Chaque luciole éclaire pour elle-même (libre)

J’étais en train de pourchasser un membre du ministère afin (option 1) de l’influencer et de le corrompre ou (option 2) de le faire disparaitre. Je le suivais de près dans une rue densément peuplée quand il bifurqua à droite dans une petite ruelle moldue, surement dans le but de transplanner sans se faire remarquer. Avant qu’il ait pu faire quoi que ce soit, Je lui attrapais le bras et lui collais ma baguette contre sa nuque.

« Mon cher petit Jones, j’ai une proposition pour toi. Moi et mes copains mangemorts on aime bien les gars dans ton genre, tu sais, qui peuvent influencer le système. Tu es encore jeune, t’as de l’avenir, ce serait trop bête de mourir maintenant, surtout qu’à mon avis tu n’as pas encore commencé à rédiger ton testament… Mais ça à la rigueur tu peux me le dire verbalement dans les grandes lignes et je le fais mettre sur papier. Sauf si tu acceptes notre petite coopération, cela va de soi, et en prime, je t’offres même le papier et l’encre pour l’écrire, ton testament, parce que tu sais, la vie ne tient qu’à un fil, on sait jamais… »

Là, il s’est tourné, il m’a fixé un moment sans rien dire. Il a lâché sa baguette et m’a dévisagée. Puis il a planté son regard dans le mien et m’a demandé:

« Vous pensez vraiment que c’est juste? Que c’est bien? Quand vous m’aurez tué, je ne vous demande qu’une chose: pensez-y et réfléchissez si c’était indispensable à vos projets. »

Sans hésiter une seule seconde j’ai levé ma baguette en répondant que c’était indispensable. Je l’ai tué, j’ai fait disparaitre le corps et je me suis éclipsée de la rue en transplanant. Et depuis j’y repense. C’est la première fois que ça m’arrive, de repenser autant à un de mes meurtres. Ca me trotte dans la tête depuis maintenant une semaine et je n’ai pas dormi, la nuit dernière. J'ai l'esprit complètement embrouillé et je me suis dit qu‘un petit tour à Pré au lard s’imposait, histoire de remplacer les réflexions existentielles par de la nostalgie, mais en vain. Je ne sais plus ce que je dois faire, ni pourquoi je fais ce que je fais, je suis dans une période de doute. Avant, j'agissais selon mon éducation, sans trop réfléchir. Avant, il n'y avait pas de questions. Avant, tout était simple. Et je me rends compte que ces réflexions sont apparues avec Nathan. M’influence-t-il à ce point? C’est mal, si c’est le cas. On m’a appris que les mangemorts étaient les seuls à raisonner de la bonne façon. Qu’ils étaient les seuls à pouvoir préserver les sorciers et qu’ainsi, tuer n'était pas un acte mal en soi quand il était nécessaire ou solidement justifié.
Tuer des moldus est nécessaire puisque les moldus sont des parasites de la société et peuvent nuire dangereusement aux sorciers. Tuer des membres de l'ordre, des ombres et du ministère est nécessaire puisqu'ils nous empêchent d'accomplir la mission, à savoir éradiquer les moldus de la planète. Bon, j'avoue que les histoires de sang, les hybrides et tout ça... Je fais genre "c'est scandaleux un sang de bourbe" mais en fait je m'en fiche pas mal. Après tout, le premier sorcier n'était-il pas lui aussi un sang de bourbe? Ou alors le premier moldu, un cracmol... Et comme on ne saura jamais si le premier homme de l'existence était sorcier ou non, on ne saura jamais qui est en tort. Quoiqu'il en soit, j'ai toujours trouvé ça plus déshonorant d'être un cracmol plutôt qu'un sang de bourbe. Je sais que dans aucun des deux cas l'individu n'est responsable de sa condition mais pour la forme, il faut aussi les éradiquer. A défaut d'être nécessaire, c'est justifié: mon image sociale est ainsi conservée.
C'est alors que j'ai réalisé combien c'était égoïste, de tuer juste pour préserver mon image dans les mangemorts. Et surtout ce n’est parfois pas solidement justifié. Rien de ce que je fais n’est admirable, c’est politiquement correct, disons. Mais si tuer était vraiment mal, bien que ce soit nécessaire ou justifié? Et si les moldus étaient juste des gens qui se contentent de vivre leur vie sans s'exploiter les uns les autres? Parce que le problème est vraiment là: Les moldus sont plus nombreux que les sorciers, et même avec tous les pouvoirs que nous avons, nous ne sommes pas plus qu'une poignée à penser que tuer des moldus pour la survie des sorciers est nécessaire. Les autres pensent qu’ils pourraient devenir « amis » avec eux. Mais la vérité c’est que ce sont des êtres de chair et de sang et que, gentils ou pas, il arrive un moment où avoir un sorcier à ses côtés devient toujours plus avantageux que de le laisser vivre sa vie, par « amitié ». Nous serions sollicités nuit et jour, tantôt par ci, tantôt par là, et on finirait par nous enfermer juste pour nous exploiter à la demande. Ce serait une vie d’esclavage pour nous autres sorciers. La solution est donc très simple: appliquer la loi de la jungle, les terroriser avant qu’ils ne nous terrorisent. Mais cette hypothèse ne serait valable que si les moldus savaient que les sorciers existaient, or ce n’est pas le cas. Et pourtant j’ai quand même tué. Cela veut-il dire que j’ai tué des moldus inutilement et donc que j’aurais fait quelque chose de vraiment mal?
… Non. Bien sur que non. Mieux vaut prévenir que guérir, c’est nécessaire: s’ils l’apprennent, déjà ceux qui sont morts n’auront pas pu donner naissance à d’autres moldus susceptibles de nous nuire et ensuite ils se rappelleront de tous les « accidents » et autres « catastrophes » et ils comprendront notre pouvoir. Ils seront tétanisés et les sorciers pourront enfin devenir les maîtres absolus de ce monde, comme la Nature l’a voulu en mettant à leur disposition la magie. Car il n’existe pas de magie blanche et de magie noire, la magie est une et c’est la distinction que font les hommes entre le bien et le mal qui a donné naissance à ces appellations stupides…
J’ai marché, en même temps que je réfléchissais. Et mes pas m’ont conduit pour une raison que j’ignore à l’entrée de Poudlard. Je m’arrêtais devant les grandes grilles et décidais de m’asseoir près des portes sur un rocher qui se trouvait là, à gauche du portail. Je regardais ma montre, bientôt dix heures du matin. Puis je retournais doucement à ma méditation, sans me soucier des bruits de pas écrasant les graviers qui se faisaient entendre, de plus en plus proches, provenant de derrière la grille du château.

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Jesper Larsen, 17 ans, étudiant à Poudlard

Spoiler:

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Jesper Larsen rangea rapidement ses affaires dans son sac et après un sourire absent à ses amis quitta la salle de classe le premier. La prof d'histoire de la magie avait beau avoir un certain charme, Jesper ne voyait pas l'intérêt de ses cours. Tout le monde sait comment s'est terminé la guerre entre les trolls et les ogres de la seconde ère sorcière, pas besoin de revenir sur les bases, il faudrait plutôt étudier les fondements, les raisons qui ont poussé deux espèces qui n'avaient aucune raison de se battre à s'entretuer et cette raison c'est le sorcier, car le sorcier est intrinsèquement mauvais et hostile à la vie. Non, l'homme est la cause des fléaus sur la terre, pas seulement le sorcier car, sans être un expert de l'histoire moldue, on peut facilement se rendre compte qu'elle est une suite de massacre toujours plus énorme et cruel.
Les Poufsouffles et les Gryffondors pourraient bien sur parler d'amour, de ce sentiment qui est plus beau que tout le reste. Jesper sourit en poussant la lourde porte donnant sur le parc. Une heure, une heure de libére avant le cours de sortilège. Et seulement quelques mois avant de quitter le monde des bisounours. Poudlard est un environnement si... fermé et protégé, même les Serpentards ont la plupart du temps de airs de teletubbies, de razmokets quand ils essayent de montrer les dents.

Jesper leva les yeux vers un ciel clair et sortit ses mains des poches de sa lourde cape très poudlardienne pour apprécier la sensation de fraicheur entre ses doigts. Il se retourna et contempla le chateau, superbe architecture, très avangardiste lors de sa construction, bien trop classique maintenant. Poudlard. Grande école qui pousse ses élèves à la fois sur le chemin de la haine et sur le chemin de l'irrespect tout en prétendant insuffler à ses éléments les meilleurs valeurs du genre humain.
Sans réellement y réfléchir, Jesper s'était dirigé vers le bas du parc comme s'il avait envie de partir, de quitter cette école qu'il appréciait malgré tout. Il savait parfaitement que de nombreux élèves avaient trouver des failles dans l'enceinte de Poudlard pour pouvoir aller à Londres ou n'importe où quand bon leur semblait. Jesper n'avait jusque là pourtant trouvé aucun intérêt à s'évader comme ça pour revenir quelques heures ou quelques jours plus tard juste pour enfreindre les règles. A quoi bon les enfreindre si elles ne sont ni stupides ni liberticides ? Sept ans à Poudlard, ce n'est pas la mer à boire et on peut apprendre cii bien plus de choses que dans n'importe quel autre endroit clos en Angleterre ou même dans le monde. Les trois quarts de ces apprentis sorciers n'imaginent pas un seconde que c'est ici que l'on se forge et que l'on devient qui l'on, pas grâce au cours bien souvent inutile mais aux livres disponibles, et surtout à cette possibilité de pouvoir se tromper sans qu'il n'y ait pour autant de conséquences graves. Et Merlin sait qu'énormément d'élèves se trompent tous les jours sans se rendre compte q'ils ont de la chance de se tromper ici. Bien sur Jesper n'était pas dans ce cas, il savait très bien ce que représentait Poudlard mais avant toute chose, il ne se trompait que très rarement.

Jesper ramassa une feuille sechée et jeta un coup d'oeil vers la grande grille. Il tiqua et regarda une seconde fois. Il y avait là une ombre, une ombre qu'il n' y a pas d'habitude. Un sourire se forma sur le visage de l'étudiant qui se releva avec aisance et s'élança vers la grille, peut-être cette journée ne serait pas totalement sans intérêt.
Les cailloux crissèrent sous ses bottes de cuirs. Il y avait bien quelqu'un de l'autre coté de la grille. Jesper hésita à aller plus loin puis haussa les épaules, qu'avait-il à perdre ? La plupart des personnes ne sont-elles pas dans l'attente qu'un incnnu sympathique les accoste ? Jesper tiqua, il n'est jamais vraiment dans cette attente. Tant pis.

- Hum Salut.

La personne devant la grille était en réalité une jeune femme, Jesper était persuadé de l'avoir déjà vu quelque part sans savoir où.

- Qu'est-ce que vous faites ici ?

J'ai levé le regard vers l'étudiant en même temps qu'il s'arrêtait devant les grilles. Il avait l'air jeune... Enfin, surement en dernière année, mais il me semblait déjà jeune. Mon Dieu je suis vieille. Le temps passe à une allure affolante, je me souviens de mon entrée à Poudlard comme si c'était hier et j'ai l'impression que ma vie est désordonnée, complètement sans repères depuis que je n'y étudie plus. Au début, je m'étais dit que je ferais des études. J'avais commencé, mais j'ai vite abandonné pour me consacrer aux mangemorts et à d'autres futilités. Quand on a des relations un peu partout et qu'on sait qu'on peut tenir toute une vie avec la moitié de son compte à Gringott's, on néglige ses études et on se perd dans la vie de routine déguisée. Grave erreur.

« Hum, Salut. »

Je ne pris pas la peine de répondre. Mon regard se dirigea vers son uniforme je ne parvins pas à distinguer le blason sur sa veste. J'essayais alors de deviner où le choixpeau avait-il décidé de l'envoyer. Un Serdaigle n'aurait pas osé et/ou n'aurait pas voulu engager la conversation avec un parfait inconnu. Un Poufsouffle serait à cette heure en cours ou en train de travailler ailleurs. Un Gryffondor aurait ramené toute la meute rouge avec lui, ils ne se déplacent jamais seuls. Un Serpentard n'aurait pas dit "Hum, Salut.". Le mystère reste donc entier. Il enchaîna en me demandant ce que je faisais là. Vraiment trop audacieux pour être un Serdaigle. Je haussais les sourcils en souriant. Bonne question.

« A vrai dire je passais dans le coin et je me suis échouée ici, pour méditer sur des choses d’une importance capitale. Et toi? Tu fais le mur? »

Pas vraiment le meilleur endroit pour sortir du château… Ahlala, ce manque d’expérience! Juste un peu plus à droite, à environ 200 mètres, il y a un arbre avec des branches assez basses pour s’y hisser et grimper jusqu’à la cime. Ensuite, il y a juste à sauter par-dessus la muraille et à amortir la chute avec un petit sort, soit pour ramollir le sol, soit pour diminuer la vitesse lors de l’atterrissage. Fastoche. Sinon il y a toujours un passage qu’on avait découvert avec Jade. En dessous du Saule Cogneur il y a un trou qui débouche sur un tunnel, et celui-ci mène directement à la cabane hurlante. Pourtant nous ne sommes jamais vraiment sorties de Poudlard. Il y avait déjà assez de conneries à faire à l’intérieur, et sécher les cours était suffisant. Je me demande comment on a fait pour gagner la coupe des 4 maisons, lors de notre dernière année… Je suppose que les profs avaient pris l’habitude de nos remarques et de nos crétineries. En fait, on récoltait surtout des heures de colles, ils ne nous enlevaient pas vraiment de points. Là où on était forts, par contre, c’était au quidditch, notre équipe en sixième année était juste invincible… Nostalgie quand tu nous tiens!
Je sortais de mes rêveries et me focalisait sur mon interlocuteur. Il était grand, brun et son visage était assez fin. Et je ne savais toujours pas sa maison. Un petit tour dans sa tête aurait été un jeu d’enfant mais je n’étais pas d’humeur et la légilimensie demande pas mal de précision quand il s’agit de lire dans la tête des gens sans qu’ils ne s’en aperçoivent. Je me demandais alors dans quel camp il était. Pensait-il que les mangemorts représentaient le mal? Ou plutôt qu’ils incarnait la quintessence même du raisonnement logique? Ou alors peut être n’avait-il aucun avis… Mais peu importe, de toute façon, non? L’avis d’un étudiant parmi tant d’autre, parmi tant de monde. Un humain comme un autre. Pas plus différent de tous ceux que je tue. S’il avait été présent sur l’une de mes scènes de crime, peut être que je l’aurais tué… Peut être même que j’ai tué son père, sa mère ou sa sœur. Peut être, mais peut-être pas.

« Tu t’appelles…? »

Demandais-je pour engager la conversation. J’aime savoir à qui j’ai affaire. Peut être même que son nom me dira quelque chose, qui sait? La vie est pleine de rencontres inattendues.

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Jesper regarda le visage de l'inconnue ou plutot le contempla car son visage n'avait que très peu de défauts... il n'avait pas de défaut à vrai dire. Lumineux par sa beauté et pourtant si sombre. Jesper avait rarement vu pareil paradoxe. La jeune femme tourna les yeux et le toisa, pas comme une adulte qui reconnaitrait en lui un passé qu'elle essayerait de revivre mais plutôt comme quelqu'un de calculateur qui regardait Jesper comme une énigme à résoudre, un problème à comprendre.
Jesper se félicita intérieurement de toujours porter son écharpe grise et noir car si elle ne flashait pas sur sa cape sombre, elle avait pour mérite de ne pas dévoiler dans quelle maison il était et donc de lui permettre de ne pas être cataloguer en une seconde par un inconnu.

- A vrai dire je passais dans le coin et je me suis échouée ici, pour méditer sur des choses d’une importance capitale. Et toi? Tu fais le mur?

S'être échouer, méditer, voilà des mots qui parlait à Jesper. En revanche la dernière question le dérangea presque, l'offusqua à moitié, Pourquoi faire le mur ? Vraiment ? Avait-il l'air de quelqu'un qui cherche à s'enfuir ? Avait-il le visage d'un imbécile qui voudrait aller chercher des sucreries chez Honeydukes ou de Whisky quelque part à Pré-au-lard en se disant que passer par le portail, hermétiquement fermé par une sorcellerie que très peu de sorcier pourrait rompre, serait le chemin le plus court ?
Jesper rangea ses idées dans un coin de sa tête et sourit légèrement.

- Non, pas du tout, aucune envie de sortir, je faisais le tour du parc pendant une heure de pause et je me suis... échoué ici.

Le sourire du jeune homme s'accentua. Il ne rencontrait presque jamais de nouvelles personnes et parler ainsi à une femme qu'il n'avait sans doute jamais vu -bien que ses traits lui soient familiers- et qu'il ne reverrai sans doute jamais lui faisait un bien fou. D'où ce sentiment sortait-il, Jesper n'en avait aucune idée et il ne voulait surtout pas l'anayser. Il fit tourner la feuille morte ramassée un instant auparavant entre ses doigts et releva la tête lorsqu'Elle s'addressa à nouveau à lui.

- Tu t’appelles…?

Jesper posa sa main droite sur les barreaux métalliques du portail, maintenant il avait vraiment l'impression de se trouver en prison, à moins que ce soit elle, elle la prisonnière, incapable de revenir sur les lieux de son passé, criminelle qui voudrait aller là où elle n'est pas censée aller sinon pourquoi s'échouerait-elle ici, là où elle a sans doute passé une bonne partie de sa vie. Jesper auto-disciplina ses pensée pour essayer de repondre à la question de la jeune femme, il eu envie de lui répondre "Moi c'est Gus et toi ?" mais son idée furtive lui parut vite bien ridicule et il joua la franchise.

- Larsen, Jesper Larsen... et toi ?

Le vouvoiement qu'il avait préféré adopté au début n'était plus de mise, elle l'avait tutoyé et ce serait, désormais, réciproque.

J'ai posé ma question et j'avais à peine fini que la réponse se peignait sur son visage. La déception et l'exaspération passèrent en un éclair mais ni l'une ni l'autre ne m'échappa. Déçu d'appartenir malgré lui à un préjugé? Exaspéré par cette généralisation sans fin? Et moi donc. Je la subissais tous les jours, partout où j'allais, elle était imprimée dans tous les journaux: les mangemorts sont foncièrement mauvais. Voilà une généralisation stupide, exaspérante. N'y-a-t-il personne dans ce monde pour se rendre compte que les gens agissent selon ce qu'ils croient être juste et bon? Personne ne se trouve méchant. Je ne me trouve pas méchante. Ce que je fais, c'est parce que je crois que c'est ce qu'il faut faire, même si elles peuvent paraître affreuses et inhumaines. Il est vrai qu'à force et avec l'expérience on prend un certain plaisir à la torture et à la mort, ou du moins une habitude qui fait qu'elles ne nous dérangent plus. Mais cet amusement là n'est qu'une consolation face au désespoir de notre âme. Inconsciemment, et je ne le réalise que depuis quelques temps, les meurtres nous blessent, même malgré nous. Alors qu'il faudrait en pleurer nous en rions, c'est le seul moyen pour continuer à vivre sans se retourner. Mais l'exaspération et la déception des préjugés passent. Il l'a compris, il m'adresse un sourire en répondant:

« Non, pas du tout, aucune envie de sortir, je faisais le tour du parc pendant une heure de pause et je me suis... échoué ici. »

Le sourire est contagieux. Une expression amusée naquit sur mon visage. Je ne le connais pas, mais je l'aime bien. J'aimerai bien tenter une petite intrusion dans sa tête, juste pour voir comment son esprit est fabriqué. Chaque être humain a son esprit avec sa spécificité. Une seule seconde au contact d'un esprit peut nous apprendre plus sur un individu qu'en le côtoyant physiquement pendant des années. C’est un peu comme un bureau: les souvenirs sont rangés, classés, par groupe ou seuls, dans plusieurs tiroirs ou éparpillés à la surface. La mémoire se traduit en images, souvent déformées à cause de l’influence de l’œil critique et de la perception de l’individu, des relations qu’il a avec les gens qui apparaissent dans ce qu’il se souvient d’eux. La personne aimée paraîtra beaucoup plus parfaite dans l’imagination que dans la réalité, parce qu’on l’idéalise, et les souvenirs superflus de moments banals seront erronés à cause de l’idéalisation (positive ou négative) que l’on en fait. Toutefois, je ne tenterai aucune intrusion dans l’esprit de mon interlocuteur. Je ne suis pas vraiment d’humeur. Aujourd’hui j’ai juste envie de laisser tout ce que je suis de côté, d’abandonner l’agressivité et le dédain, juste pour entretenir la conversation à un individu qui parait on ne peut plus normal dans ce monde de fous. Juste un gars parmi d’autres qui vient s’échouer comme moi, mais de l’autre côté de la grille. Moi vers mon passé, lui vers son avenir.
Je lui demande son nom, et il répond après un petit temps, surement d’hésitation. Il s’appelle Jesper Larsen, et il ne me ment surement pas, justement à cause de l‘hésitation. Connais pas. Il me retourne la question en me tutoyant. D’ordinaire, cela m’aurait ébouriffé les nerfs de la tête aux pieds et il aurait compris la signification du mot souffrance. Mais finalement, je me rends compte que ça ne me gène pas qu’il me tutoie. En fait je crois que ça m’aurait plutôt gênée, s’il avait continué de me vouvoyer. Pour une raison inconnue, je me sens assez proche de lui, même si je ne le connais pas; comme si je l’avais déjà vu il y a longtemps, comme s’il était ancré quelque part dans ma mémoire. Pourtant, ni son nom ni son visage ne me rappellent quelque chose.
Qu’il ait répondu par son nom complet me gêne. Je ne voudrais pas lui donner mon nom de famille. Je ne sais pas où en est le ministère de ses recherches, et je préfère ne prendre aucun risque. D’ailleurs, il est peut être membre de l’Ordre. Ils recrutent de plus en plus jeune… Comme nous. En tous cas, mon prénom lui suffira: je ne suis pas prête pour un voyage en pleine mer et Azkaban ne doit pas être aussi fascinant que l’idée que je m’en faisais quand j’étais encore jeune et innocente.

« Tu peux m’appeler Lara. »

Lui répondis-je finalement avec un sourire. Je décidais de me lever pour l’examiner de plus près. J’aime à voir les choses dans le détail et je ne pouvais vraiment plus supporter de ne pas savoir dans quelle maison il était. Je m’approchais des grilles et m’arrêtais à un peu moins d’un mètre de lui. Je m’adossais contre les barreaux, tournais la tête vers lui et contemplais mes ongles une seconde avant de le regarder et de lui demander avec un sourire

« T’es dans quelle maison? J’essaie de deviner depuis toute à l’heure mais j’arrive pas à me décider. »

J’avais essayé d’apercevoir le blason sur son uniforme mais il était caché par un bout d’écharpe qui retombait juste dessus. Et comme celle-ci était grise et noire… Impossible de savoir. D’habitude, j’ai le coup pour trier les gens et les mettre dans les boites étiquetées qui conviennent. Mais lui je n’y arrivais pas. Peut être que Serdaigle n’était pas totalement exclu, après tout. Il avait l’air intelligent et il était calme, serein... Pourquoi pas?

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Jesper Larsen
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Le visage de l'inconnue s'illumina l'espace d'un instant. Elle avait sourit. Souriait-elle souvent ? Jesper était persuadé que non ; et pourtant qui était-il pour deviner qui elle était ? Lui qui ne supportait pas qu'on le juge sur son physique parfois trop osseux, parfois trop irlandais, parfois trop nordique, comment pouvait-il essayer de trier la mystérieuse inconnue dans une catégorie ?
Non. Jesper le savait. Cette femme était Elle et personne d'autre. Unique. Unique, si cet adjectif peut être accordé à l'ensemble de l'espèce humaine et sans doute des mammifères, il semblait qu'il correspondait encore plus à notre inconnue.

- Tu peux m’appeler Lara.

Jesper sourit légèrement et hocha la tête. Après quelques secondes, il avait compris qu'il n'obtiendrait pas de nom de famille. Il eut envie de gaire une blague à propos puis s'abstint. A quoi bon connaitre son nom de famille ? Le prénom, Lara lui suffirait. Honnête, il eut envie de dire que c'était un beau prénom, une nouvelle fois, il s'abstint se souvenant de l'air semi-écoeuré semi-moqueur de la fille à qui il avait fait ce compliment en quatrième année, une certaine Alba, prétentieuse et superficielle.
Oui, hocher la tête était sans doute la plus sage chose à faire.

- T’es dans quelle maison? J’essaie de deviner depuis toute à l’heure mais j’arrive pas à me décider

Un réel sourire se dessina sur le visage anguleux de Jesper. Lara tenait un dossier "Jesper Larsen" dans ses mains et ne savait pas si elle devait le ranger dans une boite verte, bleue, rouge ou jaune. Un sorcier en Angleterre sera toujours vu comme un des 4 sorciers qui ont formés l'école de Poudlard. A croire que les mentalité n'ont pas évolué que tu sera soit fourbe et froid à l'image des Serpentard, soit intelligent et légèrement en marge des autres, ou encore bon et courageux et enfin loyal et travailleur.

-Et bien Lara, tu n'imagines sans doute pas à quel point je suis heureux que tu n'ai pas réussi à me caser dans une des quatres grandes maisons. Je ne supporte pas l'idée d'être condamné à rester le même avec les mêmes qualités et les mêmes défauts à partir de nos 11 ans. En un an, on peut devenir une personne totalement différente.

Jesper sourit, il ne parlait que rarement de ce problème, la plupart de ces amis, comme 95% du monde sorcier n'était pas d'accord avec lui mais ce déterminisme le révoltait.

- Je ne supporte pas le "dis-moi dans quelle maison tu as été envoyé et je te dirai qui tu es". Alors permet moi de ne pas te révéler où est ma salle commune car tu es la seule personne que je connaisse qui ne sait pas dans quelle maison je suis et qui peut donc me voir tel que je suis.

Jesper regarda Lara, s'attendant à oitié à recevoir une antithèse aggressive et corrosive de sa façon de voir les choses. Le jeune homme regarda sa montre qui pendait à l'extérieur de sa poche, dans vingt minutes, il devrait être en cours, en partant maintenant il pourrait être à l'heure. Mais il n'avait aucune envie de partir maintenant.

Ma dernière question eut l'air de le ravir. Moi, ça m'ennuyait de la poser, mais tant que j'avais une réponse, cela me dérangeait moins. J'ai l'habitude de ne pas trop me tromper sur l'analyse que je fais des gens, en général. Mais pour cela, il faut un minimum de conversation. Pourtant, j'avais l'impression que tout ce qu'il dirait ne me renseignerait pas plus sur le tiroir dans lequel je devais le ranger. Peut être était il juste trop particulier pour être classé quelque part? Non. Tout le monde appartient à une catégorie, quelle qu'elle soit. Car si l'expérience a pu m'apprendre quelque chose, c'est qu'on est jamais le seul à posséder les caractéristiques qui composent notre âme. Il me regarda et me répondit avec un sourire:

" Et bien Lara, tu n'imagines sans doute pas à quel point je suis heureux que tu n'aies pas réussi à me caser dans une des quatre grandes maisons. Je ne supporte pas l'idée d'être condamné à rester le même avec les mêmes qualités et les mêmes défauts à partir de nos 11 ans. En un an, on peut devenir une personne totalement différente. "

Il se forma un semblant de sourire sur mon visage. Je partageais son point de vue, mais pourtant si on suit la logique de sa pensée, on arrive à une déduction qui me dérange. Je le laissais poursuivre toutefois, au cas où il penserait à ma manière. Je savais qu'il n'avait pas terminé puisqu'il n'avait toujours pas répondu à ma question. Mais dès le moment où il ouvrit la bouche pour continuer, je sus qu'il n'allait pas me dire de quelle maison il venait. C'était inscrit dans son expression, gravé dans son visage.

" Je ne supporte pas le "dis-moi dans quelle maison tu as été envoyé et je te dirai qui tu es". Alors permet moi de ne pas te révéler où est ma salle commune car tu es la seule personne que je connaisse qui ne sait pas dans quelle maison je suis et qui peut donc me voir tel que je suis. "

Et comme je l'avais prévu, son opinion diverge de la mienne. Je l'observais un moment en silence. Il regarda sa montre, il devait partir. Il ne partira pas. Du moins je l'espère. Jesper Larsen est un individu très intéressant et il est l'occupation de ma journée. Comme il n'est qu'environ dix heures et demie... Ce serait dommage qu'il parte maintenant. Mais quand on est bien élevé on ne part pas en plein milieu d'une conversation intéressante. Je décidais donc de lui répondre:

" Tu sais, je pense que tu as raison, en partie. J'ai eu beaucoup de points de vue différents mais j'ai retenu ceci aujourd'hui: oui, il faut se méfier des apparences, de toutes les connotations associées par la majorité des gens à un statut, une profession ou autre chose mais, et j'y ai bien réfléchi, un évènement dans notre vie ni la prise de conscience de certaines vérités ne nous changent jamais totalement. Rien ne peut détruire les valeurs qu'on nous a inculquées, pas même le bourrage de crâne. Ce qui est important, c'est ce à quoi nous nous référons. Autrement dit, l'enfance. C'est pour ça que le choixpeau peut nous répartir, parce qu'il a accès à ce à quoi nous tenons. C'est pour ça qu'en connaissant la maison de quelqu'un, on peut savoir qui il est du moins en partie, si on sait ce que les maisons représentent vraiment. Mais ça, c'est une autre histoire. "

Et je n'y ai pas encore réfléchi, je suis trop fière pour ça. Je ne suis pas prête à chambouler ma vision de Serpentard, c'est à dire celle de la maison parfaite. Je le regardais un moment puis esquissais un sourire:

" J'étais à Serpentard, trouve qui je suis. En partie, du moins. "

Jesper Larsen est vraiment intéressant. Peut-il pour autant trouver qui je suis?

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Les yeux de Jesper brillaient légèrement, cette discussion l'enchantait, elle ranimait son cerveau endormit par de trop longues heures d'histoire de la magie lassantes et vraiment pas stimulante. Pour le plus grand bonheur de Jesper, Lara aussi avait une opinion sur la question. Voilà qui permettrait de débattre tranquillement.

- Tu sais, je pense que tu as raison, en partie. J'ai eu beaucoup de points de vue différents mais j'ai retenu ceci aujourd'hui: oui, il faut se méfier des apparences, de toutes les connotations associées par la majorité des gens à un statut, une profession ou autre chose mais, et j'y ai bien réfléchi, un évènement dans notre vie ni la prise de conscience de certaines vérités ne nous changent jamais totalement. Rien ne peut détruire les valeurs qu'on nous a inculquées, pas même le bourrage de crâne. Ce qui est important, c'est ce à quoi nous nous référons. Autrement dit, l'enfance. C'est pour ça que le choixpeau peut nous répartir, parce qu'il a accès à ce à quoi nous tenons. C'est pour ça qu'en connaissant la maison de quelqu'un, on peut savoir qui il est du moins en partie, si on sait ce que les maisons représentent vraiment. Mais ça, c'est une autre histoire.

Jesper écouta chaque mot, chaque phrase attentivement. Il n'était pas de ce genre de personnes qui n'attendent qu'une chose : pouvoir reprendre la parole. Chaque opinion lui semblait assez bénéfique et lui permettait de bousculer ses a priori et d'essayer de penser le problème sous un autre angle. Jesper hocha légèrement la tête, à chaque pause de son interlocutrice. L'idée de Lara n'était pas stupide, il se devait de l'admettre, pour être honnête avec lui-même. Certaines choses se définissent chez nous dés notre plus jeune âge, quelques traits de caractères mais lesquels ? et ne peuvent-ils pas être changé ? Quelqu'un de bon envers chacun et de légèrement ingénu ne peut-il pas devenir calculateur suite à un drame ? L'inverse n'est-il pas possible ? A onze ans, on est si jeune et la plupart des premiers années se ressemblent et pensent de la même façon. Non. Le "déterminisme du choixpeau" était une chose vraiment dure à comprendre et encore plus à accepter pour Jesper.
Le jeune homme cherchait une réponse correcte et structurée pour faire valoir ses idées lorsque Lara pris la parole.

- J'étais à Serpentard, trouve qui je suis. En partie, du moins.

Jesper sourit et la regarda. Voilà qui lui semblait bien dur. Conscient que s'il arrivait à trouver des éléments de la personnalité de Lara grâce à sa maison, sa thèse serait en partie discrédité, Jesper essaya quand même de trouver au mieux quelles qualités Lara avait pu hérité de a maison vert et argent.

- Tu es consciente que tu me prends à contre-courant, là... voyons, Serpentard, la maison de ceux qui sont rusés et... dit-on calculateurs, froids, pour certains cruels pour d'autres drôles...

Jesper réfléchit un instant essayant de ce souvenir des fichus chansons du choixpeau... inutile, il avait plutôt, ses derniers mois, essayé de les supprimer de sa mémoire.

- J'imagine que tu étais assez fière d'être dans cette maison, c'est le cas d'une énorme majorité des Serpentards... mais aussi des Serdaigles et des Gryffondors . Tu crois que tu es ce qui définit le mieux les Serpentards, c'est-à-dire que tu penses avoir les mêmes qualités et, j'imagine, défauts que le créateur de la maison mais c'est faux. Tu ne vis pas grâce à cette maison, elle vit grâce à toi et aux autres Serpentards qui enrichissent de leur divers qualités et défauts cette maison.
Mais accepterais-tu que l'on te désigne comme une Serpentard et seulement comme ça comme le fait la société depuis des siècles ? Car tu n'es pas une Serpentard, tu es Lara avec un mélange de constituantes unique.

Jesper n'avait pas quitté des yeux le visage sans défauts de Lara et attendait sa réaction avec sérénité et... paradoxalement... impatience.

Il me regardait fixement. Cela faisait une éternité qu'un étranger ne m'avait pas fixé de cette manière là. Comme si il avait quelque part confiance en moi. Comme si il n'avait pas peur. C'était vraiment bizarre... Il faut dire que je passe plus d'heures à terroriser mes interlocuteurs qu'à leur faire gentiment la conversation. En fait, je crois que c'est la première fois que je parle comme ça à quelqu'un que je ne connais pas du tout. J'avais presque oublié que je ne le connaissais pas. En un sourire il me répondit:

« Tu es consciente que tu me prends à contre-courant, là... »

Evidemment que j'en étais consciente, c'était même tout l'intérêt pour renforcer ma thèse. Il parait que Socrate, un moldu très célèbre de l'antiquité procédait de cette manière. Il posait des questions à ses élèves et soulevait un paradoxe dans leur raisonnement. Il faut être drôlement doué pour faire une chose pareille... A mon avis, c'était un sorcier. Jesper continua sa réflexion et sembla chercher tous les stéréotypes de Serpentard en oubliant un des principaux: l'ambition. Il avait vraiment dû se boucher les oreilles de toutes les manières possibles pendant les sept chansons du choixpeau qu'il avait eu à écouter. Je le laissais cogiter un peu mais il sembla se rabattre sur sa thèse.

« J'imagine que tu étais assez fière d'être dans cette maison, c'est le cas d'une énorme majorité des Serpentards... mais aussi des Serdaigles et des Gryffondors . Tu crois que tu es ce qui définit le mieux les Serpentards, c'est-à-dire que tu penses avoir les mêmes qualités et, j'imagine, défauts que le créateur de la maison mais c'est faux. Tu ne vis pas grâce à cette maison, elle vit grâce à toi et aux autres Serpentards qui enrichissent de leur divers qualités et défauts cette maison.
Mais accepterais-tu que l'on te désigne comme une Serpentard et seulement comme ça comme le fait la société depuis des siècles ? Car tu n'es pas une Serpentard, tu es Lara avec un mélange de constituantes unique. »

Je souris légèrement. Il n'avait pas compris. Chacun est unique, chacun a un caractère spécifique mais pourtant... Je tentais de lui expliquer:

« Je ne peux pas nier que je ne suis pas Lara, en effet. Et je ne peux pas non plus nier que le premier qui me définit uniquement par ma maison est un idiot et mérite... »

Je m'arrêtais de justesse. J'allais juste laisser resurgir la part de mangemort en moi, ma moitié irascible, cruelle et sans pitié, blessée au plus profond d'elle même, qui a soif de violence et de vengeance pour un seul meurtre commis. Je me repris rapidement, espérant d'un côté qu'il n'aurait pas remarqué le léger trouble qui avait dû passer dans mon regard, et me fichant totalement de son avis par ailleurs.

« ... disons une correction appropriée de son raisonnement. C'est pour ça que j'ai dit " en partie ". Déjà, la fierté d'appartenir à sa maison est autre que la fierté en soi. Chacun doit être fier d'être ce qu'il est... Enfin... Si, admettons. Au moins, nous avons tous le mérite d'exister. Je pense que les quatre fondateurs ont pu créer Poudlard parce que justement, ils avaient à eux quatre réuni toutes les grandes caractéristiques que quelqu'un peut avoir. Et même si certains traits se recoupent dans les maisons, c'est leur agencement qui fait la spécificité de chacun. Chaque manifestation du caractère a un poids: deux personnes peuvent être toutes deux, disons hypocrites et rancunières, mais elles seront différentes parce que pour une même situation elles réagiront différemment selon leur trait de carctère le plus prononcé. Et puis, on peut être généreux à dose modérée comme on peut être calculateur pour certaines choses et pas d'autres. Les maisons sont faites pour regrouper les gens qui ont les mêmes caractéristiques mais pas forcément le même agencement. On peut être à Serdaigle sans être abusivement timide. On peut être à Gryffondor sans voir son courage friser la témérité. On peut être à Poufsouffle et ne pas être loyal avec tout le monde. On peut être à Serpentard et ne pas être un profiteur qui ne cherche qu'à s'élever en considérant les autres comme de simples moyens et pas comme des êtres à part entière. Et l'inverse est aussi vrai. Ce n'est pas les constituantes qui sont uniques. C'est leur dosage. Enfin, c'est juste mon opinion. »

Une personne peut-elle devenir quelqu'un d'autre au cours de sa vie? Je cherchais la réponse dans le regard de Jesper... Non, je ne crois pas.

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Jesper hocha la tête. Les théories de Lara étaient correctes, du moins en partir mais aussi très banales, Lara s'accrochait à ce qu'elle avait toujours pensé juste et comme une immense majorité des Serpentard, elle était fière de sa maison et ne se résoudrai sans doute jamais à penser qu'un jour dans sa vie, elle aurait plus correspondu au profil d'une autre maison au mieux : qu'elle n'était pas une Serpentard, pas plus qu'un rouge et or devrait être un Gryffondor. Jesper sourit légèrement, le défi était sympathique et évident, il ne lui appartenait plus qu'à lui seul de le relever.

… On peut être à Serpentard et ne pas être un profiteur qui ne cherche qu'à s'élever en considérant les autres comme de simples moyens et pas comme des êtres à part entière. Et l'inverse est aussi vrai. Ce n'est pas les constituantes qui sont uniques. C'est leur dosage. Enfin, c'est juste mon opinion.

Jesper lâcha la feuille morte qu'iltenait dans la main pour serrer l'acier froid du portail des deux mains.

Et tu as parfaitement raison, mais imagine un jeune garçon, juste imagine... ou une fille bien sûr... qui aurait des capacités cognitives hors du communs associés à une grande soif de connaissances mais aussi un sens des valeurs très développés et aimerait par dessus tout prendre des risques... dans quelle maison pourrais-tu, toi, le placer ? Ne penses tu pas que le choixpeau ferait une erreur en le plaçant chez Gryffondor tout autant qu'en le mettant à Serdaigle ou Poufsouffle ?

Jesper sourit légèrement avant de reprendre.

Prend le même enfant qui grandit et à qui il arrive un accident, une tragédie qui le fait réfléchir. Sa vision du monde pourrait changer complètement et définitivement, peut-être cet enfant ne verrait-il plus la bonté dans les personnes mais quelque chose de plus obscur et alors, ses actes à l'instar de ses pensées se transformeraient radicalement. Appartiendrait-il toujours à une maison comme Poufsouffle ou Gryffondor s'il se mettait à plus réfléchir et à mieux calculer son coup pour ses années futures ?

Le jeune homme lâcha la barrière un instant pour se frotter le front.

Ce type de métamorphose peut arriver à chacun d'entre nous, et même sans événement marquant, le « moi » est en perpétuel mouvement. As-tu la même façon de penser qu'il y a cinq ou six ans ? Les mêmes valeurs ? Les mêmes envies ? Si oui, c'est intéressant et tu serais l'une des rares personnes que je connaisse dans ce cas.

Les bras croisés, je regardais Jesper. Qu'allait-il encore sortir pour me contredire? Il prit un exemple et je manquais de le couper mais je le laissais poursuivre. Dans quelle maison je rangerai quelqu'un de ce genre? Il faudrait lui parler et l'étudier. Sinon, je ne pouvais tout simplement pas. Quand il s'interrompit un moment j'en profitais pour glisser:

« Tu sais quoi, je laisserai le choixpeau faire son boulot. Il a pas mal d'expérience, depuis le temps. Sa maison influencera toujours son avenir, peu importe ce qu'il fait. Bref, je t'écoute. »

Je tendais l'oreille et sans que je m'en rende compte, ses mots eurent l'effet d'une vague déferlante sur moi.

« ... Ce type de métamorphose peut arriver à chacun d'entre nous, et même sans événement marquant, le « moi » est en perpétuel mouvement. As-tu la même façon de penser qu'il y a cinq ou six ans ? Les mêmes valeurs ? Les mêmes envies ? Si oui, c'est intéressant et tu serais l'une des rares personnes que je connaisse dans ce cas. »

Je fixais Jesper. Chacun d'entre nous. Ce qu'il disait n'était pas faux. J'étais petite, quand maman est morte. Aurais-je été la même si elle avait vécu? Aurais-je été la même si elle était morte quelques années plus tard? Aurais-je pu changer totalement de voie? Un voile recouvrit mon regard, je regardais un moment le sol en réfléchissant. Une légère brise passa, rejeta mes cheveux en arrière. Il faisait bon et le soleil étincelant dans le ciel offrait une douce chaleur,plus pronnoncée que d’habitude pour la saison. Non. Définitivement, non. Nos valeurs sont trop profondément ancrées en nous pour nous changer du tout au tout. Je redressais la tête et sans recroiser le regard de Jesper, je répondis:

« Ca peut sembler juste mais je pense que c'est faux. Admettons qu'un de tes proche meure ou je ne sais quoi d'autre. Ta vision sur les choses peut changer mais je pense que ce changement ne vient pas de nulle part. »

Je m'arrêtais un moment pour chercher mes mots. Ce que j'entreprenais d'expliquer était compliqué, mais plutôt mourir que d'admettre que ma vision n'était pas plausible, surtout qu'elle l'était. Je reposais mon regard sur le jeune homme. Gryffondor, Poufsouffle, Serdaigle ou Serpentard? Je ne m'étais toujours pas décidée. Et je ne me déciderai jamais. Comme je l’avais dit moi-même, ce n’est pas mon boulot de répartir les gens.

« Si quelqu'un change suite à un drame ou une prise de conscience, c'est que c'était un côté de sa personnalité, inconscient, enfoui au plus profond de son être. Et cette facette, le choixpeau la perçoit, il en a connaissance. Parce que dans le changement, nous sommes aussi tous uniques, nous avons tous une manière différente de réagir face à certains... évènements, je dirais. Et c'est en ayant connaissance d'absolument tout ce que nous sommes que le choixpeau décide de nous répartir. Voilà pourquoi je n'aurais pas pu être ailleurs qu'à Serpentard. C'est la maison qui m'a le plus aidé à avancer, et qui était en accord avec ce qu'on m'a enseigné, ce que j'ai décidé de prendre pour valeurs et les traits qui me caractérisaient. »

Personne ne peut changer ce qu’il est. Il peut juste réveiller des courants que son âme refoule, à certains moments de sa vie.

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Chaque luciole éclaire pour elle-même (libre) Eddie_Redmayne

Jesper regarda un instant ses pieds, ses réflexions étaient claires pour lui même. Quant à les partager avec un interlocuteur, ce n'était pas aussi... facile. Surtout lorsqu'il faudrait convaincre. De àplus que les arguments de Lara n'étaient pas faux, le problème est qu'ils n'excluaient qu'une partie du problème.

J'entends bien mais... imaginons, comme tu l'as dit que tout ces changements soient quelques part déjà prédéfinis en nous et je déteste cette idée par ailleurs... pour moi, rien n'est prédéfini et nous ne sommes pas déterminés à faire quelque chose ou à réagir de telle manière devant tel incident, peu importe notre éducation ou notre patrimoine génétique.
Mais imaginons que cette hypothèse soit juste. Alors... bon, prenons toujours le même gamin, qui serait heureux candide ou tout ce que tu veux et qui après un événement traumatisant ne le serait plus et ne correspondrait ainsi plus du tout au profil de sa maison d'origine... si ce changement est inscrit dans son esprit avant qu'il n'apparaisse, alors, soit le choixpeau s'est trompé en le répartissant dans une maison comme Poufsouffle, soit il a prévu le truc et l'a directement envoyé chez... mettons Serdaigle. Tu me suis ? … Bref, s'il a prévu le coup et qu'il l'a envoyé chez Serdaigle mais qu'en fin de compte le gosse ne vive pas d’événement traumatisant... alors le choixpeau se serait encore trompé. Car ce vulgaire objet n'est pas infaillible sur le caractère des personnes et encore moins sur leur futur.

Jesper sourit, persuadé qu'il avait réussi à se faire comprendre. Dans tous les cas, ce choixpeau pouvait se tromper et bousiller la vie d'un élève... et si l'élève ne s'en rend pas compte, une partie de sa vie aura au moins été déterminé par la décision d'un chapeau.

Quoiqu'il en soit Lara. Un chapeau qui parle décide dans quelle maison nous irons et donc choisit arbitrairement ce que tu deviendra ou du moins une bonne partie des choses que tu deviendra. Ainsi nos maisons sont une part importante de notre identités, non seulement aux yeux des autres mais aussi inconsciemment à nos yeux. Et... je trouve ça stupide. Crétin. 4 mages en ont décidés ainsi il y a plus de mille ans et voici que la vie de dizaines de générations de sorciers sera déterminées de ce simple fait.

Jesper regarda à nouveau la jeune femme et tapa rapidement du bout de la tranche des doigts sur le portail en métal, produisant un rythme rapide et enjoué. Il sourit largement et regarda sa montre. IL avait bien loupé le début de son cours de sortilège et comptait ne pas en voir la fin non plus. Son sourire se serait accentué si les traits de son visage l'avait permit.

Je ne te convaincrai jamais là-dessus, hein ?

Puis tentant de changer de sujet, il repris tout desserrant l'écharpe qu'il portait autour du coup laissant apparaître une cravate grise et violet sombre qui lui avait valut beaucoup de remarques désobligeantes de la part de ses professeurs et même une retenue.

- Sinon tu fais quoi dans la vie à part traîner autour de l'enceinte de Poudlard ?

Je fronçais les sourcils et secouait la tête, désapprobatrice, en écoutant la mauvaise interprétation de jesper. Ce n'était pas une histoire de destin, c'était une histoire de caractère, d'être tout entier. J'ouvrais la bouche pour lui répondre mais il prit la parole avant moi.

- Je ne te convaincrai jamais là-dessus, hein ?

J'esquissais un petit sourire en réponse au sien. C'est alors que je realisais à mon tour que lui expliquer mon point de vue en long en large et en travers ne serait d'aucune utilité: il ne comprendrait pas. Parce qu'il ne voulait pas comprendre. On dit qu'il n'y a de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Il ne changerait pas d'avis. Et moi encore moins que lui. Mes répliques à ses propos commenceraient toujours par un "mais" et le siennes aux miennes par le même mot.

- Jamais. Et toi j'espère que tu te répéteras mes paroles chaque soir avant de t'endormir jusqu'à ce que tu comprennes que ce n'est pas une question de destin. Mais je m'arrête la, trop jeune pour comprendre.

Je finis la phrase avec un petit sourire. Il n'etait pas tant plus jeune que moi... Apres tout, ce n'était pas si loin, Poudlard... Presque dix ans... Ouais non quand même pas. Mais dans quelques années, ça fera dix ans. Ah mon dieu je vieillis! J'aurais bientôt l'allure d'un cadavre dans sa tombe. Ou pire: la même tête de ma grand-mère juste avant qu'elle ne meurre. Le temps passe sans que personne ne s'en rende compte. Les jours se confondent, pour moi, qu'il soit mardi ou jeudi personne ne m'attend quelque part, je fais juste mon boulot de bras droit, je cherche ce fichu bouquin en espérant me rapprocher un peu plus du but, mais au final ce que je pensais être liberté est devenu prison: la routine s'est faufilée dans ma vie. Et il n'y a rien de plus insupportable que la routine. J'ai cru que Nathan avait donné une nouvelle dimension à mon existence. Il n'en est rien. Je ne lui dois rien, il ne m'est pas indispensable. Bien sur je tiens à lui, mais pas au point de résumer ma vie à la sienne.
Jesper a décidé de changer le cours de la conversation. Qu'est ce que je fais? "bah d'habitude à cette heure j'ai déjà tué au moins un moldu témoin de mon transplanage, puis la je devrais être en train d'essayer de réduire à l'imperium un membre bien placé du ministère.. Ou alors de le torturer pour qu'il nous jure allégeance. Et puis apres je rentre au qg, je mange avec Jade ou un membre que je supporte, je distribue les ordres et les doloris si besoin et je potasse pour trouver un livre qui me permettra de devenir maître du monde pour enfin lui redonner son équilibre. Sans oublier les quelques menaces quotidiennes et la chasse aux déserteurs, si j'ai le temps." Rien de plus banal, n'est-ce-pas. Le mensonge m'étant familier c'est sans difficulté que je répondis d'une voix détachée:

- Oh pas grand chose. Je suis chercheuse. Je fais des études sur les vieilles légendes sorcières, l'origine de certains mythes...C'est pas trop fatigant et mal payé mais j'ai quelques ressources

Je faillis ajouter avec un sourire que ma grand mère m'avait laissé une petite fortune mais je me retins de justesse. Le contraste entre mon air réjoui et mes propos aurait pu etre mal interprété. Bien sur que j'aimais ma grandmère... Sa mort me laisse indifférente, voilà tout. Et son héritage m'est utile, donc quelque part, sa mort m'est bénéfique. Mais tout ceci n'est pas très politiquement correct. Comme la plupart de mes activités, cela dit.

- Et toi? Tu fais quoi l'année prochaine? T'es en dernière année, non?

J'étais presque sure qu'il était en dernière année. Mais bon, la rhétorique n'a jamais tué personne.

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Jesper rit légèrement. Ce n' »était pas une histoire de destin mais tout caractère change avec le temps et de façon différentes, être dans une maison est bien trop... restrictif mais la bataille était terminée, personne ne l'avait gagné mais c'était sans doute mieux ainsi. L'armistice passé, il était tant de passer à un autre sujet car le jeune homme n'avait aucune envie de partir et de retrouver le château bondé, chaleureux et parfois légèrement étouffant lorsqu'il avait la possibilité de parler avec Lara. Une jeune femme intelligente et sympathique. Une inconnue une heure seulement auparavant.
Le jeune homme était quasiment certain qu'il ne reverrait peut-être pas la jeune femme ou sans doute pas avant un long moment à moins qu'un miracle ou un événement impromptu ne se passe. C'était comme ses rencontres d'une fois, de quelques heures dans les espaces publics ou les transports en commun. Du moins, c'est ce que Jesper pensait. Quand certains sorciers appréciaient les transports moldus, il faisaient son possible pour les éviter et ayant 17 ans, il n'avait à présent plus aucune raison de se mélanger à la plèbe et aux moldus.

Oh pas grand chose. Je suis chercheuse. Je fais des études sur les vieilles légendes sorcières, l'origine de certains mythes...C'est pas trop fatigant et mal payé mais j'ai quelques ressources

Le visage de Jesper changea rapidement, il avait devant lui une femme, jeune, qui « vivait » d'une certaine passion pour l'histoire. Quel métier pourrait sembler plus intéressant aux yeux du jeune homme que celui qui permettrait de se plonger dans l'histoire jour après jour et de comprendre tous les mécanismes humains et sorciers ?

Et toi? Tu fais quoi l'année prochaine? T'es en dernière année, non?

L'étudiant hocha la tête.

Je n'ai pas réellement d'idée fixe mais toi, chercheuse en histoire... tu n'imagine pas à quel point j'aimerais faire un tel métier. Comprendre le passé, c'est mieux formuler le présent... et à Poudlard les cours sont si … superficiels, on ne rentre pas assez dans la compréhension des motifs et mobiles des actes des humains autres créatures magiques. Ton métier me fait rêver mais je n'ai pas les mêmes ressources que toi et, si j'aimerais voyager ou me plonger dans certaines études, je ne peux pas vraiment me le permettre et devrait sans doute travailler dés juillet sans doute dans une bouquinerie ou quelque commerce sur le chemin de Traverse, à Copenhague ou à Odense.

Jesper ferma les yeux un instant, ses perspectives d'avenir n'étaient pas des meilleures, c'est pourquoi il n'avait pas forcément hâte de sortir de l'enceinte de Poudlard à la « conquête » d'un autre monde. Lorsque ses amis planifiaient des voyages de toutes sortes ou des études des plus intéressantes, lui ne pouvait pas se le permettre. S'il réussissait, il le pourrait peut-être dans quelques années et ne perdait pas espoir mais, à l'heure actuelle, il savait qu'il aurait à travailler.
S'il relativisait et trouvait bien de quoi sourire en pensant à Londres ou aux villes danoises avec envie, l'année sabbatique ou du moins sympathique dont rêvais les septième année ne resterait qu'au stade de rêve dans sa petite tête. Travailler n'était sans doute pas un mal et il pourrait être dans une situation bien pire mais rien que d'entendre le métier de Lara, il regrettait de ne pas être plus nanti.

En soi, dire que j'étais chercheuse n'était pas complètement un mensonge. D'ailleurs, rien de ce que j'avais dit n'était complètement faux: je passais la plupart de mon temps à chercher des indications sur un livre, ces indications je les trouvais dans les mythes et au passage je découvrais parfois quelques détails de l'histoire qui n'étaient pas complètement inintéressants, puis pour cela je n'étais pas payée du tout et il existe probablement plusieurs moyens de dépenser sa force physique plus efficacement. Comme quoi, tous ceux qui me traiteraient de menteuse auraient tort. Pourtant, je ne pouvais pas m'empêcher de ressentir une pointe d'appréhension, surtout en voyant s'illuminer le visage du garçon. Si il avait prévu de faire de l'histoire, j'étais mal. Parce qu'à part les légendes sur mon bouquin, je ne savais pas grand chose. Mais j'espérais toutefois m'en sortir avec mon blablatage inutile et mon art d'adaptation instantanée à toutes les situations possibles. Ou presque. Je lui posais la question sur son avenir afin d'avoir le coeur net.

« Je n'ai pas réellement d'idée fixe mais toi, chercheuse en histoire... tu n'imagine pas à quel point j'aimerais faire un tel métier. Comprendre le passé, c'est mieux formuler le présent... et à Poudlard les cours sont si … superficiels, on ne rentre pas assez dans la compréhension des motifs et mobiles des actes des humains autres créatures magiques. Ton métier me fait rêver mais je n'ai pas les mêmes ressources que toi et, si j'aimerais voyager ou me plonger dans certaines études, je ne peux pas vraiment me le permettre et devrait sans doute travailler dés juillet sans doute dans une bouquinerie ou quelque commerce sur le chemin de Traverse, à Copenhague ou à Odense. »

Je hochais la tête à mon tour. J'avais oublié que les cours d'Histoire de la magie à Poudlard, c'est pas la folie non plus. Binns, de mon temps, nous bassinait avec sa fichue guerre des Géants. Chaque année on y avait droit, et c‘était toujours la même chose. C’était absolument affreux mais comme j’avais mieux à faire en cours qu’être attentive et que le fantôme ne bronchait pas, au final les heures passaient relativement vite. Des fois il nous séparait avec Jade. Alors je me levais, j’allais à une autre place et quelques minutes plus tard, Jade me rejoignait et il ne remarquait rien. C’était le bon temps, on avait le monde à nos pieds. Et puis on a réalisé que c’était pas si facile que ça. Je clignais des yeux et cessait le flot de souvenirs qui passait dans mon esprit, écoutant attentivement Jesper. J'eus un petit pincement au coeur quand il m'annonça qu'il ne pourrait pourtant pas entreprendre les études qu'il voudrait sous prétexte qu'il n'avait pas assez d'argent. J'ai toujours été consciente de la chance que j'avais d'être née dans un environnement où l'on achetait le meilleur des balais du monde comme s’il s’agissait d’une vulgaire miche de pain. Pourtant, je n'avais jamais éprouvé ni pitié ni compassion à l'égard de ceux qui étaient dans le besoin. Enfin, je m'arrêtais sur ses derniers propos. Copenhague? Odense? … Danois? Je réfléchissais une petite seconde. C'est vrai que Jesper n'était pas très courant en Angleterre. A vrai dire, on entendait plus Jasper, comme prénom. Je souris.

« Alors c'est du Danemark que te viens ton prénom. Pour revenir aux cours de Poudlard, c'est sur que l'histoire de la magie... Vous avez qui? Livi... »

Je m'arrêtais, prenant conscience de ma propre bêtise. Il fallait me pendre haut, court, et vite avant que je ne foire la couverture de ma très chère collègue. Je me repris en secouant la tête, comme si ma langue avait fourché

« Euh.. Layla Küstah, non? »

Aucune raison de s'alarmer, en théorie. Mais Jesper était un élève perspicace, cela ne faisait aucun doute. De là à ce qu'il en déduise que Mia soit mangemort... Non, c'était impossible... Improbable, disons. J’espérais au fond de moi que Mia ne s’était pas trahie accidentellement sans que personne ne le remarque vraiment. Parce qu’en général, c’est quand on repense aux paroles des gens et surtout quand d’autres paroles nous y font repenser qu’on commence à réfléchir et à aboutir à des conclusions hâtives. Et parfois vraies.

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Danois, oui, il l'était, comme toute sa famille du coté paternelle et la moitié du coté maternelle. Jesper Larsen se demandait d'ailleurs régulièrement se qu'il fichait dans cette bonne vieille Grande Bretagne. Ses origines n'était pas un mal, son identité s'en enrichissait. Il avait eu l'impression de voir plus de monde que d'autres élèves même si c'était faux, il n'était jamais allé au-delà du Danemark, du Royaume Uni, du Pays Bas et de la Suède mais au moins, ses pays là il les connaissait bien.
Jesper n'avait plus énormément de famille au Danemark mais tout de même plus qu'en Ecosse.
Le jeune homme arrêta rapidement de penser à ses oncles et ses cousins pour écouter Lara.
Livi ?
Un nom de famille ? L'esprit du jeune homme s'emballa et élimina la plupart des hypothèses vraisemblables :
Layla Kustah était la seule prof qui avait pris le poste depuis que Binns avait pris sa retraite, conscient de sa déliquescence et poussé par ses collègues vers d'autres «aventures ». Lara ne pouvait donc pas confondre avec un autre prof.
Aucun autre prof de Poudlard n'avait pour nom de famille quelque chose commençant par « Livi ».
Le second prénom de Layla ne commençait pas par « Livi... », la jeune professeure avait du lâché l'initiale de son second prénom à un moment et Jesper était persuadé que ce n'était pas un L puisque les initiales de Kustah auraient été LLK et que ce ne sont pas des initiales agréables.
Le jeune homme sourit. Ces éliminations ne lui avaient pas pris plus d'une seconde. Mais éliminer des hypothèses est une chose bien simple, en trouver qui tiennent debout est bien plus complexe. Il devait s'agir d'un surnom ou d'un lapsus malencontreux. Mais était-ce un lapsus révélateur. Certainement pas.
Certainement pas.
Quelque chose le gênait dans la thèse du lapsus ou du surnom. Livi ou quelque chose commençant par Livi, ne pouvait être un surnom. Ou ce serait un surnom bien étrange.

Jesper laissa cela dans un coin de son cerveau, se promettant d'y réfléchir plus tard.

Oui c'est ça, Kustah. Elle est étrange, certains élèves l'apprécient, d'autres ne peuvent pas la supporter, c'est sans doute du à ses pratiques arbitraires. Sinon ces cours... ils doivent être intéressants pour ceux qui ne connaisse pas grand chose à l'histoire, pour ceux qui en sont passionnés, ils sont affreux. Et c'est dommage.

Le jeune homme sourit légèrement.

Et sinon oui, je suis en grande partie danois et je connais Odense comme ma poche donc si tu passes par là un jour... le quartier sorcier est bien moins important qu'à Londres ou Edimburgh mais il a un charme certain !

Jesper avait comme envie qu'on aime l'endroit d'où il venait et était sûr de pouvoir être un bon guide si on lui en donnait la possibilité. Là encore, la plupart des ses amis de dernière année avait gentiment rejeté son invitation, prétextant qu'ils voulaient échapper au climat britanniques quelques mois en allant visiter des contrées plus chaudes. Au moins, Jesper Larsen aura de la bière s'il n'a rien d'autre et cette perspective lui semblait tout à fait sympathique.

C’est avec soulagement que je vis qu’il ne souleva pas mon « fourchage de langue » qui n’en était pas vraiment un, à propos de Mia. Mais il me fallait être plus prudente. Je me promis de faire plus attention. Jesper venait en effet du Danemark et il me fit part de son attachement pour son pays. Le ton de sa voix parlait pour lui, du moins. Je hochais la tête.

« Je dois admettre que je ne connais rien du Danemark… »

Je réfléchis un instant. Peut-être y avait-il des légendes sur ce fameux livre, au Danemark…L’idée de l’interroger me fit sourire. Ce serait une grande première, il faudrait faire un reportage là-dessus: Lara Demonic soutire des informations utiles aux mangemorts sans sortir sa baguette, sans menaces, sans aucune forme de torture et sans se prendre la tête.

« Tu pourrais peut être d’ailleurs m’aider pour mon boulot… Tu connaitrais pas une légende danoise qui parle d’un livre? »

Je m’arrêtais une seconde… Il n’y avait aucun doute, Jesper était curieux. Comment lui en dire assez pour satisfaire sa curiosité sans lui dire trop de choses qui compromettrait les recherches des mangemorts… Je pouvais toujours lui balancer la vérité cash et lui lancer un sort d’amnésie, au pire… Non. Complètement stupide. Déjà, Poudlard est un lieu tellement bien protégé que je suis presque sure que les sortilèges ne passent pas au travers des barreaux. Et deuxièmement, la conversation perdrait de son charme. J’étais dans une impasse. Mais les impasses sont faites pour être passées. Je repris donc sur le ton de la conversation

« Je suis à la recherche d’un livre magique qui a longtemps été oublié des civilisations. Si je doute fortement que le livre existe, j’ai pourtant constaté qu’il revenait dans plusieurs mythes de diverses cultures. Mais toutes ont des versions différentes, c’est assez vague… A mon avis le livre n’est qu’un symbole pour… »

Je m’arrêtais. Quelqu’un venait derrière Jesper. Un adulte et je ne le connaissais pas… Si c’était un auror, il y avait de fortes chances pour qu’il ait déjà entendu parler de moi. Et comme il me demanderait mon nom, je serais obligée de mentir. Et Jesper saurait que je ne suis pas la chercheuse que je prétends être. Et voilà. C’est ça de jouer la carte de l’honnêteté modérée, et en tous cas celle de la gentillesse. L’homme s’approchait de plus en plus et il nous interpella.

« Eh! Qu’est ce que vous fichez là, tous les deux! Toi, pourquoi t’es pas en cours, hein? Et vous, z’êtes qui? »

Je lançais un regard à Jesper. Qu’allait-il dire? Faire? Connaissait-il ce type? Bah. Il s’en tirerait avec une petite paire d’heures de colle… Moi je risquais Azkaban. Les aurors, s’ils n’étaient parfois pas très dégourdis au combat, étaient en revanche des individus assez perspicaces. Le seul renseignement de mon prénom pouvaient les amener à penser très facilement qu’un joli tatouage était dessiné sur mon bras. Je reniflais de dégout pour ne pas lâcher un juron. Je portais mon regard sur l’espèce d’énergumène non identifié et

« Je suis ici de plein droit. Et qui je suis ne vous regarde pas. Tu le connais? »

Demandais-je en reportant mon attention sur Jesper. Et j’espérais vraiment qu’il le connaisse.

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Le Danemark était un pays qui méritait d'être connu, trop souvent oublié des historiens comme des politiciens, il avait toutefois laissé une trace importante dans toute la culture des sorciers d'Eurasie.
Aider Lara pour son boulot, voilà qui ne pourrait pas plus ravir le jeune homme.
Un livre. Un livre... Mais encore ?

Je suis à la recherche d’un livre magique qui a longtemps été oublié des civilisations. Si je doute fortement que le livre existe, j’ai pourtant constaté qu’il revenait dans plusieurs mythes de diverses cultures. Mais toutes ont des versions différentes, c’est assez vague… A mon avis le livre n’est qu’un symbole pour…

Jesper mit une seconde avant de comprendre pourquoi elle s'arrêtait, quelqu'un arrivait, quelqu'un se trouvant déjà dans l'enceinte de Poudlard. Jesper se retourna et découvrit Wilhelm Dilthey, un homme traînant dans le château depuis quelques semaines. Jesper n'avait jamais réellement compris ce qu'il faisait mais il était clair que c'était un envoyé du ministère. Cet homme peu loquace n'avait pas l'air ni méchant ni stupide. Il passait ses journées à observer, pour faire, Jesper ne le savait pas mais la présence de Dilthey et donc du ministère dans l'enceinte de Poudlard ne lui avait jamais plu.

Eh! Qu’est ce que vous fichez là, tous les deux! Toi, pourquoi t’es pas en cours, hein? Et vous, z’êtes qui?

Jesper se redressa. Dilthey le connaissait. Du moins il le connaissait un peu. Il avait sans doute fait une petite recherche à son sujet comme il en avait fait sur Dossantos. Dilthey s'était étrangement surtout intéresse aux élèves d'origine étrangère.
Mentir n'était pas souvent une bonne solution avec Dilthey et pourtant...

Hum... le prof de sortilège m'a clairement dit de ne pas revenir en cours avant d'avoir finit mon parchemin sur le Socratos Plabus donc...

Jesper jeta un regard amusé à Lara qui, elle, n'avait pas l'air si amusée que ça.

Je suis ici de plein droit. Et qui je suis ne vous regarde pas. Tu le connais?

Le jeune homme haussa les épaules et s'adressa à Dilthey.

Je vous présente une très bonne amie : Carolyn. Elle a quitté Poudlard il y a seulement un an et je lui parlai avec impatience du... du bal de Pâques !

L'homme du ministère jeta un regard à Lara et tourna à nouveau son regard vers Jesper.

Tu me déçois. Un Poufsouffle ne rend jamais ses punitions en retard... non, un poufsouffle n'a jamais de punition. Retourne au château, si je ne te vois pas à la Bibliothèque dans un quart d'heure, tu...

Dilthey ne finissa pas sa phrase, comprenant sans doute que la menace ne serait peut-être pas necessaire. Jesper, lui, bouillonnait. Dilthey ne le voyait pas comme un être humain capable de réfléchir et d'autonomie mais seulement comme un Poufsouffle et Lara aussi, à présent, ne le verrait plus qu'ainsi... si un jour elle le revoyait.
Après avoir lancé un dernier regard amusé à Lara, Jesper se retourna et marcha d'un pas décidé vers le château.