains m’exaspère des fois. La situation n’aurait pas pu être pire, je pensais. Mais en fait, il y avait pire: le pire, ce fut le mot que l’énergumène en face de moi prononça juste après.

« Jordan? O_o »

Euh… Stop. Back. Replay. « Jordan » . Quoi? Ils se connaissaient? Ce minus connaissait Jordan? En quel honneur? Je fronçais les sourcils et détaillait le minus en question un peu plus précisément… Oh par Merlin. Pourquoi est-ce qu’il me rappelle étrangement quelqu’un? Quelqu’un qui est juste à côté de moi. Discrètement je fis un tour dans l’esprit de l’étranger… qui n’était autre que le petit frère de Jordan. Instinctivement mon bras se replia sur ma poitrine. Bizarrement, me faire mater par le petit frère de mon amant me parut malsain… Alors que ce qui est sain et ce qui ne l’est pas, en général, ça me passe au dessus... Etrange. Enfin, j’en étais pas encore à courir me cacher derrière l‘armure la plus proche, jamais de la vie. Je réfléchis un instant puis décidais qu’après tout la situation n’était pas si mauvaise: j’avais encore mon bas. Et puis j’avais appris à toujours tirer profit des situations dans lesquelles je me trouvais. Donc, relax. Je me détendis et oubliais les circonstances, profitant pleinement de l’échange qui se déroulait devant moi.

« Elijah. »

Je me tournais vers Jordan qui s’était crispé. Hoho? Grande première pour le petit Teavy? Il devait pourtant savoir la réputation que son frère avait à Poudlard… Mais peut-être grand frère ne lui avait pas dit qu’il continuait à batifoler par-ci par-là… Ce serait surement l’occasion d’en savoir un peu plus sur Jordan… Alors je n’allais décemment pas bouger de là. Quant à me rhabiller, c’était plus drôle de rester comme ça, juste pour voir la tête que faisait son petit frère. J’adressais un sourire à Elijah et levait ma main libre pour lui faire coucou. J’étais d’humeur joueuse et si je pouvais faire mumuse avec le deuxième Teavy, je n’allais pas m’en priver.

« Enchantée »

Histoire de décrisper un peu l’atmosphère… Je sais pas pourquoi mais d’un coup, plus personne ne parla. Allez quoi, c’était pas non plus la fin du monde…

« L’infirmerie, c’est au quatrième étage »

Je me retournais vers Jordan, surprise. Why so serious? C’était pas son petit frère qui était en faute après tout… Je l’imaginais pas comme ça, faut se détendre dans la vie. Prenons les choses du côté positif: dans quelques années, quand je serai vieille moche et moisie jusqu’à la moelle, ça leur fera un bon souvenir et ils en riront. Genre « ehhh tu te rappelles quand je t’ai surpris au bal de Pâques dans les cachots? » « hahahaha t’aurais vu ta tête quand tu m’as reconnu » « Tu peux parler, toi t’étais tout déconfit et en plus ton caleçon était vraiment bizarre »… Ouais, vraiment bizarre ce caleçon. Un grognement me tira de mes réflexions. La belle au bois dormant semblait émerger de son sommeil.

« Euh… Elijah… J’ai des hallucinations je crois… »

Je lâchais un petit rire et me tournais vers la jeune fille. Je fronçais les sourcils… Elle me rappelais quelqu’un que j’avais déjà vu… Mais c’était elle! La fille aux ailes! Elle n’avait plus d’ailes d’ailleurs… Surement trop encombrant. C’était eux donc que Jordan regardait avant que je n’arrive… Oh, il était donc venu au bal pour voir son petit frère. Restait à savoir s’il n’était venu que pour son petit frère… Il me l’aurait dit… Quoique. La belle au bois dormant continua:

« Serieux, ya ton frère avec un caleçon super strange devant moi, c’est bizarre »

Placée en observatrice, je commentais les propos de la fille, plussoyant sa remarque:

« Ah on est d’accord qu’il est bizarre son caleçon… »

Je hochais la tête alors que nous étions trois à avoir les yeux rivés sur le caleçon de Jordan. Faut pas mettre des caleçons comme ça si on veut pas être observé. C'était donc probablement le but du dit caleçon.

Cool Eliiii, coool ! Tu sais très bien que Jordan est... merde qu'il est Jordan quoi ! Qu'il se tape tout ce qui bouge ne t'a jamais gêné jusque là.
Peut-être parce que je n'avais pas à l'imaginer le faire.
Hein hein, mauvaise réponse ou mauvaise question buddy, ça change rien. Ca n'apporte qu'un peu plus de réalité à un fait qui t'as permis d'avoir de nombreuses filles ou du moins d'avoir de nombreuses filles qui craquent pour toi... parce qu'elles ne peuvent pas avoir ton frère. Comme cette fotue Elvire d'ailleurs. Reparlons-en de celle-là.
Nooooon, on s'en fout. Y a une femme magnifique devant moi qui a pour seule défaut ce regard noir et mon frère bloti contre elle.
Regard noir, regard noir... vite dit... regaaaaaarde, elle te sourit... enfin presque. Il a trouvé ce caleçon où ton frère ? Pourquoi tu choisis toujours de porter des unis ?
Beaucoup plus classe l'uni... beaucoup plus "moi" aussi j'imagine. Jordan dirait "fade" mais ça me représente bien plus que ce truc étrange. Argh, je vais quand même pas me mettre à matter mon frère, c'est plus que malsain.
Calmoooos. Regarde, tout se passe à merveille, elle a même dit qu'elle était enchantée.

- L’infirmerie, c’est au quatrième étage

Mon regard se pose sur Jordan. Il est froid, bien plus que d'habitude. Je le regarde d'un air interrogatif. Il faut qu'on m'explique... Qui a sa place aujourd'hui dans les cachots ? Le pauvre Serpentard qui cherche les cuisines pour une fille à qui il n'a jamais parlé avant mais qu'il est vraisemblablement l'un des seuls à pouvoir aider oooou les deux anciens élèves qui s'envoient en l'air dans un coin et qui n'ont certainement pas le droit d'être là.
Devant la froideur de Jordan... j'ai une idée. Tout balancer. Simplement. Juste qu'il passe un mauvais quart d'heure sans pour autant souffrir ni même recevoir de vrai punition puisqu'il n'est plus élève ici. Voir Jordan partir d'ici au plus vite. Voilà tout. La femme avec qui il est me semble bien plus urbaine que lui alors qu'elle n'a aucune raison de l'être puisque mon double machiavélique la matte depuis tout à l'heure sans que je puisse vraiment l'en empêcher.

Argh Lila. Lâche pas. Reste avec moi. Non, ce ne sont pas des hallucinations... un humain sain d'esprit ne pourrait imaginer une chose pareille, un caleçon pareil. La réflexion de Lila me fait tout de même sourire mais lorsque je pose mon regard sur elle, mon sourire s'efface, elle est blanche comme un linge. J'ai trop tardé. Elle ne va pas mourir, soit. Mais le plus vite elle ira mieux et le plus vite je.... je quoi ? Non, j'ai juste envie qu'elle aille mieux.

L'amante de mon frère semble vouloir décontracter l'ambiance et visiblement... elle ne m'en veut pas d'avoir... interrompu quelque chose. C'est donc à elle que je m'adresse et pas à mon frangin bien-aimé lorsque je décide d'ouvrir à nouveau la bouche pour, cette fois, m'exprimer.

- Je sais où est l'infirmerie et je m'en fiche un peu à vrai dire. On cher... je cherchais les cuisines. Tu te souviens peut-être de la direction.

Car à ce train-là, dans dix minutes je serai encore en train de tourner en rond et je retomberai sur vous et ce sera sans doute encore plus gênant. Je la regarde avec un léger sourire faisant mon possible pour ne pas lancer un coup d'oeil complice à mon frère. Non, pas ce soir. Demain, j'aurai sans doute oublié mais pour l'instant garde tes airs cassants pour toi, ça m'arrangera.

Enchanté ?
Lara, enchanté de rencontrer mon petit frère, on aura tout vu. Je pouvais l’inviter au repas du dimanche en famille aussi tant qu’à faire ? Ainsi elle pourra rencontrer papa Teavy qui est une sinistre erreur du monde sorcier, et maman Teavy une sorcière sénile qui tricote des chaussettes laides en se lamentant sur sa vie.
Je soupirais. Visiblement j’étais la seule personne tendue ici.
Elijah était certes un peu choqué mais la situation ne semblait pas trop le gêner puisqu’il restait planté devant nous.
Et Lara semblait amusée, elle avait pudiquement caché ses attributs féminins mais me lança un regard de reproche lorsque je répondis froidement à mon petit frère.
D’accord.
Si vous voulez je peux préparer le thé.
Et on pourra se raconter des anecdotes sur notre enfance, Elijah pourra romancer les moments ridicule de mon existence pour faire rire mon amante.
Ouiiii.
Bien sûr.

Je levais les bras et passait mes mains derrière ma tête.
Le dernier protagoniste sembla revenir à la vie.
J’avais reconnu la jeune fille que j’avais mise Elijah au défis d’aller courtiser. D’ailleurs sans son déguisement son nom me revint.
Wilson, deux ans de moins que moi, Serdaigle probablement, et un prénom de fleur.

« Serieux, ya ton frère avec un caleçon super strange devant moi, c’est bizarre »

Je levais les yeux au ciel sans répondre.
Je voulais bouger mais tout déplacement était rendu impossible par mon pantalon sur mes talons.
Maintenant tout le monde regardait le seul vêtement qui m’habillait encore – si on excepte mes chaussettes et mes chaussures.
Profitez en mesdemoiselles, mon petit frère y a droit tous les jours lorsqu’il pieute chez moi, pas sûr que ça l’intéressait encore, pas sûr que ça l’ait un jour intéressé d’ailleurs.

« Ah on est d’accord qu’il est bizarre son caleçon… »

Je ne résistais pas à la tentation d’arrêter de bouder pour répondre avec un sourire en coin en la regardant :

- Surprise ? T’inquiète tu te réhabitueras vite.

Et qu’Elijah s’imagine ce qu’il avait envie.
Ce dernier d’ailleurs demanda son chemin à la femme presque nue devant lui. On voit tout de suite tes préférences petit frère.
Très bien.
Qu’ils discutent.
Moi ça m’avait complètement cassé en tout cas.
Je me baissais et remit mon pantalon. En tout cas j’étais libre de mes mouvements.
Je jetais un coup d’œil à ma chemise toujours au sol et après un instant d’hésitation je décidais de m’adosser à nouveau contre le mur de pierre pendant que mon frangin copinait avec ma maîtresse.

Je constatais avec plaisir que Jordan était sorti de son humeur bougonne pour répondre à ma remarque concernant son caleçon… Hmm, l’ambiance ne s’était peut être pas aussi refroidie que ce que je ne l’avais pensé. J’arquais un sourcil alors que Teavy Junior demanda son chemin vers les cuisines. Je me tournais vers lui et fus surprise de voir qu’il me regardait. Je ne compris pas de suite qu’il s’adressait à moi et uniquement à moi, mais vu l’absence de réponse de Jordan au bout de quelques secondes, j’en déduis que la question m’était destinée. Pourquoi une telle décision? Climat tendu chez les Teavy en ce moment? Ou la remarque un peu trop froide de son frère avait-elle suffi à le vexer? Un léger détour du côté des pensées d’Elijah me suffit pour comprendre que c’était le cas. Je me retins de lever les yeux au ciel. Si dans la famille ils se vexaient pour si peu, l’ambiance ne devait pas souvent être à la fête. La fille à moitié endormie broncha quelque chose d’assez incompréhensible. Je réussis néanmoins à capter l’essentiel de ses propos

« C’est pas grave… On remonte… mieux… Les cuisines... trop loin. »

Pendant ce temps, du coin de l’œil, j’aperçus Jordan qui s’était assis et avait remonté son pantalon… Déjà? Lui aussi, il boudait? Parce que je parlais avec son frère? Une deuxième fois, je me retins de manifester mon exaspération. A la place, je souris, fis quelques pas et me laissai glisser à côté de Jordan, ramenant mes genoux contre ma poitrine. Voilà qui était mieux. Je pus ainsi répondre tout à fait convenablement à Elijah en balayant les propos de sa copine d’un geste négligent de la main.

« Oublie ce qu’elle vient de dire. Tout droit, gauche, tout droit, deuxième à droite, et la porte encore à droite après la quatrième armure. Tu lui as donné quoi à boire? »

Le climat ne s’était toujours pas radouci et je compris que la présence d’Elijah ne m’était plus utile en quoi que ce soit. Maintenant que j’avais la certitude que je n’apprendrai rien d’intéressant sur Jordan par son petit frère -celui-ci ne voulant que remettre sur pied sa copine- sa présence me gênait plus qu’elle ne m’avantageait. Je ne le lâchais pas des yeux histoire qu’il comprenne que plus vite il décamperait, plus vite ça m’arrangerait. Je le lâchais finalement du regard et posais mes yeux sur son frère, toujours boudeur mais j’avais plus d’un remède en poche. La mine pensive, ma main dessina quelques motifs invisibles sur le sol avant de venir jouer avec le bas du pantalon de Jordan. Avant qu’Elijah ne parte, je voulais lui faire part d’une petite indication, tout en finesse. M’adressant à ma main qui remontait progressivement jusqu’au genou de Teavy-number-one, je lâchais comme pour moi-même.

« Je me suis toujours demandée comment les elfes de maison faisaient pour transplaner absolument n’importe où… »

Pigé, Mini-Teavy? Pas besoin de repasser devant nous si tu te fais remorquer par un gentil elfe. Autant qu’ils servent à quelque chose. Ceci dit, je ne savais pas encore très bien si mon humeur était toujours aussi enjouée que ce qu’elle ne l’avait été. A vrai dire, tout ce cirque m’avait lassé. Je levais les yeux vers Jordan et lui demandai sans intonation particulière

« Calamity Jane est du genre patient? »

Si non, il était clair que je n’avais même pas à réfléchir, je remontais direct. Là haut, les affaires m’attendaient. Si oui… J’aviserai en fonction de ma pensée sur le coup. En fin de compte, peut être que tout le monde pensait avoir mieux à faire que de rester planté là. Pourtant je n'en avais complètement pas fini avec Jordan. J'avais toute une masse de questions pour lui.

Situation délicate, situation délicate. Le choc de voir mon frère avec une fille à un pareil moment s'effaça bien rapidement, après tout, c'était déjà assez étrange que je ne l'ai pas coincé ainsi avant. Ce qui restait par contre et bien vivace était la rancoeur, ce regard froid départi de toute gêne qu'il me lança, cette simple phrase me disant de déguerpir cinq étage au-dessus. Je n'étais pas le fautif ici et à chaque seconde cette certitude devenait de plus en plus grande. J'étais Elijah Teavy. Or, Elijah Teavy, quatrième année à Serpentard a parfaitement le droit de se trimballer dans les couloirs à quelques coins de cachots de l'entrée de la salle commune de Serpentard. D'autant plus que j'avais une raison légitime d'être là. Ces pensées revenaient en boucle dans mon esprit. On m'a dit que ça s'appelait "autopersuasion". Ca doit être ça.
Je maintenais ce sentiment en éveil en me repassant mes maigres arguments afin de ne pas pardonner à Jordan les quelques mots qu'il m'avait lancé. Je lui pardonnerait bien assez tôt et lui, il aura oublié cette histoire avant de se révailler demain matin.

C’est pas grave… On remonte… mieux… Les cuisines... trop loin.

Je jettai un coup d'oeil inquiet à Lila. Elle n'avait plus aucune force. Ses jambes semblaient être faite de cotton. Mon regard passa de la jeune fille en détresse à la gentille copine de mon frère... enfin gentille... ne poussons pas mémé dans les orties. Son regard était à présent assez froid et elle semblait... inquiète pour Jordan. Pas de soucis, il ne fait que bouder... c'est de famille, il ne faut surtout pas s'inquiéter.

Oublie ce qu’elle vient de dire. Tout droit, gauche, tout droit, deuxième à droite, et la porte encore à droite après la quatrième armure. Tu lui as donné quoi à boire?

Donner à boire ? Je la regardai une seconde sans comprendre avant de voir ou elle venait en venir. Je n'avais même pas l'envie de lui répondre pourtant je suis sure que personne n'aurait été choqué dans l'assemblée. Mon frère avait du saouler plusieurs filles, sa copine n'était pas du genre à être choqué de grand chose et Lila était bien trop dans les vaps pour piger quoi que ce soit à l'affaire. Je hochai la tête, néanmoins pour remercier Lara et attrapai un peu mieux ma cavalière pour me diriger vers la cuisine. J'avais inscrit chaque direction dans mon esprit. En quelques minutes j'y serai et si je ne trouvai pas, je préférai appeler Peeves ou le baron plutôt que mon frangin.

Je me suis toujours demandée comment les elfes de maison faisaient pour transplaner absolument n’importe où…

Je lançai un sourire de politesse à la jeune femme et continuai à marcher avant de m'arrêter et prendre Lila pour la porter et aller plus rapidement aux cuisines. J'aurais voulu balancer une phrase cinglante à mon frère mais je n'avais pas réellement de répartie et je savais que la phrase parfaite allait me venir juste avant de m'endormir. C'était donc en silence que j'avais quitter les aoureux à leurs futures affaires.
De ma baguette émanait un maigre fuseau de lumière tandis que je marchais, trotinnais, courrais dans ces couloirs, Lila dans mes bras. Enfin je trouvai le célèbre tableau, enfin je trouvai la poire. Enfin j'étais là.

- Lila ça va ?

Enfin, nous rentrions dans les cuisines où nous fûmes accueillis comme des rois. Enfin, je montrais aux elfes la figure de Lila blanche comme de la craie. Aussitôt des plats apparurent,sucré, salé, eau, jus et même alcool. Je versai un quelconque jus de fruit dans un verre que j'essayai de faire boire à Lila.

- Lila, tu veux que je demande à un elfe de transplaner à l'infirmerie ? On mange si tu veux...

Je la regardai ne sachant absolument pas quoi faire. Ma baguette à la main, jétais prêt à balancer un sort sans savoir lequel pourrait l'aider.

Je ne me sentais pas bien du tout. C’était une évidence. Je devais l’admettre. Je sentais qu’il se passait des trucs pas très clairs dans mon ventre… Peut être de la recomposition de tissus bizarres… Pourtant je n’étais pas si inquiète que ça. Je savais qu’il me fallait du temps… Et du sucre. Je demandais à Elijah de m’accompagner aux cuisines, consciente que mon état ne me permettait pas de m’y rendre seule. A peine rentrée dans le hall, la chaleur et le bruit envahirent ma tête, je me mis à voir tout de travers. Un lion passa devant moi et il me sembla entendre son rugissement. Mais ce ne fut pas le pire: les escaliers se déroulaient devant moi, interminables, sombres et effrayants. Je faillis dire à Elijah que je préférais aller voir au buffet si il ne trainait pas des petits fours et du jus de citrouille, mais la foule grondante me terrorisait encore plus que ces escaliers. Alors je pris mon courage à deux mains… Ou plutôt je m’effondrais à moitié sur Elijah dès la première marche. Ca me rappelait la fois où enfant, j’avais confondu la bouteille de jus de pomme avec celle de Whisky pur feu. Sauf que là, c’était mille fois pire. Encore, je respirais bien, c’était déjà ça. Après beaucoup d’efforts de la part d’Elijah, nous arrivions enfin au bas des marches. Les cachots… L’endroit que d’habitude j’appréciais pour sa tranquillité me paraissait plein de bruits bizarres et deux silhouettes se découpaient au fur et à mesure que nous avancions… Enfin, qu’Elijah avançait en me traînant, plutôt.
D’un coup j’eus l’étrange sensation de m’arrêter et de m’effondrer encore plus sur le sol. Je levais péniblement la tête quand un écho me parvint… Jordan, Elijah, Enchanté… C’était des présentations? Je forçais sur mes yeux et tombais sur… Deux individus en petite tenue… Dont une en très petite tenue… Et à côté un gars à l’allure d’un mannequin avec un caleçon des plus singuliers… Je levais le regard sur son visage et crus voir Elijah. Ok j’ai une hallucination. Je me mets à fantasmer sur les quatrième années de Serpentard, c’est vraiment pas rassurant.
Je plissais un peu plus les yeux et me rendis compte que ce n’était pas Elijah… mais Jordan, son frère. Cette fois, c’était vraiment très étrange. Peut être mon subconscient s’était rendu compte que c’était mal de s’imaginer Elijah dans cette position et que Jordan était plus adapté à ce genre de visions… Mais pourtant il y avait un point très étrange: Pourquoi je voyais cette fille que je ne connaissais pas à côté, si c’était un rêve? Cela voulait dire que j’étais bi? Non, pas question. Je tentais de me redresser, en vain et informais Elijah de mes hallucinations après que le pseudo Jordan ait dit quelque chose que je ne compris pas… Peut être que c’était pas la meilleure chose à faire que de lui raconter ce que j’imaginais ou pas…
Mais ce qui ne me rassura pas du tout ce fut l’absence de réponse de mon cavalier. Attends. Si il ne me répond pas un truc du genre « rendors toi », ça veut dire que c’est vrai, tout ça? Que en ce moment même j’ai Jordan Teavy et une femme à poil devant moi? La tête me tourna encore plus. Je ne savais plus très bien où était le sol et où était le plafond. Une sensation des plus désagréable. Pourquoi diable quelqu’un ne sortait-il pas sa baguette pour me faire léviter? Tous des empotés…
Le trafic dans mon ventre semblait s’être arrêté, c’était un bon point. Par contre, j’eus le terrible sentiment que je n’avais rien à faire là et qu’Elijah non plus, même si je voyais assez trouble et que j’entendais les conversations en écho. J’ouvris la bouche pour parler à Elijah mais je me doutais que quelques uns de mes propos ne seraient clairement pas intelligibles.
D’un coup, je me sentis repartir, traînée en avant. Mon bras autour des épaules d’Elijah, je tentais de me hisser et j’y parvins, à ma grande surprise… Après tout me parut flou jusqu’au retour de la lumière.

« Lila, ça va? »
- T’inquiètes »

Après m’être habituée à la luminosité je constatais que des petits êtres, surement les elfes de maison, s’affairaient tout autour de moi. J’étais assise sur une chaise avec des accoudoirs et ce que je pensais être Elijah me regardait d’un air soucieux. Puis je sentis un verre se poser sur mes lèvre et se renverser… Un peu trop à la verticale. Je me redressais et écartais le verre en m’étouffant à moitié. Pourtant, le peu que j’avais ingurgité me redonna des forces.

« Lila, tu veux que je demande à un elfe de transplaner à l'infirmerie ? On mange si tu veux... »

Je mis un moment à capter ce qu’il venait de me dire. Je levais péniblement les yeux vers lui et lui répondis

« … T’as déjà transplané? … C’est pas une bonne idée… »

Transplaner me donnait la nausée et je préférais garder une image… Disons la moins pire possible dans l’esprit d’Elijah. Je n’avais aucune envie qu’il me voie vomir. Un elfe de maison m’apporta un truc qui ressemblait à du chocolat. Je m’en emparais et le portais à ma bouche dans un immense effort. Je mâchais ce qui avait le gout la texture et le couleur du chocolat en regardant mes pieds. Je tentais de relever ma tête et j’y parvins quoique maladroitement. Elijah était toujours là avec sa baguette qui lui était complètement inutile comme ça…

« Range ta baguette, tu peux rien faire de plus… Et merci. Et retourne en haut, ta cavalière doit s’impatienter. Et t’en fais pas pour moi. Et je te revaudrai ça un jour. Et oublie tout ce que t’as vu et tout ce que je t’ai dit. »

Je croquais un autre bout de chocolat en me maudissant intérieurement. J’étais vraiment la pire cruche qu’il existe sur cette planète.