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 La terre est ronde, le ciel est bleu. Prenons notre pied comme on peut ♦Ludwig.

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La terre est ronde, le ciel est bleu. Prenons notre pied comme on peut ♦Ludwig. Vide
MessageSujet: La terre est ronde, le ciel est bleu. Prenons notre pied comme on peut ♦Ludwig.   La terre est ronde, le ciel est bleu. Prenons notre pied comme on peut ♦Ludwig. EmptyJeu 27 Jan - 23:35

Je ne sais plus exactement depuis combien de temps j'étais couchée là, au beau milieu de la forêt interdite. Les étoiles m'entouraient, et me narguaient. Elles dansaient dans le ciel tel un million de lanternes, alors que je n'étais même pas capable de me lever de ce putain de sol. Il me retenait, entourait ses bras autour de ma taille et m'empêchait de bouger. Je n'avais pas la force de me débattre, je n'étais capable que de respirer et de cligner des yeux. Nitro tournait autour de moi. Mon chat si effrayant mais si affectueux. Je n'allais que rarement sans lui. Il était mon guide quand tout allait mal, il était celui qui me remettait dans le droit chemin. Je n'avais jamais eu d'amis, mais je n'en avais pas besoin. Je l'avais lui, et c'était amplement suffisant. Ce soir, il dessinait un cercle de feu autour de moi. Un cercle qui empêchait toute nuisance de m'atteindre. Je n'entendais pas le bruit du vent, ni les battements d'ailes des oiseaux. Seulement son pas, décidé et pourtant si doux, sur le sol. Les étoiles dansent toujours autour de moi. Elles dansent en accord avec ses pas. Tout ce décor ne fais qu'un, je suis la seule intruse. J'aimerais m'en aller, courir jusqu'à ce que mes jambes n'en puisse plus, jusqu'à ce que mon souffle s'arrête. Mais je ne peux pas bouger, et Nitro a dessiné un cercle de feu autour de moi. Il est temps que j'avoue que je suis totalement défoncée. J'avais déjà commencé ma soirée en me piquant avant de venir faire un tour dans ces bois. C'est toujours ici que je viens quand j'ai envie de rire. Croyez le ou non, un jour un arbre m'a parlé et m'a pris dans ces bras. Il avait une voix grave et sévère, mais était en fait très gentil. Il m'a raconté de quelle manière les gens qui venaient ici le traitaient habituellement. Je me suis rendue compte ce jour là qu'on ne fait jamais assez attention au monde qui nous entoure. Mais cet arbre avait mal. Je lui ai donc promis de tuer quiconque ferait du mal à un arbre devant moi. Seulement, je suis toujours seule dans ce bois. Seule avec Nitro. Et Nitro ne ferait pas de mal à un arbre. Parce qu'il sait que les arbres ne nous ont rien fait. Il n'est méchant qu'avec ceux qui tentent de me faire du mal. Mais je m'égare. Arrivée dans les bois, j'ai trouvé des champignons étranges. Ces bêtes là vous tombe toujours dessus au moment où vous vous y attendez le moins. Je me suis laissée tenter, et je les aient tous mangés. Je suis sûre que les arbres m'auraient compris. Les champignons ne sont pas leurs amis. Ils volent leur territoire en s'étendant, s'étendant, s'étendant encore. Il paraît que les champignons hallucinogènes font ressortir vos plus grandes peurs. Je vous le confirme. Ma plus grande peur est de me retrouver impuissante, incapable de faire quoi que ce soit dans un moment où j'aimerais tuer plusieurs personnes. Ces personnes, ce sont les étoiles. Elles ne veulent pas s'arrêter de danser, et j'aimerais tellement qu'elles s'en aillent. Mais elles dansent, dansent, et restent là.

Il y a une personne qui vient souvent dans ces bois. Il y vient souvent car il y travaille. Il y travaille car il est professeur de soins aux créatures magiques. Il est donc autorisé à entrer dans la forêt interdite. S'il y a une personne qui peut arrêter ses étoiles de danser, c'est lui. Nitro pourrait s'il était plus grand. S'il avait la taille d'un centaure, il enverrait un coup de patte en l'air et les millions d'étoiles se briseraient, et feraient moins les fières. Mais il est bien trop petit. Il est temps que j'avoue que je me retrouve souvent ici, totalement incapable de bouger. Tous ses soirs là, environ trois nuits par semaine, c'est sa peau contre ma peau et... non mauvaise chanson. Environ trois nuits par semaine, il vient me chercher ici, et me ramène dans ses appartement. Je me plais à imaginer qu'il est un prince et qu'il m'emmène dans son château. Uniquement parce que je suis défoncée, je n'adhère pas du tout au concept du prince charmant. J'ai besoin de changer d'air très souvent. La routine m'effraye autant que l'amour. Je ne sais pas vraiment si les choses se passent ainsi. En réalité, je me souviens rarement de ces soirées. Je sais juste que je me réveille dans ces draps le lendemain. Je ne sais pas s'il m'apprécie. Je ne sais pas si je l'effraye autant qu'il m'effraye. Il m'est quand même d'une grande aide. Nitro tourne toujours autour de moi avec le même rythme, mais je crois pouvoir discerner un autre bruit. Sans vraiment savoir d'où il vient, j'espère que ce soit lui. J'ai besoin qu'on m'aide, qu'on me sauve. Mais il n'est pas la bonne personne. Je le soupçonne de ne pas m'aimer. Ou peut-être que je l'effraye. Il ne m'effraye pas, en tout cas. Il me rassure. Je ne sais pas, je me contente d'espérer..
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La terre est ronde, le ciel est bleu. Prenons notre pied comme on peut ♦Ludwig. Vide
MessageSujet: Re: La terre est ronde, le ciel est bleu. Prenons notre pied comme on peut ♦Ludwig.   La terre est ronde, le ciel est bleu. Prenons notre pied comme on peut ♦Ludwig. EmptyVen 28 Jan - 1:51

    C’était un calvaire, un vrai cauchemar. Ludwig craignait ces moments-là où il lui était impossible de jouer une seule note. Il avait beau jouer n’importe quoi, tout sonnait faux. Même les cloches ne sonnaient plus les matines, et pierrot ne semblait pas vouloir prêter sa plume. Les mains tremblantes, le musicien avait peur. Son état était vraiment inquiétant. Il savait très bien pourquoi il n’arrivait à rien. A cet instant, il avait juste envie de courir jusque sa chambre, et de lui faire avaler toutes ses substances illicites pour lui donner le rôle de la belle au bois dormant. C’était une belle fin, et il était persuadé que mourir de la sorte lui plairait beaucoup. Seulement, pour mener ses menaces à exécutions, il faudrait peut-être qu’Heroïne soit dans sa chambre, et non dans la forêt interdite. D’ailleurs, Ludwig ne comptait plus les soirs où il s’y rendait pour le travail et la trouvait, des étoiles plein les yeux en train de regarder le ciel, des marques de seringues sur les bras. Et à chaque fois qu’il la voit dans cet état, il s’arrange pour qu’elle ait la force de se relever et de rentrer au château, puis s’enfui. Pourtant, il aurait eu l’occasion de la faire renvoyer pour de bon…
    Minuit sonna à la pendule de la salle de musique. Ludwig ne put s’empêcher de sursauté, persuadé qu’il n’était là que depuis cinq minutes. A vrai dire, il était là depuis des heures. Il se leva d’un bon. Tant pis, la musique l’évitait, il allait l’éviter. Du moins, seulement pour la nuit. Vivre sans elle était impossible. Après avoir refermé le piano, il quitta la salle pour aller se coucher. Après tout, il était tard, et le travail qui l’attendait demain promettait de l’épuiser plus qu’il ne l’était. Sa tête ne voulait penser qu’à une chose, Héroïne. Le regard dans le vide, il ne voyait ni les cadres accrochés au mur, ni les portes qui se présentaient à lui. Au fur et à mesure qu’il marchait, la fatigue montait en lui comme une marée noire. Et puis, plus rien…

    Ludwig se retrouva en face de la forêt interdite. Il ignorait comment il était arrivé jusqu’ici. Du moins, il savait très bien qu’il avait marché, mais il ne se souvenait plus rien du chemin. Impossible. Cela recommençait et c’était de la faute de cette fille, il en était persuadé. Elle était bien plus dangereuse qu’il ne le pensait. Héroïne le rendait fou. La fascination qu’elle lui provoquait l’avait attiré jusqu’ici. Et là, il était trop tard pour faire demi tour. Il n’avait pas envie de retourner au château. Ce qu’il voulait, c’était aller dans la forêt interdite.
    D’un pas décidé, il continua son chemin. Il la trouverait, il fallait qu’il la trouve. Un part de lui-même le poussait à aller la voir, et l’autre moitié voulait l’obliger à fuir. D’habitude, le vainqueur était toujours la fuite, mais cette fois, le mauvais côté l’emporterait. Il essaya de se rassurer en se disant que juste une seule fois ne le mènerais pas au trépas.
    Avançant d’un pas lent, le sorcier regardait partout autour de lui. Il cherchait un indice, un signe, n’importe quoi. Il l’avait trouvée de nombreuses fois sans la chercher, et maintenant qu’il la cherchait, il avait l’impression de chercher en vain. Les ténèbres ne lui faisaient même pas peur. Un horrible monstre pouvait bien lui sauter dessus, il s’en fichait. De toute façon, les créatures magiques, ça le connaissait. Mais se balader en pleine nuit dans la forêt interdite était encore moins rassurant qu’en plein jour. Ludwig n’avait pas peur, mais d’ordinaire, il était juste plus méfiant.
    Sans s’en rendre compte, il se mit à avancer de plus en plus vite. Il en devint presque essoufflé. Encore une heure comme ça et il était bon pour s’endormir ici. Mais la chance se mit à lui sourire. Alors qu’il s’apprêtait à rebrousser chemin pour chercher autre part, il la trouva.
    Elle était là, allongée, comme à son habitude. Son horrible chat ne manquait pas à l’appel non plus. D’ailleurs, à peine aperçut-il Ludwig qu’il accouru vers lui pour le griffer. Il ignorait pourquoi, mais cette sale bête ne l’aimait pas. Pourtant, les bêtes sont normalement sous son charme et sous celui de sa musique.
    Le musicien souffla un bon coup, puis s’avança vers Héroïne. Cette fois, il ne ferait pas seulement en sorte qu’elle puisse se relever. Non, il comptait bien lui parler. Et alors qu’il s’accroupit à côté d’elle, la vision de son cauchemar musical lui revint en tête. Et là, le bon côté reprit le dessus. Il n’allait pas partir, ça serait bien dommage. Lui faire mal était une bien meilleure idée. Après tout, elle le méritait. Pour qui elle se prenait pour oser envahir ses pensées au point de l’empêcher de jouer ?

      « Vous n’avez rien à faire ici. »


    Ludwig la souleva rapidement pour la mettre assise, de manière à ce que la drogue monte efficacement au cerveau. Elle avait peut être l’habitude, mais elle ne pourrait pas échapper aux principes de la drogue. A moins qu'une fois de plus, elle l'étonnerait.

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MessageSujet: Re: La terre est ronde, le ciel est bleu. Prenons notre pied comme on peut ♦Ludwig.   La terre est ronde, le ciel est bleu. Prenons notre pied comme on peut ♦Ludwig. EmptyVen 28 Jan - 23:39

Les pas de Nitro se faisaient de plus en plus rapides. Il semblait affolé, ne savait que faire. Quant à l'autre bruit, il se rapprochait encore et encore, jusqu'à devenir plus fort encore que les pas de mon chat sur le sol. Je ne sais pas vraiment si fort était le mot qui convenait. Peut-être intense aurait été plus adapté. Ce pas devait être ce que j'attendais. Je n'y voyais pas d'autre explication. Il venait faire peur aux étoiles, il les troublait dans leur valse qui aurait pu sembler éternelle. Plus personne ne semblait battre la mesure. Le chef d'orchestre s'était peut-être endormi, la lune s'était peut-être cachée. Elles dansaient maintenant une valse sans queue ni tête. Une valse à vingt temps c'est beaucoup plus troublant mais beaucoup plus charmant qu'une valse à trois temps ! (Jacques Brel) Seulement, les étoiles ce soir n'avaient pas l'art de rendre cette valse à mille temps charmante. Elles partaient à présent dans tous les sens, et personne ne semblait pouvoir les retenir. J'étais bien plus heureuse que lorsque j'avais découvert mes pouvoirs. Bien plus heureuse que le jour où j'avais appris à faire du vélo, que le jour où j'avais marché pour la première fois. Cette fois c'était un soulagement, une libération. Et je pensais, non je savais à qui je devais ce soulagement. Il n'était pas encore là, mais je sentais déjà sa présence. Une présence rassurante et effrayante en même temps. Il venait chasser mes plus sombres cauchemars, mais devenait le pire de mes cauchemars tant il les chassait violemment. J'avais peur, et j'avais hâte. Hâte qu'il arrive, qu'il me relève. Que ses étoiles s'en aillent pour de bon. Qu'elles quittent ce monde pour ne plus jamais revenir. Que je quitte ce monde pour ne plus jamais revenir. Que sa musique m'emporte loin de toute cette cohue, qu'il me sauve. Seulement, il mettait du temps à arriver. Ses simples secondes me semblaient des heures, j'avais l'impression que le sol m'enveloppait petit à petit. Je ne serais bientôt plus qu'un souvenir, prise à jamais dans ce maudit sol.
Mais tout s'arrêta d'un coup. Nitro cessa de marcher, et toutes les étoiles s'immobilisèrent. Les pas s'arrêtèrent, eux aussi. Le sablier du temps semblait avoir épuisé tous ses grains jusqu'au dernier, et j'étais la seule personne non affectée par ce changement. Puis mon chat se mit à courir. Il sauta, et j'entendis une personne pousser un léger gémissement. Je le savais maintenant, c'était lui. Il voulait surement me faire du mal, pour que Nitro le haïsse ainsi. Il ne haïssait que ceux qui tentaient de me faire du mal. Mais je l'ai déjà dit. Seulement, je ne voyais pas dans quelle mesure il pourrait me faire du mal. La seule chose qu'il fait, c'est m'emmener dans sa chambre quand il me trouve dans un état pitoyable sur le sol. Le plus souvent il ne dit rien. Du moins je crois. Il posa un genoux à terre, juste à côté de moi. Il sembla hésiter, et reprit son souffle. J'entendais le moindre de ses mouvements, c'était comme si notre entourage amplifiait le moindre de ses gestes. Lorsqu'il parla, je crus que j'allais hurler. Je ne me souvenais pas d'avoir déjà entendu sa voix. Inutile de vous dire que je ne vais pas en cours de soins aux créatures magiques. Je ne vais déjà pas dans les cours obligatoires...

_Vous n’avez rien à faire ici.

Il me souleva rapidement, comme si sa vie en dépendait. Toute la drogue que j'avais consommé préalablement aurait du me remonter au cerveau. Au lieu de ça, mes yeux allèrent rouler à l'autre bout de la forêt interdite. Tout devint sombre, et il me fut donc impossible de distinguer les traits de son visage. Je ne l'avais pas encore regardé, et j'aurais vraiment aimé le voir. Je n'avais aucune envie de lui parler. Pourtant, il faudrait bien que je lui demande d'aller me chercher mes yeux à un moment ou un autre. Du moins, je le pensais. Au lieu de ça, je sentis bientôt Nitro venir se frotter contre moi. Il portait mes deux yeux sur son dos, l'air solennel. Il n'y avait rien d'étrange au fait qu'un chat porte des yeux sur son dos. Tout ceci n'est que dans votre tête.
En attendant, le sol avait enfin cessé de m'attirer vers le fond. Et maintenant que j'avais récupéré mes yeux, je pouvais Le voir. C'était lui qui n'avait rien à faire dehors. Il avait une tête de psychopathe, et les cheveux en bataille. Ses yeux semblait eux aussi prêt à se faire la malle, tant il semblait faire d'efforts pour les tenir ouverts. Il serait surement plus beau lors de son enterrement. Il me fallut beaucoup de temps pour trouver en moi la force nécessaire pour passer ma main dans ses cheveux. Mais lorsque mon bras accepta enfin de me décoller du sol, ma main mit un peu d'ordre sur son crâne. J'espérais vraiment que je ne ressemblais pas à ça. Personne n'est beau défoncé. Mais ce n'est pas une excuse. Il n'est pas n'importe qui.

_Vous êtes vous regardés, avant de vous autoriser à me juger ainsi. Même votre chemise n'est pas en ordre, et c'est sans parler de votre mine. Vous m'avez l'air d'un mort qu'on aurait réveillé en pleine action en enfer, si vous voyez ce que je veux dire ! Pensez vous vraiment me faire croire que vous venez travailler dans cet état ? Certes j'ai perdu mes yeux, certes les étoiles m'ont nargué, mais j'ai au moins de choses à faire ici que vous.

Je ne me souvenais plus de ce que je venais de dire. Je m'aperçus juste que ma main s'était glissé sur son torse, surement pour exprimer une idée. Je n'en savais strictement rien. Il allait surement m'envoyer au diable, me jeter dans un buisson afin qu'on ne me retrouve jamais. C'était la première fois que je lui adressais la parole. Je ne connaissais même pas son nom. Mais je n'étais qu'à quelques centimètres de lui, et mes doigts descendaient lentement de long de sa chemise à moitié défaite.
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MessageSujet: Re: La terre est ronde, le ciel est bleu. Prenons notre pied comme on peut ♦Ludwig.   La terre est ronde, le ciel est bleu. Prenons notre pied comme on peut ♦Ludwig. EmptyDim 30 Jan - 15:43

    A cet instant, Ludwig aurait bien voulu la laisser tomber par terre et partir en courant, comme s’il était poursuivi par un dragon de six mètres de long. Mais il était bien plus courageux que ça. Il avait affronté l’alcool et la folie, ce n’était pas une simple fille qui allait lui faire peur ! D’accord, elle était loin d’être simple, et elle lui faisait peur. Mais il devait l’affronter pour arriver à ses fins. Il la regardait reprendre ses esprits, songeant qu’il devrait mettre un coup de pieds au derrière du chat pour qu’il s’en aille. Sale bête. Et s’il le perdait dans les bois ? Il se ferait peut être mangé par une araignée ou par un loup garou. Comme ça, il serait tranquille et Heroïne aurait sans doute mal. C’était tout ce qu’il voulait. Astucieux, n’est ce pas ? Il y réfléchirait, pour l’instant, il avait autre chose à faire. A se coiffer par exemple. Parce que visiblement, la jeune fille crut bon de passer sa main dans ses cheveux pour y mettre un peu d’ordre. Ludwig faillit sourire. Mais il se retenu au dernier moment. Il ne pouvait pas sourire, pas à elle. Pourtant, elle méritait bien un sourire. Après tout, Héroïne avait réussi à surmonter sa faiblesse quelques secondes pour lever son bras. Effort surhumain.

    « Vous êtes vous regardés, avant de vous autoriser à me juger ainsi. Même votre chemise n'est pas en ordre, et c'est sans parler de votre mine. Vous m'avez l'air d'un mort qu'on aurait réveillé en pleine action en enfer, si vous voyez ce que je veux dire ! Pensez vous vraiment me faire croire que vous venez travailler dans cet état ? Certes j'ai perdu mes yeux, certes les étoiles m'ont nargué, mais j'ai au moins de choses à faire ici que vous. »

    Les yeux perdus dans ceux de la jeune fille, Ludwig essayait de comprendre ce qu’elle disait. A vrai dire, il n’avait pas écouté. Il était plus préoccuper sa main qui n’avait rien à faire sur son torse. Décidément, la fatigue ne lui allait pas du tout. Il se sentait tellement impuissant qu’il n’arrivait pas à enlever la main de la belle Héroïne qui parcourait dangereusement sa chemise. Ludwig cligna des yeux pour se reprendre. Il n’allait pas se laisser faire comme ça, Héroïne ou pas. Il se décida enfin à prendre le bras de la jeune fille et de le poser par terre. Puis, il regarda sa chemise. Il est vrai que son état était pitoyable. Il n’osait pas imaginer l’allure qu’il pouvait avoir. Il aurait certainement un mouvement de recul en se regardant dans une glace. Et il aurait peut être du mal à se reconnaître lui-même. Mais tant pis, après tout, il n’avait pas à se faire beau pour quelqu’un, même Héroïne.

      «Charmante demoiselle, je ne voudrais certainement pas entrer en compétition avec vous pour savoir quel est celui qui a l’état le plus pitoyable, mais moi au moins je n’ai pas de marques douteuses sur les bras.
      J’avoue que je ne suis pas là pour le travail, mais j’ai tout de même le droit de venir ici, contrairement à vous. »


    En regardant la marque de la seringue sur le bras de la jeune fille, il remarqua une pauvre seringue, abandonnée à côté d’elle. Et visiblement, il en restait. Ludwig la saisit afin de l’envoyer loin d’Héroïne. Elle en avait assez pour le moment. Seulement, la seringue entre les doigts, il eut la soudaine envie de se piquer. Il se revoyait déjà dans un état euphorique en train de voir des feux d’artifices et des étincelles. Il regarda Héroïne pour être moins tenté. Puis il ferma les yeux, et jeta la seringues aussi loin qu’il le pu. C’est-à-dire pas très loin, mais assez pour que personne ne puisse la retrouvée. Le gaspillage de drogue n’eut pas l’air de plaire à Nitro qui bondit sur le musicien et cru bon de prendre ses cheveux pour une pelote de laine. Sous le poids du chat, Ludwig s’écroula sur la jeune fille, essayant tout de même de mettre ses mains derrière la tête pour ne pas qu’elle se fasse mal. Le chat finit par se lasser rapidement, et retourna sur la terre ferme, comme si de rien était. Il avait plutôt l’esprit de contradiction, ce matou. En sautant sur Ludwig, il venait non seulement de le faire basculer sur Héroïne, mais de sa faute, le musicien avait également percuté la tête de la jeune fille, pour ensuite se retrouver à une distance dangereuse de ses lèvres.
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