Beaucoup disent me connaître. Ils sont bien drôles. C’est vrai, le seul côté que je montre, c’est évidemment le bon ! A première vue, j’ai l’air d’un joyeux luron qui a gardé son âme d’enfant. Toujours souriant, j’exprime trouve ma joie dans la musique. C’est bien simple, sans une belle mélodie, je ne peux pas vivre, et mon sourire s’efface à la moindre réflexion. Mais ne parlons pas de cauchemars pour l’instant. Je ne voudrais pas vous faire peur. Mieux vaut commencer par les bonnes choses. En parlant de bonnes choses, le rire en fait partie. J’aime plaisanter, que ce soit pour me moquer ou pour dire n’importe quoi. Mais les moqueries ne sont jamais bien méchantes, sauf si je veux détruire quelqu’un. Et croyez-moi, si vous êtes ce quelqu’un, vous le regretterez. Sachez que je suis plutôt déterminé, ou plutôt têtu. Inutile de vous dire que vous vous en sortirez avec une simple humiliation de bas étage.
Si je n’étais pas devenu professeur, j’aurais certainement vécu une vie de bohème, où j’aurais composé pour pouvoir voyager de pays en pays. Mais la vie l’a décidé autrement.Je dois vous dire tout de suite que je suis plutôt rêveur. Certains diraient même que je suis « lunaire ». Je ne les contredits pas. En observant le monde, j’ai parfois l’impression de venir d’un autre monde tellement je me perds dans l’incompréhension. Pourtant, je n’ai pas l’impression d’être idiot, je suis même intelligent. Surtout dans le domaine musical. D’ailleurs, je m’en sers pour persuader les gens. Il faut dire que je suis plutôt doué dans la persuasion. Je ne suis pas un manipulateur non plus…Enfin, je ne crois pas ! Mais sachez que je ne suis pas influençable, alors inutile de me prendre par mon propre jeu. Je cède pas ni chantages, et ni à la forte pression. Je ne suis pas quelqu’un de fragile, bien au contraire. Me détruire est bien difficile…

Pourtant, sous mes airs d’homme solide, il y a bien une chose qui peut me détruire. La folie, que ce soit mental, ou alors que je sois fou de quelqu’un. Mais c’est un secret, personne n’est sensé le savoir. Il m’arrive parfois de devenir totalement déjanté. Un simple détail peut laisser envahir la folie. Le problème, c’est que je ne sais jamais lorsque cela arrive. Alors si vous me voyez hurler et devenir hystérique, ne vous inquiétez pas. Dans ces moments-là, je divague complètement. J’ai d’ailleurs eut une période où je n’étais plus moi-même. J’aurais peut être dut être interné. Alcoolique, débauché, je les collectionnais.
Que dire d’autres, à part que j’aime le danger. Je ne sais pas pourquoi, mais mettre ma vie en danger m’amuse beaucoup. Chacun ses jeux, me direz-vous.

Il est assez rare que je reste planté devant un miroir pour voir à quoi je ressemble. Mais quand cela m’arrive, tout ce que je vois, c’est un visage assez pâle, un peu maquillé lorsque je sors d’un concert. La blancheur est contrastée par mes yeux noisette. Beaucoup rêvent d’avoir des yeux bleus, mais pas moi. Mes yeux me conviennent parfaitement. Mes cheveux ? Je ne les vois rarement coiffés. Un coup de peigne le matin, et le tour est joué. Je laisse le plaisir de rester des heures dans la salle demains aux belles dames. Pourtant, j’ai l’air d’être quelqu’un de très soigné, presque perfectionniste au niveau du physique. Je suis désolée de vous décevoir, mais je n’y suis pour rien. J’ai rencontré une personne qui ne m’a pas cru, elle m’a d’ailleurs dit que j’avais l’air d’un espèce d’elfe avec une démarche de lutin. Oui, j’ai une façon de marcher plutôt légère et dansante, mais ce n’était pas une raison. Et je ne suis pas quelqu’un de petit, donc sa remarque n’avait aucune raison d’être.
Je ne pourrais pas me qualifier de beau ou de repoussant, c’est à vous de voir.

Certaines personnes accordent beaucoup trop d’importance à leur style vestimentaire. Ils se permettent même de critiquer ceux qui sont habillés comme de pauvres sacs poubelles. Je ne fais pas partie de ces gens-là. A vrai dire, je pourrais bien être habillé avec des habits troués et des chaussures en carton. Mais peut être parce que je me fiche du regard des autres. Non pas que le ridicule me gêne, mais en dehors de ma folie, j’aime porter de longue vestes au-dessus des chemises. Habits colorés ou pas, j’aime que ce soit classe. Sinon, ça ne sert à rien. Après, je ne vais pas m’énerver en me rendant compte que ma chemise ne va pas avec mon pantalon. Cela serait bien débile. En tout cas, je n’aime pas trop être vêtu de noir comme à un enterrement. Il faut dire aussi qu’arriver devant les élèves avec des couleurs vivent n’est pas le mieux à faire non plus. J’ai déjà l’air d’un clown, alors je préfère respecter la fameuse citation « L’habit ne fait pas le moine. »

Cela faisait bien longtemps que je n’avais touché à une substance illicite. Trop longtemps même. J’avais perdu l’habitude. Mon état était tel, que j’avais du mal à reconnaitre la lune. Elle était floue. Tout comme ce qui m’entourait. Je ne savais même pas où j’étais, ni comment je m’y étais rendu. J’étais là, assis dans l’herbe à regarder une grande étendue d’eau. C’était impressionnant comme des plantes hallucinogènes pouvaient détraquer un pauvre musicien. Soit je riais, soit je pleurais. Il n’y avait pas de juste milieu. Tout ce que je savais, c’est qu’il fallait que je rentre. Après tout, je ne devais pas être ici. Lorsque je regardai autour de moi, je vis une vingtaine de petits lutins qui m’encerclaient. Le plus drôle ? J’ignorais depuis combien de temps ils étaient là. Il faut dire qu’ils étaient tellement discrets. Mais cette discrétion ne dura pas. Les petits être me regardaient fixement, tel un seul homme, puis, il se mirent à taper des mains et à chanter une immonde chanson. Je portai ma main à mes oreilles, essayant de masquer ce bruit infâme. Ils chantaient tellement faux que je me fichais totalement de la cacophonie qu’il pouvait faire. Ils auraient bien pu chanter juste, et continuer ainsi…
Je dus souffrir dans cet enfer encore quelque minute. Puis, ils en eurent assez, et s’arrêtèrent de chanter. Ils me dévisageaient, comme si j’étais un intrus dans leur monde parfait de lutin. Ils avaient des visages assez vicieux, qui donnaient l’impression qui voulaient tout savoir sur moi. Un sourire mesquin aux lèvres, ils n’attendirent pas une seconde de plus avant d’hurler en cœur quelque chose qui ressemblait à « Z’êtes qui , z’êtes qui ? ».
Je failli me mettre à rire. Ils étaient plutôt drôles. Seulement, ce n’était pas le moment. Ils étaient trop nombreux et pourraient m’arracher les cheveux trop facilement. Je choisis donc de leur obéir et de me présenter. D’un bon, je me levai, et je fus pris d’une envolée lyrique.

« Je suis Ludwig Van Glasgow. Je suis né le 11 septembre, dans une petite ville d’Ecosse que vous ne connaissez certainement pas… Mes parents ? Deux sorciers assez connus pour la pureté de leur sang. Personnellement, je n’ai jamais compris la différence que la classe de sang pouvait faire… Je me souviens que mes parents m’ont toujours dit que je me plaisais beaucoup en Ecosse lorsque je n’étais qu’un enfant innocent. Maman et papa Glasgow avaient beaucoup d’argents, et m’offraient tout ce que je voulais. Heureusement pour eux, je n’étais pas capricieux… Enfin presque pas. Tout ce que je voulais, c’était un piano. Je n’eus pas le temps d’en faire un rêve, puisque je n’eus qu’à claquer des doigts pour l’avoir. Je passais mes journées à apprendre à jouer. Mes parents s’en inquiétèrent d’ailleurs. A six ans, je n’avais pas d’autres occupations. La seule chose que je faisais en dehors de la musique, c’était regarder mes parents faire d’incroyables choses. Ils me disaient toujours que je serai comme eux, des sorciers, qu’il fallait juste que je patiente. Je ne dut pas attendre bien longtemps. Le soir de mon septième anniversaire, alors que je jouais du piano, une multitude d’animaux arrivèrent devant ma porte. Des chats, des chiens, des chouettes, des rats, tout ce qu’on peut imaginer. Ebahit, je m’arrêter immédiatement de jouer, et commençai à faire des geste brusque avec les bras pour les chasser. Non pas qu’ils me dérangeaient, mais ma maison était loin d’être un ferme. Avec mes grands gestes, je réussi seulement à faire tomber un tableau de ma mère, ainsi que le lustre. Je me tenais à quelques mètres deux et je ne les avais pas touchés. C’était donc ça, être sorcier ?
Les années passèrent, et je les vécu dans la musique. A quoi bon penser à autre chose ? J’en étais passionné. Mais, ma vie paisible d’apprenti musicien dura seulement jusqu’à ce que je reçoive ma lettre pour Poudlard. Autant dire tout de suite que je ne voulais pas y aller. Mais j’étais bien obligé ! Arrivé là bas, j’avais l’impression de ne rien comprendre…Non, je ne comprenais rien. La magie, c’était plutôt facile, un jeu d’enfant. Mais c’était plutôt la mentalité des élèves que je ne comprenais pas. Les quatre maisons provoquaient quelques tensions. Par exemple, les Serpentards prenaient plaisir à m’embêter, seulement parce que j’étais un Serdaigle. Pathétique, n’est ce pas ? Heureusement, je les remis bien à leur place et me fis vite respecter. C’était plutôt bien là bas. Je voyageais entre la salle de musique et les salles de cours. J’arrivais à composer et à apprendre la sorcellerie, que demander de mieux ? Mais j’avoue que cette école ne me servit pas à grand-chose. Quand j’en suis sorti, tout ce que je voulais être, c’est être musicien. Alors l’école de magie était inutile pour moi. C’est bien ce que regrettaient mes parents ! D’ailleurs, le ministère de la magie me proposa un poste en tant que professeur de musique pour jeunes sorcier. J’ai refusé. Je n’étais pas du tout intéressé. Les gens diront ce qu’ils voudront, mais j’ai eu raison ! Peu à peu, je commençais à être connu. Concerts après concerts, je faisais la fierté de mes parents. C’était bien plus beau qu’un rêve. J’avais tout pour être bien. Mais comme tout rêve, le retour à la réalité est très difficile. Je ne me souviens plus très bien du réveil… Je sais juste que j’avais 23 ans lorsque j’ai tué mes parents… Enfin je crois. Je ne sais plus ni pourquoi ni comment, mais c’était un soir de pleine lune, où je me suis certainement un peu trop énervé. Trois mois plus tard, j’ai été jugé. Je n’ai jamais compris pourquoi tout le monde me croyait innocent. Déclaré non coupable, j’étais complètement perdu. On avait beau me dire que j’étais loin d’être un assassin, j’avais du mal à y croire. On avait beau me présenter le « vrai coupable », dans ma tête, tout était flou. C’est à partir de cet instant que la folie est apparue. J’ai commencé à devenir hystérique, noyant ma tristesse dans l’alcool et même dans la drogue. Je ne dormais plus, je ne mangeais que le nécessaire. Je m’étais même trouvé une nouvelle passion, détruire les gens. C’était si facile, je n’avais qu’à briser leurs rêves et les faire tomber dans l’oubli. Je n’ai jamais tué personne, mais j’en ai poussé plus d’un au suicide… Evidemment, je n’avais pas oublié la musique, je continuais à composer, à jouer. Seulement, j’avais perdu toute notion du temps. La nuit et le jour ne faisaient qu’un et je ne savais plus distinguer l’été de l’hiver. Et un beau jour, j’ai cassé mon piano. C’est à cet instant que je me suis rendu compte que j’étais devenu un pauvre fou. J’ai décidé de me reprendre en mains. Pendant quatre longues années, j’avais été digne d’être interné, mais j’ai vaincu ma folie, et j’ai tout fait pour devenir professeur à Poudlard. Le directeur n’a pas hésité avant de me prendre. Il faut dire que j’avais un certain avantage, ou plutôt un don. Le poste que je voulais demandais d’être à l’aise avec les animaux, et je me suis rendu compte que ma musique avait le pouvoir de charmer les créatures magiques.
Je suis vraiment heureux de m’en être sorti… Bon il arrive quelques fois que ma folie revienne, c’est d’ailleurs ce qui est certainement arrivé au moment où j’ai pris ces plantes, juste avant de venir ici. »

Mon discours terminé, j’étais épuisé, et un peu perturbé parce tout ce que je venais de dire. J’avais parlé trop vite et étaler ma vie à des lutins. Tant pis, tout le monde fait des erreurs… Visiblement, l’effet hallucinogène s’estompait peu à peu. Et c’est à cet instant que je remarquais des rochers tout autour de moi. Un rire nerveux m’envahit. Des cailloux, je venais de raconter ma vie à des cailloux.