En me voyant m'impatienter, taper du pied, souffler, croiser les bras, décroiser les bras, m'assoir, me relever... Vous vous poseriez plusieurs questions, par exemple : Qu'attend-elle pour que ça la rende si nerveuse? En tout cas vous auriez compris une chose, je n'aime pas attendre. D'ailleurs j'attends depuis seulement trente minutes et ça me met déjà dans tous mes états. Peu importe, là n'est pas le sujet, laissez-moi répondre à la question précédente.

Ce matin, je me suis réveillée seule dans le lit conjugal. J'étais pourtant debout à six heures du matin. C'était étrange mais je n'ai pas bronché et j'ai passé une matinée tout à fait banale qui consiste à me faire belle sur la musique de Beethoven suivi de la lecture de "Je suis mort hier" de Alexandra Marinina. Ce qu'il est bon d'être snob! Surtout que Beethoven m'a donné mal au crâne et que j'ai horreur des livres policiers. C'est juste que même les choses que j'aime faire commencent à m'ennuyer. Alors je me suis dit que je pourrais faire des choses que j'aime pas faire et résultat, j'ai l'impression de m'être infligé des cours d'histoire de la magie à domicile. Du coup je ne pense pas réitérer l'expérience. Ce qui est dommage, ce n'était pas une si mauvaise idée à la base... Si?

A midi, j'avais préparé à manger. Un vrai repas fait par Chrystina Malefoy. Il était rare que je pousse mon rôle de mère au foyer jusqu'à ce point-là. Néanmoins, aujourd'hui, je l'ai fait. J'étais contente! J'ai fait à manger avec mes petites mains (et quelques coups de baguettes, je l'avoue) en pensant que Drago allait rentrer, qu'on mangerait ensemble et qu'ensuite il retournerait au travail. Mais il n'est pas venu! Pas de mari pour partager mon repas. J'exultais. Il travaille trop. Et c'est là que l'idée m'est venu : je devrais travailler aussi. Rien ne me retient ici. A part Scorpius mais il est à Poudlard et je saurais m'arranger pour être libre quand il l'est. J'abandonnai l'idée aussi rapidement qu'elle m'était venue. Non, je ne travaillerais pas. Je finirais par me plaindre de mon travail. Je reste toute la journée chez moi, je suis seule cinq heures par jour au moins alors... De quoi je me plains?

Mais puisque j'étais résolue à rester femme au foyer pour un moment, pourquoi ne pas essayer d'être la meilleure des femmes au foyer? Voilà pourquoi j'attends en ce moment même dans l'Atrium la venue de mon mari. Je veux être parfaite. Je suis partie une heure en avance tellement l'idée d'être la meilleure des femmes et des mères m'enchantait. J'ai transplané jusqu'au cœur de Londres, où j'ai flâné quelques temps dans plusieurs boutiques, pour retrouver la fameuse cabine rouge. J'étais déjà assez en avance, je n'allais pas transplaner directement jusqu'au ministère. Bref, je suis donc rentrée dans la cabine téléphonique, j'ai composé le code et je suis arrivée directement dans l'Atrium. Plus grand monde utilisait ce convoi pour aller au ministère, logique, il utilisait tous le transplanage.

Voilà, le pourquoi du comment. J'attends toujours et ça fait quarante minutes maintenant. Je me sens quand même mieux, plus détendue. Ou c'est juste l'impression que je veux donner. Je ne sais pas, j'ai tendance à confondre les deux. Arborant un sourire étincelant, plus personne ne pourrait se douter qu'il y a deux secondes à peine, j'étais sur les nerfs. Tant mieux. D'ailleurs là-bas, j'aperçois Drago. On dirait que mon mari quitte enfin son travail. Je souris de plus belle en me dirigeant vers lui.

Le soleil n'est même pas encore levé que je quitte le lit conjugal afin de me préparer à me rendre au travail. Un lieu que je fréquente presque plus souvent que ma propre demeure. Chose pas très bonne je l'avoue, mais c'est un choix et je l'assume parfaitement. Une fois encore ce matin, j'ai tout tenté pour me lever et me préparer le plus discrètement possible et tout admirant la belle blonde possédant l'autre moitié du lit. J'aime la regarder dormir, la savoir à la maison. Peut-être que lorsqu'elle est éveillée je devrais aussi l'admirer de cette façon, mais je semble avoir un peu plus de mal alors j'en profite quand elle est endormi. Tous les matins, je ne me lasse jamais de cette vision. Il n'est jamais très évident de partir travailler le matin, pourtant il le faut bien. C'est moi le pilier de la famille, tout le monde attend sur moi et personnellement je compte bien monter encore un peu plus haut l'échelon si cela m'est possible. Raison pour laquelle d'ailleurs je travaille plus dur ces temps-ci. C'est que je suis tout de même Chef du Département des Mystères et aussi Membre du Magenmagot. De quoi en faire des jaloux, tant mieux. J'aime savoir que des gens m'envie. Quoi qu'il en soit, mon rôle est de continuer d'honorer ma famille tout comme le fera certainement Scorpius quand ce sera son tour.

A chaque fois que j'arrive au Ministère, je ne peux m'empêcher de penser à mon père Lucius qui a lui aussi pendant longtemps fouler ce sol pour aller travailler. Je pense à des tas de choses en fait. Dont Chrystina, me demandant quelquefois ce qu'elle peut bien faire de ses journées. Etant donné que Scorpius n'est plus souvent au manoir et moi non plus. Il ne tarde pas à être midi et je commence à m'impatienter, car je compte bien manger avec ma femme ce midi. Seulement, une affaire de dernières minutes et urgente m'attends au tournant. Affaire qui fait que je n'aurais même pas droit de manger du tout de la journée. Dans le fond, je crains toujours un peu que Chrystina m'en veuille, mais après tout elle me fait confiance et c'est réciproque. La pauvre a dû m'attendre durant des heures à la maison, quel gâchis. Après des heures et des heures de travaux sans relâche, je peux enfin commencer à souffler. Je meurs de faim, mais rien de bien méchant, je tiendrai bon jusqu'au bout.

A la fin de la journée, ce n'est pas quelques heures que j'ai l'impression d'avoir passé à travailler, mais des jours. En effet j'aime mon travail, mais je ne peux pas toujours m'empêcher de parler de fatigue. Alors que je m'apprête donc à quitter le bureau une bonne fois pour toute, je prends l'ascenseur et descends donc jusqu'à l'Atrium. Une fois bien arrivé, je mets alors peu de temps à apercevoir ma femme Chrystina. Un véritable rayon de soleil au milieu de la foule. Plus ravissante et charmante que jamais. C'est que je suis fier de l'avoir comme femme. Elle se dirige aussitôt vers moi. Malgré les bonnes pensées que j'ai pour elle, pas grand-chose s'inscrit sur mon visage hormis un petit sourire, mais tout aussi chaleureux que celui de ma femme. Je m'avance également jusqu'à arriver à son niveau, puis lui dépose un petit baiser aux coins des lèvres. Inutiles de se dévoiler plus que cela au grand jour.

« J'espère que tu ne m'as pas attendu ce midi... »

Un simple "excuses moi" aurait été bien plus simple, mais étant très compliqué pour moi de prononcer ces mots c'est une manière comme une autre de le lui dire. Elle devrait le comprendre depuis le temps après tout. Je regarde alors Chrystina, toujours aussi parfaite. Je n'ai pas souvent l'occasion de l'admirer alors chaque jour quand j'en ai enfin le temps c'est comme si le redécouvrais.

« Ta journée a été bonne ? »

Voilà, j'ai retrouvé l'homme de ma vie numéro bis, le premier n'étant autre que mon fils. Retrouvailles ponctuées par un rapide baiser, pas d'étalage en public. Je le regarde attentivement, guettant une réaction, quelque chose qui pourrait me laisser deviner s'il était heureux de me voir ou pas, si sa journée était bonne ou s'il allait tout simplement bien. Mais je n'arrive à déceler rien de tout ça ce qui est inhabituel. Tellement de temps passé ensemble... J'avais l'impression qu'il ne pouvait plus rien me cacher. Ou c'est peut-être moi qui n'aie pas un sens de l'observation assez fin ce soir. Je penche pour la deuxième option ou plutôt, j'espère que c'est la deuxième option.

Il n'empêche qu'en voyant mon mari sortir de cet ascenseur, je me suis surprise à penser que j'étais très bien au manoir. Pas de contrainte, pas d'horaires de travail insupportables et puis cette liberté... Oui, je me suis maintenant entièrement débarrassée du symptôme j'en-ai-marre-de-m'ennuyer-au-manoir-je-veux-travailler. Il n'y a plus aucun risque que j'abandonne mon rôle de mère maintenant, Drago restera le pilier de la famille, ça lui va tellement bien!

C'est fou comme Drago est parfait en toutes circonstances. J'ai envie de crier : Regardez-moi, je suis Chrystina Malefoy et je suis mariée à Drago Malefoy, vous voyez, on est tellement mieux que vous! Mais ce serait inconvenant. Surtout que je n'ai pas besoin de le faire, tout le monde a déjà remarqué.

- Oh, si. Mais ce n'est rien, je ne t'ai pas attendu très longtemps de toutes façons.

D'accord, c'est un mensonge. Et je sais très bien que ça n'échappera pas à Drago mais je n'ai pas envie du tout de lui dire la vérité, de risque de passer pour une hystérique et que ça finisse en scène incroyable. Surtout que ce n'est que sa façon à lui de m'informer qu'il sait que je l'ai attendu et qu'il s'en excuse. C'est le genre de dires qu'on peut traduire seulement après plusieurs années de vie commune. Et les années de vie commune, Drago et moi, on les cumulait.

- Ma foi, oui, très bonne. Et la tienne?

Je jette un coup d'oeil circulaire dans l'Atrium, après avoir prononcé un autre mensonge qui passera peut-être inaperçu cette fois. A cette heure-ci, l'Atrium est beaucoup moins fréquenté ce qui est bien dommage. J'aurais adoré que tout le monde puisse nous contempler, mon mari et moi. Tant pis, j'aurais plein d'autres occasions de provoquer la jalousie de mes concitoyens sorciers. D'ailleurs, je n'ai même pas besoin de Drago pour être jalousée mais il est vrai qu'avec lui, je fais plus forte impression.

- Tu en as peut-être assez de cet endroit? Tu préférerais qu'on parte?

Chrystina a toute l'apparence d'une femme parfaite. Toujours aussi fidèle à elle-même, toujours aussi belle, séduisante et élégante qu'avant. Comme si elle ne changeait pas d'un poil au fil des années. Parfois il m'arrive encore de me demander comment cela se fait-il que je ne l'ai jamais vraiment remarqué alors que nous étions ensemble dans la même école et cela durant toute ma scolarité. Elle fait partie des femmes les plus belles que j'ai côtoyés et pourtant la première fois que nous avons une relation ensemble se poursuit directement par un mariage et même un enfant. Surprenant tout de même. J'aime quand elle vient me chercher sur mon lieu de travail, pouvant ainsi me vanter d'avoir auprès de moi une aussi belle femme. C'est que nous sommes incroyablement bien assortis à nous deux. Il manque plus que notre fils, Scorpius. Je sens qu'elle aussi semble heureuse avec moi. Elle a l'air plus épanouis avec moi que l'était ma mère avec mon père, ou du moins je l'espère. Car je ne pense pas être totalement comme lui.

Je sais que ma femme a un caractère bien à elle, une des choses chez elle qui m'a peut-être le plus charmé en fin de compte. Le fait que malgré sa place dans la famille, elle n'en reste pas une femme soumise et sans aucune personnalité. Bien au contraire, elle ne se laisse pas faire, sait sans cesse me surprendre quand elle le veut. Elle reste comme elle est et moi de même. Je tente donc de lui faire comprendre à ma façon que je m'excuse pour ne pas être venu manger avec elle entre-midi alors que je le lui avait promis. Elle tente de me faire croire qu'elle ne m'a pas attendu très longtemps. Au fil du temps, je commence à bien la connaître. Même si l'étude des gens n'est guère dans mes envies favorites, mais en ce qui concerne ma femme tout de même... Bref, je comprends donc qu'elle ne me dit pas la vérité. Tentant de me rattraper comme je peux, mais surtout de régler rapidement le sujet précédent, je lui demande comment a été sa journée. Elle me retourne donc la question.

« Un peu comme les autres jours, rien de bien nouveau... Hormis le fait que je n'ai rien avalé de la journée. Bref, je crois qu'il vaudrait mieux éviter le sujet "boulot" quand j'en sors... »

Je ne dirais pas non plus que mon travail soit un peu comme la routine, juste sans manque d'actions. Peut-être est-ce aussi parce que je suis du genre à me lasser rapidement ? Dans l'Atrium, il y avait déjà moins de monde que le matin même. Ce qui n'est pas une mauvaise chose. Trop de foule tue la foule. Mes yeux toujours posés sur ma femme, celle-ci me propose de changer d'air. Excellente idée !

« Bonne idée, ça ne pourra me faire que du bien... »

J'aime sentir le regard envieux des gens qui nous entoure sur nous. J'aime faire des jaloux, mais surtout pas être jaloux. Je pense alors à rentrer à la maison, mais peut-être qu'elle non plus n'a pas envie de revenir sur un lieu où elle a passé une bonne partie de la journée déjà. Faisant toujours bien face à ma compagne, je lui propose aussitôt avec un petit sourire presque malicieux :

« Il n'est peut-être pas trop tard pour rattraper ce que nous avions prévu ce midi... »

J'avais bien envie de me détendre un peu ce soir ne passant pourquoi pas une bonne petite soirée en tête à tête avec ma femme...

Si je me concentre bien, j'arrive à me souvenir de mes années passées à Poudlard. Drago était là mais on ne se fréquentait pas ou peu. Et de toutes façons, j'étais beaucoup trop concentrée par mes ambitieux rêves d'avenir. Drago n'en faisait pas parti, je n'aurais jamais cru à cet époque que je partagerais ma vie avec lui. Rien de ce que j'avais imaginé m'arriver plus petite, ne m'arriva, à part peut-être que je suis devenue Mangemorte, mais ça ne m'attriste pas. J'ai au final trouvé beaucoup mieux, une famille, et j'en suis heureuse peut-être même comblée.

Esquissant une petite mimique pensive qui laisse vite place à un sourire éblouissant, je replace la cravate de Drago avant de chastement enlever mes mains de son buste. D'où me vient cette perpétuelle quête de la perfection? J'ai toujours été comme ça. J'ai toujours brillé alors que les autres étaient affreusement ternes à mon goût. De là est né le mépris que j'éprouve pour la quasi totalité des sorciers et des sorcières. Mais c'est une autre histoire.

Quand j'apprends que Drago n'a pas mangé aujourd'hui, je ne peux que m'attendrir. D'accord, il n'a pas mangé avec moi mais il travaille! Et mon pauvre mari travaille tellement qu'il n'a pas mangé. Ça ne me ressemble pas d'être aussi compatissante mais il s'agit de mon mari, n'importe qui d'autre aurait été lynché par mes soins. Néanmoins, je ne réponds pas. On évite le sujet "boulot", c'est compris. Je n'ai d'ailleurs qu'une vague idée de ce que peut-être le travail de Drago. Mais j'imagine qu'il y a beaucoup de paperasses, de réunions interminables... Rien de passionnant. Je peux comprendre qu'il n'aie plus envie d'en parler!

Je souris, l'air intéressé, quand Drago m'annonce qu'on pourrait rattraper ce qui n'a pas pu se faire ce midi. Bien sûr, je vois où il veut en venir. Et tout naturellement, l'idée m'enchante. Je n'aurais pas besoin de retourner au manoir avant une heure au minimum et savoir ça me rend tellement légère que je risque de m'envoler à tout instant.

- Qu'as-tu derrière la tête monsieur Malefoy?

Si son sourire n'est qu'à peine malicieux, le mien l'est pleinement. Je suis très expressive quand je le veux bien. Je parle avec mon sourire et mes yeux. En fait, je parle avec mon visage. Vous pourriez deviner ce que je pense rien qu'en regardant mon visage... Ou presque. S'il m'arrive d'être très expressive, je sais très bien être faussement expressive aussi. Bref, on ne sait jamais vraiment quand je suis sincère et quand je ne le suis pas. C'est d'ailleurs une des choses que je maitrise le plus et que je ne me lasse pas d'utiliser. De la comédie en quelque sorte. Je dois faire une très bonne actrice.

Il faut tout de même bien reconnaître que la vie n'est pas une chose que l'on peut construire ou imaginer à l'avance car la plupart du temps rien ne se passe vraiment comme on l'aurait imaginé ou souhaiter. La vie peut soit devenir pire soit meilleur. En ce qui me concerne, je n'ai plutôt pas à me plaindre. Mes parents auraient très bien pu à l'époque me pousser à me marier avec une femme totalement opposée à mes goûts, ennuyeuse et sans rien de bien attirant. Alors que là c'est bien tout le contraire, même si au départ il faut dire que ce n'était pas très simple. Quand on pousse deux personnes qui ne se connaissent pas vraiment et avec une forte personnalité à se marier, normal que ce soit quelque peu compliqué. Au début, je me serais toujours imaginé avec une de mes ex et non pas avec Chrystina. Du coup, peut-être que je regrette un peu de ne pas l'avoir connu un peu plus tôt. A moins que cela soit mieux ainsi. Vu son tempérament, il est peut-être mieux que l'on se soit connu plus en tant qu'adultes un peu plus matures et réfléchis.

La majorité du temps, je vois le mal partout ou je détecte rapidement ce qui ne me convient pas et pourtant quand je regarde ma femme Chrystina je n'ai rien à redire à part : magnifique. Il va de soit que comme la plupart des couples, il nous arrive de nous disputer. Mais rien de bien méchant généralement. La voilà donc en train de m'attendre à la sortie du travail alors que dans la journée même je l'ai laissé tomber entre-midi. Quel autre homme a une telle femme chez lui ? Rapidement, elle ne peut s'empêcher de me pouponner un peu. Chose que je n'apprécie pas vraiment à la base, sauf lorsque ma mère le faisait ou quand Chrystina me le fait. Elles sont les deux exceptions à la règle.

Le sujet "boulot" est donc rapidement rayé de la liste des sujets de conversation tout comme le sujet "maison" pour elle. Ce soir, j'ai envie de me changer un peu les idées étant donné que demain j'ai droit à une journée de congé. Chose que je vais lui annoncer d'ailleurs. Etant donné que la plupart des soirs nous ne pouvons même plus beaucoup profiter de l'un et de l'autre autant se jeter sur l'occasion. D'autant plus que la fatigue n'est pas encore au rendez-vous. Le sourire de ma femme devient donc bien plus malicieux que le mien. Elle semble avoir lu dans mes pensées, comme la majorité des femmes qui ont l'air d'avoir plus d'empathie que nous.

« Et bien... nous pourrions faire cela maintenant, dans un restaurant ? Qu'en dis-tu ? »

En quelque sorte, je l'invite. Pensant à un certain restaurant luxueux évidemment. Il y a un certain temps que je n'ai plus partagé mon temps avec une autre personne que moi-même. Et puis, je tiens à garder cette bonne relation que j'ai avec Chrystina et non faire en sorte que tout se refroidisse tristement comme ça le fut entre mes parents. Scorpius n'est plus souvent à la maison, nous avons donc plus souvent l'occasion de nous retrouver en tête à tête. Sauf que jusque là j'ai l'impression que nous n'en avons jamais profité. Etant encore en public, je n'ose pas vraiment présenter le moindre signe d'affection envers ma femme hormis quelques petits gestes discret et polis. Je l'a regarde toujours avec intensité.

« J'en connais un particulièrement correct tout prêt d'ici... »

Nous n'avions pas vraiment le choix en fait quant au mariage. Si Drago et moi, on s'était mariés, c'était par intérêt. Au début. Ça a peut-être changé avec le temps mais... Si nous avions été libres de nos choix, qui sait si on se serait quand même mariés ensemble? Non, bien sûr que non, on ne le serait pas. Il aurait très certainement épousé cette vipère de Melissa Crewyll. Non, je ne la déteste pas et la jalousie est un mot que je ne connais pas. Ahem. Et moi? Je me serai mariée avec qui? Quelqu'un avec un caractère insupportable. J'aurais vraiment aimé. Un grand joueur de Quidditch! Je délire là, je ne fais que citer les rêves que j'avais étant une môme à peine dotée de raison. Je n'ai de toutes façons aucune raison de m'inquiéter, c'est mon mari maintenant. Peu importe comment ça a débuté, il n'y a que comment c'est à présent qui compte.

Drago est le mari idéal. Pour un mariage organisé, je m'en suis très bien sortie. Je suis incapable de lui citer un défaut que ce soit moralement ou physiquement. A vos yeux, il y en aurait forcément. Mais seulement moralement car on ne peut rien reprocher au physique de Drago. Vos défauts moraux se transforment en qualités morales remarquables chez nous, les Malefoy. Je suis une Malefoy... C'est tellement bon! Les gens me connaissent tous. Quand ils me croisent, il savent tout de suite qui je suis, "la femme de Drago Malefoy". Je ne suis jamais passée inaperçue mais ma notoriété n'a fait que s'accroitre après ce mariage.

Mon sourire malicieux s'en est allé lorsqu'il m'annonce officiellement qu'on va aller au restaurant. J'ai l'air ravie. Et puis, je veux qu'il voit que je le suis, que je suis contente qu'il me le propose. Parce que c'est le cas, ça oui! J'ai l'impression que ça fait tellement longtemps qu'on ne s'est pas accordé un peu de temps pour nous, cette petite sortie ne pourra que me faire le plus grand bien!

- C'est une idée tout à fait charmante. Je te suis.

Je ne suis pas détendue. Même si je n'ai aucune raison de ne pas l'être. Enfin si. Le regard des autres. Les apparences comptent plus que tout. Je suis déjà passée pour une hystérique tout à l'heure alors que j'attendais Drago. J'avais tout intérêt à me comporter convenablement maintenant. Les gens risqueraient de jaser. J'ai une réputation de mère et d'épouser parfaite à tenir, voyez-vous, et je ne prends pas ça à la légère.

Au début de notre mariage, il m'était difficile de soutenir le regard de Drago. C'est bête à dire, je suis pourtant loin d'être intimidable, mais son regard me mettait en quelque sorte mal à l'aise. J'avais pourtant fini par m'habituer à ce regard. J'ai même pu remarquer que des fois, ces yeux s'animent. Des fois. La plupart du temps, ils jettent juste un sacré coup de froid. Je ne remarque même plus. Je m'approche de lui, sans pour autant le toucher, et lui fait signe que nous pouvons y aller.

Jamais au grand jamais je n'aurai cru avoir une vie sentimentale aussi compliqué et posséder un jardin secret aussi bien garnis. Depuis toujours, j'ai appris qu'avoir ou ressentir des sentiments pour quelqu'un n'est pas... normale. Que c'est une chose à éviter absolument si on ne veut pas sombrer dans la faiblesse. Sauf que ce qu'on ne nous explique pas toujours, c'est que c'est bien une chose que l'on ne peut pas toujours contrôler. Comme le sentiment amoureux. Mot assez difficile à imaginer ou à prononcer pour ma part, mais qui est possible. Enfin, peut-être que je n'aurai jamais connu ce sentiment si je n'avais jamais croisé la route de Melissa Crewyll, qui sait ? Cela fait donc plusieurs années que je tente de l'effacer de ma mémoire et de me voiler la face. Sauf que cela m'est quasi impossible, car il nous arrive de nous croiser ou de nous rencontrer encore. Etant le parrain d'Elisabeth Winster, il m'est impossible de couper ce lien qui me lie encore à cette famille. Aujourd'hui, me voilà donc marié à Chrystina. Une femme qui ne m'a encore jamais déçu et qui, je dois, avouer ne déplait pas non plus. Je n'ai pas à m'en plaindre, surtout après un mariage arrangé cela aurait pu être bien pire...

Ayant donc passé une journée assez embêtant de part mon travail, j'invite donc Chrystina à nous rendre dans un restaurant chic afin de passer un peu de temps ensemble. Chose qui commençait à se faire rare il faut dire alors autant prendre les devants tant qu'il est encore temps. Je suis heureux de constater que cela semble l'enchanter et tout à fait lui convenir. Ne lui ayant plus proposé ce genre de choses depuis un certain temps je suis ravi que mes rares propositions lui plaisent. Nos comportements sont parfaitement similaires, elle aussi bien que moi. Nous tenant correctement et gracieusement au beau milieu de la foule, je dirai même que la plupart du temps nous brillons au beau milieu de la populace. Constatant donc que ma femme est prête à partir, j'entame le pas à ses côtés.

Nous mettons peu de temps à sortir du Ministère et aussi de cette abondante foule, sortant enfin à l'air libre. Que ce soit en public ou en pleine rue nous savons bien nous tenir, mais tout en sachant démontrer que nous sommes ensemble et pourquoi pas un couple à envier. Le restaurant dans lequel je compte lui faire passer la soirée n'est qu'à quelques pas de l'entrée secrète du Ministère. Tout en continuant de marcher à ses côtés, je laisse mon regard scruter les environs et détailler les gens de la tête aux pieds comme si chaque personne croisée devait être comparée à moi. Sachant bien sûr qu'il est impossible de me surpasser dans beaucoup de domaines. C'est une manie que j'ai l'habitude d'avoir depuis mon plus jeune âge. Enfin nous y arrivons. Par pure galanterie, ayant tout de même reçu une parfaite éducation, je laisse ma femme entrer la première tout en lui tenant la porte. Nous y sommes bien accueillis puis aussitôt placés à une bonne table. De la même manière, j'aide Chrystina à prendre place avant de m'asseoir face à elle. Un serveur vient nous distribuer les menus. Menu dans lequel je jette un vague coup d'œil avant de laver les yeux vers ma femme :

« Aurais-tu reçu des nouvelles de notre fils dernièrement, par hasard ? »

Je dois bien avouer que cela fait un certain temps que Chrystina ne me donne plus trop de nouvelles de Scorpius alors qu'en temps normal cela allait parfois jusqu'à chaque semaine. Evidemment, je ne peux m'empêcher de me poser quelques questions à son propos. Comme un mauvais pressentiment. Peut-être qu'il nous cache quelque chose en ce moment où alors Chrystina ne veut pas tout me raconter.

« Certes j'imagine qu'il doit être surchargé de travail, mais tout de même... »

Je fixe un instant ma femme accompagnant mon regard d'un délicat petit sourire en coin. Mimique purement familiale qui s'est transmis de mon père à ce qu'il parait. Je rabaisse ensuite délicatement mon regard sur le menu afin de choisir ce que j'allais bien pouvoir me mettre sous la dent...

Quand le regard des autres se pose sur notre couple, je sens très rapidement que mon égaux prend du volume. Comment ne pas apprécier de se faire admirer ? Surtout quand on ne fait pas grand chose pour l'être. C'est hilarant quand on pense à certaine personne qui travaillent durement pour paraître "magnifique" aux yeux des autres alors que nous c'est totalement naturelle. J'ai eu la chance de trouver une femme tout aussi parfaite que ma famille, même si je dois bien avouer qu'elle n'est pas la première à mes yeux à l'être. Par chance aussi, ce "don" semble être héréditaire. Quand je dis cela je pense à mon fils Scorpius bien entendu. J'imagine, que tout comme moi à son âge, il doit être le petit Prince désiré de toutes et de tous. Cela me plais beaucoup de savoir que mon fils prend le flambeau à ma place, même si quand j'y repense, cette place me manque de temps en temps. Et oui... maintenant je suis marié. Et je me dois d'être un temps soit peu... sérieux et fidèle. Les gens autour de nous doivent aussi parfois penser que nous sommes aussi glacial que deux icebergs, mais depuis quand ce que pense les autres m'intéressent ? Au pire des cas, cela me fais sourire. Inutile de toujours blablater si c'est inutile, et puis il n'est pas toujours nécessaire d'échanger des mots pour se comprendre ou se mettre à l'aise. Heureusement, Chrystina et moi nous nous comprenons à ce propos comme sur beaucoup d'autres d'ailleurs.

Arrivé enfin à destination du luxueux restaurant, je me comporte en vrai gentleman. Qui a dit que je n'ai pas eu une bonne éducation ? Je me suis toujours comporté ainsi envers les femmes tout de même non ? Balayant la salle des yeux, j'observe les lieux avec attention afin d'y poser déjà un certain jugement personnel. C'est important de se sentir bien dans ce genre d'endroit sinon à quoi bon perdre son temps ici si on peut être mieux ailleurs ? Tandis que je prend des nouvelles de mon fils de part ma femme, le serveur vient déposer sur notre table un petit apéritif. J'écoute attentivement Chrystina, noyant mon regard dans le sien et commençant déjà à grignoter quelques cacahuètes. Sa réponse à propos de Scorpius me fais étrangement sourire. Surtout à l'entente de : "il s'occupe comme tout garçon de son âge s'occupe". Ça, je n'en doute pas.

« Oui, je n'en doute pas. J'espère qu'il s'occupe aussi en travaillant... »

Il m'arrive parfois de penser que Chrystina exprime trop d'admiration envers notre fils, même si elle n'a pas tout à fait tord certes mais je trouve inutile d'en faire trop. Cela ne l'aidera pas forcément. Raison pour laquelle je suis conscient d'avoir le rôle du méchant père. Mais je ne le regrette pas, c'est mon devoir envers lui et ça ne changera pas. Je lève aussitôt mon regard en direction du serveur qui prend tout d'abord la commande de ma femme, puis la mienne que je cite sans aucune difficulté. L'habitude. Je regarde le serveur partir et mon concentre à nouveau sur ma femme. J'hésite à lui rappeler parler de ce qui m'agace dans son comportement envers Scorpius mais garde ma langue dans ma bouche. Ce soir, il n'est pas question de se prendre la tête, au contraire. Je m'efforce alors de lui faire un petit sourire. Le serveur revient avec une bonne carafe de vin en main, puis nous sert avant de repartir aussitôt. Levant mon verre devant moi tout en la regardant droit dans les yeux, je prononce délicatement :

« A la nôtre... »

Je bois quelques bonnes petites gorgées de ce vin, qui n'est pas mauvais du tout d'ailleurs. Je pose délicatement mon verre au dessus de mon assiette, le regard quelque peu évasif. Me voilà tout d'un coup pris d'un peu de nostalgie.

« Tu sais, il m'arrive parfois voir même souvent de repenser à mes années Poudlard... »