Sur les merveilles des nuits, [...] J'écris ton nom. [ Richard ]

" Start spreading the news, I'm leaving today... "

Le Soleil finissait lentement de se coucher, et on pouvait encore observer une lueur rougeoyante à l'horizon. On entendait encore quelques cris d'oiseaux ou d'animaux inconnu et parfois inquiétant émaner de la forêt interdite, mais la nature semblait déjà plus calme, presque endormie. En baissant les yeux, on pouvait voir de petits groupes d'élèves se hâter vers l'entrée du château, pressés de rentrés à leur dortoir respectif avant la fin du couvre-feu. De vrais moutons. A croire que les représailles était si terrible que ça. Peut être quelques points en moins pour sa maison. Ou deux/trois heure de colle. Rarement plus. Pas de quoi en faire un drame.

" I want to be a part of it "

Une voix féminine s'élevait, douce et mélodieuse. Elle n'avait pas besoin de musique pour oser chanter un morceau, et préférait laisser la pureté de sa voix résonner dans la volière. Oui, elle adorait chanter a capella. Un oiseau pénétra dans la large pièce, brisant un instant le silence qui venait de s'installer. Il traversa le refuge plusieurs fois de long en large, avant de se poser sur un haut perchoir, et de s'endormir dans un petit roucoulement. La jeune fille sourit, et tourna de nouveau la tête vers l'extérieur.

La nuit finissait de tomber, larguant son voile sombre sur le paysage déjà sinistre. La lune, ronde et scintillante, se reflétait déjà sur le lac, qui semblait soudain illuminé de milliers de paillettes. Quelques étoiles bourgeonnaient dans le ciel, leur éclat perçant la fumée soyeuse de quelques nuages passant à vive allure. Un souffle d'air frais s'engouffra par la fenêtre, et tourna un instant dans la pièce close, emportant avec lui quelques plumes arrachées accidentellement. Une certaine agitation se fit sentir au sein des animaux, mais elle se dissipa rapidement, et le calme revint.

La jeune fille frissonna, les yeux plongés dans le sombre paysage, se laissant hypnotiser par les éclats de lune dansant selon les caprices du Lac. Elle frissonna, fermant un instant les yeux. Oui, elle avait froid. Oui, elle aurait mieux fait de prendre un gilet ou une veste. Ou n'importe quoi d'autre. Quelque chose pour couvrir ses épaules nues. Histoire de ne pas attraper froid. Ce serait tellement stupide...

Opale - car tel était son nom - poussa un long soupir, et baissa la tête. Elle regarda un moment ses jambes se balancer au-dessus du vide, un petit sourire aux lèvres. Car ce que j'ai oublier de préciser, c'est que notre jeune héroïne était assise sur le rebord de la fenêtre, scrutant naïvement l'herbe étendue à ses pieds, quelques étages plus bas. A la voir, comme ça, on aurait put penser à un suicide. Mais voyons, pourquoi Opale chercherait-elle à se suicider ? Vous pouvez toujours creuser, vous ne trouverez aucune raison valable.

Opale est riche, issue d'une grande famille de sang pur, et possède tout pour plaire. Bon, elle a de quoi être torturée par son passé, oui. Mais elle est parfaite. Elle a aussi quelques élèves à dos. Mais vous ne trouverez jamais d'aussi sublimes créatures. En fait, Opale est une Vélane. Une Vélane seule, observant la beauté de la nuit du haut des tours, regrettant de ne pas pouvoir monter sur les toits. Et profitant de chaque instant passé hors de son dortoir, et redoutant son retour. Car comme les petits moutons qui s'empressaient de rentrer au château, elle sait que les représailles infligées à ceux rentrés après le couvre-feu sont parfois terribles...

Une silhouette sombre avançait d’un pas rapide et léger à travers le dédale de couloir des cachots. Le jeune homme avait prit l’habitude de se mouvoir ainsi, pas de mouvements superflus mais avec une grâce naturel presque animal. Ici dans le château il était dans son domaine, peu de personnes pouvaient se targuer de connaitre autant de passages secret et de raccourcis. Mis à part James Potter qui était en possession de la carte des Maraudeurs, mais cela il ne le savait pas. De toute manière sa carte à lui était dans sa tête, et le Serpentard était fier de ne jamais se perdre quelques soit l’endroit où il se trouvait, du moins physiquement…
Sortant enfin des cachots, il prit la direction du Hall pour sortir et se dirigeait vers une destination que lui seul connaissait. L’apprenti sorcier fut désolé de constater que les Grandes Portes étaient closes, ne se laissant même pas aller à soupirer la silhouette encapuchonnée prit une autre direction. Arrivant enfin devant une porte, il toqua respectueusement.

_ Je vous prie, s’il vous plait, de me laisser entrer…

Les mots flottèrent dans le couloir sombre pendant quelques secondes, soudainement un grincement étrange se fit entendre et la porte s’ouvrit doucement laissant apercevoir une pièce éclairée par les lueurs de la lune et des étoiles que filtrait la fenêtre. Murmurant un simple merci, le Vert et Argent entrant lentement dans la petite salle. Ne daignant même pas à se retourner quand la porte se referma dans un bruit sourd, le sorcier se dirigea vers la fenêtre et l’ouvrit d’un geste nonchalant avant de sauter par-dessus en un seul mouvement. La chute dura quelques secondes, et un observateur extérieur n’aurait entendu qu’un bruissement de tissus et vu une ombre noir tombait de quelques mètres.
Le niveau du sol n’était qu’à trois mètres, mais pour une personne inexpérimentée cela suffisait à avoir une foulure ou pire une fracture. La réception puis la roulade effectuée par la silhouette sombre et encapuchonnée fut parfaite. Le jeune homme continua sa route de son même pas rapide et feutré, il se dirigeait vers la volière où une missive urgente était en attente d’envoie. A ce même moment une personne se tenait dans la volière faisant vibrer ses cordes vocales, mais cela notre jeune homme ne le savait.
Marchant au possible dans les zones d’ombres, il ne restait que rarement à découvert. Il avait prit l’habitude de cacher ses allées et venues, même quand son visage était caché. Le vert et argent était un homme méticuleux et discret et qui plus est prudent.
Un bruissement soudain se fit entendre, la silhouette s’arrêta et essaya de se fondre au bosquet d’arbre à côté duquel il marchait. Cherchant l’origine du bruit, il fut rassuré de voir que ce n’était qu’un oiseau nocturne venant ramener une proie dans son nid. Un sourire moqueur s’étira sur le visage invisible de la silhouette.

La Volière, grande tour solitaire où venait se reposer et se sustenter les hiboux des élèves et de l’école de Poudlard. Le jeune sorcier se demanda soudainement qui donnait à manger aux rapaces et après un court instant de réflexion l’hypothèse la plus plausible fut qu’un elfe de maison ou qu’un groupe d’elfes devaient s’occuper de cela. Une idée en amenant une autre, il avait entendu dire qu’aux Etats-Unis ils avaient fait une journée sans elfes de Maisons dans le milieu public. Histoire de montrer aux autres la bénédiction qu’était les elfes de maisons. Il imaginait mal Leonard Jedusor retrousser les manches et de passer la serpillère dans la Grande Salle. Sans magie bien sûr sinon c’était moins marrant.
Secouant la tête pour sortir de ses rêveries, le jeune homme se décida enfin à pousser la porte de la Volière. L’odeur qui y trainait n’était pas si épouvantable que ça, où peut être qu’il s’y était habitué depuis. Dans l’obscurité ambiante le jeune homme fit attention où il mettait les pieds et avec une dextérité née de l’habitude, il esquiva habilement les flaques de fientes de hiboux et autres chouettes. Le sorcier encapuchonné ne voulait pas affoler les rapaces en faisant illuminer sa baguette, mais il n’avait pas envie non plus de chercher Strige dans ce fatras de plumes. Heureusement pour lui, il avait dressé son Harfang des neiges à venir quand il sifflait une note particulière.

S’arrêtant au centre de la volière où il devait y avoir une propagation de son assez bonne, le jeune homme au visage caché siffla un trille assez aigu mais non dénué d’une certaine mélodie. Après quelques secondes d’attentes, l’harfang des neiges arriva enfin. Le sorcier tendit le bras pour que l’oiseau ait un support sur lequel il pouvait se reposer. Des mains apparurent enfin de la silhouette sombre et gratta affectueusement le rapace nocturne. Cherchant quelques choses dans une de ses poches intérieures, le Serpentard donna du miamhibou à l’harfang que celui-ci avala goulument. Caressant la tête de celui-ci, il attacha la lettre qu’il devait absolument envoyer à la patte droite de l’oiseau. Le jeune homme avait prit tous ses risques pour un simple bout de parchemin, c’était à n’y rien comprendre non ?
L’apprenti sorcier murmura la destination à l’hibou et l’harfang mordilla doucement le doigt de son maitre avant de prendre son envole, cela faisait des lustres qu’il n’était pas sortie de la Volière en tant que messager. Avec un peu de chance il lui faudra rapporter une réponse à son maitre.

La porte s'ouvrit lentement, hurlant une longue plainte qui se propagea à travers les murs et les couloirs. Bon, d'accord, le grincement n'était pas si terrible que cela, et peut être qu'il avait semblé amplifié avec le silence lourd qui planait dans la pièce. Mais quand même. Dans le genre discret, ça mérite une sale note. A moins que l'inconnu qui avait osé troubler le sommeil des paisibles oiseaux souhaité par la même occasion réveiller les Serdaigles. On ne sait jamais, quelqu'un humilié par les érudits, et ayant soif de vengeance ?

Opale tourna vivement la tête, scrutant la silhouette qui venait de se faufiler discrètement. Ce n'était peut être qu'une ombre, mais elle devina sans mal qu'il s'agissait - probablement - d'un homme. Comment ? C'était bien simple. A moins d'être la pire des malchanceuses, et donc de ne pas avoir de poitrine, et en prime la morphologie typique d'un adolescent mâle, il s'agissait bien d'un garçon. Mais dans le doute, restons prudent. Elle retint un instant sa respiration, ne souhaitant pas être découverte avant d'avoir constater à qui elle avait à faire. Mais il faut bien l'avouer, l'apnée n'était pas non plus son fort. Ainsi, elle se contenta de respirer doucement et silencieusement, comme elle savait si bien le faire après tant d'années à se cacher pour espionner les autres, ou tout simplement pour faire le mur la nuit, et se balader librement dans le château.

Notre jeune vélane n'attendait qu'une chose pour dévoiler sa présence : voir le visage du mystérieux inconnu. Et elle fut bien vite exhaussée. L'homme s'immobilisa au centre de la volière, et poussa un sifflement strident et aigu. Il resta un instant debout, attendant surement une réponse ou un mouvement de la part d'un oiseau en particulier. Et Opale eut ainsi l'occasion tant attendue d'observer le visiteur nocturne à sa guise, et sans une once de gêne. Après tout, il ne l'avait pas vue, et était bien trop absorber par ses petites affaires pour prêter attention à la jeune fille. Pour une fois qu'un jeune homme ne la remarquait pas dès son entrée, autant en profiter.

On ne peut pas dire que c'était le plus beau sorcier de Poudlard, mais le ranger dans la catégorie des "moches" ou des "passables" aurait été injuste. Je sais, c'est puéril de classer les garçons selon nos critères de beauté, mais c'est ainsi. C'est pas non plus comme si on écrivait une liste "des plus beaux garçons". Restons matures. L'inconnu était donc bien un homme, comme Opale l'avait prédit. Brun, grand, plus âgé. A en croire le gallon soigneusement épinglé sur sa cape, il venait lui aussi de Serpentard. Et comme sa tête ne lui disait rien, ce n'était pas un préfet. Autrement dit, elle ne risquait peut être pas d'avoir de sanction. Peut être. Un petit sourire éclaira le visage de la jeune fille, toujours assise sur le rebord de la fenêtre.

Un battement d'aile se fit enfin entendre, et un sublime harfang des neiges vint rejoindre l'homme, toujours debout au centre de la pièce. La jeune vélane plongea un instant son regard dans le plumage blanc du rapace, éclairé faiblement par un rayon lunaire. Elle aussi aurait aimé avoir un oiseau rien qu'à elle, au plumage doux et soyeux, capable d'apporter ses lettres au bout du monde sans se fatiguer, répondant toujours présent à un sifflement. Mais déjà, elle ne savait pas siffler. Ou très vaguement. Et puis elle avait déjà essayer d'en amadouer un une fois, dans sa maison de vacance. Mais elle avait vite abandonné, lorsque son père lui avait fait remarqué qu'on n'amenait pas de faucon à Poudlard. Qu'est-ce qu'il pouvait être pragmatique parfois. Non mais imaginez ! Un faucon nommé Kes ! Enfin vous me direz, la culture cinématographique moldus des sorciers de Poudlard était pauvre. Et puis il avait en quelque sorte raison.

Bref. La jeune fille secoua vivement la tête, détachant son regard de la fourrure de neige de la chouette, sortant par la même occasion de ses pensées. Le mystérieux élève de Serpentard venait de finir d'attacher sa lettre à la patte de son bien-aimé animal, et lui murmurait ses dernières recommandations, ou peut être l'adresse de livraison. L'oiseau le mordilla affectueusement, et pris lentement son envol, laissant s'échapper quelques plumes immaculées qui tournoyèrent un instant avant de rejoindre le sol. Opale suivit le rapace des yeux, le regardant décrire un large cercle dans la pièce, avant de... Lui foncer dessus. Elle devina son air d'effroi, écarquillant les yeux et ouvrant peut être la bouche inconsciemment, restant immobile, comme paralysée. L’harfang passa à toute vitesse par la fenêtre, la frôlant simplement, créant par la même occasion un léger courant d'air qui vint jouer avec les longs cheveux blonds de la jeune Serpentard. Elle poussa un soupir, et regarda de nouveau l'homme.

" Bonsoir. "

Allez savoir pourquoi elle avait parlé. Essayez de deviner quelle idée lui était passée par la tête. Et bon courage. Parce que elle non plus, elle n'en savait rien. Le mot était sorti tout seul, effleurant ses lèvres colorés, brisant le silence qui s'était de nouveau installé dans la volière. Eux aussi n'étaient que murmurer, pourtant Opale eut l'impression de les hurler de toute ses forces, et que tout Poudlard l'avait entendue à cet instant. Elle tordit légèrement la bouche en une moue presque gênée, plantant son regard dans celui du jeune homme qui maintenant la regardait. Attendait-il qu'elle se présente ? Il pouvait toujours espérer, elle n'allait pas prendre plus d'initiative. Il faut savoir rester discrète et s'effacer parfois. Laisser les autres parler et faire le premier pas. Elle s'autorisa un sourire timide, étirant le coin de ses lèvres. Elle était encore plus belle lorsqu'elle prenait cette expression innocente. Et elle le savait.

[HRP: Désoler pour le temps que j'ai mis à répondre et pour la brièveté du message, mais j'ai très peu de temps et peu d'inspiration en ce moment.]

La silhouette sombre c’était déjà détourné, alors même que son messager n’avait pas encore quitté la tour. Marchant de son pas gracieux et vif tout en prenant garde à ne pas glisser lamentablement, il était déjà plongé vers des pensés qui n’avait plus aucun rapport avec la lettre. S’apprêtant à ouvrir une nouvelle fois la porte aux gonds plusieurs fois centenaire à ce qu’il semblait, il entendit soudainement une voix inhabituelle s’élever dans la Volière. Se tournant doucement vers l’origine du son, il leva calmement la tête avant de voir une jeune femme perché au dessus de lui.

Voyant à qui il avait à faire, il resta un long moment silencieux, réfléchissant à ce qu’il allait faire de cette jeune femme, enfin plutôt d’Opale Beauregard. Le jeune homme qui ne paraissait pas surpris, tenait fermement sa baguette magique sous ses longues et amples manches. Néanmoins son immobilité soudaine paraissait étrange, comme si cette absence de mouvement n’était que le calme avant la tempête, la prémisse d’une suite de mouvements rapides dans n’importe quelle direction. C’est ce qui devait donner une certaine lourdeur à l’atmosphère, une tension sous-jacente qui n’attendait qu’un mouvement, qu’une étincelle pour s’enflammer.

Aussi étrange que cela puisse paraître, la silhouette se mit soudainement en branle, se dirigeant d’un pas souple et silencieux qui le caractérisé. Instinctivement il adopta la manière de marcher du Chat-traverse-la-cours. C’était une démarche que son mentor, Orion, lui avait appris, le dos droit mais chaque muscle souple, comme s’il était suspendu à un fil de fer attaché en haut de sa tête. C’était une allure détendu de flâneur, presque arrogante.
S’arrêtant quand il se trouva enfin à la hauteur d’Opale, le jeune homme retira complètement sans capuchon et fixa droit dans les yeux Opale. Ses yeux brillants détaillèrent rapidement la jeune femme, avant qu’un sourire flegmatique s’étira lentement sur les lèvres de Richard. Affectant une révérence affectée, le jeune homme salua avec légèreté Opale.

_ Le bonsoir à vous ma chère Opale, je suis pour le moins surpris de vous voir dans cette tour par cette fraiche nuit.

Le sourire flegmatique s’étira encore un peu jusqu’à ce que Richard montre légèrement ses dents blanches et bien alignées, un éclat malicieux brilla un instant dans les yeux du jeune homme qui ne paraissait nullement surpris. Peut être régnait-il au fond de son regard une pointe d’étonnement mais sans plus. Richard pencha légèrement la tête sur le côté considérant ainsi la jeune femme qu’il avait en face de lui.

Immobile et silencieuse, la jeune vélane fixait l'ombre qui lui faisait face, impassible. Un délicieux sourire étirait ses lèvres douces, tandis qu'elle laissait son regard se promener le long de la silhouette vague, le dévisageant sans gêne. Il ne semblait définitivement pas enclin à engager la conversation. Sinon il aurait déjà répondu. Il ne fallait tout de même pas trois heure pour poursuivre la conversation après des salutations. D'autant qu'il ne lui en avait pas encore présenté. Peut être était-il tout simplement surpris de voir quelqu'un ici à cette heure tardive. Plus probable. Mais cela n'expliquait toujours pas son retard de réponse. Avait-il le souffle coupé face à la beauté d'une de ces belles créatures blondes ? Peu envisageable. Même les plus impressionnables arrivaient à balbutier quelques mots. Bon, qui ressemblaient plus à des cris de bébé animaux agonisants dans le froid de l'hiver qu'à autre chose, mais des "mots" quand même. N'était-ce pas mieux que le silence ?

La belle Serpentard secoua doucement la tête, laissant sa chevelure dorée onduler gracieusement le long de son corps frêle. Sans quitter l'homme des yeux, elle descendit ses pieds du rebord de la fenêtre, s'y agrippant toujours de ses mains. Non pas qu'elle ait un mauvais équilibre, ou qu'elle soit de nature méfiante. Mais elle préférait prévenir de tout mouvement brusque de la part de l'inconnu. Et il lui était ainsi plus simple d'attraper sa baguette dans cette position. Elle ne prévoyait aucun combat, bien au contraire. Mais il était bien connu que les élèves rôdant dans les couloirs la nuit - à son exception - étaient de mauvaises graines, et n'hésitaient pas à jeter des sorts aux indésirables les surprenant. Hors miss Beauregard ne souhaitait pas se retrouvée dans une quelconque situation déplaisante dans la Volière. Car - il faut le dire - elle n'avait de toute évidence aucune envie d'être découverte en fâcheuse position le lendemain, et devenir ainsi la risée des autres élèves.

« Le bonsoir à vous ma chère Opale, je suis pour le moins surpris de vous voir dans cette tour par cette fraiche nuit. »

Il connaissait donc son nom. Elle frissonna doucement, se dégageant habilement de l'encadrement de la fenêtre. L'homme venait de répondre de cette délicieuse voix, qu'elle redoutait tant. Car oui, elle le connaissait. Plutôt bien même. Richard Drack. L'homme qui lui pourrissait la vie. Car en plus d'être le brillant copain de l'une des filles qui haïssait le plus Opale, le Serpentard possédait le même "don". Oh non, il n'était pas vélane, il suffisait de regarder sa tête pour voir que de toute évidence il ne s'agissait pas de cela. L'homme avait juste eus la bonne idée d'être - lui aussi - un expert en potion. Non pas qu'Opale n'aimait pas la compétition, surtout celle inter-maisons, loin de là. Mais devoir partager la première place - celle de "génie" - avec lui, cela l'obsédait. Elle en avait même déjà cauchemardé, la pauvre petite.

Elle étira un peu plus son sourire radieux, dansant quelques pas légers. Elle aurait pu être adorable, vue par d'autres yeux. Mais elle se savait intouchable par le regarde de Drack. Ce qui avait aussi tendance à l'énerver un petit peu. Simple fierté. Elle s'arrêta face au sorcier, droite et fière. Le fixant de ses yeux pâles, Opale esquissa une petite moue pensive, cherchant ses mots avec soin. Car si la plupart des jeunes sorciers de Poudlard avaient un vocabulaire assez réduit, il était évident pour notre jeune vélane que l'Art de parler dépassait tous les autres. Il était donc indispensable de choisir ses mots avec soin. Ce fut donc après un bref instant de réflexion, qu'elle laissa à nouveau sa douce voix s'échapper de sa bouche.

« Tout le plaisir de cette rencontre est pour moi mon cher Drack. »

Le nommer par son nom. Une forme de respect vis à vis de son ainé. Peut être aussi pour installé une sorte de distance entre eux. Sûrement l'amertume de la potion. Vous savez, la matière dans laquelle lui aussi il excelle. Elle marqua une courte pause.

« Je trouvais cette nuit particulièrement belle. Pas spécialement fraiche, au contraire. Il n'y a rien de mieux qu'un petit vent frais pour se détendre, non ? »

Encore l'un de ses jolis sourires, dévoilant ses dents blanches et parfaites. Elle lança un regard rêveur en direction du ciel étoilé, comme pour l'inciter à regarder par la fenêtre. Qui donc pouvait résister à l'appel de la Lune, si ronde et si belle ? Pas Opale. Elle reporta son attention sur Richard, prenant un faux air gêné, un brin coupable.

« Mais je vois que je te dérange... Elle se permettait même de le tutoyer. Je n'abuse plus de ton temps alors. »

Elle se recula doucement, retournant près de sa fenêtre adorée. Elle y grimpa doucement, s'accroupissant sur le rebord, à moitié dans le vide. Puis, relevant la tête, elle se tourna légèrement vers Drack, abordant toujours son petit air réjouit. Elle le fixa un instant, silencieuse, comme si elle tentait de communiquer par la pensée, puis elle se décida à desserrer ses lèvres roses, pour lui adresser un dernier mot.

« Je te souhaite une bonne fin de soirée. »

Un dernier sourire et elle disparaissait de la fenêtre, se laissant tomber doucement. Ses cheveux volèrent une dernière fois avant de laisser sa silhouette s'estomper dans la nuit, comme un curieux rêve inventé une nuit par un somnambule.