Urgence -Matthew-

J'adore cet endroit, cette sensation de vide à dix centimètre de mes orteils. Cette envie de respirer et de hurler. J'ai découvert cette falaise il y a quatre ans maintenant. Que le temps passe vite. Sébastien en était d'ailleurs tombé lorsqu'on l'escaladait, il aurait pu perdre la vie si je n'avais pas été là... bon, il ne se serait jamais mis à faire de l'escalade sans sécurité si je n'avais pas été là non plus. Mais ça c'est un détail.
Je remplis mes poumons de cet air frais, légèrement salé et sourit légèrement. Ça faisait bien longtemps que je n'étais pas venu ici, aussi près de Poudlard, de Pré-au-lard et aussi loin de toute civilisation en même temps. Voilà des mois que je ne faisais ... rien. Des mois que je passais dans les bars et les disquaires de Londres, matin, midi et soirs à planifier avec quelque ami des choses qui n'arriveraient sans doute jamais. Et j'en étais étrangement malade.
Le bruit d'un oiseau dans mon dos, je me retourne, c'est un hiboux, porteur d'un message. Je le déleste du pli qui m'est adressé et sans attendre un seul mot ou une réponse de ma part, l'oiseau s'envole. Mes yeux parcourent rapidement le message. Une fois. Deux fois. Trois fois.

Chère Silice Young.

Oui, c'est moi, même si ça fait bien longtemps que je n'ai pas vu mon nom ainsi écrit sur un papier.

Vous avez durant les trois dernières années de votre scolarité été capitaine de l'équipe de Quidditch de Gryffondor et gagné une fois le tournoi.

Hum, à vrai dire je n'ai été capitaine que pendant deux ans et l'année précédente je n'étais que vice-capitaine. Mais passons. Je leur dirai de mieux s'informer si jamais je leur répond. Allons directement à la fin de cette fichue lettre.

... vous pouvez donc vous inscrire pour les recrutements des équipes internationales de Quidditch des Keesox et des Monaghans qui auront lieu le même jour au stade de Brighton. Veuillez répondre à cette missive avant le...

Le... mais c'est aujourd'hui ? Je me lève en hâte et met la lettre dans la poche de mon pantalon. Pareille lettre, voilà ce qu'il me fallait. Me redonner une raison de me lever le matin et jouer avec les Monaghans ! Oui ma préférence allait bien sûr pour les Monaghans mais je pourrais me contenter des Keesox dans le pire des cas. Ma main se porte au-dessus de mon balais qui s'élève. Célérité, mon balais. Le premier que j'ai construit de A à Z grâce à du bois d'ébène et du nerf de dragon. Le balais s'avance dans le vide et tombe. Je recule de deux pas et m'élance dans le vide aussi, ma baguette à la main. Un choc d'adrénaline m'atteint et à quelques mètres du sol j'attrape Célérité et manque de justesse de ne pas m'écraser sur le sol mousseux.
Quelques minutes plus tard, je suis à Poudard, fonce dans les rues extraordinairement déserte et saute devant le bureau de poste. Je cours à l'intérieur et ne vois personne derrière le comptoir et pourtant il me faut une plume, un morceau de parchemin et le hiboux le plus rapide qu'ils aient. Quelques minutes encore et je ne pourrai plus postuler.

- Aaargh !

Une cloche, une petite cloche. je la fait tinter, sonner, vrombir. Personne ne réagit. Mais que se passe-t-il ? Voldemort serait de retour que le service ne serait pas plus affligeant. Je passe mes doigts dans mes cheveux courts. Comme pour me calmer. Pour une fois que j'accorde de l'importance à une chose, voilà qu'elle risque de m'être retirer. Plus le temps.
Je pose mon balai, saute sur le comptoir, tourne et me pose de l'autre coté. Ils doivent bien avoir de quoi écrire dans ce fichu bureau de poste.

- Bonjour et bienvenue au service de poste, que puis-je pour vous?

Je lançais avec un sourire forcé à la vieille dame qui venait d'apparaître. Ca faisait cinq fois qu'elle venait dans la matinée pour savoir si un certain Hector lui avait répondu. Et ce depuis une semaine. A chaque fois, je lui avais dit que non et elle était repartie en pleurant et en criant "Ohh mon Hector…". A mon avis, il était mort et cette vieille était folle. Mais je me devais d'être aimable avec les clients. J'avais assez galéré pour qu'on m'embauche, et j'espérais qu'on ne me vire pas de si tôt. Avec un soupir, je répondis à la vieille une fois de plus que non, vraiment, Hector n'avait malheureusement pas envoyé de courrier au bureau…

- Oh Hector, mon Hector! Hectooor…

Je la regardais s'en aller, lassé. Combien de fois cette mégère allait-elle me casser les oreilles? J'en avais vraiment marre de ce boulot… Mais je ne pouvais pas démissionner. Ma mère avait décidé que je ne méritais plus d'être financé par le généreux patrimoine familial qui ne sert à personne et qui moisit depuis des générations dans le coffre de Gringott's. Elle m'en avait refusé l'accès et je me suis retrouvé au chômage, au VRAI chomâge. Sauf que je devais surveiller Axel en même temps, et je ne pouvais en aucune manière dire à Patterson, cette horrible femme, que ce n'était plus possible de garder son petit monstre. Donc, à son insu, je l'ai mis à la garderie moldue pas très loin de Pré-au-Lard et j'ai cherché du travail. Ils m'ont refusé comme serveur parce que je me mettais à parler avec les clients au lieu de les servir, ils m'ont refusé à Honey Dukes parce que j'offrais des bonbons à tous les gosses de Poudlard en cachette, à Zonko parce que je m'amusais avec les produits au lieu de les vendre, à Poudlard il n'y avait plus de place et donc il restait… Le bureau de poste, où tous les matins depuis une semaine je me frappais la vieille folle qui cherchait son Hector. Génial. Heureusement que l'heure de ma pause n'était plus très loin. On était deux au service de poste. Il y avait Raffaello –dit Raff- et moi. Raff était un type cool, un peu plus jeune que moi, qui arrivait d'Italie et qui venait travailler à Pré-au-Lard pour parfaire son anglais. Je m'étais arrangé avec lui pour qu'il assure mon poste en plus du sien une heure dans la journée, et pour une heure j'assurais également son poste, c'est à dire réceptionner les hiboux. Moi, j'écrivais les messages dictés et je les faisais passer à Raff. En soi, une seule personne aurait largement suffit pour exécuter les deux tâches, vu le nombre de gens qui venaient au bureau de poste… En général, il n'y avait pas plus de dix clients par jour, dont la vieille folle qui cherchait en vain son Hector. Mais bon, au moins je me sentais un peu moins seul. Je regardais ma montre et laissais passer encore un quart d'heure puis je me dirigeais vers l'arrière de la boutique. Je signalais à Raff que je prenais mon heure et il acquiesca d'un "Va bene". Je souris et une fois dehors, je transplanais à la crèche pour voir si Axel était toujours vivant. Comme il l'était toujours, je décidais de revenir sur Pré-au-Lard et de faire un tour aux Trois Balais, comme ça faisait longtemps que je n'y étais pas allé. Je m'accoudais au comptoir et demandai une Bierraubeurre.

J'étais en plein milieu d'une conversation animée avec deux autres sorciers à propos de la déficience des nouveaux balais du Vif d'Or quand j'aperçus Raffaello à l'autre bout de la pièce. Je me levais d'un bond:

- Eh Raff! Qu'est ce que tu fous là??

- Ma je prends ma pause, tu m'as dis que je pouvais y aller!

- Mais je t'ai pas dis ça, j'ai dit que c'était moi qui prenais ma pause!

- Ahh bah j'avais mal capito, tu y retournes et je te remplacerai deux heures, va be?

Je secouai la tête, adressai un mot d'excuses aux deux sorciers et partis prestement vers le bureau de poste en priant pour que personne ne soit venu pendant la demi-heure qui s'était écoulée. Bof, sûrement pas, jamais personne ne venait.
Pourtant, quand j'arrivais, j'entendis du fracas à l'intérieur. Je me ruais dedans et trouvais une fille qui avait sauté par dessus le comptoir et qui cherchait quelque chose, surement du papier ou des sous, désespérément.

- Eh oh! Vous là! Qu'est ce que vous faites là? Vous trouverez rien toute façon, ya un sortilège qui protège tout le matériel, allez sortez de là s'il vous plait

Décidément, c'est que des fous qui viennent au bureau de poste…

Tous les placards, tiroirs, portes cachés, dossiers, meubles étaient fermés. Je soupirai violemment en tirant ma baguette... tenter les sorts de premiers siècles, à peu près les seuls que je connais, voilà ce que je peux essayé... pourquoi tout est fermé d'abord ? Comme s'il existait vraiment des voleurs de stylos, de parchemins ? Je veux bien qu'on soit pauvres mais il y a des limite à tout. Non la vrai question est : pourquoi n'y a t'il personne dans ce satané bureau de poste... ?

Je fronçai des sourcils, m'apprêtant presque à adopter une méthode moins subtile encore : shooter dans les tiroirs. Dans les films que Sébastien m'a montré, certains protagonistes moldus agissaient ainsi pour ouvrir des choses...

"Eh oh! Vous là! Qu'est ce que vous faites là? Vous trouverez rien toute façon, ya un sortilège qui protège tout le matériel, allez sortez de là s'il vous plait."

Je me tournai vers le nouvel arrivé. Le regardait. Un peu. Beaucoup... A la folie ? Non, je n'ai pas l'honneur de connaitre cet homme. Je souris néanmoins, largement même. Il se fiche de moi celui-là ou c'est sa façon de faire de l'humour. Je hausse les sourcils tout en m'asseyant promptement sur le comptoir. Je me met en tailleur et le regarde.

"Pourquoi il n'y a personne ? J'ai attendu... vous devriez... pour ça... me faire mon prochain envoi gratuit ! Ou la dictée gratuite. Ou les deux tiens..."

Pourquoi est-ce que je dis ça ? Je ne manque pas d'argent et si ce jeune homme accepte de se bouger un petit peu, il se pourrait que je décroche un nouveau job...

"Je suis pressée... eeeeet étant donné que vous devez avoir environ un client par semaine, vous devez pas être trop fatigués ici."

Elle se met en tailleur sur le comptoir, plante son regard dans le mien. Genre elle va me faire peur. Si c'était pas une cliente, je l'aurais déjà chargée sur mon épaule comme un colis et pouf! expédiée dehors. Mais on ne traite pas les clients comme des colis, je pourrais être viré pour ça. En fait je pourrais même être viré tout court pour avoir laissé le bureau sans surveillance... Même si c'est pas vraiment de ma faute, mais le boss, cet idiot, il voudra pas renvoyer Raff, parce qu'évidemment, Raff c'est le petit protégé, l’italien qui comprend pas tout, et forcément, on peut pas trop lui en demander... Alors que moi, ah oui, comme j'ai une moins bonne tête, c'est de ma faute, à tous les coups. Bref. La jeune femme me lance, sur un ton de défi alors que je me rapproche d’elle.

« Pourquoi il n'y a personne ? J'ai attendu... vous devriez... pour ça... me faire mon prochain envoi gratuit ! Ou la dictée gratuite. Ou les deux tiens... »

Je lève un sourcil interrogateur. Ben voyons, ya pas écrit pigeon non plus sur ma tête… Quoique pour punir mon cher collègue italien je pourrais lui faire l’envoi gratis et ca serait pour sa pomme… Ouais, en plus elle est jolie, je vais faire ça. Je fais quand même un petit geste de la main et une grimace, la dictée par contre, c’est mon salaire qui est en jeu, alors on y touche pas.

« Je suis pressée... eeeeet étant donné que vous devez avoir environ un client par semaine, vous devez pas être trop fatigués ici. »

Je renifle à sa dernière phrase… Parce qu’elle croit que c’est pas fatigant d’être assis toute une journée sans rien faire dans ce fichu bureau de poste en attendant limite avec impatience que l’autre vieille bigote qui attend son Hector vienne demander son courrier? Moralement, c’est épuisant parce que justement, on ne fait rien. Je pourrais presque réciter la Gazette de ce matin par cœur. Je la regarde encore un instant et lâche en fin de compte avec un petit sourire:

« Comment voulez vous que je vous envoie votre courrier si vous restez plantée là? »

Je me recule pour qu’elle descende du comptoir et dans le même temps, je poursuis avec tout le sérieux du monde:

« Et détrompez vous, on a au moins un client par jour. C’est horrible. »

« Comment voulez vous que je vous envoie votre courrier si vous restez plantée là? »

Je le regardai avec défis pour finalement décrocher un sourire. Ok, il n'avait pas complètement tort.

« Et détrompez vous, on a au moins un client par jour. C’est horrible. »

D'un bond je me retrouvai du coté client du comptoir.

« Ça semble affreux en effet... je ne sais pas comment vous y arrivez ! »

Je lui tendis le message froissé que j'avais reçu pour ne pas avoir à épeler le nom de mes destinataires.

« Prenez un papier et une encre classe si possible... du genre "Huuum je trouve ça très intéressant et je ne me fout pas de vous." ensuite il faudrait mettre des formules de politesse et un truc du genre "Vous pouvez compter sur ma présence blabla"... non plutot "Très heureuse d'avoir été considérée..." non... »

Je le regardai, lui. Autant le dire, je l'aurais vu dans la rue que je n'aurais pas tout de suite su quel était son métier... très loin de là. Comment ? Des gars mignons et qui ont l'air assez cool à la poste ? Teeellement improbable. Je regardai autour de moi et compris pourquoi il avait fui cet endroit pour quelques heures... l'endroit pouvait être beau mais manquait de vie, d'air frais de tout ce que l'on peut apprécier. L'odeur des fientes d'oiseaux n'arrangeait rien au tableau.

« Cet endroit est tellement déprimant... vous finissez à quelle heure ? »

Oui Silice, que viens-tu de faire ? Non, je n'avais jamais fait ça. Oui, c'était peut-être un peu imprévu. Non, je n'avais pris aucune substance qui pourrait altéré à court terme ma façon d'agir et de penser. Mais oui, j'avais envie de savoir comment quelqu'un pouvait se retrouver à bosser ici. Oui, j'avais bien envie de retourner dans un bar et mine de rien ça faisait un certain temps.
Et oui, je ne sais pas du tout si le gars en face de moi est un loser fini ou quelqu'un de super intéressant. Mais étrangement, j'ai envie de le découvrir. J'aurais bien explosé de rire après cette phrase mais j'évitai par peur de perdre toute crédibilité et mon coté "Oui je suis impulsive" qui peut faire aussi un peu peur.

Elle descendait du comptoir et je passais de l’autre côté. Là, je sortais ma baguette et la tapotais trois fois contre un endroit précis du comptoir et aussitôt l’encre et les plumes apparurent. Je ne pus m’empêcher de lâcher un petit sourire à sa réponse. Si elle le prenait avec ironie, je pensais vraiment qu’avoir un client par jour était horrible. Rares étaient même ceux qui engageaient la conversation malgré mes tentatives désespérées. Heureusement qu’il y avait Raff… Je levai la tête et attrapai le papier qu’elle me tendait. Visiblement, j’ai le droit de lire… Youhou \o/ Voilà une cliente sympathique, intéressante… et bien foutue, en plus. C’est pas tous les jours que ça arrive, je suis un gars chanceux quand même. Je dépliais la lettre et la parcourus des yeux sans trop y faire attention. Mes yeux captèrent le mot « quidditch », soit une de mes passions. J’ai même été abonné à Quiddimag depuis une bonne quinzaine d‘années… C’est à dire plus de la moitié de ma vie. Mes yeux fixés sur la lettre, je fronçais les sourcils… Et me rappelais que je n’étais pas vraiment censé m’infiltrer dans la vie des autres: je pourrais être viré pour ça, et c’était bien la dernière chose dont j’avais besoin. Je déposai donc prestement la lettre sur le comptoir, le plus éloignée possible de ma vue et écoutais les exigences de ma chère cliente attentivement, en me concentrant sur chaque mot pour oublier la curiosité qui me rongeait de l’intérieur. Lettre officielle, réponse officielle, encre officielle, schéma officiel, j’ai compris. Je la regardais et récitais presque comme une leçon

« Ca marche, j’ai compris le genre. Que dites vous de « Madame, Monsieur, C’est avec gratitude que j’ai l’honneur et le plaisir d'accepter l'offre que vous me faites, et donc d'assurer ma présence lors de… » euh… »

Je jetais finalement un coup d’œil à la lettre, déjà parce que j‘étais obligé pour continuer ma phrase et surtout parce que j‘en mourrais d’envie. « Chère Silice Young » Young? Quidditch? Ca tourne autour des balais tout ça… Bah ça doit être une coïncidence… A mesure que je lisais, mes yeux s’écarquillaient. WOW. Mon regard passa de la lettre à la fille, puis la lettre, puis la fille. Finalement je me raclais la gorge.

« Gosh… Ca c’est de l'offre. Bref. Donc « ma présence lors des sections de recrutement des équipes internationales de Quidditch, etc… en vous priant d’agréer, Madame, Monsieur etc… » ça vous va? »

Sans attendre sa réponse, je commençais déjà à recopier les coordonnées du destinataire, puis j’entamais la lettre.

« Cet endroit est tellement déprimant… Vous finissez à quelle heure? »

Je m’arrêtais d’écrire et un petit sourire se dessina sur mes lèvres que je ravalais aussitôt. J’aime les filles entreprenantes. Et j'aime encore plus les filles mignonnes et entreprenantes : la vie est bien faite. Je relevais la tête et la fixais droit dans les yeux.

« Ca dépend de vous. »

Je lui adressais un joli sourire et me remis à écrire. Au bout de quelques secondes, tout en trempant la plume dans l’encre noire je jetais un regard furtif à ma montre et lui expliquais, tout en me repenchant sur le parchemin

« Enfin, de votre lettre. Quand je l’aurais finie, j’irais chercher mon collègue -aux Trois Balais- pour qu’il me remplace. D’habitude on est deux pour la dictée et l’envoi, mais vu le nombre de clients, une seule personne suffit… Alors on se relaie, et là, il me doit deux heures. »

Autrement dit, je serais tout à sa disposition… Enfin, Raff râlera un peu mais je suis sûr qu’il comprendra. Et puis au pire je le remplacerai un autre jour… Ceci dit, il faut pas que j’oublie Axel, mon fardeau préféré. Si Patterson débarque chez moi et ne trouve ni moi ni Axel, je crois que je suis bon pour la tombe. Il faudra juste que je ne l’oublie pas, et Dieu sait que c’est facile d'oublier ce sale gosse quand on est en bonne compagnie. Mais ne parlons pas de malheurs. Je continuais d’écrire en m’appliquant le plus possible et lui demandais dans le même temps

« Vous aviez dit être pressée, je vous met un hibou express? »

« Ca dépend de vous. »
C'était dans la poche. Je souris, heureuse. Étrangement. En temps normal, savoir que j'allais devoir choisir mes mots et traîner avec un inconnu pour quelques heures ou quelques minutes en cas de total fiasco m'aurait plus énervée qu'autre chose mais aujourd'hui quelques choses était différent. Peut-être avais-je envie de fêter mon futur poste avec quelqu'un pas désagréable à regarder, peut-être avais-je juste envie de m'amuser. Toujours est-il que je souris à nouveau lorsqu'il déclara pouvoir se libérer aussitôt ma lettre terminée... voilà qui était bien aimable, je n'aurais pas à attendre plusieurs heures dans ce village que je connais un peu trop par coeur. A force de voyager et de vivre dans de grandes villes, il est vrai qu'on aime se retrouver dans un endroit aussi familier que celui-ci mais il est aussi vrai que l'on s'y ennuie trèès vite.

« J'espère que votre collègue n'a pas trop bu... ça ferait mauvais genre si votre client de la journée arrivait à ce moment là. »

A vrai dire, ce travail ne me semble pas bien complexe, le plus dur doit être l'ennui, l'attente de cette chose qui n'arrivera jamais : l'arrivée d'un client. Je compatirais presque tiens. Je pose mes mains sur le comptoir et zyeute par dessus sa main pour voir ce qu'il écrit. C'est la seule raison pour laquelle je suis venue ici : ne pas écrire un truc qui fait trop enfant de 8 ans et visiblement c'était une bonne idée.

« Oui, un très rapide... je n'aimerais pas louper la chance de ma vie à cause d'un hiboux incompétent ! »

Je sonnais un peu ironique... dire que ceci était la chance de ma vie était un peu gros mais il fallait l'avouer, ça pourrait changer le reste de ma vie. Être prise comme poursuiveuse dans une équipe à la renommée, si ce n'est mondiale, au moins européenne, n'est pas donné à tout le monde. Je me mord la lèvre, un rappel à l'ordre. Je ne suis pas encore prise.

« Quel genre d'Aspics faut-il avoir pour devenir Grand Gardien des Postes de Pré-au-lard ? »

Je souris légèrement, après tout si j'avais choisi de lui offrir un verre, autant savoir qui seras avec moi cet après-midi.

Raffaello bourré? Pas moyen. Il est tellement grand que l’alcool doit se noyer dans toute la masse de globules rouges qui circule. L’alcool, dans son corps, c’est un peu comme une minorité culturelle, alors que dans le mien pour un même nombre de verres, c’est plus le meltin’pot… Et pourtant, je suis pas petit. Je haussais les épaules. De toute façon, même s’il est un peu joyeux, on a déjà eu trois clients aujourd’hui, donc c’est vraiment improbable que quelqu’un se pointe dans les deux prochaines heures. Je hochais la tête en signe de compréhension à sa réponse quant au mode de livraison. En effet, quand on a une opportunité comme celle là, vaut mieux pas dépasser la date limite. Si j’avais su où je finirais, il y a quelques années, j’aurais peut être accepté d’aller en école de potion à Cambridge pour devenir prof de potion. C’est toujours mieux que Grand Gardien des Postes de Pré-au-Lard, comme elle dit. Je lâchais un soupir et lui répondit avec un petit sourire alors que j’écrivais la dernière formule de politesse de sa lettre.

« Ouhh, quelle responsabilité… Mes BUSE d’Histoire de la Magie et d’Etude des Runes -aussi désolantes soient-elles- auraient probablement suffit… Comme quoi, même avec des ASPIC, on ne devient pas forcément grand-chose… »

Je m’arrêtais de parler et me concentrais sur la fin de la lettre. Je relus rapidement histoire de vérifier l’orthographe et la syntaxe, je rajoutai une virgule et lui tendis sa lettre, une plume et de l’encre avec un sourire

« Il ne manque plus qu'un petit « Silice Young » et voilà! Je vous laisse signer et vérifier, pendant ce temps je vais préparer le hibou. »

Je me détournais d’elle et allais dans la volière à l’arrière du magasin. Là je m’avançais vers le registre où étaient répertoriés tous les hiboux. Il restait deux hiboux des marais, à savoir les plus rapides. Le premier s’appelait Archimède et le deuxième Dorian. J’optais pour Archimède et je criais son nom. Aussitôt, le dit hibou s’envola et vint se poser sur mon bras, me griffant au passage avec ses serres… Forcément, j’avais oublié de mettre les protections. Ravalant ma grimace, je déposais le hibou sur le perchoir de la salle voisine et revint au comptoir trouver ma très chère cliente qui ne le serait plus dans quelques secondes mais qui pourrait devenir tout autre chose. Je notais avec satisfaction qu’elle avait signé; je roulais donc la lettre et la passais dans un petit anneau. De retour dans l’autre salle, je fixais le message à la pate du hibou et lui relus l’adresse à voix haute en demandant un accusé de réception. Je regardais partir l’oiseau en me demandant comment ces bestioles se débrouillaient pour se repérer si bien, et au fond de moi, je doutais presque de la supériorité de mon intelligence à côté de celle… d’un hibou. Mais je ne l’aurais avoué pour rien au monde. Je revins enfin au comptoir, épuisé d’un si lourd labeur (hum)

« Bon… 5 mornilles s’vous plait… Pour le retard et parce que c’est vous, j’vous fait l’envoi gratis. »

Et surtout parce que les envois ne font pas partie de mon salaire. Mais ça, faut pas le dire.

HRP: Yahouuu finalement je l'ai pas fait de suite après que t'aies répondu... désoléééée

Il était mignon, c'était incontestable et assez drôle. Mon esprit s'envolait ailleurs alors que je lisais la lettre... Hum bla bla bla... incroyable, je lui faisais confiance, je n'avais pas envie de m'attarder sur des détails et signai en me promettant de passer minimum 6 heures par jour sur mon balai avant les essais. Voilà qui ne serait pas une immense corvée.
Je roulai le fin morceau de parchemin dans ma main et attendis en le regardant appeler l'oiseau qui transmettrait ce précieux message. Je confis un message qui peut changer le reste de ma vie à un oiseau. N'est-ce pas insensé ? Je fronce légèrement les sourcils à cette idée, espérant que l’entraîneur de l'équipe prendra le soin de confirmer la réception du hiboux. Je rêve ou j'allais devenir stressée ? Une stressée de la vie ! Comme toutes ces personnes qui se soucient vraiment de leur futur. Outch. Ce n'est pas beau de vieillir Silice, ça ne te réussi pas.
Je passai ma main dans mes cheveux... courts puis stoppai mon geste en me souvenant de l'air stupide que ça donnait à Sébastien lorsqu'il ne cessait d'ébouriffer ses cheveux.

« Bon… 5 mornilles s’vous plait… Pour le retard et parce que c’est vous, j’vous fait l’envoi gratis. »

Je le regardai en souriant puis enfonçai ma main dans la poche de mon jean, me demandant si j'avais vraiment des mornilles... Je trouvai un gallion, quelques noises puis... enfin des mornilles. Heureuse de ma découverte, j'en posais cinq devant moi après une légère hésitation. Donner plus me donnerait un air de chevalier blanc et de grande généreuse mais aussi un air de "j'achète mon rendez-vous avec toi". De plus, je n'avais jamais vu personne auparavant donner de pourboire ici...
Tchak Silice, arrête de réfléchir comme ça.
Une fois l'argent donner, je me détendis légèrement et lui souris. Maintenant plus de relation professionnel/client. C'est paaarti. Que va-t-on faire ? Auuuucune idée ! Que feriez-vous avec un mec mignon qui accepte de sortir avec vous ? Non ne répondez pas... je vais aviser moi-même.

« Alors tu-vous êtes libre maintenant ? Oooh... au fait moi, c'est Silice... »

Je souris et commençai à reculer vers la porte me demandant dans quelle maison il avait pu être envoyer à Poudlard et aussi s'il acceptait souvent ce genre de rendez-vous. J'avais juste une envie folle de m'amuser, de célébrer ce hiboux qui changerait peut-être ma vie, après tout il n'y avait aucune raison que je plante ces essais ! Pour s'amuser, il faut être avec quelqu'un, quelqu'un comme lui.

« On fait quoi maintenant ? »

Surprend moi ! Traîner dans les rues de ré-au-lard ? Boire un verre ? Découvrir un nouvel endroit ? Partir à l'autre bout du monde ? Visiter la bureau de poste ?
Je devais avouer que la situation me paraissait assez étrange mais assez drôle aussi.

HRP : pas graaave =P, bon mes RP sont de plus en plus courts, ne m'en veux pas... c'est pour... favoriser les échanges spontanés on va dire =P

J'encaissais les 5 mornilles en me récapitulant tout ce à quoi il fallait que je pense... Raff, Axel... Et c'est tout? Je retournais dans l'arrière boutique où j'avais laissé mes affaires, dont mon rappel-tout ultra moderne que j'avais eu chez Zonko pour trois fois rien. Je le pris dans ma main... pas de réaction, tant mieux. Je le passais en mode silencieux et l'enfournais dans ma poche. Après avoir fermé à clé, je retournais derrière le comptoir.

« Alors tu-vous êtes libre maintenant ? Oooh... au fait moi, c'est Silice... »

« Yep, tout à fait libre, sauf si tu me vouvoies encore une fois, ça va pas le faire. Et moi c'est Matthew »

Je lui adressais un petit sourire en passant de l'autre côté du comptoir sur lequel je donnais un petit coup de baguette, juste au bord à droite, histoire que personne ne nous vole du parchemin ou de l'encre... C'est que maintenant je me méfie. Je me tournais vers Silice et lui jetais un furtif regard d'ensemble. D'habitude je suis pas très fan des filles aux cheveux courts, ça me rappelle trop ma mère en fait je crois... Mais comme ma mère est blonde, immense et vieille, je risque pas de confondre. Et puis ça lui donne un petit truc, ça la rend un peu différente des autres. Je crois même que c'est la première fois que je vais boire un pot ou faire quoique ce soit d'autre avec une fille aux cheveux aussi courts. Le plus court que j'ai fait c'était coupe presque-au-bol je crois... J'avais 6 ans, c'était Chloé, ma voisine, celle qui avait de grands yeux et un gros chien qu'on appelait Patou... Bref. Tout ça pour dire que Silice était tout sauf désagréable à regarder, ce qui est un (très) bon début. Je lui emboitais le pas

« On fait quoi maintenant ? »

Je lui tins la porte et passais derrière elle avant de jeter un coup d'oeil à ma montre... Bon en soi je n'avais quitté Raff qu'un quart d'heure auparavant mais Silice était une raison irréfutable, il ne pourrait pas me faire le coup du "ah non t'as pas fini ton heure". Et puis il me l'a dit, il me doit deux heures, or vu qu'il est 5h et quart et qu'on ferme à 7h le Jeudi... Tout bon.

« Bah écoute il faut quand même que je prévienne mon collègue pour le bureau de poste, parce que les miracles ça peut arriver, on sait jamais si un quatrième client arrive hein! Donc direction les trois balais et après on fait tout ce que tu veux! On y va? »

Pendant que nous marchions vers les Trois Balais, je cogitais: Qu'est ce qu'une future joueuse internationale de quidditch peut bien aimer faire? Et plus généralement, qu'est ce qu'une fille aime faire? Ohlala, je suis tout rouillé, ça fait vraiment trop longtemps que je ne suis pas sorti, il faut le temps que les mécanismes se remettent en place. Bon récapitulons. Déjà elle aime pas le bureau de poste, je cite « endroit déprimant ». Donc il faut aller dans un endroit autre que déprimant. On va même élargir à autre que Pré-au-Lard, je pourrais y croiser mon boss. Londres? Je connais trop par cœur et je connais aussi trop de monde… Surtout de la gente féminine on va dire. Sauf si on fait un tour dans l'allée des embrumes mais je pourrais croiser bien pire : Patterson. Mauvaise idée. Et il ne faut pas que j’oublie Axel, d'ailleurs. Il rentrera chez lui un peu plus tôt. Je trouverai le prétexte plus tard, pour l’heure il faut combattre le silence auquel je ne laisse pas le temps de s'installer.

« Alors alors, tu joues à quel poste au Quidditch? »

Vas-y, parle moi de toi \o/

HRP: t'inquiètes ils sont trop cool tes rp \o/ puis moi j'regarde jamais la longueur, même pour les miens: j'écris tant que je suis inspirée, après j'arrête (:

Tutoyer, en voilà une bonne idée. Ma langue fourchait dés que je devais vouvoyer quelqu'un, que ce soit le directeur de Poudlard, un total inconnu ou une haute autorité, je ne m'étais jamais faite à cette politesse surtout lorsqu'elle n'étais pas réciproque. Vouvoyer quelqu'un qui vous tutoie a toujours été un synonyme de faiblesse, d'impuissance et de soumission pour moi. Sans doute à tort. Heureuse de pouvoir tutoyer cette nouvelle connaissance, je souris et le regardais. J'avais la désagréable impression que lui aussi me regardait, me jaugeait, m'évaluait. Je fis mon maximum pour ne pas balancer une remarque ni froncer les sourcils et me détournait. J'avais choisi de l'inviter.
Matthew. Ca sonne bien. Mattyyyyy. Matt'. Matthew. Mattou... hum... non peut-être pas Mattou. Y a des limites à pas dépasser le premier jour.

« Bah écoute il faut quand même que je prévienne mon collègue pour le bureau de poste, parce que les miracles ça peut arriver, on sait jamais si un quatrième client arrive hein! Donc direction les trois balais et après on fait tout ce que tu veux! On y va? »

Je souris légèrement et hoche la tête en marchant à coté de lui... Voilà qui me permettrait de revoir l'intérieur des trois balais, lieu que je fréquentait il y a... non je n'ai pas envie de compter le nombre d'années. Quatrième année à Poudlard et Jag qui essayait toujours de commander des whisky pur feu en essayant de faire croire à chacun qu'il avait bien plus que quinze ans. Ca c'était avant qu'il ne goûte à ma vodka et bien avant qu'il ne disparaisse. Et puis j'avais aussi traîner là-bas avec Valentin, Sébastien. Parfois avec Léane sans doute. Je serrai les dents en pensant à toutes les choses de mon passé qui avaient disparues. Je respirai et essayai de chasser tous ces souvenirs de mon esprit.

« Alors alors, tu joues à quel poste au Quidditch? »

Je tournai la tête vers Matthew. Quidditch, j'adorai ce mot. Je souris largement en pensant au vrai partie de quidditch qui semblait faire partie de mon futur proche. Voler en solitaire a ses bons cotés, on peut même se donner des pics d'adrénaline si on a le courage de se laisser tomber dans des chutes qui pourraient être mortel sans la magie mais voler pendant un match de qudditch ou un entrainement est incomparable.

« Je jouais poursuiveuse à Poudlard, les autres postes sont intéressants mais ce que je ressens lorsque je lance le souaffle et qu'il passe l'anneau, c'est tellement... puissant ! »

Je souris largement, mes jambes se font plus légère alors que je parle de quidditch, mon balai flottant en l'air à quelques centimètres de moi.

« Et toi ? T'aimes le quidditch ? Je veux dire... tu joues ? Tu regardes ? Tu t'en fout ? »

Nous arrivions dans la grande rue et à une centaines de mètre on pouvait voir l'enseigne des trois balais. Là, le jeudi, le village semblait bien plus triste que lors des sorties de Poudlard ou chacun trainait par groupe de trois ou quatre, riant, parlant, criant, chantant même parfois. Aujourd'hui on ne pouvait distinguer que quatre silhouette dans la rue principale. Je haussai les sourcils.

« Et bien... y a foule ici. »

« Je jouais poursuiveuse à Poudlard, les autres postes sont intéressants mais ce que je ressens lorsque je lance le souaffle et qu'il passe l'anneau, c'est tellement... puissant ! »

Elle me sourit et je lui rendis la pareille. Elle parlait de Quidditch comme si c'était toute sa vie, comme si elle était née pour ça. Elle avait l'air plus ouverte, d'un coup. Visiblement le bon sujet de conversation. Je souriais intérieurement. Je pouvais parler des heures et des heures de quidditch.

« Et toi ? T'aimes le quidditch ? Je veux dire... tu joues ? Tu regardes ? Tu t'en fous ? »

Moi m'en foutre du Quidditch? Faudrait être fou pour dire ça de moi! Je la regardais avec un grand sourire.

« Le quidditch? Tu veux rire? J'adore ça! J'ai joué quand j'étais à Poudlard -j'étais batteur-, ça fait une éternité que je suis plus monté sur un balais d'ailleurs... Mais je regarde encore, j'ai limite hâte à chaque fois que l’équipe de Sibérie joue… Non quand même, ils sont vraiment trop mauvais. »

Je fourrais les mains dans mes poches et scrutait la rue principale de Pré-au-Lard. Silice fit remarquer qu’il n’y avait pas foule… J'acquiescais. Pas foule en effet. Heureusement, mon patron ne faisait pas partie des quatre passants. Il m’aurait fait passer un sale quart d’heure sinon… Non, en fait une sale seconde, juste le temps de dire « t’es viré ». Nous arrivions devant les 3 balais. Je passais la porte, suivi de Silice et trouvais Raffaello que j’interpellais.

« Ehhh Matt ma qu’est ce que tu fais là? Et qui est cette charmante demoiselle? »

Je lui adressais un grand sourire et déclarais faussement solennel

« Raffaello, voici Silice euh... mon ex cliente? et Silice, voici Raffaello, mon collègue à mi temps. Bon je vous laisse deux secondes, Raff, pas de bêtises, je reviens illico presto »

Il fallait absolument que je m’occupe d’Axel tant que j’y pensais. Je prenais la direction des toilettes et une fois disparu du champ de vision de Silice, je bifurquais vers la sortie de secours et jetais un coup d‘œil à ma montre. Une fois dehors je transplanais à la crèche moldue. Là, j’adressais un « bonjour je viens pour Axel jsuis pressé » à la gérante de la crèche. J’attrapai le petit monstre, transplanai devant chez Patterson, toquai, entrai, déposai Axel dans sa chambre, enfin je sortis et re-transplanai devant l’issue de secours des Trois Balais. Je regardai à nouveau ma montre… un peu moins de 2 minutes. Je rentrais dans le couloir des toilettes et retournais dans la salle principale où, rassuré, je trouvais Silice et Raff en train de tchatcher… Ou plutôt Raff en train de raconter sa vie à Silice, normal, tout va bien. Quand ils se tournèrent tous deux vers moi, avant que mon italien préféré ne se remette à parler pour d’innombrables heures afin que tout un chacun ait connaissance de l’histoire de la recette secrète de sa famille pour faire les pates, je souris et posais une main amicale sur l’épaule de mon ami.

« Bon! Raff… Passons aux choses sérieuses. Tu me dois deux heures, tu te souviens? »

Nous rentrâmes aux trois balais, comme ça, l'air de rien. Je regardai autour de moi, chaque mètre carré de lieu m'était familier et pourtant me semblait si loin comme... appartenant à une autre vie, celle où j'étais cette élève à moitié rebelle et dépressive de Poudlard, celle qui pouvait tenir tête à chacun, n'allait jamais en cours, traînait tout le temps avec Jag. La nostalgie me happa l'histoire d'un instant puis disparut aussi vite qu'elle était arrivée. Ma vie à présent était à la fois bien plus saine, joyeuse aussi j'imagine ou du moins heureuse.
Je laissais à nouveau ses années lointaines s'éloigner dans les nimbes de mon esprit et suivait Matthew. Matthew.

« Raffaello, voici Silice euh... mon ex cliente? et Silice, voici Raffaello, mon collègue à mi temps. Bon je vous laisse deux secondes, Raff, pas de bêtises, je reviens illico presto »

Je lançai un regard à Matthew qui fonça en direction des toilettes... une envie pressante ? Hum... why not. Je regardai ensuite son collègue et hochai la tête. Lui aussi hocha la tête. Il me regarda de haut en bas puis de bas en haut avant de me parler avec un fort accent italien. Je hochai la tête et disais "Ah" de temps à autres mais mon esprit était rester avec Matthew. Il aimait le Quidditch, voilà la seule chose que je savais sur lui et jouait en position de batteur. Je me demandais l'espace d'un instant quel âge il pouvait avoir et si nous nous étions croisé sur le terrain de quidditch à Poudlard. C'était possible, fort probable même. J'avais commencé dans l'équipe de Gryffondor en troisième année mais avait déjà joué un match en deuxième année en remplacement d'un coéquipier blessé.
Il n'était pas monté sur un balai depuis, je cite, "une éternité"... rien que ça ! Je passai mon balai de ma main droite à ma main gauche, je ne pouvais pas en dire autant mais quel dommage de ne pas voler lorsque l'on aime ça. Mon index glissa les long du manche, cherchant une imperfection que je pourrait corriger, une idée pour renforcer le maintien ou la rapidité, mon père n'a vraiment pas eu le temps de me montrer toutes les ficelles de métier avant de disparaître et c'est bien dommage car ce n'est pas Steven qui va sauvegarder le savoir-faire familiale.
Matthew était à nouveau à mes cotés avant que je n'ai pu le voir réapparaître. Je lui souris mais il ne me regarda pas vraiment et s'adressa à son collègue qui n'eut pas vraiment d'autre choix que d'accepter d'assurer l'accueil de la poste en l'absence de son ami. Je lançai un regard faussement désolé à Luigi (son nom m'avait échappé) et commençait à partir à reculons. Sans moi, Giovanni aurait tranquillement pu passer l'après-midi ici à siroter des bieraubeurre ou autre... Mais non. J"ai pointé mon nez et osé prendre les devants.
Une fois ceci réglé, j'attrapai le bras de Matthew et le tirait en dehors des trois balais, c'était un endroit génial mais bien trop... trop... non, voilà.

Une fois dans la rue je plantai mes yeux dans les sien ou du moins, j'essayai, une lueur de fantaisie dans le regard. J'étais avec un inconnu et j'avais l'intention de passer un bon moment, le problème étant que j'étais celle qui l'avait invité, c'était aussi à moi de prendre une décision... j'imagine.

- Siii on allait à un endroit où tu n'as jamais mis les pieds et moi non plus ?

Je lui souris. Il n'avait pas intérêt à me dire qu'il préférait rester dans sa zone de confort ou je le laisserait tout seul au milieu de ce manifique petit village déprimant. Je lui tendis la main avec l'intention de transplaner au service des portauloin de Londres et de prendre la première destination.

Avec soulagement, je constatais que Silice n’avait rien compris à ma petite manœuvre concernant Axel. Une bonne chose de faite. De suite je me ruais sur Raff, il me devait deux heures. Je jetais un coup d’œil à Silice qui avait pris un air désolé… Genre. Le regard de Raff passa d’elle à moi et je lu dans ses yeux un gros « va far’enculare » mais il ne dit rien, surement parce qu’il n’eut pas le temps: je n’étais déjà plus là. Silice avait fermement attrapé mon bras et m’entrainait dehors. Agréablement surpris je jetais un dernier coup d’œil à Raff avant de passer la porte et lui envoyait un baiser de la main avec un grand sourire. Je savais très bien que demain, j’allais me taper la journée entière au bureau de poste, seul. Mais tant pis, à vrai dire, cette Silice m’intéressait de plus en plus. Elle avait l’air d’être une fille intelligente, assez sure d’elle, et pleine d’énergie. Et le mieux, c’est qu’elle n’avait visiblement jamais entendu parler de moi… J’espère que les rumeurs de Poudlard sont passées, il parait qu’elles tiennent assez longtemps. Bah, et puis au pire, qu’est ce que ça changerait? Le seul truc ennuyeux, ce serait qu’elle découvre que je suis la nounou du fils de la chef des mangemorts… Aucun risque là-dessus. Dans la rue, elle s’arrêta, planta son regard dans le mien. Son regard m’enjouait, qu’avait elle en tête?

« Siii on allait à un endroit où tu n'as jamais mis les pieds et moi non plus ? »

Ohhh de l’improvisation, j’aime ça. Je lui adressais un sourire charmeur en prenant la main qu’elle me tendait.

« Je te suis. »

Là, la sensation désagréable du transplanage me saisit l’estomac. Je détestais transplaner, à vrai dire, et à chaque fois j’étais obligé de fermer les yeux, sinon je me retrouvais à l’arrivée avec les yeux rougis et bouffis, autrement dit pas très classe. Quelques secondes s’écoulèrent et j’ouvrais les yeux dès que je ressentis le sol sous mes pieds. Avec un sourire je découvrais la salle aux portoloins publics. Plusieurs sorciers étaient accrochés à une boite de conserve, d’autres étaient réunis autour d’une chaussette, le troisième portoloin n°3 était un mini-rateau, il n‘y avait que trois autres sorciers. Je souris à Silice et comme je n’avais pas lâché sa main, je l’entrainais vers le portoloin n°3. La destination devait être marquée à l’accueil, sur le panneau juste derrière nous, mais je n’avais pas pris le temps de me renseigner, et de toute façon, je ne voulais pas savoir. Même si j’étais vraiment curieux, au fond. J’adressais un petit salut aux autres sorciers qui nous laissèrent une place, j’attrapais le manche du râteau et me tournais vers Silice

« T’as pas vu où il allait, si? Sinon… »

Mais c’était déjà trop tard. Les trois portoloins clignotaient d’une lueur bleue qui signalait le départ. Je me sentis aspiré. Quand j’ouvris de nouveau les yeux, il faisait noir, il pleuvait, il faisait chaud, et je n’avais absolument aucune idée d’où nous étions arrivés.

Il n'avait pas hésité une seule seconde. Il avait pris ma main en tentant un sourire charmeur qui me rappelait étrangement Jordan Teavy et ces techniques de dragues. Je n'ai jamais compris pourquoi les filles craquaient après avoir reçu un seul sourire. Mais j'oubliai vite ça et songeait à notre destination : la salle des portauloins publics de Londres. A vrai dire, je ne prenais jamais le portauloin, presque jamais, cette sensation désagréable au niveau du nombril ne me plaisait guère, par définition mais quoi de plus pratique pour aller dans un endroit jusqu'alors inconnu que ce magnifique moyen de transport. Dans un simple objet, une destination, rien de plus magique que ceci.
J'eu ainsi le plaisir de voir le regard légèrement surpris de Matthew lorsque nous arrivâmes à destination. Sans crier gare, il pris à son tour les devants et me tira vers un portauloin quelconque.
T’as pas vu où il allait, si? Sinon…
Trop tard. Je posai ma main sur le rateau et me sentis prise au piège pendant quelques secondes, comme impuissante. Serrant les dents, je laissais les fraction de secondes s'écouler comme des heures jusqu'au moment où je serai à nouveau libre de mes mouvements. En un instant, je retrouvais la délicieuse sensation d'avoir le sol sous mes pieds et de pouvoir lâcher cet objet sans partir dans une autre dimension spacio-temporelle. Je faillis perdre l'équilibre mais tins bon, sur mes deux jambes.

J'étais désorientée, déboussolée. Je clignai des yeux plusieurs fois, il faisait sombre, bien plus qu'à Londres, étrangement. Humide, bien plus qu'à Londres aussi... à nouveau étrange. Y avait-il vraiment d'autres lieux sur la planête plus humide que cette chère Angleterre, j'en doutais mais ça semblait possible. Chaud, bien plus qu'à Londres aussi mais ce n'est pas pour m'étonner.
Je regardai autour de moi, nous étions dans une pièce insalubre. Matthew était toujours à coté de moi, j'en étais heureuse bien que je ne le connaisse pas.

Hum Hum.

Je me retournai en faisant quelques... clapotis. Mes yeux glissèrent sur mes jambes jusqu'à mes pieds, plongés dans un liquide brun, qui, je l’espérais, devait être de l'eau.

Bienvenue, bienvenue messieurs et mademoiselle les Anglais en Thaïlande, excusez-nous de ce léger problème... comment dites-vous déjà ?... météorologique. Si vous avez des questions ou besoin de renseignements n'hésitez pas.

Le petit homme très bronzé avait un accent très marqué qui donnait instantanément au visiteur l'impression d'être à l'étranger, il leva sa baguette et fis disparaître l'eau de la pièce. Je soufflais un peu puis réfléchit. La saison des moussons j'en avais entendu parler quelques part. Je regardai Matthew avec la délicieuse envie de rire sans raison.

J'espère que tu n'es jamais venu en Thaïlande, on devrait changer d'endroit, ce serait dommage.

Comme pour souligner mes paroles, le petit homme reprit la parole.

Nous connaissons des inondations sans précédent et si nous nous en sortons, nous ne pouvons en dire autant des moldus.

Silice était toujours à côté de moi, bonne nouvelle. Un raclement de gorge nous fit nous retourner. Je réalisais que mes pieds nageaient dans mes chaussures, mes chaussettes étaient gorgées d’eau. Chose qui m’aurait fait hurler de rage dans d’autres conditions. Là, c’était juste drole. Un chintoc se trouvait devant nous.

« Bienvenue, bienvenue messieurs et mademoiselle les Anglais en Thaïlande, excusez-nous de ce léger problème... comment dites-vous déjà ?... météorologique. Si vous avez des questions ou besoin de renseignements n'hésitez pas. »

Je jetais un petit regard à Silice. Elle semblait se retenir de rire, exactement comme je m’étais retenu quand j’avais vu mes chaussures trempées. La situation relevait du comique: ce petit gars, tout bronzé, tout petit et avec cet accent ridicule venait de nous apprendre où on était, tous les deux, paumés, alors qu'on s'était rencontrés le jour même. La Thaïlande… Je ne pensais pas que des portoloins publics iraient si loin. Mais je m’en fichais. J’avais l’impression de redevenir le gamin que j’avais été, qui s’amusait à faire des paris bidons, juste pour partir à l’aventure et faire n’importe quoi.

« J'espère que tu n'es jamais venu en Thaïlande, on devrait changer d'endroit, ce serait dommage. »

Je posais mes yeux sur Silice, comme si je la connaissais depuis des années, lui adressait un grand sourire et secouais la tête.

« Jamais! Et je sens que ça va me plaire… »

Le thailandais reprit de sa petite voix bizarre qu’ils subissaient des inondations sévères. Je le remerciais d’un haussement de sourcil pour l’information, génial… Qu’allait-on faire?

« On peut quand même sortir dehors, non? »

Il me regarda d’un air très bizarre, comme on regarde un fou, et tous les regards convergèrent vers moi. Bah quoi? C’était pas la question débile du siècle non plus?

« Regardez par la fenêtre… Si vous sortez, vous allez vous tremper tout en entier. Nous vous... euh... recommandons d’utiliser notre poudre de cheminette pour circuler à travers la Thaïlande. C’est vraiment le plus pratique. »

Je regardais par la fenêtre… Effectivement, le temps aurait rebuté n’importe qui… Mais on était pas là pour être rebuté par le temps. Les autres anglais demandèrent le chemin jusqu’à la cheminée du bâtiment. Je haussais à nouveau un sourcil et me tournais vers Silice… Pour ma part, le choix était fait.

« Euh... Sérieux. Tu préfères prendre de la poudre de cheminette plutôt que d‘aller dehors voir tout ce qu‘il y a à faire? »

Jamais! Et je sens que ça va me plaire…
Je lui souris et hochai la tête, j'étais du même avis. Ce serait bien, c'était à n'en pas douter. Matthew se tourna vers le petit homme qui semblait vraiment désirer qu'on le questionne et lui demanda s'il était tout de même possible de sortir. Je vis la sourire de l'homme se transformer en un air franchement exaspéré et si mes talent de legilimance avait été aussi poussés que ceux d'occlumance, je suis certaine que j'aurais pu lire dans son esprit "Stupides Anglais... Stupiiiiiiide".
Pour réponse, il leva un petit bras vers la fenêtre et ajouta que l'on devrait plutôt emprunté le réseau de cheminée.

A notre tour, nous les stupides Anglais d'être exaspérés. A mon grand soulagement, je vis un Matthew perplexe se tourner vers moi.
Euh... Sérieux. Tu préfères prendre de la poudre de cheminette plutôt que d‘aller dehors voir tout ce qu‘il y a à faire?
Je le regardai à présent, tout sourire.

Jamais ! T'es fou toi ! On n'a pas parcouru tout ce chemin pour voir l'intérieur des cheminées !

J'attrapai son bras comme quelques instants auparavant à des milliers de kilomètres d'ici aux tris balais et me dirigeai vers la porte qui débouchai sur ... une immense douche. Hein hein. Une immense douche sombre. Décalage horaire, j'avais oublié ce léger détail, la nuit devait être bien avancée ici. Je voulus me retourner pour demander à l'autochtone l'heure mais je le vis occupé et après tout, l'heure ne changeait pas grand chose. Je regardai Matthew, gardant l'image de lui encore un peu... sec avant de me lancer dans la rue où l'eau boueuse montait jusqu'à mes cuisses.
Je resserrai la main de Matthew dans la mienne n'ayant pas vraiment envie d'être happée loin de lui. La rue n'était pas bondée, on aurait pu se croire à Pré-au-lard mais étrangement quelques éléments du décor nous rappelait que nous étions très loin de ce petit village : l'architecture des bâtiments, des habitants petits et à l'air asiatiques nous dévisageant alors que, riches comme Crésus, ils pouvaient se déplacer en barque, la chaleur aussi.
Quelle étrange sensation : avoir froid et suffoquer en même temps.

Je marchai sur deux trois mètres, à présent complètement mouillée. Je regardai mon T-shirt qui épousait à présent parfaitement la forme de mon corps et tentait de le décoller de ma peau.Plus aucune parcelle de mon corps n'était au sec.
Il n'y avait pas vraiment de raison d'attendre sur place, autant essayer de trouver un endroit plus vivant ou attendre le matin qui pointerait dans quelques heures.

On fait quoi ? On marche ?

Mes propres paroles me parurent absurdes et censées en même temps, je regardai Matthew à travers la pluie et me mis à rire.

Silice Young, une fille qui a la fâcheuse habitude de vous entrainer par le bras d’un coup sans prévenir. Elle s’arrêta devant la porte… Dehors, c’était le déluge. Je devinais que d‘énormes gouttes d‘eau tombaient. A défaut de les voir puisqu’il faisait déjà nuit, je les entendaient s’abattre contre l’énorme étendue d’eau qui se déroulait devant nous. Silice me jeta un regard, ouvrit la porte, attrapa ma main et me tira au dehors. Je jetais un coup d’œil derrière moi: la porte s’était refermée automatiquement sans qu’aucune goutte ne pénètre à l’intérieur. Vive la magie. J’étais complètement trempé, l’eau me montait aux cuisses et si c’était pénible pour avancer, c’était aussi drôle, en soi. La différence de température entre l’eau et l’extérieur était assez frappante et je me sentais comme fiévreux, c’était vraiment très étrange. Tout était étrange ici, mais le pire, c’était ce petit homme sur sa bouée un peu plus loin qui criait -visiblement de rage- dans sa langue bizarre contre tous ceux qui passaient en barque devant lui.
Alors que j’avais l’impression d’avoir traversé des kilomètres, je me retournais… Et constatai que la porte que nous avions passé n’était qu’à cinq mètres de là où nous étions. Hum. Silice s’arrêta et me posa la question la plus évidente qui soit

« On fait quoi? On marche? »

Elle se mit à rire, comprenant l’absurdité de la situation et je suivis son rire, sans raison apparente, peut être parce que nous étions tous les deux, paumés dans un pays inconnu, au milieu des inondations, sous une pluie battante. Ayant retrouvé mon calme, je lui fis part de l’idée qui m’était venue soudainement

« On peut toujours essayer de nager… »

Mêlant le geste à la parole, je lâchais sa main et me jetais à l’eau… Mauvaise idée. Tout de suite je sentis un courant m’entrainer doucement vers l’arrière, et quand je tentais de me relever, je perdis ma chaussure gauche au passage et retombais dans l’eau. Finalement, encore plus trempé, je me relevais, m’essuyais les yeux et regardais ma chaussure partir... Tant pis. Je jetais ensuite un coup d’œil à Silice… Ahem. C’est pas drole.

« Ouais. On va marcher. »

Je la rejoignais et récupérais sa main. Ca, c’était une bonne idée.

On peut toujours essayer de nager.

Avant même que je n'ai pu répondre, le beau Matthew me lâche la main et tomba, plongea , s'affaissa, s'étala (?) dans l'eau. Je ne pus m'empêcher de rire. Le self Control a des limites. Le courant sembla le tirer dans la mauvaise direction, je marchai à coté de lui essayant de na pas le perdre des yeux... histoire qu'il ne se noie pas, ce serait ma faute et je m'en voudrais, je me connais.
Au bout du compte, il choisit de se relever, dépité. Son air renouvela mon hilarité.

Ouais. On va marcher.

Je hochai la tête sans arrêter de rire et lui donnait ma main sans difficulté avant de marcher. Le brouhaha que créaient les gouttes sur l'eau nous empêchait de discuter ce qui m'arrangeait presque. Je n'aurai pas à chercher de sujet de discussion. Je me sentais étrangement bien là, main dans la main avec un inconnu, le seul anglais dans les parages et presque le seul homme de la rue tout court. J'étais curieuse de savoir quelle heure il était mais pensait bien qu'il devait être vers les trois ou quatre heure du matin, peut-être plus tard.
D'un coup, au travers du brouhaha, j'entendis autre chose... quelque chose de plus... harmonieux... enfin vite dit.
Je lâchai la main de Matthew pour la poser sur son épaule et me hisser à son niveau pour lui glisser un mot à l'oreille.

T'entends ça ? Il y a de la musique !

J'étais excitée et alors que je me décrochai de mon nouvel ami/amant/Keupain/pote/buddy/connaissance/Matthew, je glissai et ne pus me raccrocher qu'à la seule chose que j'avais sous la main : mon nouvel ami/amant/Keupain/pote/buddy/connaissance/Matthew ! En une fraction de seconde, nous étions tous deux dans l'eau. Les fesses au seul, ma bouche et mon nez était immergé... un coup à se noyer.

Elle continuait de rire quand je repris sa main… C’est ça, moque toi, pff… Mais à la voir rire comme ça, je ne pus m’empêcher de sourire aussi. Puis, pour la première fois depuis que nous étions arrivé en Thaïlande, je m’attardais discrètement sur Silice et plus spécialement son t-shirt… Trempé. Mais je n’eus pas bien le temps de me rincer l’œil, déjà elle se tournait vers moi. Elle lâcha ma main pour se hisser au niveau de mon oreille. De la musique? Je fronçais les sourcils, tendis l’oreille… A travers le fracas de la pluie, de l’eau et des gens, j’entendais en effet peut être quelques notes… Un chant. Quelqu’un chantait. Je voulus dire quelque chose à Silice mais elle n’était plus là. J’eus le temps de la voir avancer, de la voir tomber, de la voir se raccrocher à ma jambe, de retenir mon souffle, de fermer les yeux… Puis plus rien: pouf. De l’eau me submergea d’un coup, de partout, et je sentais Silice s’agripper à ma jambe gauche. Huh. C'est mauvais.
Comme un fou, je me débattais, essayais de toucher le sol avec le pied qui me restait quand d’un coup, mes bras attrapèrent quelque chose. Je m’y accrochais désespérément, tirais vers le haut et pus enfin sortir la tête de l’eau. J’étais accroché à un poteau et Silice à mon pied. Bon. C’était le moment d’utiliser la masse musculaire que j’avais accumulé pendant toutes ces années. Je tractais non sans difficulté sur mes bras et réussis à passer ma jambe de libre autour du poteau. Là, avec mon autre jambe, je ramenais Silice vers moi. Mais comme je la tirais, je sentais son emprise faiblir…

« Oh non non non non, NON! tu viens par là toi, tu vas pas me lâcher maintenant… »

Pris de panique, je lançais ma main vers elle et la récupérais par la taille. La tirer vers moi aurait été une chose facile, en soi elle ne pesait pas grand-chose, mais c'était sans compter le courant. J’étais assez surpris d’ailleurs par la force du courant… Mais c'était pas le moment de s'étonner et j’étais bien déterminé à ne pas laisser ma… -euh… compagne? Collègue de projets dingues? Mon Ex-cliente super sexy? Mon Rencard? bref- Silice se noyer. Ca serait trop bête. Dans un effort ultime, je l’attirais jusque contre le poteau. Maintenant, elle était entre moi et le poteau, je la retenais par mon bras gauche.

« Silice! HEEEY Tu m’entends?? »

… Pas de réponse. J’allais quand même pas la baffer… Non, non, non, elle semblait ne plus respirer. Ca sent mauvais. Il me fallait un sort, un vieux sort que j’avais appris par ma grand-mère… « Si tu t’étouffes, dis… » dis quoi? Ah oui… Anapneo Un truc du genre… Ok. Il me fallait ma baguette… Je lâchais précautionneusement ma main droite et je fus heureux de voir que j'arrivais à tenir à peu près convenablement debout. Pourvu que ça dure. Je fus soulagé de trouver ma baguette, intacte et une fois en main, je prononçai la formule et la pointai sur Silice … Qui me cracha toute l’eau de ses poumons en pleine figure… C’est ce qu’on appelle un remerciement. Avant de me faire happer par un flot, je repassais mon bras droit autour du poteau. Je regardais Silice droit dans les yeux, inquiet et pas totalement conscient de la situation.

« Ca va? »

La Thaïlande? J'adore.

La suite fut moins drôle. En quelques secondes, je fus complètement immergée, et je me raccrochai tant bien que ma à ce que je pouvais : Matthew. L'eau passa au dessus de ma tête et j'ouvris les yeux pour comprendre ce qui m'arrivait, ce fut fatal. Il n'y avait plus que boue, eau et obscurité autour de moi. Il me manquait de l'oxygène, une décharge d'adrénaline traversa tout mon corps. J'aurais préféré mille fois tombé de mon balai avec l'espoir et presque la certitude de la rattraper à un mètre du sol... Là, je n'étais pas dans mon élément. Je connaissais l'air et le vent à merveille, le feu assez mais l'eau m'était étrangère. C'était une force que je ne pouvait comprendre et qui me happait.
En un instant, je ne savais plus où était la surface ni de quel coté je devais me tourner pour retrouver l'air si important pour ma survie. Je suffoquais, glissais, tombais, me coupais contre un roche. Une intense douleur me déchira la le dos puis le front. Je lâchais prise.

_________________

L'air à nouveau. Je respirai par saccades comme si mon corps en quelques minutes avaient perdu l'habitude de respirer et n'arrivait à se caler sur un rythme normal. L'oxygène commençait à revenir dans mon sang à animer à nouveau mes jambes, mes bras, chacun des muscles de mon corps à commencer par mon coeur qui avait du louper quelques battements.

Ca va ?

Je venais de comprendre la situation. Matthew Thailande. Ok. Comme j'aimerais être sur ma falaise en Angleterre rien qu'un instant, m'allonger dans l'herbe, respirer l'air chargé d'humidité et ouvrir les yeux sur les nuages, être éblouie par la luminosité blanche, me dire que j'ai légèrement faim. Mais non. Je regardai Matthew, ne comprenant plus vraiment ce qui m'a pris en premier lieu de l'inviter comme ça. Ca n'avait aucune importance, j'étais contente qu'il soit là. Sans doute parce que sans lui j'aurais pu y passer.Une sorcière qui finit noyée, quelle drame et quelle absurdité. Comment avais-je pu oublier d'utiliser ma baguette dans un moment pareil, je le savais : la magie n'était plus un reflex pour moi.
Je passai ma main sur mon front et sentis un liquide tiede, lourd et collant. Je saignais. Et je devais aussi pisser le sang par le dos. Je souris légèrement.

Je comprend mieux pourquoi il faut utiliser la poudre de cheminette pour se déplacer.

Mon sourire se transforma en rire. Mieux vaut ça qu'un pétage de plomb probable ou tomber et pleurer.

On repart ?

Sa réflexion sur la poudre de cheminette m’indiqua qu’elle allait bien. Je suivis son rire, plus par soulagement qu’autre chose. De suite elle voulut repartir. Bah… Pourquoi? on est pas bien là? Moi j’pourrais passer le restant de mes jours ici… Ou pas.

« Ouais alors si on repart, j’ai une condition: on se lâche pas. Comme ça, au moins, tu crèveras pas toute seule. Et attends, deux secondes, t’vas pas partir comme ça quand même… »

Elle avait du sang un peu partout, déjà sur le front, aussi dans le dos. Je me souvins encore une fois des formules de grand-mère et pointais ma baguette sur ses blessures en fronçant les sourcils, appréhendant un peu le résultat, sans raison apparente pourtant. Les plaies se refermèrent normalement. Yay, plus rien! J’suis trop fort. Je lui adressais un grand sourire

« On sait jamais si tu croises un chin’toc plus grand que les autres et super canon, hein… Qui sait. Tu me remercieras plus tard. »

Attrapant sa main j’envisageais de repartir… Mais dans quelle direction? C’était la grande question. Je me souvins alors de l’espèce de chant bizarre que nous avions entendu avant l’épisode presque-noyade. Je tendais l’oreille et le retrouvais. C’était plus loin, en face. Plissant les yeux pour voir à travers la pénombre, je distinguais des silhouettes… Qui n’avaient de l’eau que jusqu’aux mollets. Cela voulait dire que nous étions dans un espèce de trou, ou alors étaient-ils des géants? En tous cas, le niveau avait l’air plus bas, par là bas, et même si ca pouvait être drôle, je n’avais pas trop envie de sauver Silice une deuxième fois.

« On y va? »

Sans vraiment attendre sa réponse, je me détachais du poteau et commençais à avancer

Ne pas se lâcher pour ne pas crever seul... Ouais, ça doit être ça. Je hochai la tête pour ne pas e contrarier mais mourir seule ou à deux, quelle différence ? On retrouverai les cadavres et on se dirait qu'un couple d'Anglais stupides s'étaient noyé et que Darwin avait raison, ce qui ne s'adaptent pas doivent mourir.
Le liquide chaud continuai à couler sur mon front, doucement, atteignant mes cheveux courts et mes sourcils. C'était désagréable mais pas autant que ce qui allait suivre : le moment où le sang se mettrai à sécher. Je devais faire peur à voir car Matthew ne voulait pas se trimbaler avec moi, il sortit à nouveau sa baguette et visa mon visage. Je le regardai et le laissai faire avec patience et sans appréhension aucune. Un instant plus tard, la douleur avait disparut et je tendis mon visage vers la pluie pour que le sang parte et laisse ma peau intact et immaculée.
A sa remarque sur le "chin'toc", je choisis de faire abstraction et de changer de sujet.

- Ne me dis pas que tu es de ceux qui confondent les Chinois et les Thaïlandais !

On y va ?
Je hochai la tête mais il ne prit pas la tête d'attendre ma réponse et commença à marcher. Mais y a qu'à faire comme ça.
Je le suivais en regardant autour de moi. Le ciel s'éclaircissait légèrement, l'aube était proche et Matthew marchait d'un air bien décidé vers... la musique.
La pluie s'arrêta d'un coup et je regardai un instant le ciel.

- Hey Matt ! En fait on se connait pas !

Je le regardai et hochai la tête comme si je venais de me souvenir de ce petit détail.

- Je veux dire, tu sais déjà plein de choses sur moi et je ne peux pas en dire autant...

L'eau baissait à présent avec un fort courant, je m'accrochai au premier poteau que je trouvais pour pas me faire happée par le flux et vérifiait que j'avais toujours ma baguette. Check, je l'ai. Après tout cette presque noyade m'avait remis les idées en place, je faisais partie de l'ordre et si ce n'était pas très connu, Matthew pouvait le savoir, être un mangemort et ne pas du tout s'appeler Matthew. Matthew pouvait en fait être un quinqua qui avait pris du polynectar et qui ne s'appelait pas du tout Matthew. J'attendis qu'il tourna la tête dans ma direction. Ma parole, j'étais devenue parano, comme ça, d'un coup.

« Hey Matt ! En fait on se connait pas ! »

Je me retournais vers elle et la regardais un instant… Elle avait raison. Je restais con à la regarder en réalisant pleinement, d’un seul coup la situation. Je suis en Thaïlande pour une raison que j’ignore, à la saison des inondations, avec une fille que j’ai rencontré le jour même et que j’ai suivi complètement à l’improviste. Wow. Personne m’avait jamais fait faire ça avant. Je réfléchis encore un peu plus à comment j’en étais arrivé là… Ah oui. Le bureau de poste… Maudit bureau de poste. Je regardais donc Silice comme un idiot. Ok, je la connais pas vraiment, mais est-ce si grave que ça?

« Je veux dire, tu sais déjà plein de choses sur moi et je ne peux pas en dire autant... »

Le courant devint plus fort et je sentais le niveau de l’eau diminuer. Je m’accrochais vite au même poteau que Silice puis fronçais les sourcils en pensant à sa réflexion… Les phrases comme ça, ça cache toujours une embrouille. Dans l’incompréhension, je la regardais, oubliant presque l’eau, l’humidité et la chaleur. En soi, je ne savais rien non plus sur elle. Savoir le nom d’une personne et sa position dans le jeu de Quidditch, c’est pas non plus la folie. Ya mieux, niveau connaissance de l’autre. Je haussais les épaules, toujours dans l’incompréhension de sa réflexion

« C’est pas comme si je te connaissais non plus. Franchement, je pense que t’en sais autant sur moi que moi sur toi… C’est-à-dire, pas beaucoup… Du tout. »

Je la regardais encore un petit moment puis réalisais d’un coup que peut être elle avait juste peur. Peur de quoi? Ma foi Dieu seul l’aurait su, mais les filles ça se fait toujours des histoires pour rien, ça s’invente des trucs, des situations improbable du genre « et si c’était un alien vieux d’un siècle et demi mais qui en fait aurait pris l’apparence d’un gars qui s’appelle Matthew et qui veut me kidnapper pour que je lui révèle l’emplacement de mon coffre à Gringott’s? ». Me traitant d’imbécile intérieurement pour ne pas y avoir pensé plus tôt, je plissais les lèvres et lui dit d’un coup, sans vraiment savoir ce que j’étais en train de faire.

« Ok, tu veux savoir qui je suis? Jte préviens, c’est pas passionnant. Je m’appelle Matthew Winslow, j’ai 28 ans, j‘aurais 29 le 15 Octobre, à Poudlard j’étais à Serpentard, je jouais comme batteur, j‘étais le premier de ma promo en potions mais j‘ai loupé 3 fois mon permis pour transplaner avant de l’avoir. Mes parents vont bien, ils habitent à côté de Manchester, j’ai un frère qui s’appelle Nathan, tous les deux quand on était gosses on faisait des paris bidons et à cause de ça j’suis devenu animagus. Maintenant j’travaille au bureau de poste parce que en soi, je sais toujours pas lancer un patronus -je sais, ça craint- et parce que j’ai pas voulu aller à la fac de potions alors que j’aurais dû. Alors pour rester en vie, j’envoie des lettres toute la journée ou je fais le baby-sitter. J’aime pas la politique, le ministre m’énèrve avec ses réformes pourries et ça m’est arrivé de jeter un sort au collecteur d’impôts. J’aime pas non plus les concombres, j’ai peur des mille-pattes, surtout ceux qui courent vite, et je le vis bien quand même. Ca te va? »

Je regardais Silice, sans trop savoir ce que j’attendais. J’espérais qu’au moins ma petite tirade l’avait rassurée, mais maintenant, c’était à moi de m’inquiéter. Je venais de débiter ma vie à une inconnue… Bah, à moins qu’elle ne soit mangemort ou psychopathe, je n’avais rien à craindre. Et elle n’avait vraiment pas l’air d’une mangemort... Ni d'une psychopathe.

Il fallait que je me montre réaliste, il ne sait pas grand chose sur moi non plus à part mon nom de famille. Young. Qui pouvait me définir en tant que personne, pas seulement parce que je suis jeune ou que lorsque je chante ma voix n'est pas meilleure que celle de Neil Young (pourtant, je vous assure que je ne connais aucun de lien de parenté étant susceptible de nous relier)... Non, Young c'est le nom du célèbre fabriquant de balais qui fut connut il y a une dizaine d'année avant de disparaître puis Young prit une connotations plus alcoolisé lorsque délaissant les balais et mes études à l'âge rebelle de quinze ans, je m'étais lancée dans la distillation. Celà me paraissait être une autre vie cependant et j'espère que plus personne ne se souvenait de ceci même s'il me reste quelques très rares bouteilles.
Matt' s'approcha de moi... pas vraiment pour moi mais plus pour se cramponner au poteau, je ne sais pas si ça devrait me rassurer ou non.

Ok, tu veux savoir qui je suis? Jte préviens, c’est pas passionnant. Je m’appelle Matthew Winslow, j’ai 28 ans, j‘aurais 29 le 15 Octobre, à Poudlard j’étais à Serpentard, je jouais comme batteur, j‘étais le premier de ma promo en potions mais j‘ai loupé 3 fois mon permis pour transplaner avant de l’avoir. Mes parents vont bien, ils habitent à côté de Manchester, j’ai un frère qui s’appelle Nathan, tous les deux quand on était gosses on faisait des paris bidons et à cause de ça j’suis devenu animagus. Maintenant j’travaille au bureau de poste parce que en soi, je sais toujours pas lancer un patronus -je sais, ça craint- et parce que j’ai pas voulu aller à la fac de potions alors que j’aurais dû. Alors pour rester en vie, j’envoie des lettres toute la journée ou je fais le baby-sitter. J’aime pas la politique, le ministre m’énèrve avec ses réformes pourries et ça m’est arrivé de jeter un sort au collecteur d’impôts. J’aime pas non plus les concombres, j’ai peur des mille-pattes, surtout ceux qui courent vite, et je le vis bien quand même. Ca te va?

Je le regardai incrédule, enregistrant les informations bien plus vite que d'habitude. Je retenais le mot Serpentard. Ces gens là n'ont jamais vraiment été mes amis exception faite d'Elynn à qui je n'ai que très rarement reparlé depuis le décès de Jagged il y a déjà quatre ou cinq ans. Je retenais aussi son âge et sa date de naissance et d'un rapide calcul je compris qu'il était bien plus âgé que moi assez âgé pour que nous ne nous soyons pas croisé à Poudlard. Animagus aussi, là je tiquai, être animagus n'était pas du ressort de tout le monde.
Le reste ne m'importait que peu même si chaque anecdote me fit sourire au moins intérieurement. Mon visage lui, restait impassible. A vrai dire, je ne savais quoi faire, lui balancer ma vie et mon passé à la figure comme une fille qui n'attend que son tour pour enfin pouvoir parler d'elle ou plus m'intéresser à lui. Aucune de ces solutions ne me semblaient convenir à la situation et je levais le visage pour le regarder comme pour lui envoyer un message d'un regard : "Désolée". Pas persuadée que le langage des yeux soit vraiment performant, je posais ma main sur son avant-bras, pas pour le tirer comme d'habitude, juste comme ça et je hochai la tête, presque au ralenti.

- Allons-y.