Have you got some fire? [Pv Aeron ;P]

dix-neuf heures : Je suis dans la salle commune, avec Jordy, Elisa et Elynn, il y a Elo pas loin. Je suis assise sur un des canapés mais je n'ai aucune idée du sujet de conversation qui est abordé présentement. Je n'ai pas tout suivi. Je suis un peu perdue dans mes pensées, mais pourtant ce que je vois dans ma tête ne ressemble à aucun de mes souvenirs, du moins je le crois. La petite fille blonde qui joue du piano ne peut être moi, je n'ai jamais fait de piano... Mais pourquoi est-ce qu'elle me ressemble tant? Tous ces souvenirs qui me reviennent par petits morceaux m'énervent. J'en ai marre de tout ça, je n'en peux plus. Elisa me regarde bizarrement, elle a remarqué que je ne suivais plus la conversation, mais elle ne fait aucun commentaire. Elle est si compréhensive... Jordy lui, il a un grand sourire aux lèvres, j'apprécie tellement ça, il a une joie de vivre contagieuse quand on vit à ses côtés. Elynn paraît assez rêveuse, elle est heureuse avec Jédusor, mon pire ennemi, mais tant qu'il ne lui fait pas de mal je ne dirais rien. Eloïse elle, elle reste assez distante souvent, on dirait qu'elle essaie de nous cacher quelque chose... Mais puisqu'elle semble ne pas vouloir dire de quoi il s'agit, je ne chercherais pas plus loin, ce n'est pas vraiment nécessaire, je n'ai pas besoin de tout savoir. Tant que je sais qui sont mes amis, ça me va.

vingt heures : Et voilà, ça fait une demi-heure qu'ils sont tous partis à la grande salle pour manger, moi pendant ce temps je suis restée assise sur le canapé. Avant de partir, Elisa m'a demandé si je venais, je l'ai regardée les yeux vides, et elle a décidé de partir quand même, pour me laisser seule, pour que je puisse réfléchir. Et là, assise sans bouger, je réfléchis. Je revois cette fille, elle est petite, blonde, avec un rire cristallin. Je reconnais ce rire... C'est le mien. Mais cette fille s'installe au piano aux côtés d'un homme, et c'est là qu'elle s'éloigne de moi. Je ne sais pas jouer de piano, je n'ai jamais su en jouer. Pourquoi est-ce que je m'attarde tant sur cette image là? Pourtant ça n'a pas grande importance, je ne sais pas ce qui me prend. Que cette fille soit ou ne soit pas moi, où est le problème? Qu'est-ce que ça change? C'est du passé, et tout mon passé j'ai réussi à l'oublier, je ne m'en rappellerais jamais. Mes parents sont morts, et personne n'a de photo d'eux, personne n'a de souvenir d'eux, pas même moi. De toute manière, ce n'étaient pas mes vrais parents, ce n'est pas sur eux qu'il faut que je me concentre pour finir ma quête d'identité, c'est sur les Patterson qui eux aussi sont décédés. Mais il me reste de la famille, il me reste Jade, ma soeur.

vingt et une heures : Tandis que je sortais des cachots pour rejoindre la salle de musique, j'ai croisé Jordy et Elisa qui riaient aux éclats, Elisa me regarde d'un air inquiet, Jordan d'un air étonné. Elle ne va pas tarder à me demander ce qui se passe, dès qu'on aura un instant elle viendra m'aborder, je le sais déjà. Ensuite, je croise Elynn au bras de Jédusor, elle a l'air si heureuse... J'aimerais l'être aussi, heureuse et insouciante! Je n'attend que ça, du bonheur. Aujourd'hui je suis lasse, et perçois une sensation désagréable. Peut être suis-je en manque de nicotine? Sûrement, mais pour l'instant non, ça attendra, j'ai autre chose à faire. Je marche donc en direction de la salle de musique, là-bas, j'ai quelque chose à faire, tout à tester. Pourquoi? Pour alléger ma conscience. En chemin, je croise un gryffondor qui se balade seul, il ne marche pas en direction de sa salle commune. Je pointe ma baguette sur lui et lui conseille de déguerpir parce qu'il risque une punition. Parce qu'en effet, je suis préfète en chef, il ne faut pas l'oublier, et je le punirais bien moi-même, mais le petit a disparu assez vite et n'a rien dit, tant mieux pour lui.

vingt-trois heures : Depuis un bon moment, je suis assise devant le piano à ne rien faire, je ne sais pas trop ce que je fais là... Je le vois, je revois cette petite fille en jouer, j'observe les gestes que font ses mains et j'essaie de les reproduire. Les deux premières notes ne sonnent pas trop mal, mais après tout devient flou... Pourtant cette chanson je la connais, je sais qui la joue à l'origine... Je n'arrive juste pas à le trouver. Tant pis, j'en ai marre, ça fait plus d'une heure et demi que j'essaie, et chacun de mes essais n'a pas de résultat. A quoi bon continuer? J'en ai marre, je me lève et mets un violent coup de pied dans le piano. Cette chose ne sert vraiment à rien, je le déteste. Plus jamais je n'y toucherais, jamais de la vie. J'ai encore foutu en l'air toute une soirée à penser à tout ça. Je suis en train de peu à peu reprendre mes esprits. Je prends finalement une guitare et joue un morceau vite fait. Au moins ça, je sais le faire. C'est un des seuls morceaux que je sais jouer, mais au moins j'y arrive et je ne galère pas pendant une heure et demi.

minuit : J'en ai eu marre de l'air du château et je suis sortie. Je suis allée sur les pelouses, et me suis allongée. Je regarde les étoiles, mon paquet de cigarettes à la main. Je me redresse un peu, m'appuie sur les coudes et allume une cigarettes. Je tire un bon coup dessus, dieu comme ça me fait du bien. La dernière fois que j'en ai fumé une ça devait être il y a une semaine, forcément, j'avais perdu mon paquet et je n'ai pas eu le temps d'en acheter un autre. Finalement mon paquet, il était au fond de mon tiroir à sous-vêtements, enfin bref. L'essentiel est que maintenant je l'ai de nouveau, et j'ai ma fidèle clope au bec. En une minute chrono, j'ai tout fumé. J'écrase mon mégot sur l'herbe verte et lève les yeux vers le ciel. J'ai bien envie de rester là encore un peu, à regarder le ciel sans rien faire... ça détend.

deux heures du matin : Je suis restée un bon moment à ne rien faire, une heure et demi au moins, et j'ai fumé une bonne dizaine de cigarettes. Je suis montée en haut de la tour d'astronomie, et à présent je suis assise sur le bord d'une fenêtre. Enfin, si on peut appeler ça comme ça... Il n'y a pas de carreau. J'y suis de profil, adossée contre le bord de cette "fenêtre" , la jambe gauche repliée, le pied gauche sur le bord et la jambe droite balançant à côté. J'ai une cigarette à la main et je regarde au dehors, il n'y a rien de vraiment passionnant là bas... Pourtant mon regard s'y perd, on a une belle vue sur le lac de ce côté, le reflet de la lune sur l'eau donne un effet assez joli. C'est alors que j'entends quelque chose, ou plutôt quelqu'un. Sans tourner la tête, je m'adresse à cette personne.

« Tu n'as pas peur de te balader comme ça la nuit? Le règlement nous l'interdit tu sais... »

Remarque assez idiote de ma part. Quoique, moi j'ai le droit d'être ici, parce que je suis préfète en chef, youhou. D'ailleurs, je n'ai pas trop compris pourquoi c'est moi qui le suis devenu, peut-être qu'ils on pensé qu'en me donnant quelques responsabilités je me serais reprise en main? Ils ont très mal pensé. Ou peut-être qu'ils savaient que le plus souvent la nuit, il n'y a que moi à me balader dans le château et qu'ainsi je pourrais dire aux autres d'aller se faire voir? C'est déjà plus plausible, quoique, rien n'est certain... J'ai fini ma cigarette, je la jette alors par la fenêtre et regarde la petite lueur orangée descendre jusqu'à être perdue de vue. Je sors alors mon briquet que j'allume, mais aucune flamme ne sort, je n'ai plus de gaz... Ne manquait plus que ça. Je tourne alors la tête vers la personne qui est arrivée et lui demande :

« T'as du feu? »

Je le connais d'ailleurs, c'est un Serpentard... Tant mieux! Comme ça, ça me fait de la compagnie et ça m'évite de devoir me servir de ma baguette. Aeron Von Rain, on est dans la même année et il me semble avoir déjà travaillé avec lui en potions, mais je n'en ai pas la certitude. Enfin, après il faudrait qu'aujourd'hui il soit d'humeur à parler, il n'est pas toujours disons.. Très net, et il a comme tout serpentard un caractère assez particulier. Boarf, on verra bien hein...

Have you got some fire? [Pv Aeron ;P] Jadelavoie11si6

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Have you got some fire? [Pv Aeron ;P] Ed-westwick-vs-robert-pattinson-41860-100x100

J'étais encore à une de ces innombrables fêtes que donnait mon groupe d'amis. Ou plutôt de connaissances, car aucun n'était assez digne pour compter dans cette catégorie. La soirée était déjà bien entamée, ainsi que les bouteilles d'alcool et les réserves de drogue. Dan tous les coins il y avait des "couples" (j'appelle ça ainsi même si ce n'est que pour un soir) qui se roulaient des pelles. Voir plus si affinité. Moi-même, affalé sur un des canapés, je me trouvais en compagnie de deux charmantes créatures. Enfin charmantes si l'on considéraient que des seins siliconés, des lèvres pulpeuses et une jolie paire de fesses pouvaient être charmants. Habituellement cela m'aurait comblé.
Mais ce soir j'étouffais. Je me rendais compte que ma vie ne se résumait à pas grand-chose. Un gros compte en banque, des filles, quelques potes, beaucoup de grippe-sous, une succession de fêtes et des parents absents... Ah non, j'oubliais mon futur mariage avec une fille super...ou pas.
Bref, ce soir j'étais d'humeur philosophe et cette atmosphère de semi-orgie ne me convenait pas. J'avais besoin d'air. Et surtout de solitude. Je rejetais donc les caresses des deux demoiselles qui affichèrent une moue dépitée.
" Et oui, ce ne sera pas ce soir que vous pourrez vous vanter d'avoir eu Aeron Von Rain!" songeais-je avec mépris.
Je traversais la salle d'un pas vif pour éviter les éventuelles questions des curieux. Mais à un mètre de la porte, un jeune homme à l'air complètement éméché m'agrippa le bras.

- Oh, Von Rain tu pars déjà? On a du mal à tenir l'alcool? me fit-il d'un air goguenard.

Je me retins de lui aligner un poing, me contentant de me dégager brutalement. Le dernier bruit que j'entendis en claquant la porte fut son rire d'ivrogne. Je m'adossais au mur juste à côté, essayant de calmer la colère qui s'était emparée de moi. Lorsque je me sentis à peu près calme, je me mis à marcher. Je n'avais pas de lieu précis en tête. Mais je montais tout de même les escaliers des cachots menant au Hall. De-là je me dirigeais vers la tour d'astronomie. A cette heure il n'y aurait personne. Je pourrais enfin respirer librement et vaquer à mes occupations sans qu'un bouffon vienne me demander quelque chose ou qu'une traînée vienne quémander des caresses.
Tout en gravissant les degrés, je me demandais depuis quand j'étais dans cet état d'esprit. Sûrement depuis l'autre soir, à la suite de ma discussion avec Scorpius. Mine de rien cette conversation avait ravivé de vieilles blessures que je pensais largement guérie. Mais inutile de me voiler la face. Cette fille m'avait fait plus de mal que je ne voulais l'admettre.
Oh, je sais. Je n'étais qu'un gosse de riche qui pensait que sa vie était un enfer alors qu'il y avait bien pire ailleurs. Ouais, c'est vrai. Mais ce soir était une exception dirons nous. Je n'avais pas pour habitude de m'apitoyer sur mon sort.
J'arrivais enfin au sommet de la tour. Soulagé de ne voir personne, je ne fis aucun effort pour être discret. Mais je n'avais pas bien regardé car une voix me surprit.

- Tu n'as pas peur de te balader comme ça la nuit? Le règlement nous l'interdit tu sais...

C'était une remarque plutôt...bête, car personne ne devait dépasser le couvre-feu. Même si la plupart des gens le faisait.
Je me tournais vers la personne qui m'avait parlé. C'était une jeune femme, assise sur un rebord de fenêtre. La lune nimbait ses cheveux d'argents, son teint diaphane paraissait être légèrement illuminé, comme s'il produisait sa propre lumière. Je ne pus m'empêcher de marquer un temps d'arrêt devant cette sublime apparition.
Puis je la reconnus et brisais l'étrange envoûtement dont j'avais été victime. Il s'agissait de Lindsay Andrews, une serpentarde de mon année qui alignait elle aussi un certain nombre de conquêtes. Sûrement dû à ses ascendances vélanes. Je devais bien reconnaître qu'elle possédait un charme étrange avec une beauté fragile, malgré ses innombrables piercings. Même si pour l'instant elle possédait moins de classe, étant en galère pour allumer sa cigarette. Elle me regarda et me demanda:

- T'as du feu?

Évidemment. Sans un mot je m'approchais et lui tendis mon zippo. Je m'assis à côté, dos au mur, la jambe droite étendue devant moi, l'autre repliée. Lindsay me rendit mon briquet en relâchant une bouffée. Je le repris avec mon petit sourire de séducteur avant de sortir un join que j'avais roulé à l'avance. Je l'allumais et tirais une latte avec délice. Ça c'était le pied. Le silence, un pétard, et la solitude... enfin presque. Même si la compagnie aurait pu être plus désagréable.
Je laissais encore passer quelques instants de silence, tirant à intervalle régulier sur le join avant de demander:

- Dis-moi préfète, tu ne devrais pas montrer l'exemple et être au lit?

J'avais retrouvé ma "bonne" humeur habituelle. En tout cas assez pour manier le sarcasme. Et puis j'étais curieux aussi. Je continuais donc:

- Qu'est-ce qu'une jeune fille comme toi fait à une heure pareille en haut d'une tour d'astronomie?

J'attendis sa réponse en finissant mon petit...remontant.

- Dis-moi préfète, tu ne devrais pas montrer l'exemple et être au lit?

- Si je montre bien sagement l'exemple, comment veux-tu que je coince ceux qui ne suivent pas mon exemple? Moi j'ai indirectement l'autorisation de sortir la nuit... Et puis mon lit ne m'apporte pas grand chose.

- Qu'est-ce qu'une jeune fille comme toi fait à une heure pareille en haut d'une tour d'astronomie?

- Cette tour... Elle est assez agréable les nuits comme celle-ci. Et puis, c'est un bon endroit pour réfléchir à toutes ces choses négatives qui nous hantent...

- Et toi, qu'est-ce qui amène le fameux Von Rain à la tour d'astronomie?

- Pourquoi n'es-tu pas avec une de tes nombreuses groupies?

- Tu ne t'en lasses pas de tout ça...?

Après ma première réflexion, la charmante demoiselle ria et me répondit :

- Si je montre bien sagement l'exemple, comment veux-tu que je coince ceux qui ne suivent pas mon exemple? Moi j'ai indirectement l'autorisation de sortir la nuit... Et puis mon lit ne m'apporte pas grand chose.

Touché. Une logique implacable comme j'aime. Lorsque je lui demanda ce qu'elle faisait là, elle me fit:

- Cette tour... Elle est assez agréable les nuits comme celle-ci. Et puis, c'est un bon endroit pour réfléchir à toutes ces choses négatives qui nous hantent...

Mouais... Si elle le disait, c'est que ça devait être vrai. Pour ma part il était plutôt rare que je vienne en haut de cette tour. Trop d'amoureux en faisaient leur repère pendant la journée. Et rien ne m'agace plus que des gens qui se bécotent alors que je suis en mon unique compagnie. Mais ce ne fut pas ça que je répondis à la jeune fille.

- Bof, je traîne un peu...

Je sais, il y a mieux et plus détaillé comme réponse. Mais je n'avais pas envie de m'appesantir sur ce qui m'avait fait quitter la fête. Mais les questions n'étaient pas fini et leur sujet portait justement sur ce dont je ne voulais pas parler. Ma parole, elle était médium ou quoi la blondinette?!
Je ne répondis pas et me contentais de l'observer plus attentivement. Je n'avais aucune intention de répondre à ses questions. C'était personnel, point barre. Pourtant je ressentis une irrésistible envie de m'approcher d'elle, la prendre dans mes bras, lui chuchoter le moindre de mes secrets à l'oreille, me repaître de ses lèvres, goûter sa peau, me plonger dans ses grands yeux jusqu'à m'y perdre... Merde! C'était encore ce foutu halo qui l'entourait qui me faisait perdre la tête. Il fallait que je me ressaisisse. Au prix d'un effort considérable, je me repris et réfléchis. Après tout je pouvais toujours parler avec elle. Ça me ferait du bien et je ne pensais pas qu'elle révèlerait ce que je lui dirais. Même si une petite voix dans ma tête me murmurait de ne pas lui faire confiance. Ça c'était ma paranoïa. Ben oui, quand on a l'habitude d'être entouré de vautours et d'hypocrite on se méfie de tout le monde.
Je pris une inspiration avant de me lancer :

- Pour être franc je viens d'une fête dans les cachots. Je suppose que tu vois comment c'est : drogue alcool, filles... J'en avais assez de tout ces faux-jetons qui attendent de voir combien de bouteilles tu ramènes, de ces garces qui n'attendent qu'une chose, te mettre au lit pour mieux te dépouiller. D'habitude je m'en accoutume plutôt bien. Pas ce soir c'est tout, fis-je en haussant les épaules. Tu vois, je me rends compte que ma vie est vide de sens. Si on y réfléchis bien je n'ai aucun but dans ma vie. A part peut-être éviter le foutu mariage que mes foutus parents m'ont organisé...

Ouuuh, quand je partais dans le monologue ça pouvait durer! Tout ce que j'avais dit était vrai. J'avais de l'argent, mais je ne pouvais même pas dire que j'aimais ça. J'en avais besoin de façon vitale car j'avais toujours été bourré de fric. De même pour tout ces gens médiocres qui parsemaient mon existence.
Jusqu'à l'âge où j'avais fait montre de mes pouvoirs c'était principalement ma mère qui s'était occupée de moi. J'en gardais un bon souvenir. Mais ensuite ce fut mon père qui pris en charge mon éducation. Il m'enseigna à manipuler les gens pour obtenir ce que je voulais, nouer des relations qui pourraient servir à l'avenir, et surtout, profiter des gens. C'était aussi simple que ça.
Jamais je ne m'étais confié comme ça parce que je n'en avais jamais ressentis le besoin. Petit j'étais trop enthousiaste par les privilèges que j'avais pour me rendre compte de ce que je devenais. Plus grand j'étais devenu trop fier pour en parler. Et après on s'étonnait que je soit aussi détestable! C'était pour ça que je n'avais pas beaucoup de vrais amis.
Mais cette Lindsay m'intriguait. Elle ne m'apparaissait pas comme une conquête potentielle qu'on jetterait le lendemain matin. Plutôt comme quelqu'un que j'avais envie de découvrir et pas seulement physiquement.

- J'ai répondu à ta question. A mon tour maintenant : quelles sont ces "choses négatives" auxquelles tu viens penser ici?

Je mourrais de curiosité d'en apprendre d'avantage sur elle. Un sentiment plutôt étrange pour moi qui n'avais l'habitude de se préoccuper que de ma propre personne...

Aeron est donc venu traîner par ici. La seule question que je me pose est : Pourquoi la tour d'astronomie, et pourquoi maintenant? S'il avait choisi le parc, ou encore le lac ou les pelouses, je n'y aurais pas été. S'il avait choisi un quelconque endroit différent, je n'aurais pas eu à lui parler, et je n'aurais pas eu de feu pour mes clopes.
Le hasard? Parfois il fait bien les choses, parfois il ne fait pas simplement n'importe quoi.
Le destin? Je n'y crois pas vraiment, ma destinée n'est pas tracée, chaque jours mon chemin prend une dimension différente, chaque jour le décor change, chaque jour tout change radicalement. Je suis maîtresse de mon propre destin, c'est ma décision, ma vie, mon futur que j'ai en mains. Je ne sais pas si les décisions que je prends sont les bonnes, mais en tout cas je les prends et personne ne les prendra à ma place.
J'ai appris à me débrouiller seule après tout ce temps, après tout, je n'avais pas le choix. Je devais prendre mes décisions seules dès que mes parents adoptifs ont subitement quitté la maison, quand je me suis tout à coup retrouvée seule. Dès mes huit ans, j'étais une femme. Je m'occupais quasiment de tout, je ne pouvais faire autrement. Enfin, au début il y avait Emmett, mais dès que je suis rentrée à Poudlard, tout a changé, je ne voyais plus Emmett, et je me débrouillais complètement seule. Je n'avais plus vraiment besoin de son aide, et de toute manière les vacances je les passais toujours à Poudlard, s'en était bien mieux ainsi. Comme ça je ne me retrouvais pas face à ma solitude. La plupart du temps, Elisa restait aussi, parce qu'elle n'aimait pas retrouver son père chez elle, ce qui est compréhensible.

-
Pour être franc je viens d'une fête dans les cachots. Je suppose que tu vois comment c'est : drogue alcool, filles... J'en avais assez de tout ces faux-jetons qui attendent de voir combien de bouteilles tu ramènes, de ces garces qui n'attendent qu'une chose, te mettre au lit pour mieux te dépouiller. D'habitude je m'en accoutume plutôt bien. Pas ce soir c'est tout, fis-je en haussant les épaules. Tu vois, je me rends compte que ma vie est vide de sens. Si on y réfléchis bien je n'ai aucun but dans ma vie. A part peut-être éviter le foutu mariage que mes foutus parents m'ont organisé...

Je ne sais pas vraiment comment j'avais fait pour deviner ce qui se passait en résumé dans sa vie. C'est souvent ainsi dans les grandes familles riches... J'éprouve de la compassion envers lui, à sa place, ça ne me plairait pas vraiment non plus. En tout cas, lui et moi différons sur un point : les choix. Lui, il n'a pas effectué ses choix par lui même, il a ses parents pour les faire à sa place, ce qui ne me plairait pas.
Il est donc déjà fiancé à une demoiselle... J'aimerais en savoir plus sur cette fille, peut-être qu'elle lui plairait, qui sait? En tout cas, une chose est sûre : on ne peut forcer deux personnes à s'aimer, c'est tout simplement impossible. Je ne sais pas comment j'aurais réagi personnellement si on m'avait marié de force à quelqu'un que je ne connaissais pas mais qui était simplement riche... Je me serais certainement révoltée, je ne me serais pas laissée faire.
Mais c'est peut-être aussi parce que je suis indépendante, que je fais tout moi-même et que je n'ai pas de parents derrière moi pour m'épauler et me guider dans mon cheminement. J'ai envie de m'approcher de lui, et de le faire sourire. On m'avait souvent dit que comme tous les autres, Aeron était mauvais, il n'avait aucune éthique de vie. Or c'est faux, comme tout le monde il a justement une vie, mais personne n'est pareil. Chacun a une part de sensibilité dans le fond, il n'y a qu'à voir Jédusor, il est fou d'Elynn, on y voit sa part de sensibilité. Malefoy lui aussi a déjà ressenti ce qui s'appelait l'amour.
C'est d'ailleurs bien souvent ce sentiment là qui justement vient s'initier dans nos coeurs et nous rend plus vulnérable. C'est là un point faible chez chacun d'entre nous. Sauf que les plus vils parmi nous jouent avec ce sentiment, afin de détruire et de faire souffrir. C'est là une chose que je n'ai jamais faite. Je n'ai jamais osé jouer avec l'amour car c'est un sentiment sacré. Du moins, ça l'est pour moi.

- Je m'en doutais quelque part, que tu n'as pas la vie parfaite comme certains le prétendent, que tu n'est pas des plus heureux parmi nous et que toutes ces filles ne te réjouissaient pas forcément. Mais je ne savais pas qu'un mariage avait été arrangé pour toi... Et pour moi, c'est la pire des choses qui peut t'arriver. Si tu te maries avec cette fille, tu vas devoir passer le restant de ta vie à ses côtés...

Je soupire.
Imaginez donc à quel point ça peut être horrible.. Passer le restant de sa vie aux côtés d'une personne qui n'est pas celle de votre choix... Je ne crois pas en l'âme soeur, mais je crois qu'il faut de l'amour, et qu'il n'est pas question d'argent dans un mariage, même dans n'importe quelle relation. On n'achète pas ses amis, et on ne peut aimer par le biais de l'argent.
Pourquoi est-ce que ces riches s'obstinent à vouloir marier leurs enfants? De nos jours, c'est quelque chose de plus rare déjà, il n'y en a plus autant qui le font, seules les familles riches continuent d'agir de la sorte, pour moi, tout cela est ridicule et l'a toujours été. Je vis ma vie comme je le sens.

- Cette fille... Tu l'as déjà rencontrée? Sais-tu quand doit avoir lieu le mariage..?

Un petit peu de curiosité ne fait pas de mal si? J'ai bien le droit de savoir, ce n'est pas comme si je lui demandais ses mensurations... J'ai envie de lui hurler qu'il faut qu'il se révolte, qu'il montre son désaccord, qu'il ne doit pas se laisser faire, mais je ne peux m'initier dans sa vie comme ça.

- J'ai répondu à ta question. A mon tour maintenant : quelles sont ces "choses négatives" auxquelles tu viens penser ici?

Aeron fait à son tour preuve de curiosité, il veut donc savoir pourquoi je suis ici... Et quelles sont ces choses négatives auxquelles je pense. Vais-je lui déballer toute ma vie? Peut-être pas, mais une partie oui... Ce n'est pas comme si c'était dramatique et qu'il pourrait s'en servir contre moi...

- Moi, je suis venue ici pour penser à ma vie, et à ma famille. Enfin, si on peut appeler ça comme ça. Je repense à tout ce que j'ai appris ces derniers temps, je repense à la mort de mes parents qui n'étaient pas mes parents biologiques. J'ai appris que j'avais été adoptée, et j'ai tout de suite pensé que j'avais encore une famille quelque part, des parents. Sauf que mes parents biologiques ont également été assassinés, ce qui fait de moi une double orpheline. La seule famille qu'il me reste, c'est une soeur. Et il y a des fois, comme là, où je viens repenser à tous ces évènements qui ont fait de moi celle que je suis maintenant...

Un résumé vite fait bien fait, c'est bien ça. Je crois que dans le château, il n'y en a que très peu qui savent qu'en réalité je suis une Patterson... Seuls Jédusor, Elisabeth, Jordan et Anna sont au courant, personne d'autre. D'ailleurs, il n'y a qu'une personne qui sait (en dehors de moi) qui a tué mes parents biologiques, je ne l'ai dit à personne d'autre...

- Mais le passé est le passé, et il faut toujours aller de l'avant, prendre ses décisions seuls, vis ta vie, c'est la tienne, personne ne le fera à ta place Aeron..

Après ces paroles, je prends un air rêveur. Je ne sais plus quoi penser. Chacun a ses soucis, on les a juste un peu différents. Je décide alors de me redresser, et ce faisant, je me suis approchée quelque peu d'Aeron. Nos jambes sont à quelques centimètres de se toucher. Je les regarde quelques instants avant de relever lentement la tête et le regard vers lui. Il a un sacré charme ce garçon... Mais je ne craques pas devant comme toutes les autres filles.

La demoiselle fit preuve de curiosité à l'égard du mariage.

- Cette fille... Tu l'as déjà rencontrée? Sais-tu quand doit avoir lieu le mariage..?

La bonne blague. J'avais refusé net d'en entendre parler d'avantage dès que mes parents avaient mentionné l'évènement. Ma mère avait tout de suite compris qu'il était inutile de vouloir en reparler. Mon très cher père avait par contre essayé de m'y forcer. Ça s'était terminé par un des salons entièrement dévasté. C'était l'une des rares fois où je m'étais vraiment mis en colère. Habituellement il m'en faut beaucoup pour me mettre dans un tel état d'énervement. Évidemment il m'arrivait de boxer quelque crétins, mais ce n'était jamais bien méchant. Je préférais de loin attendre et observer, avant de détruire l'objet de ma colère avec de la ruse. Mais là il était allé trop loin. J'étais d'accord pour me plier aux règles de bienséance, m'informer sur l'actualité au sein des Mangemorts... Mais je refusais catégoriquement qu'il se mêle de ma vie sentimentale. Si l'on pouvait appeler ça ainsi. Après tout ce n'était qu'une succession d'histoires sans lendemains qui constituaient un tableau de chasse impressionnant certes, mais rien de mémorable.
Je m'employa à répondre:

- Non. En fait je n'en sais rien. Je ne veux rien avoir à faire avec la fille qu'ils m'ont choisis ni parler de ça avec mes parents. Pour moi ça n'arrivera pas, point final.

Ce fut ensuite à son tour de répondre.

- Moi, je suis venue ici pour penser à ma vie, et à ma famille. Enfin, si on peut appeler ça comme ça. Je repense à tout ce que j'ai appris ces derniers temps, je repense à la mort de mes parents qui n'étaient pas mes parents biologiques. J'ai appris que j'avais été adoptée, et j'ai tout de suite pensé que j'avais encore une famille quelque part, des parents. Sauf que mes parents biologiques ont également été assassinés, ce qui fait de moi une double orpheline. La seule famille qu'il me reste, c'est une sœur. Et il y a des fois, comme là, où je viens repenser à tous ces évènements qui ont fait de moi celle que je suis maintenant...

Quand je disais que je n'étais pas le plus malheureux. La vie de cette fille était traversée de tragédies et pourtant elle réussissait à s'en sortir. En apparence du moins.

- Mais le passé est le passé, et il faut toujours aller de l'avant, prendre ses décisions seuls, vis ta vie, c'est la tienne, personne ne le fera à ta place Aeron...

J'adorais qu'elle prononce mon prénom. Étrange, puisque je le détestais. C'était mon père qui l'avait choisit. Il voulait un prénom qui en impose, fasse respectable et noble. Moi je m'en foutais. Ce n'était qu'un mot me définissant parmi tant d'autres. Bob m'aurait aussi bien convenu...ou peut-être pas. A mon avis c'était parce qu'il provenait de mon père que je ne l'aimais pas.
Je réfléchis au sens de ses paroles. Il était presque facile pour elle de dire ça. Elle était pratiquement seule, sans pression continuelle venant de sa famille qui plaçait tout ses espoirs en elle... C'était un peu horrible de penser ça mais je trouvais plus confortable d'être libre comme Lindsay que de subir l'indifférence de sa propre famille et de se sentir complètement abandonné. C'était comme se trouver seul au milieu d'une foule sans que personne ne fasse attention à vous.
Je me tournais vers la jeune femme et constatais que nous nous étions imperceptiblement rapprochés. Ce n'était pas pour me déplaire. Elle releva lentement la tête et me fixa de ses yeux bleus. En temps normal ça ne m'aurait fait ni chaud ni froid. En temps normal je lui aurais fait mon sourire le plus charmeur ou jeté un regard dédaigneux. En temps normal je me serais contenter de rester bien sagement assis. Mais je n'étais pas normal, enfin pas avec elle.
Hypnotisé par ses lèvres je me penchais vers elle, gardant mon regard plongé dans le sien. A quelques centimètres de son visage je me repris. Je m'écartais vivement en m'éclaircissant la gorge, un peu gêné. J'avais dit gêné? Bon sang, quel sort m'avait-elle jeté?

- Excuse-moi, marmonnais-je en fixant d'un air buté le mur d'en face. Oublie ce qu'il vient de se passer.

Il fallait que j'arrête de penser à Miss Andrews. Vraiment. Il fallait que j'arrête de vouloir l'embrasser constamment, de passer mes doigts dans ses cheveux, de... Stooop!
Pour me changer les idées je sortis un autre join. Peut-être que si je planais à quelques miles d'ici j'échapperais à son charisme écrasant. Et dire que c'était moi qui pensais ça...D'habitude c'était plutôt les autres. Je le coinçais entre mes lèvres et l'allumais en tirant longuement. Lorsqu'enfin je me sentis calmé, je tournais mon visage vers elle en lui disant:

- Tu es peut-être indépendante, mais tu es aussi toute seule.

Merde! Qu'est-ce qui me prenait de dire ça? Mes mauvaises habitudes revenaient au galop. Cela faisait parti de mon caractère de chercher le point sensible des gens. J'adorais les voir s'énerver ou s'empêtrer dans leurs mensonges. Mais là je ne voulais pas ça. J'essayais de me rattraper

- Enfin, je veux dire...au niveau cœur évidemment. Aucun serpentard n'est à ton goût?

Je n'avais pas dit "aucun garçon" car tout le monde savait que Lindsey détestait les gens des autres maisons. J'attendis sa réponse presque nerveusement.

- Au fait, si tu veux tirer tu peux le prendre, ajoutais-je soucieux de détendre l'atmosphère.

Ça c'était du vécu : rien de tel qui petit spliff pour nouer des liens. Enfin je ne savais pas si la demoiselle fumait ce genre de chose...

- Non. En fait je n'en sais rien. Je ne veux rien avoir à faire avec la fille qu'ils m'ont choisis ni parler de ça avec mes parents. Pour moi ça n'arrivera pas, point final.

- Excuse-moi. Oublie ce qu'il vient de se passer.

- Tu es peut-être indépendante, mais tu es aussi toute seule.

- Enfin, je veux dire...au niveau cœur évidemment. Aucun serpentard n'est à ton goût?

- Oh, ce n'est pas qu'ils ne sont pas à mon goût, c'est que je ne suis pas un jouet. Quand il s'agit de sérieux, ils partent tous en courant...

- Au fait, si tu veux tirer tu peux le prendre.

- J'ai arrêté il y a longtemps... Le retour à la réalité était trop dur pour moi...

- Aeron...

- C'est à mon tour de m'excuser...

Elle ne sembla pas se formaliser de ma réflexion et va même jusqu'à pousser la politesse à me répondre.

- Oh, ce n'est pas qu'ils ne sont pas à mon goût, c'est que je ne suis pas un jouet. Quand il s'agit de sérieux, ils partent tous en courant...

Vu son caractère bien trempé je ne vois pas ce qui pourrait pousser quelqu'un à la considérer comme un jouet. En fait j'avais plutôt tendance à penser que c'était le contraire. Lindsey était un jolie, même très jolie fille. Mais à cela s'ajoutait son étrange pouvoir de séduction procuré par ses dons de vélane. Ils rendaient un homme complètement impuissant, le poussant à l'impressionner toujours d'avantage, à vouloir lui plaire d'avantage. Alors pour le coup je ne voyais pas trop qui aurait pu la prendre pour un jouet. Même si manifestement j'étais moins sensible que d'autre à cette aura.
Par contre je pouvais très bien comprendre le comportement des mâles qui s'effrayaient dès qu'une fille leur parlait plus sérieusement. Moi-même j'étais complètement buté à ce sujet. L'engagement me faisait fuir. En même temps j'avais une bonne raison, vu le traumatisme qu'engendrait le mariage forcé. Et puis aucune fille ne m'avait parut convenir. Au bout d'un moment elles se ressemblaient toutes à me voir comme une source de cadeaux inépuisable pour faire plaisir et se faire plaisir. J'en avais assez de ce genre de femmes. Mais je m'en contentais parce qu'aucune autre ne m'approchait pour du "sérieux" comme disait Lindsey. Ou alors je les repousse.

Après avoir proposé de fumer à la demoiselle elle me fit :

- J'ai arrêté il y a longtemps... Le retour à la réalité était trop dur pour moi...

Je voyais très bien ce qu'elle voulait dire. Mais pour moi, ma vie était comme une illusion douloureuse, et le monde dans lequel je vivais n’existait qu’en fonction de la représentation que je m'en étais fait. Pour moi, il n’existait rien en dehors de mes propres sensations et de l’expression de ma volonté. Au fond, c’était ma volonté qui décidait du caractère déplaisant de ma vie. Ainsi que de tout les autres qui me côtoyaient au quotidien. Pour moi, vivre avec les autres était pénible, mais je savais qu’il était impossible de vivre sans eux. C'est pour ça que je m'en accommodais. C'est aussi pour ça qu'à dix-sept ans je étais constamment seul et pourtant toujours entouré.
Pendant longtemps j'avais pensé trouver quelqu'un qui me comprenne vraiment. Qui malgré mes tas de défauts, m'accepterait et avec qui je me sentirais normal. J'avais arrêté à l'âge de 14 ans.
Lindsey me sortit de mes pensées en murmurant mon prénom:

- Aeron...

J'adorais qu'elle...Mince! Je me faisais encore avoir. Je le savais et pourtant impossible de bouger. J'étais complètement obnubilé par elle. Même si c'était, comme me criait ma raison, une attirance purement artificielle, mon cœur lui dansait le mambo dans ma poitrine. Elle n'avait qu'à dire un mot, un seul, et je lui obéirais.
Elle posa une main sur mon front. Mon dieu, j'étais le plus heureux des hommes! Cette pensées me doucha. Il y a un instant j'étais en train de me plaindre. La preuve que ce n'était pas naturel. Rendu amer par cette constatation, je sentis que je pouvais me libérer si je le désirais de son emprise. Mais elle colla son front au mien. Nos bouches n'étaient qu'à un ou deux centimètres l'une de l'autre. Et, bien que son charme n'opérait plus que comme un simple titillement, je me rendis compte que j'avais réellement envie de l'embrasser.
Mais avant que je ne puisse faire le moindre mouvement, la belle s'esquiva brusquement.

- C'est à mon tour de m'excuser... me dit-elle avec un sourire nerveux.

- Non... T'as pas à t'excuser pour ça puisque je ne le prend absolument pas mal, fis-je avec un doux sourire.

Là ce n'était pas mon imagination qui me jouait des tours. Elle aussi avait essayer de...je ne savais pas quoi exactement, mais en tout cas de tenter un rapprochement. Je ne pouvais la blâmer. Mais pour quelqu'un d'aussi indépendant qu'elle, s'imaginer un seul instant embrasser une personne comme moi ne pouvait que relever de l'impossible. De plus elle m'avait clairement signifier qu'elle s'engageait rarement à la légère. Et ma réputation n'inspirait pas vraiment confiance...
Je laissais retomber ma tête contre le mur, affichant malgré moi un air déçu. Éprouvant le soudain besoin de bouger je me levais et allais m'accouder au rebord en pierre de la fenêtre voisine. J'essayais de respirer le plus calmement possible. Pourquoi? Parce que j'étais perturbé et que je voulais me calmer. Jamais, je dis bien jamais je n'avais éprouvé ce genre de chose. A côté même mon amourette à 14 ans me paraissait fade alors que j'avais mis si longtemps à l'oublier sans y parvenir complètement. C'était fou. Complètement fou. Ça allait à l'encontre de tout ce que j'avais jamais fait.
Je tournais la tête vers Lindsey. Elle me regardait aussi. En même temps j'étais la seule distraction du coin non? Il fallait que je trouve quelque chose à dire pour sortir de cette atmosphère étrange.

- Et sinon...tu as découvert quelque chose sur l'assassinat de tes parents?

OK, pour la délicatesse je repasserais. Mais c'était la seule idée qui m'était venue. Enfin ça n'allait pas m'excuser pour autant. Elle allait sûrement m'envoyer bouler...

- Non... T'as pas à t'excuser pour ça puisque je ne le prend absolument pas mal,

- Désolée de te faire fuir aussi...

- Et sinon...tu as découvert quelque chose sur l'assassinat de tes parents?

- Mes parents biologiques oui, je sais qui les a tués...

- Mais vu que je ne les ai jamais connus, ils ne me manquent pas.

- C'est un peu comme le frère adoptif que j'avais.

- Mais à présent, je ne compte que sur les amis que j'ai, ils m'apportent bien plus.

- Dis Aeron, tu t'es déjà senti vraiment seul?

Alors que je m'étais relevé, elle murmura tout doucement.

- Désolée de te faire fuir aussi...

Bien qu'absorbé par mes réflexions j'entendis quand même ses excuse. Pourtant elle n'en avait aucune raison. Sans pouvoir expliquer pourquoi, j'éprouvais l'irrépressible envie de la consoler, ne serait-ce que pour qu'elle arrête d'avoir l'air malheureuse. Je secouais la tête, comme pour sortir d'un rêve. Encore son mystérieux pouvoir ou...? Non je voulais vraiment, je veux dire sans influence extérieure, qu'elle arrête de s'excuser et de se monter la tête pour des choses aussi futiles. Et je m'en voulais d'être la cause de son embarras. Si je l'avais pu, je me serais giflé.

Je me préparais ensuite à une remarque cinglante du genre "Va te faire voir!" mais il n'en fut rien. Bien que je sentis qu'elle se tendit d'un coup, elle répondit encore une fois à ma (maladroite) question.

- Mes parents biologiques oui, je sais qui les a tués...

Aïe! Encore une fois je me sentis idiot d'avoir posé une question pareille. A croire qu'en sa présence mon bon sens se "déconnectait". Je ne pensais pas qu'elle continuerait et pourtant c'est ce qu'elle fit.

- Mais vu que je ne les ai jamais connus, ils ne me manquent pas.

Encore une fois, logique. Je me mis à réfléchir. Si mes parents avaient été assassiné, est-ce que j'en aurais éprouver du chagrin? Pour mon père la réponse était claire : non. Je ne lui devais rien à part le jeune homme bourré de défauts que j'étais devenu. Ma mère... c'était différent. Bien qu'elle n'osait jamais s'opposer à mon père, elle avait été aimante, et j'étais sûr que si c'était elle qui avait pris en charge mon éducation j'aurais été quelqu'un d'autre. Quelqu'un de bien. Malheureusement elle avait trop peur de mon géniteur pour élever la voix contre lui quand elle pensait qu'il allait trop loin. Mais pour elle, oui, j'aurais sûrement pleuré. Partie sur sa lancée, Lindsay continuait:

- C'est un peu comme le frère adoptif que j'avais.

Un frère adoptif? Je fronçais légèrement les sourcils. Je savais qu'elle avait une sœur et que ses parents étaient décédés, mais jamais on ne m'avait mentionner de frère. Et à en juger par le ton qu'elle employait, je ne le connaîtrais probablement jamais...

- Mais à présent, je ne compte que sur les amis que j'ai, ils m'apportent bien plus.

Des amis... Ce mot me laissait rêveur. Oh j'en avais! Enfin quelques uns, qui se comptaient sur les doigts de la main. Depuis tout petit je n'avais jamais vraiment éprouvé le besoin d'en avoir. Sûrement parce que je me montrais méprisant envers tous ceux qui n'appartenaient pas à mon milieu, me moquais de l'autorité - à l'exception de celle représentée par mon père. Mon caractère non plus n'inspirait pas à un rapprochement. Je me montrais volontiers manipulateur et cynique, ce qui faisait de moi un élève peu apprécié de la plupart de mes camarades. D'un point de vu externe j'étais un mauvais garçon par excellence, qui semblait n'aimer personne et ne ressentir ni remords ni scrupules. Et tout ce que je paraissais bon à faire c'était "consommer" abondamment femmes, boissons alcoolisées et marijuana.
Une certaine partie était vraie. Mais ce n'était pas pour autant que je n'avais jamais eu envie de changer! Seulement je ne pensais pas en être capable, trop ancré dans mon "rôle".
D'un seul coup, la jolie blonde reprit la parole.

- Dis Aeron, tu t'es déjà senti vraiment seul?

Bien sûr... à pratiquement chaque moments de ma vie en fait. Peut-être parce que j'avais une vision plutôt différente de la vie que la plupart des gens. Parce que très jeune j'avais compris une chose pouvant sembler bizarre, voir malsaine, et pourtant terriblement vraie.
Mon véritable intérêt était que (contrairement aux apparences et aux possibles que m'offrait ma fortune), j'avais compris que le bonheur devait se chercher dans la sensation de frustration que je pouvais éprouver. Ce pessimisme, qui était entretenu par les relations conflictuelles avec mon père, me permettait d’envisager la mort comme une sorte de consolation. Il n’était pas alors étonnant que je nourrisse une attraction pour l'adrénaline que procuraient les actions jugées "dangereuses" ou les excès en tous genres. Ces excès qui me confirmaient une chose: il ne servait à rien de combattre la souffrance, il suffisait de l’accepter comme la condition inéluctable de mon existence.
J'étais plutôt simple a comprendre en fait : quand je n’avais pas ce que je voulais, je souffrais du manque et quand je l’obtenais, je ne la désirais plus et étais gagné par l’ennui. Bien sûr il y avait des exceptions. Par exemple Lindsay. Je la voulais à un point inimaginable. Pourtant elle avait quelque chose en plus. Quelque chose qui ferait que même si je la faisais mienne, je ne pourrais pas la lâcher. Une intuition dirons nous. Non je ne disais pas "coup de foudre" parce que je n'y croyais pas. Pourquoi? Parce que je n'en avais jamais eu la preuve vivante tout simplement.
Bref tout ça pour dire, que malgré ma "simplicité", personne n'avait l'air de me comprendre et que par ce fait j'avais toujours été complètement ou presque seul.

- Oui, répondis sobrement. Tout le temps.

J'éprouvais ensuite le besoin de me justifier.

- De l'extérieur je peux paraître comblé, seulement en train de me plaindre mes insignifiant malheurs de petit garçon riche. J'ai une maison, deux parents en vie, un compte en banque blindé, une côte de popularité plutôt haute... Mais je ne pense pas que la vraie vie se résume à ça. Par exemple, contrairement à toi je n'ai pratiquement pas d'amis. Je n'ai jamais connu de vrai amour et je ne saurais probablement jamais ce que c'est.

Je versais dans le pathos et pourtant c'était ce que je ressentais. Je continuais plus amèrement.

- Je sais ce que tu penses : rien n'est inéluctable. Mais moi je suis lâche. Je le reconnais. Je n'ai aucune envie, ou plutôt aucune motivation pour changer les choses. Alors je reste à m'apitoyer sur moi même dans une tour d'astronomie en compagnie d'une charmante demoiselle, comme tu peux le constater.

Je me rendis compte que tout ce que je lui avais dit, personne n'en avait idée. Sauf Scorpius peut-être. Étrange pouvoir que peut avoir une femme sur un homme... Même si je n'en avais jamais fait l'expérience auparavant. Consterné par ma faiblesse je poussais un petit ricanement moqueur. J'étais tombé bien bas. Me confier à une parfaite inconnue, simplement parce qu'elle possédait un puissant magnétisme.
Frustré, je voulu retourner m'asseoir mais Lindsey se trouvait juste devant moi. Habituellement je lui aurais sauté dessus, sans prendre le temps de mettre les formes, comme je le faisais avec toutes les autres filles. Mais là je n'avais pas envie de la...décevoir. Je me penchais lentement, presque timidement, ayant peur qu'elle se dérobe. Encore une fois nos lèvres étaient toutes proches. Enfin je posais les mienne sur celles satinées et douces de Lindsey. Le baiser fut tendre sans être trop sage, ce qui était plutôt nouveau pour moi. Néanmoins, sentant que je risquais à tout instant de perdre mon sang-froid, je m'écartais doucement. L'ampleur de la chose me tomba dessus. Moi, Aeron Von Rain j'éprouvais des sentiments pour quelqu'un. Quelle bizarrerie...
Limite affolé, je guettais la réaction de la jeune femme...

Sans trop savoir pourquoi j'avais posé cette question à Aeron, je me remettais en question. L'avais-je posée pour obtenir une réponse affirmative et ensuite lui annoncer que je pourrais empêcher ça? Impossible, improbable. Ce n'est pas le genre de choses que je fais. Et pourtant... Pourtant j'aimerais bien tout de même, sauf que ça, ça je ne le dis pas.
Aeron est un garçon bien différent des autres, mais je ne sais pas en quoi. Il me plaît, ça c'est sûr. Et si je le pouvais, je serais actuellement collée à lui, j'en ai tellement envie.. Je ressens le besoin de coller mon corps au sien, mais je ne peux tout simplement pas me permettre d'agir ainsi, je ne le connais pas plus que ça après tout... Tout ce que je sais, c'est qu'il est Aeron Von Rain, le jeune Serpentard de septième année, celui qui a plus d'argent en sa possession que tous les élèves de Poudlard réunis.
Mais comme on dit, on n'achète pas ses amis, et l'amour n'a pas de prix... On doit tout faire en restant soi-même. Les autres doivent nous apprécier pour ce que nous sommes, et pas ce que nous prétendons être.
Ce qui m'étonne moi, actuellement, c'est qu'Aeron et moi ne nous sommes pas rencontrés beaucoup plus tôt... On est pourtant dans la même année, on suit les mêmes cours, on est dans la même salle commune et on mange à la même table dans la grande salle... Enfin, ça c'est quand je vais en cours, quand je ne passe pas la nuit dehors et quand je ne mange pas dans mon restaurant préféré : les cuisines.
Cette attirance que j'ai subitement pour ce garçon me fait peur, ça ne m'était jamais encore arrivé auparavant, c'est bien pour cela que je ne sais pas trop quoi penser. On ne peut pas parler de coup de foudre.. On peut plutôt parler de .. D'une sorte de reconnaissance. Il a fallu que cette nuit on se retrouve ici tous les deux, pour parler ensemble..

- Oui, Tout le temps.

Après cette réponse que j'attendais en quelque sorte de sa part, ma tête se met à tourner. Enormément d'idées me viennent en tête, je m'apprête à parler mais rien ne sort. Je ne sais plus quoi dire, pourtant les mots sont là... Il suffit de les remettre dans l'ordre.. Enfin, il suffit, c'est bien vite dit...
Je lève la tête vers le plafond en me demandant pourquoi est-ce que je ressens ce que je ressens actuellement. Je me demande aussi ce que c'est, je ne comprends plus trop... Aeron, je veux lui offrir mon amitié, voire même tout mon amour. C'est un bien précieux que je n'accorde pas à grand monde... Je m'étonne moi même en pensant cela, il est étonnant que j'en aie envie subitement.
D'ordinaire, les gens méritent mon amitié et gagnent mon amour... Je ne décide jamais comme ça, alors que je n'ai jamais encore réellement parlé à la personne.
Ce qui me plait chez Aeron, c'est qu'l m'intrigue, qu'il est charmant, qu'il semble sympathique, qu'il est intelligent et qu'il est drôlement sexy. Le pire chez lui, c'est que tout me plait. Même son air dragueur arrogant...
Je me fais peur..

- De l'extérieur je peux paraître comblé, seulement en train de me plaindre mes insignifiant malheurs de petit garçon riche. J'ai une maison, deux parents en vie, un compte en banque blindé, une côte de popularité plutôt haute... Mais je ne pense pas que la vraie vie se résume à ça. Par exemple, contrairement à toi je n'ai pratiquement pas d'amis. Je n'ai jamais connu de vrai amour et je ne saurais probablement jamais ce que c'est.

Tout ce qu'il dit me semble si vrai...
J'ai un jour entendu deux élèves de troisième année parler à son sujet, ils disaient qu'Aeron devait être le plus heureux de tout Poudlard, puisqu'il avait tout ce dont on a besoin : l'argent, les filles et la popularité. Mais là, ils avaient tout faux sur ce point. Aeron n'est pas heureux.
Lorsqu'il dit qu'il n'a pratiquement pas d'amis, j'ai du mal à réellement le croire, après tout c'est un garçon sympathique et intéressant. Moi, j'aime beaucoup lui parler. Mais après, d'un autre côté, c'est moi...
Quand il dit ne pas avoir connu l'amour je sens comme une douleur dans l'estomac, et j'ai encore plus envie de me lever et de le serrer contre moi pour qu'il fasse de même.
Pourtant, je me lances à toute vitesse dans un mur, que je vais me prendre violemment si je ne fais pas attention à moi... Sachant qu'il accumule les conquêtes, je ne sais pas vraiment comment il leur parle pour les amadouer..
Je lui fais confiance, et c'est bien ça qui me fait peur. Je pense un court instant au fait qu'il pourrait me mentir, mais bien vite j'y renonce. Il ne pourrait pas, je le crois sur parole.

- Je sais ce que tu penses : rien n'est inéluctable. Mais moi je suis lâche. Je le reconnais. Je n'ai aucune envie, ou plutôt aucune motivation pour changer les choses. Alors je reste à m'apitoyer sur moi même dans une tour d'astronomie en compagnie d'une charmante demoiselle, comme tu peux le constater.

Le fait qu'il soit venu ici m'arrange moi, ça me permet de passer un bon moment à ses côtés, et de réaliser à quel point il me plaît...
Aeron se pencha alors vers moi, j'étais hypnotisée par ce qui allait se passer, j'étais en suspens, je ne savais pas si cette fois c'était la bonne, ou s'il se déroberait encore... J'eus bien vite ma réponse. Alors que ses lèvres se posèrent sur les miennes, un frisson me parcourut le corps tout entier. J'aimais tellement ça, que je ne voulais plus que ça s'arrête. Je répondai à son baiser, qui grouillait d'un mélange de tendresse et de passion.
Jamais, jamais quelqu'un ne m'avait embrassé de cette manière, et jamais je ne l'avais tant apprécié. Lorsqu'il rompt le contact, je me sens déboussolée et tente de lui dire quelque chose en le regardant droit dans les yeux, rayonnante de bonheur.

- Tu... Je... Tu...

Et voilà, comment tout gâcher en trente secondes, me voilà en mode batifolage d'idioties. Je n'arrive plus à lui parler correctement, ce qui est triste en soi...
J'ai l'air tellement idiote que je cache mon visage dans mes mains, Aeron va fuir en courant, me prenant pour une gamine incapable d'aligner trois mots.
En réalité, c'est son baiser qui m'a procuré cet effet...
J'inspire alors un bon coup, afin de me calmer, et laisse retomber mes bras le long de mon corps, en mettant ma main gauche dans la poche arrière de mon short..

- Tu en as mis du temps...

J'ai enfin réussi à sortir ma phrase correctement de ma bouche, mes cordes vocales ont fourni un sacré effort. Je vois déjà Aeron commencer à m'applaudir pour se foutre de moi... J'ai honte.
Je regarde donc mes pieds, en me souvenant que je n'ai pas répondu lorsqu'il me parlait un peu plus tôt.... Il faudrait peut-être. Je relève alors la tête et affiche un sourire quelque peu timide.

- Par rapport à ce que tu disais à l'instant, je suis tout à fait d'accord. La vie ne se résume pas à ça, comme on dit, l'argent ne fait pas le bonheur. Il y a parmi les gens les plus démunis des personnes fort heureuses. La richesse qui m'importe le plus à moi, c'est la richesse en amitié et en amour. On n'a besoin que de ça dans la vie... Un peu d'amour et de tendresse et tout va bien...

C'est un peu exagéré, je l'avoue, il n'y a plus qu'à sortir les violons. Mais pour moi, c'est vrai. Ce dont j'ai besoin, c'est de l'amour et de la tendresse, pour ne manquer de rien.
Aeron va me prendre pour une débile et se mettre à rire, et bien tant pis...

- Enfin, après il ne faut pas croire non plus qu'il n'y a que ça... Et puis tu sais, à t'appitoyer sur ton sort ici en ma compagnie, tu as peut-être résolu un de tes problèmes...

Après cette intervention de ma part, je lui adresse un clin d'oeil accompagné d'un grand sourire. Je lui aurais bien dit que si ça dépendait de moi, il ne se sentirait plus jamais seul, il aurait de l'amour et des amis! Oui, forcément, si lui et moi nous rapprochons, Anna et Elisa vont également beaucoup l'apprécier, et il ne sera plus seul...
Je ne sais pas trop pourquoi je ne veux pas qu'il soit seul, c'est dans ma tête que c'est comme ça... Peut-être qu'il m'expliquera un jour pourquoi est-ce que je réagis ainsi ce soir, peut-être qu'il en sait plus...
Je m'approche alors de lui, pose ma main droite sur sa hanche et ma main gauche sur sa joue, puis approche mon visage du sien. Nos souffles s'entre-mêlent alors, un frisson me parcourt le dos et une chaleur soudaine envahit mon corps. Mes lèvres vont se poser délicatement sur les siennes, et je l'embrasse avec tendresse et passion, un mélange exotique qui me donne envie de ne jamais arrêter... j'espère qu'il ne me repoussera pas, parce que maintenant, j'en veux encore et encore.. Lorsque je romps le contact, je m'écarte d'un pas pour que nos corps ne soient plus en contact, pour lui laisser la possibilité de réfléchir, de réagir.

- Celui là, c'était pur savoir si tu embrassais vraiment bien, ou si le premier était un coup de bol. Et puis, j'en avais envie...

Un sourire se dessine sur mon visage. J'ai envie de l'embrasser, et bien plus encore.
Aeron Von Rain, cette nuit n'est pas prête de se terminer, et tu n'es pas prêt de l'oublier...

[Hrp : j'ai du recommencer trois fois, la première fois j'ai quitté sans faire exprès, la deuxième fois, mon ordi m'a lâchée, et là je suis sur l'ordi de mes parents qui n'est pas terrible =/ D'où le fait à la va vite aussi, j'espère que ça te va quand même...]

Contrairement à ce que j'avais pensé, Lindsay semblait rayonnante. Elle ouvrit la bouche mais ne réussit qu'à balbutier quelques mots:

- Tu... Je... Tu...

Wouah! Elle résumait exactement ma pensée. Moi non plus à ce stade là je n'aurais pas pu faire mieux. Je ne m'en formalisais pas mais l'adorable créature se cacha le visage entre ses mains, comme prise d'un embarras soudain. Ce qui la rendit encore plus adorable.
Enfin elle les laissa retomber, permettant ainsi à la lumière blafarde de la lune d'éclairer ses traits.

- Tu en as mis du temps...

Je ne savais pas pourquoi, mais cette remarque me fit prendre l'ampleur de mon acte. J'avais embrassé Lindsay Andrews, tout en sachant pertinemment que cette fille ne prenait pas ce genre de chose à la légère. Moi qui nourrissais à l'égard des engagements une véritable phobie, je m'étais jeté droit dans le vide. Et maintenant ça m'inquiétait.
Mais je fixais ensuite mon attention sur la serpentarde qui reprit la parole.

- Par rapport à ce que tu disais à l'instant, je suis tout à fait d'accord. La vie ne se résume pas à ça, comme on dit, l'argent ne fait pas le bonheur. Il y a parmi les gens les plus démunis des personnes fort heureuses. La richesse qui m'importe le plus à moi, c'est la richesse en amitié et en amour. On n'a besoin que de ça dans la vie... Un peu d'amour et de tendresse et tout va bien...

Apparemment on était dans le même trip larmoyant. Et pourtant ses paroles me faisaient un bien fou. C'était peut-être elle que j'avais en quelque sorte attendu pendant dix-sept ans.

- Enfin, après il ne faut pas croire non plus qu'il n'y a que ça... Et puis tu sais, à t'apitoyer sur ton sort ici en ma compagnie, tu as peut-être résolu un de tes problèmes...

Elle s'approcha doucement (comme si j'avais pu seulement songer à m'enfuir!) et me posa une main sur la hanche. Ce simple contact m'envoya une décharge d'adrénaline dans tout le corps. Bon sang! Je ne comprenais pas la moitié de ce que je ressentais.
J'arrêtais immédiatement de réfléchir quand elle m'embrassa à son tour. Je lui rendis son baiser, posément, combattant mon désir de la caresser, de sentir son corps sous mes paumes. Je me sentais comme en équilibre sur un fil. Il aurait suffit d'un geste de sa part, simplement qu'elle me dégage une mèche ou n'importe quoi d'aussi anodin pour que je tombe et obéir à ce que mon désir me dictait.
Mais elle s'écarta, à mon plus grand regret, et me fit d'un ton malicieux :

- Celui là, c'était pour savoir si tu embrassais vraiment bien, ou si le premier était un coup de bol. Et puis, j'en avais envie...

- Comment peux-tu douter de mon talent, lui répondis-je sur le même ton. J'ai des années de pratiques derrière moi...

Moi aussi j'en avais envie. Plus je la regardais plus je croyais perdre la raison. Comment une femme pouvait-elle être aussi belle? Ça n'avait aucun sens. Mais ne dit-on pas que l'amour n'est pas rationnel? Assurément c'était vrai car jamais, si j'avais été dans mon état normal, je n'aurais pris autant de précautions pour l'approcher, pour la garder. C'était tout nouveau.
Je savais que si j'avais voulu l'embrasser, la faire mienne, là maintenant, j'aurais pu. Mais je prenais un plaisir malsain à la contempler en me faisant violence pour rester impassible. Comme une pénitence que je m'imposais pour mieux profiter du moment où je l'obtiendrais. Sadique? Oui c'est sûr.
Comme une proie hypnotisé par le regard d'un serpent je me rapprochais irrésistiblement de Lindsay. Je voulais maintenant la mettre elle aussi au supplice. Quand je vous disais que j'étais sadique... Je me contentais de planter mon regard dans le sien et de m'approcher jusqu'à être assez proche pour pouvoir se toucher d'un frôlement, sans pour autant être en contact. Puis au lieu d'apposer ma bouche directement sur la sienne, je l'embrassais dans le cou, soulevais ses cheveux soyeux et suivais lentement la courbe de sa gorge. Enfin je la l'attirais contre moi, une main au creux de ses reins, l'autre sur sa nuque, assoiffé de ses lèvres et des sensations qu'elle me procurait.
Je n'étais pas maladroit, car ces gestes je les avaient répété un nombre incalculable de fois. Pourtant j'avais l'impression que c'était la première fois que j'en avais réellement envie. Ce baiser fut plus passionné, plus "sauvage". J'adorais ça.

Pourtant, sans préavis, je m'arrachais à son étreinte. Bien que de réels sentiments commençaient à naître en moi, je ne pouvais me permettre de me laisser aller. Je m'esquivais le plus loin possible de la jeune fille en évitant soigneusement de la regarder, car je savais que si je le faisais j'allais encore me laisser attendrir.

- Lindsay, ce n'est pas...ce n'est pas possible. Je suis sensé épouser quelqu'un. Et même si ça n'arrive pas, le temps que je mette les choses au clair avec mes parents...Enfin je serais toujours fiancé officiellement!

C'était tout simplement horrible de lui dire ça. Mais c'était la stricte vérité. Nous nous étions laissé emporter, sans penser à la vraie vie. Je ne voyais pas la farouche jeune fille attendre enfin que je sois libéré de mes engagements ou partager la vedette avec une quelconque inconnue... Évidemment je savais ce que mes paroles impliquaient. Alors que je découvrais vraiment le sentiment d'amour, je devrais y renoncer. Tant pis. Lindsay aurait été comme la drogue, extatique, éphémère, et amenant un dur retour à la réalité.
Je n'osais même pas la regarder en face. Je n'osais pas non plus imaginer son expression. Tout ce que je voulais maintenant c'était partir et oublier ce moment intense et fantastique. Non. Tout ce que je voulais maintenant c'était qu'elle me retienne et l'embrasser encore et encore, la parcourir jusqu'à connaître la moindre parcelle de son corps, lui parler pour découvrir la moindre de ses facettes...

A nouveau, je sortais un autre join, pour essayer de tirer une solution, ou au moins un semblant d'explication à ce que je ressentais. Je m'accoudais au rebord d'une fenêtre, tournant le dos à la verte, pendant que j'envoyais la fumée se dissiper paresseusement dans la brise. Finalement j'avais peut-être eu raison de ne jamais faire de sentiments. C'était beaucoup plus simple sans...

- Comment peux-tu douter de mon talent, J'ai des années de pratiques derrière moi...

encore et encore

- Lindsay, ce n'est pas...ce n'est pas possible. Je suis sensé épouser quelqu'un. Et même si ça n'arrive pas, le temps que je mette les choses au clair avec mes parents...Enfin je serais toujours fiancé officiellement!

- Rien n'est impossible Aeron... Quand on veut on peut!

réellement

- Je sais bien que ce n'est pas évident mais... Réfléchis, penses-y rien n'est perdu...

- Au pire, il te reste du temps...

- Je ne veux plus te lâcher Aeron...

Lindsay n'avait pas bougé. Elle était restée au même endroit où je l'avais laissé. Ce n'était pas plu mal car je pouvais ainsi réfléchir calmement. Enfin c'était sans compter sur la jeune fille.

- Rien n'est impossible Aeron... Quand on veut on peut!

Je le savais déjà ça! Simplement je n'étais pas prêt. Je savais que si je voulais à tout prix éviter ce mariage il faudrait que je tienne tête à mon père. Et il me faisait peur. C'était la seule forme d'autorité que j'avais connu et reconnu. Pourtant nous n'étions pas proche du tout. On s'évitait le plus souvent possible, on ne se parlait pas ou peu... Non, franchement je ne me voyais pas débarquer dans son bureau en disant "Désolé mon vieux, je suis amoureux. Donc ton mariage tu peux te le mettre où je pense!". C'était certainement une super façon qu'il me lance un Imperium...dans le meilleur des cas. Il me faudrait du temps pour mettre un plan sur pied.
La vélane reprit d'une voix désespérée et pourtant toujours aussi mélodieuse.

- Je sais bien que ce n'est pas évident mais... Réfléchis, penses-y rien n'est perdu...

A ce moment là, j'avais faillis craquer et me précipiter vers elle pour lui dire que ce n'était qu'une blague et de ne pas s'en faire. J'ai résisté. Difficilement. Encore plus lorsqu'elle ajouta:

- Au pire, il te reste du temps...

Oui quelques mois. Peut-être que les sentiments que j'éprouvais envers elle n'étaient pas éternels. Mais c'était la première fois que ça m'arrivait et je n'avais pas envie que ça finisse au bout de ce laps de temps, d'avoir "jusqu'au mariage". Surtout si ça pouvait durer plus. Je savais que si jamais ça arrivait je ne resterais sûrement pas complet, intègre.
La verte s'approcha de moi et me chuchota à l'oreille :

- Je ne veux plus te lâcher Aeron...

Elle ponctua sa remarque d'un petit baiser et retourna s'asseoir. Son contact fut intolérablement délicieux. Je me rendis compte qu'elle était la seule chose que je désirais et que logiquement je n'aurais pu avoir. Était-ce pour ça que que j'étais autant attirée par elle?
Je la regardais et dû me faire violence pour ne pas succomber à ses charmes. Je m'en voulais de lui avoir fournis des illusions. Des illusions qui auraient pu être merveilleusement vraies.
Mais plus je la regardais, plus je me disais que le reste à côté n'avait pas d'importance. Parce que les derniers instants que j'avais partagés avec elle se résumaient à du bonheur à l’état pur, brut, natif, volcanique. C’était mieux que tout, mieux que la drogue, les conquêtes d'un soir, des milliers de gallions, des bonnes notes à l'école, mieux que mon amourette de 14ans, que les quatre premières années merdiques de mon existence, et mieux que celles qui avaient suivie... Mieux que ma vie en fait. Alors quoi?

Je pris ma décision. J'avais peur de beaucoup de choses : de me retrouver "vraiment" seul, le rejet de ma famille naturelle me faisant très mal, si je perdais mes amis et les personnes qui comptaient pour moi, j'aurais été certainement anéanti. J'avais également peur de la pauvreté, de ne plus avoir l'ascendant et de perdre mon pouvoir. Mais à l'instant, ce dont j'avais le plus peur c'était de descendre de cette tour, d'aller me coucher et de me réveiller le lendemain pour recommencer une journée semblable à toutes les autres : sans surprise, fade et inintéressante. Et sans Lindsay.
Vaincue par mon cœur, ma raison se mit en veilleuse. Je jetais mon spliff et me dirigeais donc vers l'endroit où elle était assise. A mon tour m'installais à côté d'elle et posais ma tête sur son épaule, m'enivrant de son parfum. Il était subtil, racé, élégant, la caractérisant parfaitement. Elle ne me rejeta pas. Et moi je restais là, silencieux, réfléchissant à comment je pouvais lui annoncer ce que j'avais décidé. Enfin, au bout de quelques instants je me lançais.

- Lindsay je...Hum, je n'ai aucune envie de me marier. Pas seulement parce que je t'ai rencontré, bien que tu en sois la principale raison, mais j'avais décidé depuis longtemps de ne pas obéir une fois de plus à mon père. Il va donc falloir que je trouve un...moyen, de lui faire lâcher prise. Et ça va prendre du temps. Je ne suis pas sûre que tu attende. Enfin, je ne te le demanderais pas...Je ne sais pas encore comment tu réagirais, je...

Pitoyable, je ne voyais pas d'autre mot. C'était pourtant pas compliqué d'aligner deux mots! J'arrivais à tenir un discours devant une assemblée de businessman, à côtoyer des mangemorts, voir à tenir tête à certains, mais pas à parler de façon intelligible à une jeune femme? A croire que je ne savais vraiment pas quoi faire avec toutes ces émotions nouvelles. En même temps c'est pas en une nuit qu'on apprenait à "laisser parler" son cœur qu'on avait verrouillé à double tour non?
Oh et puis zut! J'arrêtais de me fustiger mentalement et tendis la main vers le visage de la vélane. Je soulevais doucement son menton et lui donna un nouveau (c'est le cas de le dire) baiser infiniment doux et tendre (c'était de ça que je parlais). J'écartais doucement mon visage du sien, et réitérais mon geste plus langoureusement. Ma main quitta son menton pour parcourir son épaule, son ventre, ses cuisses. Tout chez elle était parfait. Un véritable supplice pour un expert tel que moi. Pourtant je me contins et recula un peu, haletant et presque pris de vertige après ce baiser. Je plongeais mon regard de braise dans le sien, bien plus clair et exact opposé du mien, avec l'espoir de trouver... De trouver quoi? Une réponse. Quelque chose qui me confirmerait que ça en valait la peine...

- Lindsay je...Hum, je n'ai aucune envie de me marier. Pas seulement parce que je t'ai rencontré, bien que tu en sois la principale raison, mais j'avais décidé depuis longtemps de ne pas obéir une fois de plus à mon père. Il va donc falloir que je trouve un...moyen, de lui faire lâcher prise. Et ça va prendre du temps. Je ne suis pas sûre que tu attende. Enfin, je ne te le demanderais pas...Je ne sais pas encore comment tu réagirais, je...

- Je me doute bien que tu ne veuilles te marier, que cette idée t'embête, et je le comprends, je réagirais sûrement de la même manière...

- Je... Tu sais, tu n'es pas obligé de le faire seul...

- On peut toujours essayer et je.. J'attendrais le temps qu'il faudra...

- Je ne veux pas me passer de ça, de toi...

Le petit sourire qui se dessina sur son visage fut ma réponse.

- Je me doute bien que tu ne veuilles te marier, que cette idée t'embête, et je le comprends, je réagirais sûrement de la même manière...

Ouais, je sais. Logiquement j'aurais du répondre "Non tu ne peux pas". Mais je ne le dis pas. D'abord parce que je ne veux pas forcément me montrer désagréable avec elle, ensuite parce qu'un mariage arrangé n'est pas une situation si difficile que ça à comprendre. Enfin dans mon cas. Je ne dépendais pas entièrement de mes parents d'un point de vue financier car j'avais déjà préparé mon avenir en achetant quelques parts des sociétés de mon père. Qui plus est j'avais la majorité pour le monde des sorciers. Je pouvais donc le refuser, contrairement à d'autres jeunes gens qui n'avaient pas le choix. Même pour moi, cette idée de mariage forcé me paraissait abstraite. Je ne savais rien de cette fille et même si la menace restait bien présente, je n'en avais discuté qu'une fois avec mes parents.

- Je... Tu sais, tu n'es pas obligé de le faire seul...

Je la fixais d'un regard inquisiteur. C'était exactement les paroles que j'avais voulu entendre. Comment avait-elle fait pour le savoir? A moins qu'elle ne le sache pas et soit tout simplement sur la même longueur d'onde. Ma fichue paranoïa faisait encore des siennes.

Si je voulais vraiment être avec Lindsay il fallait que je trouve un plan pour me défaire du projet de mariage. Ma mère ne serait pas dure à convaincre. Mon père ce serait une autre histoire. Il fallait donc que je laisse parler mon imagination et trouver une solution (limite) démoniaque. Parce que si je n'osais pas rompre définitivement les fiançailles c'était à cause de mon paternel. Un monstre. Depuis toujours je le craignais. C'est sûrement la seule véritable personne qui avait de l'autorité sur moi. En même temps après quelques années à vous prendre des corrections à coup de ceinture quand vous ne réussissiez pas ce qu'il vous demandait vous aviez vite fait d'être terrifié. En grandissant son emprise sur moi s'était raffermis car c'était lui qui me donnait tout ce que je voulais. Je n'avais donc pas vraiment d'autre choix que de lui obéir. Maintenant j'avais moins peur de lui. Et surtout une bonne raison pour le défier. Je ne voulais pas non plus détruire la relation que j'entretenais avec mon paternel. Si tant est qu'on pouvait appeler ça une relation. Je savais depuis toujours que mon père ne m'avait jamais aimé. Pour lui je n'étais qu'un objet utile, qui devait assurer sa descendance et prendre sa succession. Alors forcément on ne pouvait pas dire que j'étais en très bon termes avec lui. Enfin je trouverais bien quelque chose...
Et si en plus Lindsay voulait m'aider... J'aurais besoin d'elle bien sûr. Mais je ne voulais pas non plus qu'elle encourt la colère d'Alexander Von Rain, qui pouvait être bien pire que terrible. Bien sûr c'était une jeune fille fortunée, jolie, et issue de bonne famille. Avec tout ces arguments, mon père se rendrait peut-être à l'évidence... On n'allait pas non plus se marier hein! Mais si mon père exigeait des fiançailles pour nous laisser tranquille je n'y voyais aucun inconvénients (en tout cas dans l'état d'esprit dans lequel j'étais ce soir).

- On peut toujours essayer et je.. J'attendrais le temps qu'il faudra...

Cette fois, je lui jetais un regard incrédule. Je n'aurais jamais cru que ces mots sortiraient de sa bouche (si parfaite par ailleurs...). A nouveau elle me sourit d'une façon éblouissante et se positionna en face de moi. Cette fois c'était elle qui prenait les initiative et je me laissais faire. M'attirant à elle avec une main sur la nuque, elle m'embrassa. Dieu, que c'était bon! Puis je sentis son autre main s'aventurer dans mon dos le parsemant de caresse. J'avais l'impression de devenir fou. Pourtant je résistais autant que je pouvais. J'avais envie d'elle au point que cela me consumait. Pourtant je restais (presque) impassible. Lorsqu'elle posa sa main sur ma cuisse, je ressentis un courant électrique me traverser le corps.
Puis elle mit fin au baiser, reposant sagement ses mains et me murmura :

- Je ne veux pas me passer de ça, de toi...

Elle mettait des mots sur mes pensées. Je n'avais tellement pas l'habitude que c'était quasiment impossible pour moi de dire ce genre de choses. Enfin si, je disais souvent des phrases romantiques, toutes faites, à d'autre pour obtenir ce que je voulais. Mais je ne l'avais jamais dit sincèrement à une fille. Pour moi, ce n'était qu'un moyen parmi tant d'autre pour arriver à ses fins.
J'admirais à nouveau Lindsay. Maintenant, je doutais qu'il existe quelque chose de mieux qu'elle. Comment avais-je fait pour passer à côté pendant tant de temps? Le cercle vicieux des plaisirs de la chair et des sens m'avait coupé du monde, m'enfermant dans ma propre bulle. En observant une fois de plus son beau visage et ses courbes gracieuses j'eus envie de lui donner quelque chose. Très matérialiste non? Mais les vieilles habitudes ont la vie dure. Néanmoins il fallait que ce soit quelque chose de spécial. Voyons... mon zippo? Nul. Ma cravate? Pourquoi pas une laisse! Je fourrais ma main dans ma poche et butais contre un objet qui ne me quittait jamais.
C'était un présent que m'avait fait mon oncle du côté de ma mère (il était plus cool de ce côté de la famille). Il disait qu'il avait appartenu à Viviane, l'amante de Merlin. Je n'y croyais pas bien sûr, mais je me souvenais d'une phrase qu'il m'avait dit lorsqu'il me l'avait donné : "Ne t'en sépare jamais et sous aucun prétexte. Sauf si un jour tu rencontre quelqu'un qui en vaut la peine.". Évidemment ça n'était jamais arrivé. Mais là, cette jeune fille dont je ne connaissais rien il y a quelques temps chamboulait toutes mes certitudes. Où était passé le Aeron égoïste, méchant, manipulateur? Avec elle, il avait disparu. Alors oui, elle en valait la peine.
Attrapant l'objet, je mis mon poing fermé devant Lindsay. Elle me regarda d'un air interrogateur. Elle pensait peut-être que ce serait du crack ou quelque chose comme ça. Ce qui aurait été plus que probable. Après l'avoir laissé marinée quelques instants j'ouvris les doigts. Dedans se trouvait une magnifique chaîne d'argent pur. Elle était extrêmement fine et pourtant, en regardant attentivement, on pouvait voir tout un tas de branches de vignes vierge entrelacées, gravées sur le métal. Accrochée à cette chaîne se trouvait une émeraude somptueuse enchâssée dans de l'argent. De la taille d'un ongle, elle était d'une pureté pratiquement irréprochable. Car c'était un défaut, au milieu, qui la rendait si belle. En effet, au centre de la gemme se trouvait une sorte de tâche d'un vert encore plus intense, qui donnait l'impression d'être attiré à l'intérieur. C'était un bijoux d'une grande valeur, monétaire bien sûr, mais surtout, pour moi, sentimentale. Si la jeune fille le refusait j'en serait vraiment blessé.
Sans attendre sa réponse, je le lui attachait autour du coup. Si belle que l'émeraude puisse être, ce n'était rien à côté de la beauté de la vélane, qui à cet instant resplendissait d'un éclat argenté. Voir cet objet si précieux au cou de quelqu'un d'autre me procura un sentiment étrange. Pas de la jalousie ou de la tristesse, mais plutôt une intense satisfaction.

- C'est parce que tu en vaux la peine, me justifiais-je simplement avec un sourire en coin.

Je devais me rendre à l'évidence. J'avais bien un cœur, et c'était cette fille qui me l'avait pris...

- C'est parce que tu en vaux la peine.

- Aeron...

- Tu n'aurais pas dû...

- Je... Je ne sais comment te remercier...

- Il est magnifique... Tout comme toi.

Dire que Lindsay était heureuse aurait été un euphémisme. Elle paraissait sincèrement émue. Cela me fit plaisir. Je vis ses grands yeux clairs s'embuer quand elle les planta droit dans les miens. Ce regard me fit chavirer. D'autant plus lorsqu'elle ajouta d'une voix tendre :

- Aeron...

A cet instant une larme coula sur sa joue. Ce fut à mon tour d'être ému. Je la lui essuyais du bout des doigts, dans un geste très doux. J'avais l'habitude de faire pleurer les filles sans que cela n'éveille d'autre sentiments en moi que de l'agacement, ou au mieux de la pitié. Là c'était tout le contraire.

- Tu n'aurais pas dû...

Pourquoi? Je n'avais fait que suivre les conseils de mon oncle. D'ailleurs il faudrait que je pense à le remercier. Et puis je voulais vraiment que ce soit elle qui l'ait. Pas une autre. Et je ne voulais pas non plus le garder plus longtemps avec moi. Cela me rappeler trop mon statut d'éternel célibataire. Ou d'éternel boulet, se retrouvant avec une fille dans son lit chaque soir, mais quand même tout seul le lendemain matin.
A nouveau, il larme cristalline descendit le long de la joue de porcelaine de la serpentarde. Je devais bien avouer que j'étais légèrement mal à l'aise. Je ne savais pas vraiment comment me comporter. Heureusement Lindsay remédia à mon embarras en se jetant dans mes bras. Je l'y accueillis avec plaisir.

- Je... Je ne sais comment te remercier...

C'était plutôt moi qui devais dire ça! Le collier n'avait été qui rendu pour tout ce qu'elle m'avait dit. Elle leva la tête vers moi, laissant nos visages à quelques centimètres l'un de l'autre, me faisant languir en attendant le contact de ses lèvres tant désirées. Lorsqu'enfin elle se décide à les poser sur les miennes, c'est un feu brûlant qui m'envahit. Mais elle se retire pour me chuchoter :

- Il est magnifique... Tout comme toi.

Suivit d'un tout petit merci (et je ne pris même pas la grosse tête...ou presque pas). Comme une enfant, elle s'assit sur mes genoux et blottit sa tête au creux de mon cou. J'aurais pu rester là pendant des heures. Je ne pensais plus à rien, si ce n'était au bonheur (?) et au bien-être que j'éprouvais. Rien n'aurait pu me faire sortir de cette bulle bienfaisante... Enfin presque.
Ma bonne étoile avait manifestement posée un RTT ce soir car un bruit de pas peu discret se fit entendre dans les escaliers. J'ouvris soudainement les yeux, me tendant et écoutant. Avec douceur mais fermeté, je fis descendre Lindsay de mes genoux et me mis debout. Je fis de même avec la serpentarde. La prenant par la main, je l'entraînais derrière un pilier, essayant de me cacher du mieux que je pouvais.
Après quelques minutes la porte s'ouvrit enfin. Je reconnus l'abruti qui m'avait retenu avant de partir de la fête et jurais entre mes dents. Ce que je réitérais en constatant qu'il n'était pas seul. Les deux nanas que j'avais laissé en plan l'accompagnaient, et à leur tête elle n'étaient pas contente. Faisant un signe pour rester silencieux à Lindsay, je tendis l'oreille.

- Tu nous avais dit que ce soir on pourrais l'avoir! fit la plus petite d'entre elles. Ça fait des soirs et des soirs qu'on attendait cette occasion!

Je ne savais pas vraiment de quoi il parlaient, mais un vague pressentiment me dit que ce n'était pas vraiment bon pour moi.

- Calmez-vous les filles, essaya de tempérer l'autre crétin, Il vient tout le temps aux fêtes. Et puis il ne doit pas être partis très loin. Un de mes potes m'a dit l'avoir vu monté les escaliers il y a pas longtemps. A moins qu'il n'ait des ailes il n'a pas pu aller très loin.

Ah. C'était donc de moi qu'ils discutaient. En repassant la conversation j'avais vraiment l'impression d'être un objet. Je supposais que le serpentard avait dû leur promettre qu'elles pourraient passer la nuit avec moi, et du coup pouvoir me demander des cadeaux à la suite de ça... Schéma classique, mais efficace. Même si les deux vertes paraissaient complètement idiotes, je savais qu'elles maniaient bien leur baguette car quelques unes de mes conquêtes s'étaient déjà plaintes d'elles à plusieurs reprise. J'aurais bien aimé leur donner une bonne leçon. Malheureusement ils étaient trois et j'étais seul... Oui j'avais bien dit "seul", parce que je ne voulais absolument pas mêler Lindsay à cette histoire. Ce n'était pas du sexisme, simplement j'avais honte de ce qu'elle pourrait apprendre sur moi. Comme quoi, tout arrive...
Je lui jetais un coup d'œil discret. Elle paraissait aussi attentive que moi et avait sûrement compris la situation. A cette pensée, je sentis l'angoisse me tordre l'estomac. Et si jamais elle décidait que tout cela était allé trop vite et que ça n'en valait pas la peine?

- Tu nous avais dit que ce soir on pourrais l'avoir! Ça fait des soirs et des soirs qu'on attendait cette occasion!

- Calmez-vous les filles, Il vient tout le temps aux fêtes. Et puis il ne doit pas être partis très loin. Un de mes potes m'a dit l'avoir vu monté les escaliers il y a pas longtemps. A moins qu'il n'ait des ailes il n'a pas pu aller très loin.

Je l'aime...

- Tu veux que je fasse diversion..?

- De toute manière, le mec risque de me sentir... Vélane...

[Hrp : désolée, c'est tout pourri, mais tu peux répondre quand même =x]

Lindsay paraissait légèrement crispée. Bon, pour être franc, on avait l'impression qu'elle allait se transformer en loup-garou et réduire les deux garces en charpie. Ce qui ne m'aurait pas déplus, mais ma stupide fierté me dictait que ce n'était pas à la jeune femme de régler mes problèmes. Je pensais donc que nous allions rester là jusqu'à ce que ces troubles-fête aient quitté la tour. Mais la vélane me chuchota une autre solution :

- Tu veux que je fasse diversion..?

Tentant...très tentant. Surtout quand elle se penchait aussi près pour me le murmurer à l'oreille. A nouveau, son charme m'engourdit les sens. Je ne pensais plus qu'à une chose : l'embrasser jusqu'à être totalement enivré de ses lèvres, de son parfum, de sa peau, de la douceur de ses cheveux... Conscient que je dérivais dans un autre monde plus doux que celui-ci, je m'efforçai de reprendre pied.
Je ne doutais pas que la serpentarde puisse s'en tirer seule, mais ce n'était pas à elle de faire le sale boulot. Je le pensais vraiment. C'était irrévocable et définitif. J'avais quand même oublié un détail.

- De toute manière, le mec risque de me sentir... Vélane...

En effet ça pouvait poser problème. Je réfléchissais furieusement dans l'espoir de trouver une solution mais rien ne venait. Ce fut encore pire quand Lindsay glissa ses mains toutes douces sous mon T-shirt. Immédiatement je me raidis mais cette fois je ne pus m'empêcher de m'emparer de ses lèvres en y plaquant un baiser brûlant. L'adrénaline diffusée par la peur de se faire prendre me rendit audacieux, et je laissai mes mains parcourir le corps parfait de Lindsay. Seul la voix de crécelle d'une des filles me fit réagir :

- Bon on fait quoi maintenant? On le cherche ou quoi?

Bon sang! Ils ne pouvaient donc pas me laisser tranquille. Je soupirais. Puis prenais une grande inspiration. Et enfin je sortis de ma cachette. Les trois idiots ouvrirent des yeux ronds, ce qui les rendit...encore plus idiots. Je me composais un visage innoc...un visage angéli... un visage amicale.

- C'était moi que vous cherchiez? demandais-je d'une voix nonchalante.

Aussitôt les deux filles se firent tout sourire et commencèrent à se rapprocher.

- Ouiiii, minauda l'une d'elle. On s'ennuyait sans toi.

L'autre approuva d'une fausse moue boudeuse. J'étais dégoûté. D'un geste je dégageai mon bras emprisonné dans les leurs. Voyant l'air choqué qu'elles arboraient, le crétin de serpentard s'approcha de moi...et du pilier derrière lequel se trouvait Lindsay.

- Ben alors mon pote? On veut plus s'amuser? Comment ça ce...hé, y a pas un parfum bizarre là?

- Non, je sens rien. T'as dû trop forcer sur la boisson toi, fis-je avec un rire qui sonnait faux.

Mais comme un insecte attiré par la lumière, il se rapprocha insensiblement du pilier. Jusqu'à n'être plus qu'à deux pas. Et avant que je puisse le retenir il découvrit la jeune femme. Le seul mot qui me vint à l'esprit fut un juron. Merde!
Hypnotisé par cette apparition (qui pourrait l'en blâmer?) il resta là à la dévorer du regard. Une pointe de jalousie m'aiguillonna le cœur. Avant que je ne puisse réaliser ce que je faisais, j'agrippai le vert, le forçai à se retourner et lui alignais un poing dans la figure. Le choc sourd le fit vaciller. Un silence de mort prit place. Abasourdis je fixais mes doigts toujours crispés, puis la vélane. Cette fille avait vraiment une incroyable emprise sur moi. Si quelqu'un m'avait dit un jour que je me battrais pour une fille je lui aurais ris au nez. Pourtant c'est ce qu'il venait de se passer...
Finalement je me repris et souris d'un air satisfait. De puis le temps que ça me démangeait...

( C'est court par rapport à d'habitude xP Sorry)

- Bon on fait quoi maintenant? On le cherche ou quoi?

- C'était moi que vous cherchiez?

- Ouiiii, minauda l'une d'elle. On s'ennuyait sans toi.

Ben alors mon pote? On veut plus s'amuser? Comment ça ce...hé, y a pas un parfum bizarre là?

- Non, je sens rien. T'as dû trop forcer sur la boisson toi

- Toi ne l'approche pas.

(J'adore ma métaphore *S'baf*)

- Vous deux, vous êtes ignobles. Si vous avez tant besoin de vous faire quelqu'un ce soir, faites vous celui-là.

- Et toi

tu n'as pas honte?

Remis du choc de ma réaction (ben oui je suis pacifiste moi d'habitude...ou pas), je vis Lindsay s'approcher de moi. Enfin moins rapidement qu'une des deux nanas qui se posta face à moi, les mains sur mes hanches et me plantant son regard dans le mien. Sans blague, elle a pas compris que par rapport à Lindsay elle n'était strictement rien?! J'en étais tellement abasourdis que je n'eus pas la présence d'esprit de me dégager.
A ce moment là, la jeune femme intervint d'une voix froide comme l'acier.

- Toi ne l'approche pas.

Elle avait dit ça calmement mais il n'y avait aucun doute sur ses intentions si jamais la minimoys n'obéissait pas rapidement. De toute façon la baguette qu'elle pointait sur elle suffisait à confirmer mes pensées. Elle parvint à ma hauteur et toisa les deux filles d'un air méprisant. Sans rire, j'aurais été à leur place je me serais enfuis en courant. Et vite. Une fois de plus, je m'extirpais des griffes de celle qui était en face de moi avant qu'elle n'obtempère.
J'observais ensuite Lindsay. Bien que son visage soit vierge de toute expression, ses grands yeux bleus reflétaient bien des émotions. Et pas tout à fait tendres si vous voyez ce que je voulais dire. Plutôt du genre "je vais t'arracher la tête si jamais tu fais un pas de plus". Ou "compte sur moi pour faire de ta vie un enfer si tu retentes quoi que ce soit". Et tout ça sans la moindre ironie.

- Vous deux, vous êtes ignobles. Si vous avez tant besoin de vous faire quelqu'un ce soir, faites vous celui-là.

Et la vélane désigna d'un adorable doigt l'espèce d'abruti que j'avais envoyé au tapis. Et lui adressa la parole comme si c'était un indésirable. Ce que j'approuvais parfaitement.

- Et toi, tu n'as pas honte?

Visiblement non. Il reprenait lentement ses esprits et les substances pas très légales qu'il avait absorbé ne l'aidaient pas vraiment. Un peu plus lucides, l'une des deux ouvrit la bouche.

- Mais attends, pour qui tu te prends? Tout ça parce que tu te tapes tout les mecs que tu veux tu penses pouvoir t'approprier Aeron? S'il t'a défendu comme ça c'est uniquement parce que tu as encore usé de tes foutus charmes de vélane sur lui!

Elle avait craché les derniers mots avec toute la haine possible. Et moi j'en avais plus qu'assez.
Ma jolie blonde paraissait vraiment remontée. Cherchant à l'apaiser je me glissai dans son dos et entoura sa taille de mes bras. En me serrant ainsi contre elle je me rendis compte qu'elle tremblait imperceptiblement d'une rage mal contenue. Je lui déposai un léger baiser dans le cou, ce qui la fis frémir d'une autre façon. J'aurais bien voulu continuer à la câliner mais la présences des autres idiots me gênait. Poussant un léger soupir, j'attirai le regard des deux filles (ce qui n'était pas difficile) toujours en agrippant la serpentarde, et lâchai d'une voix neutre mais impitoyable:

- A partir de maintenant je vais être sage. Finis les aventures avec les garces dans votre genre. Vous pourrez faire passer le mot.

Les deux se regardèrent d'un air choqué. J'aurais pensé qu'elles riposteraient baguettes en main, mais manifestement trop hébétées elle sortirent d'un pas raide de la tour. Une bonne chose de faite. Restait maintenant l'autre minable.
Cette fois je me détachai de la vélane pour m'accroupir de façon à être à la hauteur du regard pas très clair de l'idiot.

- Toi, si jamais je te reprends une seule fois à regarder ma copine comme ça tu ne t'en sortiras pas aussi bien, lui soufflai-je avec un regard féroce. Crois-moi, savoir qui va ramener les bouteilles de tes petites fêtes minables sera le dernier de tes soucis. Clair?

Le regard maintenant lucide et terrifié il acquiesça vivement et se remit debout péniblement. Je le regardai partir d'un en le fusillant des yeux. Ce blaireau (désolé pour les poufsouffle) m'avait vraiment énervé.
Je me passai une main dans les cheveux en calmant peu à peu ma respiration, un peu étourdis par ce qu'il venait de ce passer. Ce n'était pas l'unique fois où j'avais défendu une fille. Mais plutôt l'unique fois où je l'avais fait avec autant de véhémence. Ça n'avait pas été par pitié, ou compassion ou bonne humeur. Le simple fait d'imaginer ce qu'il aurait pu lui faire quand il la regardait comme ça m'avait limite rendu fou. Whow, il allait vraiment falloir que j'apprenne à gérer cette...jalousie.
Au moins nous étions tranquille. Au moins pour ce soir. Parce que demain matin les langues iraient bon train. J'étais prêt à parier qu'au petit-déjeuner tout le monde serait déjà au courant. Peu importe, je n'allais pas non plus garder ça secret éternellement. Simplement on serait sûrement tous les deux un peu...embêtés. Moi par les serviteurs de Lindsay la vélane indomptable. Elle par mon fan club assez conséquent. M'en foutais. Celui ou celle qui la toucherait serait un homme/femme/prof/mangemort/membre de l'Orde mort. Celui ou celle qui lui manquerait de respect serait un homme/femme/prof/mangemort/membre de l'Orde mort. Celui ou celle qui s'en prendrait à elle de quelque façon serait un homme/femme/prof/mangemort/membre de l'Orde mort.
J'ignorais que mon instinct protecteur était aussi fort... Enfin je n'allais pas non plus la séquestrer dans un donjon. Ni contrôler le moindre de ses actes. Ce n'était pas une fille comme ça. Mais j'avouais volontiers ne pas supporter l'idée qu'il puisse se reproduire quelque chose comme ce soir...

- Mais attends, pour qui tu te prends? Tout ça parce que tu te tapes tout les mecs que tu veux tu penses pouvoir t'approprier Aeron? S'il t'a défendu comme ça c'est uniquement parce que tu as encore usé de tes foutus charmes de vélane sur lui!

- A partir de maintenant je vais être sage. Finis les aventures avec les garces dans votre genre. Vous pourrez faire passer le mot.

- Toi, si jamais je te reprends une seule fois à regarder ma copine comme ça tu ne t'en sortiras pas aussi bien,

Crois-moi, savoir qui va ramener les bouteilles de tes petites fêtes minables sera le dernier de tes soucis. Clair?

- Mais... De quel droit..?

mon

- Comment osent-ils?

- Mais tu n'es pas un objet !

Enfin Lindsay ouvre la bouche (son silence commençait à me faire peur car elle n'est pas du genre à avoir la langue dans sa poche).

- Mais... De quel droit..?

Sa voix tremblait. Elle devait être sacrément en colère. Ce qui était embêtant. D'une part parce que je détestai la voir dans cet état, d'autre part parce que si je me souvenais bien, les vélanes avaient la fâcheuse habitude de se transformer en une sorte d'oiseau géant sous l'effet de la rage. Effet qui ici n'avait pas l'air de s'atténuer...

- Comment osent-ils?

Évidemment, elle n'était pas habituée. Moi si. Entre mon père, les mangemorts, mes "camarades", les filles... Au bout d'un moment on est blasé. Et puis quand on se fait traiter comme un objet trop longtemps, on en devient un. Jusqu'à ce soir ça ne me dérangeait pas plus que ça. Une vague pointe d'irritation dans mon esprit mais rien de bien méchant. Jusqu'à ce que je rencontre Lindsay.

- Mais tu n'es pas un objet !

J'aimerai bien que tout le monde pense comme elle. Mais a ce train là je finirais par évoluer dans un monde tout rose, où des pâquerettes tomberaient du ciel. Autant dire impossible. C'est comme ça et puis c'est tout. Moi je m'en foutais. Tant que Lindsay restait avec moi j'étais heureux.

- C'est rien. Laisse tomber j'ai l'habitude. Ce ne sont pas trois abruti comme eux qui me foutront le moral à plat. Surtout pas quand je suis en aussi bonne compagnie, lui glissai-je avec un sourire malicieux.

Elle était toujours tendue, comme une boule de nerfs. Je m'approchai d'elle l'enveloppant dans mes bras. Tout ce que je voulais c'était qu'elle se calme. Histoire d'éviter sa transformation et une éventuelle crise de nerf.
Je la pris par la main et l'amenai vers une balustrade puis la forçai à s'asseoir. Là je l'attirai contre moi et me mis à la bercer doucement, comme on l'aurait fait avec un enfant qui avait eu un gros chagrin.
Bizarrement je me sentais ému. Pas à cause de ces bouffons et de leur attitude, plutôt de celle de Lindsay. Que quelqu'un me défende comme ça, gratuitement, enfin pas en échange d'un quelconque service, me faisait vraiment bizarre. Elle paraissait totalement bouleversée par les paroles et les actions des serpentards qui venaient de partir. Moi pas du tout.
Je l'ai déjà dit. Depuis mon plus jeune âge je vis dans un monde remplis de personnes comme eux. Mon père m'a jeté dans la terrible arène du pouvoir en face des ces lions sans une once d'hésitation. Alors forcément j'ai dû apprendre à m'en sortir. Comprendre comment fonctionnaient les jeux de pouvoir, savoir où dénicher le scandale, comment s'en servir pour faire pression... D'un côté je lui en voulais. D'un autre je le remerciai parce que sans ça j'aurais très vite été écrasé par des gens sans scrupules. Et puis comme ça je m'étais aussi fait un nom sans qu'il soit uniquement associé à mon père.

Penser à lui raviva mon inquiétude à propos du mariage. Il fallait que je l'évite. Dès demain j'écrirais à ma mère afin qu'elle m'aide. Il était temps qu'elle aussi se réveille un peu. J'en avais marre qu'elle ne serve qu'à être jolie et à sourire à tout va. En tout cas c'était carrément le contraire de la jeune vélane. Elle, elle était volontaire, intelligente et rusée, déterminé et farouche. Oui, avec elle j'aurais certainement des chances de convaincre mon paternel. Il faudrait certainement que je l'invite chez moi pendant les vacances. A moins qu'Alexander Von Rain soit tellement furieux qu'il ne daigne venir en personne à Poudlard. Peut probable tout de même car si jamais l'affaire venait à s'ébruiter cela entacherait la réputation de notre famille. Enfin un peu plus ou un peu moins me direz vous...

M'efforçant de penser à autre chose je laisse mon esprit dérivé. Le fond de l'air est un peu frais sans pour autant être désagréable. La nuit est claire et les étoiles brilles. Tiens, ça fait longtemps que je n'ai pas fait d'astronomie... J'aimerais bien que cette nuit dure et dure encore. Pour être franc je redoutais le lendemain matin. Comme si j'allais me réveiller d'un rêve merveilleux et amer à la fois. Parce que après tout, quand on touchait un semblant de bonheur pour le laisser filer ensuite, on ne pouvait que être amer, déçu. C'était exactement la sensation que j'éprouvai. Lindsay pouvait très bien décider de lâcher l'affaire. Je ne pouvais m'en prendre qu'à moi même. Enfin plutôt à ma réputation. Parce que j'avais l'habitude de dire que contrairement à ma réputation, je savais ce je faisais.
Dans mes bras, la jeune femme s'agita.

- C'est rien. Laisse tomber j'ai l'habitude. Ce ne sont pas trois abruti comme eux qui me foutront le moral à plat. Surtout pas quand je suis en aussi bonne compagnie,

- Comment peux-tu laisser tomber..? Si tu n'avais pas été là ce... ça aurait été violent.

- Merci Aeron... Je me sens si bien dans tes bras...

- On... On va devenir quoi?

son

- Je veux...